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lundi, 30 janvier 2017

Le diable est dans les détails...

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Quand je suis entré dans le café, je l’ai remarquée.
Au début je n’ai vu que ses cheveux, magnifiques ces cheveux.
Puis les deux types au comptoir.
Quand j’ai dit « Bonjour ! » à la cantonade elle s’est retournée.
Là j’ai vu ses yeux.
Et quels yeux !
J’ai repensé à la chanson de Vian « Fais-moi mal Johnny ».
J’ai fredonné en mon for intérieur, paraphrasant Magali Noël « Cette mignonne là ! C’est pour mon lit ! »
Elle buvait un café, son livre ouvert devant elle.
Je me suis assis à une table toute proche, entre le comptoir et elle.
Pastis aidant, les deux piliers discutaient d’une voix plus très claire.
Le plus vieux a dit :
- T’as vu les cheveux de la nana ?
- Ouais, c'est comme Machin, tu l’as vu ? Il a des cheveux « ôbûrnn »…
- Chais pas, j’l’ai jamais vu tout nu…
C’est quand j’ai pouffé que j’ai attiré l’attention de la fille.
Elle m’a jeté un regard interrogatif.
Je lui ai dit ce que je venais d’entendre.
Elle a eu la gentillesse de sourire.
Et nous avons commencé à parler de tout et de rien.
J’ai évité le « C’est bien c’que vous lisez ? Ça parle de quoi ? »
Je l’ai surtout écoutée.
Comme tout le monde elle avait ses misères auxquelles j’ai compati sincèrement.
J’ai dû être convaincant puisqu’elle s’est contentée d’un regard vaguement moqueur quand, pour lui dire de « tenir bon », j’ai posé ma main sur la sienne.
C’est à la toucher que j’ai su que ça ne pouvait pas marcher.
Sa peau.
Elle était comme la mienne.
Elle n’était pas bronzée mais c’était une « peau de Latine », j’avais l’impression de m’être posé la main sur le bras.
Elle n’a pas retiré sa main mais ne l’a pas bougée pour serrer mes doigts.
Chez elle non plus il  n’y avait pas eu « ça », cette sensation fugitive, celle qui dit que « ça va marcher ».
Tant pis.
Je ne saurai jamais si elle était de celles qui ont les yeux qui tournent, de celles qui se mordent la lèvre, de celles qui ouvrent la bouche en un grand « O » de surprise, ou de celles qui…
Bref, de celles qui… 
Mais je lui ai quand même demandé :
- Vous voulez bien…
- Hmmm ?
- Un autre café ?
- Oui, merci.
Elle serait, j’en étais sûr, une excellente copine.

dimanche, 29 janvier 2017

Maintenant, la palme dort…

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Vous savez quoi, lectrices chéries ?
J’ai de la peine d’apprendre qu’Emmanuelle Riva est morte.
Elle était belle dans « Hiroshima mon amour », la première fois que je l’ai vue.
Elle était impressionnante dans « Kapo », quand je l’ai vue au Champollion, pas loin de la fac.
Elle a été une magnifique Thérèse Desqueyroux quand j’étais ado.
A l’époque j’ai été surpris que Mauriac ait été lui aussi étouffé par les conventions…
Elle était vieille et malade dans « Amour » que j’ai regardé à la télé il y a peu.
Mais toujours belle.
Au cours de toutes ces années, une chose m’a frappé : Sa voix.
Elle avait la même voix aux Oscars que dans « Hiroshima mon amour ».
Sa voix n’a jamais vieilli.
Bon, d’accord, elle avait l’âge, elle luttait contre et il a gagné, comme toujours.
Elle va rater le prochain printemps.
Quant à moi, j’attends ce printemps avec impatience.
J’ai hâte, vraiment hâte, qu’il fasse assez beau temps pour pouvoir m’installer dans le jardin du « Musée de la Vie Romantique ».
Ce havre de paix ou le café est aussi mauvais qu’au Starbucks de la rue des Archives mais tellement plus beau.
Où les pépiements des oiseaux remplacent avantageusement les bavardages des « fashion victims » qui viennent du rayon « mode » du BHV…
Où les fleurs ont une plus grande place que les clients, ce que je trouve très bien.
Regardez ça, lectrices chéries, vous n’avez pas envie de boire un café ici ?

