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dimanche, 11 août 2019

L’homme bleu.

Hier nous sommes allés au cimetière Saint-Vincent avec un ami.
Une conversation avec le gardien du cimetière nous a appris des tas de choses.
Une maison sise à l’entrée du cimetière,  dévolue au gardien a été allouée à une jeune femme prochaine gardienne du cimetière, probablement séduite par un métier reposant et un voisinage calme et peu remuant.
Ça nous aurait bien plu mais cette maison devant être cédée au prochain gardien s’il décide d’user de son logement de fonction, elle perdait de son intérêt.
À dire vrai, le seul intérêt qui subsistait consistait en la brièveté du transport de l’avant-dernière à la dernière demeure…
En dehors de cet aspect résidentiel important : Beauté du site, calme du voisinage, lieu enviable pour l’absence de circulation dans un Paris envahi par les voitures, prix modique à un moment où se loger en ville n’est plus qu’à la portée de nababs, etc. nous avons, disais-je appris des choses.
D’abord du gardien lui-même qui semble réunir des données sur les célébrités qu’il a aidées à mettre dans le trou.
Cet homme petit, malingre et boitant bas m’a surpris.
Il m’a annoncé fièrement :
- Je commence au cimetière Saint-Vincent !
- C’est étrange ! Vous êtes le seul que je connais qui commence au cimetière !
- Ah ? Pourquoi ?
- Au cimetière, on y finit, on y commence rarement…
Il a eu un instant l’air désarçonné mais s’est rapidement repris et nous a raconté quelques anecdotes sur les voyages d’une tombe à l’autre de certaines célébrités au hasard des « unes » de revues « people » et des bisbilles familiales.
Il nous a dit avoir bu du champagne il y a quelques jours avec Michou, « l’homme bleu » non pas du désert mais de la rue des Martyrs.
Le temps était magnifique et doux, nous avons donc remonté l’allée pour admirer ce qui est bien parti pour être un mausolée aussi démesuré que Michou est petit.
Ce semble être un homme méticuleux qui vient en reconnaissance de temps en temps pour constater l’état d’avancement de sa prochaine et ultime demeure.
Il y vient apparemment équipé de l’attirail de l’homme de chantier.
Il y vient en bleu et avec une bouteille…
Élévation sociale oblige, il a laissé tomber « l’encrier de déménageur » ou « la betterave d’ouvrier » pour la bouteille de champagne mais l’esprit est là.
Aucun doute, il sera bien logé, il aura un plafond bleu d’un granit soigneusement poli et d’une qualité qui devrait limiter les frais de réfection de la toiture…

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