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lundi, 23 janvier 2017

Je n'ai pas de pot avec les fleurs...

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Chaque fois que je viens chez elle, je regarde sur ce petit guéridon.
Bien obligé, on ne voit que lui en arrivant dans le salon.
Je me demande pourquoi je continue à venir chez elle.
Enfin si, je vois très bien.
Les après-midi y sont si agréables…
Tout de même, comment peut-elle être si élégante dans ses mouvements, si gracieuse et délicate dans sa tenue, même la plus légère, et aimer des fleurs aussi vilaines ?
Elle n’aime que les fleurs prétentieuses ou imposantes.
Pour tout vous dire, quand elle cesse de mettre ces hortensias monstrueux, c’est pour poser sur ce guéridon des glaïeuls.
Elle va prendre toutes ces fleurs dans son jardin, elle les cultive à plaisir.
Ce petit lopin que j’entrevois par la fenêtre est rempli de ce que la nature a fait de plus « m’as-tu vu ».
Elle va jusqu’à mettre des brisures d’ardoise dans certains coins pour que les hortensias prennent une teinte bleutée alors que plus loin, ils restent blancs.
Elle m’a expliqué une fois comment elle s’y prenait pour qu’ils deviennent roses mais j’ai oublié.
Ce n’est pas que ça ne m’intéresse pas, c’est seulement que je n’aime pas les mêmes fleurs.
Heureusement que je ne viens pas pour les fleurs sinon je serais malheureux comme les pierres.
Plus exactement, je ne viendrais plus.
Comme on se trompe !
Je croyais avoir rencontré une femme aux goûts assortis à son allure.
Tant que ce fut l’hiver, tout alla à peu près bien, il n’y avait qu’une orchidée sur une console de l’entrée.
Hélas, le printemps remplit le salon de fleurs épouvantables.
Même les dahlias sont chez elles monstrueux.
Alors qu’il y en a de petits aux pétales serrés, il lui faut choisir le dahlia grand comme un ostensoir, aux couleurs flamboyantes.
Je vais vous dire, ce qu’il y a de plus délicat chez elle, plus que ses goûts, ce sont ses seins.
En plus ils ont une qualité irremplaçable, ils ont quelque chose des fleurs que j’aime.
Quand le désir la prend, ils se froissent comme de petites roses.
Si vous saviez comme j'aime ces roses...

dimanche, 22 janvier 2017

L'Ours s’est mis aux ans chers

En lisant la note de la lumière de mes jours, un  souvenir de l’Ours a refait surface.
Il avait une trentaine d’années et nous étions chez lui pour un dîner.
Il est entré, l’air un peu égaré, sans même penser à dire « bonjour papa ».
Il semblait blessé, du moins choqué.
- Qu’est-ce qui t’arrive ?
- Tu te rends compte, papa ?
J’ai opiné du chef.
- Quoi donc, mon fils ?
- Tout à l’heure, en rentrant, j’ai croisé un môme.
- Et alors ?
- Le môme, tu vois ? Un vrai môme quoi, genre jeune…
- Bon, un môme… Et ?
- Il m’a demandé un clope.
- Et alors ?
- J’ai vanné, je lui ai dit « Ta mère elle sait que tu fumes ? », il avait quatorze ans à tout casser, tu vois ?
- Ouais, je vois, et alors ? 
- Ben, je lui ai quand même donné une cigarette, et alors, là, il m’a tué…
- Qu’est-ce qu’il a dit ?
- Il a dit « Merci monsieur. »
- Ben, c’est normal…
- Mais tu te rends compte, papa ? « Monsieur ! » Il m’a dit « Monsieur ! » A moi ! 
- Ça fait drôle, la première fois, hein mon fils…

vendredi, 20 janvier 2017

Le goût du pain...