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samedi, 28 janvier 2017

Les filles sont jolies dès que le printemps est là…

- C’est tout à fait ton genre…
- Quoi donc ?
Ai-je dit, l’air innocent.
- Cette fille, je te connais va…
Pourtant je ne la regardais pas, je n’avais pas bougé la tête et Heure-Bleue était à mon côté.
Mais elle savait…
De fait, je ne l’avais pas vue.
Mais je l’avais remarquée et regardée.
L’air de rien, pensais-je.
J’avais remarqué sa peau pâle, ses yeux bleu-vert, sa chevelure rousse, frisée et indisciplinée comme celle de la lumière de mes jours il y a quelques... semaines…
J’ai bien tenté de dire des trucs genre « Quoi ? Mais j’ai rien fait ! » comme un gamin qui s’est fait pincer à regarder quelque chose qu’il n’aurait pas dû.
Ça n’a pas marché, alors on est passé à autre chose.
La lumière de mes jours m’a traîné deux rangées plus loin alors qu’il y avait deux places « dans le bon sens » sur la rangée de sièges où la fille s’était assise.
Elle est comme ça Heure-Bleue, elle prend soin de m’éviter la systole fatale...
Nous avons papoté, comme toujours et pris le 26 jusqu’au square Montholon dont je vous ai déjà longuement parlé.
Comme chaque fois, Heure-Bleue a dit, comme on descendait la rue du Faubourg Poissonnière, « je ne veux pas habiter ici, il y a trop de bruit ».
Puis, un peu plus bas « j’aimerais bien trouver un appartement ici, c’est vraiment un coin chouette ».
Oui, elle est comme ça…
Arrivé chez « notre Turc » qui se révèle un Araméen, nous avons eu droit au privilège d’être servis bien avant ce que notre numéro indiquait.
Assis depuis peu, un homme qu’on avait déjà vu ici s’est assis à côté de moi tandis que son invitée prenait place face à lui, à côté d’Heure-Bleue.
Comme elle et moi sommes des vieux briscards de la drague, nous avons discuté avec eux en contemplant les travaux d’approche de cet homme mûr, mat, barbu et plus brun encore de cheveux que d’yeux face à une jeune femme.
Jeune femme dont nous avons appris qu’elle a vingt-six ans.
Jeune femme dont j’ai vu qu’elle a de beaux yeux bleus.
Jeune femme au visage encadré de cheveux châtains très clairs.
Jeune femme dont la peau était une véritable merveille de diaphanéité.
Alors que je me contentais d’admirer la peau de cette jeunesse, il la dévorait du regard.
Le faune !
Bien élevé toutefois, il s’y prenait de manière plutôt délicate.
Hélas, pas assez puisque nous étions trois à le voir venir à pas de loup de Tex Avery.
« Il ne l’aura pas. » à décidé Heure-Bleue.
« Je pense qu’il est tenace, si elle n’a personne en ce moment, ça peut marcher… » ai-dit.
Il nous a fait communiquer par le tenancier l’adresse d’un restaurant où la cuisine n’est pas extraordinaire mais dont la cave est une véritable merveille.
Il n’a pas voulu nous la donner lui-même, il tenait à y emmener par surprise la jeune femme.
Je suis sûr qu’il pensait déjà au dessert…
Puis, en nous promenant, nous nous sommes fait gruger en allant faire pipi et boire un café dont je me demande s’il ne sortait pas lui aussi des toilettes.
J’ai pris deux gâteaux bizarres, des trucs chocolat-noix de coco dont le cœur m’a ramené soixante ans en arrière, avec une guimauve synthétique comme celle de certains bonbons des années cinquante.
En écoutant la lumière de mes jours, j’ai englouti le mien et les deux tiers du sien.
Puis nous sommes allés tranquillement à la Madeleine prendre le 84.
C’était vraiment bien…


