jeudi, 21 mai 2020
La machine à explorer le temps s’appelle Fabie…
Fabie me rappelle quelque chose.
Bon, a priori vous n’avez rien à cirer de ce que me rappelle la note de Fabie.
Il est vrai que les souvenirs de vacances chez ma tante ne sont pas palpitants, sauf ceux des premières découvertes qui me font toujours sourire à les évoquer.
Là, il s’agit d’autre chose.
Comme dirait feu Chirac, il s’agit de bruit et d’odeur.
Fabie, donc a acheté un « arc » non pour jouer à Cupidon mais pour y faire grimper des rosiers.
L’image et la photo qu’elle a jointes m’ont ramené vers les étés des années cinquante que je passais chez « la tante Olga » dont je vous ai déjà parlé.
Cette tante, que je trouvais gigantesque et que j’ai revue dans la trentaine et qui de fait était minuscule, tenait un café en Bourgogne.
Devant ce café, le trottoir était très large et servait de terrasse, une terrasse assez grande pour qu’on pût la décorer de faux puits faits de pneus peints en blanc et remplis de pétunias de toutes les couleurs.
Il y avait aussi, et c’est ce que me rappelle la note de Fabie, une tonnelle.
Une vraie tonnelle assez grande pour contenir trois ou quatre tables et leurs chaises.
Même en cas de canicule, il y faisait frais tant la vigne vierge qui la meublait poussait serrée.
En plus de la vigne vierge qui lui servait de couverture, la tonnelle était décorée de rosiers grimpants et de volubilis, les deux espèces se battaient comme des chiffonnières pour occuper le plus d’espace possible et ma tante rétablissait un équilibre bancal à coup de sécateur.
Allongé sur le sol de terre battue, après avoir joué à sasser du sable grâce à une boîte de « pilchards » transformée en passoire grâce à un clou et une pierre, j’écoutais.
J’écoutais et je sentais.
La tonnelle, le matin était calme, il n’y avais pas encore de clients qui la faisaient sentir le vin à coups de « Olga ! Une chopine s’il te plaît ! »
La tonnelle sentait la vigne vierge, la rose et une autre fleur que je ne connaissais pas.
Elle bruissait de façon continue, le zonzonnement des abeilles couvrait les autres bruits.
Ce zonzonnement finissait par me sortir de mon monde de rêvasseries et me poussait à aller chercher deux capsules de bouteille de bière.
Ces capsules n’étaient pas faciles à récupérer parce que la Bourgogne de l’époque « consommait local » et le « local » était « la chopine », le vin rouge.
Le truc qui en amenait plus d’un à se rouler en hurlant dans les fossés pour échapper aux pieuvres ou aux araignées selon l’angoisse du picoleur.
Je récupérais donc deux capsules et m’approchait des fleurs.
J’étais assez habile pour attraper ainsi quelques abeilles dont je se savais quoi faire une fois coincées entre les deux capsules…
Une fois, comme ça, je n’ai pas eu le temps d’être fier de ma capture.
Je me suis précipité en hurlant vers ma tante, tendant un index sur lequel un bourdon était planté de tout son dard…
Elle a retiré le bourdon d’un coup de torchon, m’a serré en m’appelant « mon pôlpetiot » puis m’a dit « comme ça, tu sauras qu’il ne faut pas attraper des bêtes qu’on ne connaît pas ! »
Mon index a gonflé, puis a repris sa taille normale d’index d’enfant.
Voilà où m’a ramené Fabie et son « arc à rosiers »…
10:53 | Commentaires (5)
Commentaires
Oh, c'est une très jolie anecdote et ça m'a beaucoup plu d'être transportée quelques instants sous cette tonnelle, qui m'a rappelé celle du café que tenait ma soeur, dans le Gard
Tu as utilisé des mots que je ne connais pas!
pilchards et polpetiot :-)
Bonne journée!
Écrit par : Ambre | jeudi, 21 mai 2020
"mon polpetiot" c'est "mon pauv' petit"
Écrit par : le-gout-des-autres | jeudi, 21 mai 2020
C'est vrai qu'une tonnelle qui donne de l'ombre, et qui en plus est embellie par des roses, c'est bien agréable !
Mon "arc" ne peut abriter que des roses, aucune table. :)
Écrit par : Fabie | jeudi, 21 mai 2020
une bonne leçon de choses ;-)
Écrit par : Adrienne | jeudi, 21 mai 2020
ça dû te faire ach'ment mal !!!!! ça devait être très sympathique chez ta tante !
Écrit par : emiliacelina | samedi, 23 mai 2020
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