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samedi, 28 juillet 2018

Non, je chanterai pas la complainte de Maky.

De rien, Mab, de rien...
Lectrices chéries, je voulais vous parler de Mab.
La nuit vient plus  tôt, c’est sûrement la chaleur qui fait évaporer plus rapidement le jour…
J’ai vu ça hier soir en vidant la valise avec Heure-Bleue.

Ce matin, après avoir relu que Mab était morte je me rappelle avec quelle impatience elle et moi attendions le printemps.
Elle aura échappé à la tombée du soir de plus en plus précoce, elle détestait ça…
Elle et moi attendions le printemps de conserve.

Avec de plus en plus d’impatience.
Vous avez remarqué, lectrices chéries ?
L’attente du printemps a un effet voisin de celui du plâtre ou du carcan, cette minerve rigide qui maintient les cervicales esquintées.
Quelle que soit la durée de l’hiver, les dernières semaines paraissent plus longues que la vie de Mathusalem.
Mab et moi, attendions donc l’arrivée du printemps avec l’impatience du gamin à la veille des grandes vacances.
Elle pour vérifier assidûment qu’elle pourra taillader des arbres qui ne lui ont rien fait, couper de l’herbe qui ne lui a rien demandé, essayer de ne pas s’estropier avec des outils qui dans ses mains ne demandent qu’à devenir des armes.
Oui, elle était comme ça, Mab.
Je le sais.
Je la connais.
Elle me faisait penser un peu à un écureuil.
En moins roux…
Incapable de rester tranquille.
Enfin si, peut-être, je ne sais pas, je ne l’ai jamais vu.
Même si parfois elle avait l’air calme, on sentait derrière son regard –oui, derrière- cette espèce d’impatience qui faisait que je m’attendais toujours à la voir bondir.
Puis non, elle se calmait, rêvant sans doute à tout ce qu’elle pourrait couper avec son sécateur.
Appliquant avec rigueur son précepte préféré « never complain, never explain ».
En y repensant, je l’imagine assez bien, arrivant dans la resserre où Maky œuvre, l’index pendant et une traînée de sang descendant jusqu’au genou.
« Maky ? Je crois que je me suis retourné un ongle… »
Comme elle, mais plus calmement mais sans elle, j’attends le prochain printemps.
Pour musarder dans Paris.
Traîner le long de rues que je connais.
Passer rue Montorgueil, qu’elle connaissait bien car je crois que « FU » y avait habité un moment.
Mab ne sortira pas si facilement de ma mémoire.
J’ai souvenir de l’effet du rosé sur son humeur habituellement très « quant-à-soi ».
Le moment où elle laissait tomber son sérieux pour devenir gaîment volubile.
Allez, Maky, avance.
Tu n’es pas seul.
Un jour je vous parlerai de ma cousine Süzel...