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mercredi, 17 avril 2024

Pro « les go mènent ».

Oui, pour « faire la pige » à Alainx qui a pondu « un titre façon moi », je suis moi aussi féministe.

Devoir de Lakevio du Goût_11100.jpg

Cela dit, ce n’est de ça que je voulais vous parler.
Pour en revenir à mon mouton, en lisant Alainx ce matin la première pensée qui m’est venue à l’esprit n’est pas une réflexion sur le titre de sa note.
Non, j’ai seulement pensé « Ah... Toi aussi... »
Je lui ai bêtement répondu que « Les soucis, les problèmes en sont arrivés à semer du sable dans les rouages de la cervelle au point d'entraver son fonctionnement, son imagination, sa capacité de penser à autre chose que ces soucis et ces problèmes. »
Je pense que si ça continue comme ça, je vais bientôt en être réduit à ressasser des souvenirs des temps où « la vie était plus belle et le soleil plus brûlant qu’aujourd’hui… »
Bon, quatre des huit milliards d’humains sans compter Alainx, ont comme moi la cervelle assiégée par les soucis et les problèmes qui leur obscurcissent le ciel et les pensées.
Pourtant, à y réfléchir un peu sérieusement, même si comme tout le monde il m’est arrivé de souffrir, d’avoir des chagrins et des douleurs, voire quelques vexations plutôt cuisantes, je ne devrais pas me plaindre…
Qui n’ a eu à ramasser une veste qu’on trouve désastreuse sur l’instant et finalement assez drôle avec le recul ?
Qui ne s’est trouvé dans cette situation particulièrement désagréable de faire un mot qu’on pensait d’esprit qui attire une réplique cinglante et autrement bien tournée que celle qu’on pensait imparable ?
Hormis ces quelques situations désagréables qui pendent au nez de tout individu à la langue plus vive que la pensée, je suis plutôt moins à plaindre que nombre d’entre nous.
Que je vous dise, ce qui m’a fait le plus de peine, ce ne sont pas les plaies d’argent mais les peines de cœur, les chagrins, petits ou grands qui m’ont touché.
De l’abandon de Malika quand nous sommes sortis de l’école maternelle pour aller à « la grande école » aux quelques nuits passées à l’hôpital où j’ai accompagné mon père.
Je me souviens parfaitement de ces trois nuits où je fus réveillé par cette sempiternelle question « Tu dors, mon fils ? ».
Question à laquelle je répondais immanquablement « Je suis là papa… »
Puis « Tu vérifies que je dors, hein mon fils ? »
C’est à ce moment là que je me suis dit qu’il y avait des moments où les nuits pouvaient être simultanément très longues et très courtes…
Hormis quelques moments comme ça, je dois avouer avec un peu de honte quand je me plains, que ma vie a plutôt été heureuse.
Mais je me plains, ça doit être « un truc de vieux » qui se rend compte en voyant les rangs s’éclaircir autour de soi qu’après tout, les choses ont une fin.
Et on se dit alors « les choses ont une fin ? M… !! Mais alors moi aussi ! »
Alors on fait comme Alainx, on se rappelle les jours heureux, ces jours « la vie était plus belle et le soleil plus brûlant qu’aujourd’hui… »
Et on rêvasse à la relecture de ces notes que l’on a écrites il y a seulement une vingtaine d’années.
Puis on commence à se dire « M… ! Si on perd même l’espoir pour des proches, c’est un mauvais plan… »
On constate alors que bizarrement, plus les rangs s’éclaircissent plus les jours s’assombrissent.
Et que l'imagination fait défaut…

dimanche, 14 avril 2024

L’insoutenable légèreté de l'autre...

Ouais, bon... C'est dimanche, hein...