Ce matin, j’ai regardé par la fenêtre.
Puis je me suis précipité pour allumer le chauffage.
Le thermomètre intérieur prétendait qu’il faisait 16°C à la maison et l’autre qu’il faisait -5°C dehors.
Rien qu’à l’apprendre les poils de mes jambes, enfin ceux qui leur restent désespérément accrochés, se sont dressés.
J’avais des jambes genre échidné mais avec moins de piquants.
Le temps de préparer le petit déjeuner de l’une et le café de l’autre, ma peau a cessé de ressembler à celle d’un poulet fraîchement plumé.
En touillant mon bol, aidé par les frissons car « il fait froid sa race quand même », je me suis mis à repenser à la cruauté des Frères et à celle de ma mère.
Celle des Frères, guidée sans doute pas ce besoin maladif de punir et mortifier.
Celle de ma mère par un besoin vital de faire attention aux sous.
Le résultat fut ces hivers passés, comme les étés mais là c’était bien, en culotte courte.
En y repensant, je suis dit que ce n’était sûrement pas plus drôle pour mes sœurs.
Les jambes ne sont pas plus protégées du froid par des jupes courtes que par des culottes courtes…
Je suis sûr, lectrices chéries, que nombre d’entre vous sont allées à l’école en jupe en plein hiver avec rien d’autre que leur peau pour protéger leurs jambes du froid.
Socquettes ou chaussettes. Point.
Je revois mes culottes courtes, haïes des années durant,  jusqu’à l’entrée au lycée.
Toutes du même modèle, et pour cause car elles devaient servir au moins deux ans.
Imaginez les, lectrices chéries, de velours côtelé marron, le même que celui des pantalons de paysan
Un ourlet démesuré la première année, quasiment inexistant la fin de la seconde année.
Flottant largement, tenu par des bretelles élastiques la première année et aux poches merveilleusement profondes comme des tombeaux.
Tenant la seconde année grâce à l’élasticité relative de la ceinture et aux poches miraculeusement rétrécies par des raccommodages successifs pour cause de trop de bricoles fourrées hâtivement dedans.
Il me souvient d’une fessée administrée avec un retard de quelques jours pour cause de trou vicieusement disposé dans une poche.
Ma mère m’avait envoyé chercher le pain, « un pain parisien pas trop cuit » et « surtout chez Galy, hein ! Pas chez Marion ! »
Vêtu de cette culotte courte, j’avais profité d’un vague relâchement dans l’humeur maternelle pour glisser subrepticement une pièce de dix francs, des francs d’avant Pinay, dans ma poche.
C’étai sans compter hélas sans la vigilance maternelle dès qu’il s’agissait d’argent et sans mon ignorance de la valeur dudit argent.
A l’époque, une baguette coûtait vingt francs, comme le journal, et le pain de 400 g dit « pain parisien » en coûtait quarante.
Rêvant à l’inattention maternelle, idiot naïf que j’étais déjà, j’ai glissé la pièce de dix francs dans ma poche.
Ma mère a pris le pain, m’a demandé la monnaie, j’ai dit « j’ai pas, je l’ai perdue ».
Méfiante, elle a fait les poches de ma culotte et ne l’a pas trouvée.
J’ai été aussi surpris qu’elle.
Quelques jours plus tard, elle a pris ma culotte pour y raccommoder un trou quelconque.
J’étais occupé quand elle a appelé « Patrice ! Viens voir un peu mon garçon ! »
Elle m’a attrapé par un bras et m’a collé une énorme claque sur la cuisse.
En hiver en plus !
La pièce avait glissé par un trou, de la poche dans l’ourlet de la culotte.
C’est là qu’elle avait retrouvé la pièce.
Caramba ! Encore raté…