 

vendredi, 27 janvier 2017

Un peu de sommeil dans l’eau froide…

De rien Mab
Cette nuit, on m’a jeté un grand seau d’eau froide.
Ça m’a réveillé brutalement, et suffisamment pour constater que ce n’était que la lumière de mes jours se levant pour faire pipi et entraînant la couette.
Il devait faire entre Laponie et Sibérie dans chambre à la fenêtre grande ouverte.
Je dormais donc paisiblement, dans un lit douillet, rêvant à je ne sais quoi mais quelque chose d’agréable, quand Heure-Bleue m’a tiré du sommeil.
Elle devait avoir quelque chose à me dire pour me réveiller de la sorte.
Elle avait quelque chose à me dire.
- Minou, tu dors ?
Commença-t-elle.
- Je ne sais plus trop…
Ai-je doucement répondu.
- Minou, j’ai fait un rêve horrible…
- Raconte…
- C’était un militant lepéniste, c’était horrible !
Qu’un militant lepéniste l’effraie n’était pas surprenant, elle avait déjà eu des différends avec quelques uns d’entre eux et dû son salut à la présence des vigiles monstrueux de la boutique « Colette »
- Qu’est-ce qu’il faisait ?
- Il écrasait des serpents venimeux avec les mains !
- Et alors ?
- C’était un môme, quoi, il avait à peu près dix-huit ans…
Là je me suis dit que c’était grave.
Pas tant que des militants de Marine Le Pen aient maille à partir avec des serpents.
Non, ça, ça m’a semblé normal.
J’ai été un peu surpris qu’elle ne l’ait pas rêvé mangeant des bébés, ça correspondait assez à l’idée qu’elle avait du FN.
Je vais vous dire, lectrices chéries, ce qui m’a tracassé un instant avant de replonger dans le sommeil.
C’est qu’après un radoucissement des températures annonçant le printemps, la lumière de mes jours se mette à rêver d’un gamin de dix-huit ans…
Mais bon, tant qu’elle me réveille en me demandant « Minou, tu dors ? » je me dis qu’il n’y a pas péril en la demeure.

mardi, 24 janvier 2017

Ramonage et pâturage...

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La pollution qui nous empêche de respirer et même bientôt de voir le trottoir en face était le sujet principal de ma radio ce matin.
Il y était question de bagnoles, de fumées et de cheminées.
Cette histoire de cheminées m’a rappelé une « veste » d’ampleur ramassée par un gamin qui se la jouait mais hors de sa cour, hélas pour lui.
Nous habitions encore près du Père Lachaise qui a ceci d’intéressant qu’il se trouve dans ses environs une école de mannequins.
Ça ne paraît pas mais ce genre de voisinage ravit plus les yeux que les tombes d’à côté, pour intéressantes qu’elles soient.
Le temps était agréable et le « Lycée de la Dernière Chance » qui occupait une ruelle donnant sur la rue de Bagnolet lâchait ses sauvageons dans l’espace public.
Je lisais mon « Libé » en buvant un café à la terrasse du « bistrot du Portugais ».
Sur le trottoir en face, un groupe de trois ou quatre gamins frimait en se racontant des « shtuyot » à un niveau de corne de brume.
Survint une jeune femme, grande, magnifique, au port de reine.
Elle descendait la rue d’un pas calme et assuré en direction du boulevard de Charonne.
Quand elle passa devant les gamins, un des vantards lâcha à haute et intelligible voix « P… ! Une grande cheminée comme ça, ça doit drôlement tirer ! »
Hélas pour lui, il avait oublié qu’on ne peut compter sur les copains que pour faire des bêtises mais jamais quand on en a besoin.
Fier de sa sortie, il se tourna vers ses potes.
Elle, toujours aussi calme, s’arrêta, se retourna et lui jeta, après l’avoir toisé des chaussures aux cheveux « C’est pas pour du ramoneur débutant, ça, mon p'tit gars… »
Puis elle reprit son chemin tandis que le gamin se faisait pourrir par ses acolytes.
Je n’ai pas douté un instant qu’elle allait ce jour là, être la cause de pollutions.
Nocturnes celles là…