LUX 1545.jpg

Je me suis lancé dans mes pérégrinations habituelles sur le Web à la recherche d’une image qui au moins me plairait et pourrait servir de sujet à une de ces notes ébouriffantes qui font mon charme et suscitent chez vous ce sentiment d’admiration pour un talent littéraire incontestable.
Ouf !
C’est long et lourd mais c’est fait.
Je comprends soudain pourquoi le vrai talent est plus reposant, souvent la parole est plus concise et en plus ce sont les autres qui font le boulot du compliment.
Pour en revenir à mon mouton, comme disait Antoine de. j’ai trouvé une toile d’Henri Gervex,  
La fiche Wikipedia du rapin de la seconde moitié du XIXème montre une toile de Mr Gervex intitulée Rolla.
C’est à voir cette toile que j’ai ri de bon cœur pour la première fois depuis quelques jours.
Ce n’est pas tant l’histoire plutôt triste contée par Alfred de Musset ni la déclaration par l’Académie des eaux Arts que l’œuvre était « immorale » mais la vue du sieur Rolla posant à la fenêtre.
En regardant cette beauté languissamment étendue et dormant d’un sommeil détendu, j’ai pensé que la diversité génétique de l’espèce donnait de magnifiques résultats par moment.
Évidemment, à la voir ainsi, vêtue de sa seul innocence, « belle, sans ornement, dans le simple appareil d’une beauté qu’on s’est bien gardé d’arracher au sommeil » pour paraphraser Jeannot, je me suis dit « beau petit lot ! Elle est sacrément bien dotée par la nature ! »
Toujours en veine d’un mauvais jeu de mots, j’ai pensé ensuite « Certains savent transformer leurs appas en appâts… »
Puis, j’ai levé les yeux plus haut sur la toile et c’est là que j’a éclaté de rire.
Il y avait là un type, l’air suffisant, sans aucun doute persuadé d’être l’empereur de la couverture responsable du sommeil détendu de la belle.
Je l’ai entendu penser, une pensée traversant les siècles mais d’une banalité effrayante qui traverse les chambres et les siècles, je suis sûr qu’il a pensé, fier comme bar tabac « Alooors… ??? Heureuuuuse ? … »
Genre « Ouais c’est moi qu’a fait tout ça tout seul ! Qu’est-ce que chuis bon ! »
Oubliant que dans l’affaire elle y a mis du sien et peut-être même, suprême vexation, s’est-elle abstraite du type pour arriver à son but.
Ça m’a rassuré sur la permanence des choses et les méthodes des hommes pour se remonter le moral…

samedi, 06 avril 2024

Le blet en herbe…

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Adrienne me donne aujourd’hui, avec sa générosité habituelle, de quoi vous dire quelque chose.
Grâce à une question qui traite d’une vieille bluette qui court les bouquins et les discours depuis que les premiers vieux ont vu la génération suivante prendre les rênes qu’eux-mêmes avaient bien du mal à lâcher.
Je parle là de ce fameux « Âge d’Or » dont tout personne qui a du mal à monter les escaliers rebat les oreilles du gamin qui la double sans souci dès la première volée de marche.
En langage du XXème siècle cet « Âge d’Or » est devenu « C’était mieux avant ».
Il m’arrive dans des circonstances qui concernent essentiellement mes genoux, les escaliers ou le ramassage d’un paquet échappé, de penser « C’était mieux avant ».
Comme il m’arrive d’être raisonnablement malhonnête, je dois avouer que la phrase complète que j’ai pensée est « C’était mieux avant quand je n’avais mal nulle part, que je montais les escaliers en courant et que j’étais assez vif pour rattraper le verre au vol avant qu’il n’arrive sur le carrelage de la cuisine ».
Cette phrase si souvent entendue a quelque chose d’agaçant.
D’abord parce qu’elle montre un manque de mémoire et de jugeote confondant.
Ce manque de jugeote qui fait qu’on ne pense pas que nombre de petits malheurs s’appellent « vieillir » et que la mécanique se grippe plus facilement quand on est à la retraite que quand on est à l’école primaire.
Quant au manque de mémoire, il est patent !
Nous ne connaissions pas encore le deuil, nous connaissions quasiment que des vivants, nous jouions avec tout ce qui nous semblait intéressant et quasiment tout nous semblait intéressant, sauf aller vider la poubelle parce que ça ne sent pas bon.
Comme toujours, si on se plaint de ses malheurs, ceux de la génération précédente nous laissent de marbre.
Qui se rappelle sa mère lavant le linge dans une lessiveuse ?
Qui se rappelle, s’il a eu une grand’mère « à la campagne », celle-ci allant rincer le linge au lavoir de la commune, même l’hiver ?
Qui se rappelle qu’il n’y avait ni lave-linge, ni lave-vaisselle, que l’aspirateur était rare, qu’il fallait faire attention à tout ce qu’on achetait et peser soigneusement le risque de devoir jeter le surlendemain des produits frais parce qu’on avait surestimé l’appétit de la famille et qu’ils étaient alors corrompus ?
Tous ces progrès du quotidien qui ont rendu notre vie plus facile que celle de nos parents ou grands-parents, nous les avons oubliés et nous geignons.
Quelques comportements inacceptables depuis toujours semblent toutefois plus fréquents.
Quand nous nous chamaillions, dès qu’un nez saignait, qu’une lèvre était fendue ou qu’un bras semblait de travers, le combat s’arrêtait, on n’achevait pas le vaincu à coups de pieds dans la figure.
Les entreprises avançaient, parfois cahin-caha mais l’employé n’était pas réduit à une ligne comptable.
Ça m’agace d’entendre ce « C’était mieux avant » alors que quand je suis né, le conflit qui avait cessé quatre ans auparavant avait causé la mort de soixante millions de personnes, le déplacement de cinq-cents millions de personnes et de graves conséquences psychologiques à un milliard d’humains, soit près du tiers de la population mondiale !
Bref, on ferait mieux de s’assurer que « après serait mieux qu’aujourd’hui » et d’abandonner ce comportement généralisé qui par sa bêtise, sa cupidité et le goût maladif de la compétition entraîne le monde à sa perte…