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jeudi, 19 janvier 2017

Musique saoule…

Hier j’ai été classé j’en suis sûr dans la catégorie « senior atrabilaire ».
Que je vous dise, lectrices chéries.
Voilà, j’étais en train de me demander comment j’allais atteindre les critères de MM Bode et Nyquist pour que la bidouille que je prévois ait une stabilité inconditionnelle.
Perplexe devant mes résultats, j’ai entendu le téléphone sonner.
Mon « smartphone » s’est éclairé et un numéro inconnu s’est affiché.
J’ai décroché, m’attendant comme toujours à un message me recommandant de rappeler un numéro très, vraiment très, surtaxé où une esclave tentera de me tenir la jambe le plus longtemps possible en me faisant miroiter un lot aussi sublime qu’illusoire.
Eh bien non !
Un monsieur s’est présenté façon après-vente Free, le genre « bonjour, je me présente,  Michel de Notre Dame, etc. »
Un type censé représenter la société « France Santé Publique », le truc bidon habituel quoi…
« Mmmmmouiii ? » Ai-je dit presque aimablement.
« Nous sommes à l’origine de la campagne de prévention de la  grippe et nous lançons une étude qui portera sur vingt-cinq mille personnes. »
J’ai pensé « bonne chance mon gars ».
- C’est pourquoi nous nous adressons en priorité aux personnes âgées… 
- Je fais si vieux que ça ?
- Mais non monsieur, c’est juste que…
- Je vous assure que je prends bien soin de moi.
- Quelles précautions prenez-vous pour ménager votre santé ?
- Eh bien, tout d’abord j’essaie sérieusement de ne pas dépasser quatre litres de vin…
- Euh… Sur quelle période ?
- Par jour, voyons.
Soupir du mec…
- Et pas plus de trois cents grammes de pâté ou de saucisson au cours du déjeuner et du dîner pour éviter le cholestérol, je limite aussi ma consommation de beurre à une bonne couche sur les cinq biscottes de mon petit déjeuner.
- Bon, pour en revenir à mon enquête…
- Eh bien je vais vous renseigner tout de suite monsieur !
- Ah, bien, alors…
- Alors vous me saoulez, je vous entends dix fois par jour à la radio, vous nous prenez pour des gosses de quatre ans, comme si on ne savait pas qu’il faut s’habiller en hiver.
J’ai repris mon souffle.
- Comme si on ne savait pas qu’il faut chauffer sa maison et avoir les mains propres ! Vous m’emmerdez Monsieur !
- Mais…
- Si si je vous assure !
J’ai raccroché.
Mais comment ont-ils eu mon numéro ?

mercredi, 18 janvier 2017

L’aventure, c’est l’aventure !

Oui lectrices chéries, hier j’ai pris la passerelle avec Heure-Bleue !
Nous avons pensé punir Monop’ pour sa façon désinvolte de traiter ses clients.
Alors, armés de notre courage, pour être honnête,  surtout le courage de la lumière de mes jours, nous avons tenté l’Intermarché d’en face.
Nous avons eu le plaisir de constater que le même vin de Bordeaux coûte environ 10% de plus qu’au Monop’ mais que les plats cuisinés y sont moins chers.
Hélas, nous n’achetons jamais de plats cuisinés.
Les petits gâteaux « bio », tentation sucrée des vieux, sont moins chers aussi mais à peine et trouent l’estomac d’Heure-Bleue avec la même facilité.
Bref, nous avons claqué un peu de sous au prétexte de faire une promenade malgré un climat qui effraierait des Inuits.
Ne ricanez pas, lectrices chéries !
A peine sorti, j’ai regretté de n’avoir pas de scaphandre.
La minceur des caleçons m’a ramené illico à l’âge de huit ans environ, deux noix de muscade remontées à la source et un outil contracté au point de ne plus songer à faire pipi avant l’été.
Mais bon, il faut savoir sacrifier au diktat « bonne santé » mais en suivant tout de même les conseils de maman Santé Publique.
« Habillez vous chaudement » me dit la radio avant les infos.
«  Ne faites pas d’effort physique important ! » me susurre-t-elle avant la chronique de Nicole Ferroni.
«  Les personnes âgées et les enfants sont plus fragiles ! » insiste-t-elle avant l’émission d’Augustin Trapenard.
« Penser à faire boire les personnes âgées ! » me dit-elle comme si boire était superflu hors froid et canicule…  
Bref, j’ai l’impression que ma mère est ressuscitée et est intermittente sur France Inter.
Feue ma mère a toujours été prodigue en excellents conseils qu’elle n’a jamais suivis elle-même, ce qui ne l’a jamais empêchée de professer « les conseilleurs ne sont pas les payeurs ».
Revenons à mon mouton.
Il faisait si froid donc, que j’ai même réclamé de repasser par la passerelle plutôt que continuer jusqu’au pont pour revenir à la maison.
Malgré tout, je dois avouer qu’une chose m’a surpris à écouter disserter sur « cette vague de froid » qui semble faire passer tous les problèmes du monde au second plan.
Même la primaire de la gauche, celle qui servira à désigner le perdant du premier tour, est tombée dans les oubliettes.
Un petit évènement tout de même : Grâce au talent en matière de manœuvres  dilatoires du syndic, histoire de repousser aux calendes grecques les travaux nécessaires,  le trottoir de notre immeuble devient une patinoire et bientôt un cimetière de cols de fémur…