vendredi, 05 avril 2024

« Adamacane et mon chapeau »

Pourquoi cette bizarre locution revient maintenant à ma mémoire ?
Parce que c’est au début avril 1988 que mon père est entré à l’hôpital.
Pas n’importe où, non, à l’hôpital Saint Joseph, dans un des quartiers de Paris encore plus ch… que celui où nous vivons aujourd’hui.
Pour en revenir à « Adamacane et mon chapeau » c’est une expression typiquement « pied noir ».
En substance ça veut dire « bon, il faut que je m’en aille, donne-moi ma canne et mon chapeau. »
Mon père n’avait ni canne ni chapeau…
Il était couché là, tuyauté de partout.
Il ahana :
- Tu te rends compte, ma poule ?
- Quoi donc, Lemmy ?
- J’ai rêvé…
- Ah ? De quoi ?
- J’ai rêvé que je faisais ma valise et mettais mon chapeau !
Elle a eu d’un coup l’air inquiet.
- Ouais ma poule…
Il souffla –il soufflait difficilement- et reprit :
- Mon chapeau, j’ai jamais mis de chapeau…
Ma mère est allée dans le couloir m’a fait signe de venir et m’a dit :
- C’est pas bon ça, mon fils…
- Quoi donc ?
- Ton père.
- ???
- Il fait ses bagages, c’est pas bon, il part…
- Mais non allons, allez maman, il faut que j’aille travailler.
Le lendemain matin, ma mère a demandé à Heure-Bleue :
- Tu veux bien aller voir ton beau-père ? Tu es sa préférée.
- Ah non ! Cette nuit j’ai rêvé qu’il mourait en buvant du chocolat !
- Bon, ben j’y vais…
J’ai dit « tu vois bien qu’il est vivant ! »
Puis on m’a appelé au bureau où j’étais de retour depuis peu des États Unis.
Je suis allé à l’hôpital où j’avais passé les deux ou trois nuits précédentes.
Il me réveillait régulièrement.
Je lui ai dit, un matin :
- Tu as réussi à dormir cette fois, papa.
- Non, fils ! C’était un petit coma !
Là, quand je suis arrivé l’infirmière m’a attrapé dans le couloir.
- Vous savez…
- Je pense…
- C’était prévisible, hier soir il tirait son drap avec les doigts recroquevillés…
- ???
- C’est toujours le signe…
- De ???
- Quand ils veulent se recouvrir du drap, c’est qu’ils vont mourir…
Je suis allé retrouver ma mère dans la chambre.
- Ton père est mort en buvant le chocolat qu’il m’avait demandé…
Bref, ma mère savait qu’il allait mourir.
J’étais marié avec une sorcière, rousse aux yeux verts comme il se doit pour toute sorcière, qui savait comment mon père allait mourir.
Le seul qui, comme d’habitude pensait que ça durerait encore, c’était moi.
La lumière de mes jours remarquait platement ces jours-ci :
- Tu rêves souvent de ton père, presque jamais de ta mère…
- Il me comprenait mieux, sans doute…