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jeudi, 30 juin 2022

Le petit qu’a le pain…

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Ouais, mais bon, on approche de la fin de la semaine…
J’écoutais une émission sur France Inter.
Il était question de « La société secrète des marcheurs ».
Un invité raconte le milieu très sécurisé dans lequel il vivait et ce qu’il a ressenti lorsqu’il est sorti seul pour la première fois.
Et là, ça m’est revenu comme un élastique dans la figure.
La première fois.
Mais non, pas cette première fois là…
Pfff… Vous ne pensez qu’à ça !
Non, une autre première fois bien avant, quand je ne savais pas que la première fois qui vous est venue à l’esprit existait.
La première fois que maman, qui ne descendait que rarement, m’a envoyé chercher le pain.
Ce n’était pas la première fois que j’entendais ce « Et chez Galy, hein ! Pas ailleurs ! » mais c’était la première fois que ma maman me le disait à moi et pas à ma grande sœur.
Pour la première fois de ma vie j’allais descendre les escaliers tout seul, et surtout, surtout ! Traverser la rue Championnet.
Mais ce qui m’a le plus frappé, c’est quand la porte de l’immeuble fut franchie.
J’étais seul ! Tout seul et je marchais.
Personne ne me tenait la main.
Personne ne me disait « Fais attention mon petit garçon ! »
Je serrais fermement les quelques pièces qui devaient payer le pain.
Celui que je devais rapporter à la maison.
Alors que j’étais sorti maintes fois, toujours tenu par la main, ce jour-là je suis sorti seul.
À peine inquiet la première seconde, j’ai été assailli de tous les bruits et les lumières qui me paraissaient soudain nouveaux.
Ce jour-là, je suis allé presque jusqu’à la place en restant sur le trottoir.
C’était la seule façon d’atteindre le passage clouté.
J’ai bien regardé à droite et à gauche et j’ai traversé.
Une voiture est alors passée derrière moi, la seule que j’ai vue.
J’ai demandé « un pain parisien de quatre cents grammes, s’il vous plaît, et bien blanc m’a dit maman. »
J’ai dit « merci madame » et tendu mes pièces à la dame qui m’a dit « Merci mon petit » et je suis sorti en disant « Au revoir madame ».
C’est là que j’ai désobéi.
J’ai continué sur le trottoir de la boulangerie et me suis arrêté devant un magasin qui vendait des articles de pêche et de quoi équiper des aquariums.
J’ai tout de suite voulu une petite machine, elle était branchée sur une prise et un petit tuyau en sortait qui plongeait dans un aquarium.
Il en sortait des bulles ! 
J’aurais voulu avoir cette petite boîte pour la démonter et voir ce qu’il y avait à l’intérieur.
J’ai gravement désobéi car arrivé devant le passage où j’habitais, j’ai bien regardé à droite et à gauche et j’ai traversé la rue Championnet là où il n’y avait pas de clous !.
J’ai traversé en dehors des clous !
J’étais sûr que si je m’étais fait écraser, ma maman m’aurait disputé…

mardi, 28 juin 2022

Marine est là… Ah reste encore dans mes bras…

Ouais, bon, pardonne moi Mab, je ne peux résister.Je pense que beaucoup, à gauche comme à droite, pensent à tort que tous les gens qui votent pour le RN sont racistes, antisémites, antimusulmans et xénophobes.
Qu’ils adoptent sans réserve les thèses de l’extrême droite.
Souvent, ils ne les comprennent pas vraiment, non qu’ils soient idiots mais ils sont plus préoccupés par cette fin du mois qui arrive le 12 que par les grands problèmes qui agitent le pays.
Écoutez donc la remplaçante de son père parler de la pauvreté, des ouvriers et des agriculteurs abandonnés par les partis de gouvernement, fermez-vous les oreilles quand elle part dans son délire de haine de l’immigré et rappelez-vous cette parodie de Coluche : « Mais qu’est-ce que c’est que ces Arabes qui viennent bouffer le pain de nos Portugais ! ».
Vous y trouverez probablement les vraies raisons du vote pour un parti qui met ces derniers temps du socialisme dans son national...
Et vous allez constater avec stupeur que tous nos partis de gouvernement, au lieu de se préoccuper de ces gens, n’y voient guère qu’un réservoir potentiel de voix en période électorale.
Et plus encore une source d’emmerdements entre deux périodes électorales…
Ceux qui ont voté pour la fille de son père sont sans doute trop jeunes pour se rappeler les récriminations des nostalgiques de « l’État Français » à la francisque et de la « Révolution Nationale » encore nombreux dans les années soixante.
Ni leurs rappels incessants des fameux « Chantiers de Jeunesse » quand ils croisaient un gamin qui n’avait pas les cheveux en brosse ou une gamine à la jupe trop courte.
Dans le métro quand j’allais au lycée, je les entendais déjà râler après ces « jeunes voyous aux cheveux longs », ajoutant peu après « Ah c’est pas avec ça qu’on va relever la France ! »
Eh oui, déjà…
Et au lycéen ricaneur qui leur opposait « Eh, oh ! C’est pas nous qui l’avons mise dans cet état, la France ! » – car le lycéen de 1960 parlait mieux que l’ami FB de 2022- ces vieux cons rétorquaient méchamment « Mmmff… Te foutrais tout ça sur les autoroutes moi ! Avec des pelles et des pioches ! Et les cheveux à ras !!! »
La montée des droites populistes en Europe m’inquiète.
Je crains de voir s’approcher une époque où on va chercher activement des boucs-émissaires en expliquant que ce sont des solutions.
Bon, pour l’instant, ce n’est pas grave, ce sont les Arabes et les Noirs qui sont dans le collimateur.
Ils ont l’habitude…
Depuis le temps « qu’ils viennent prendre nos boulots ! » disent-ils, ajoutant, sans prêter attention à l’incohérence « en plus ils ne foutent rien et touchent le chômage et les allocs ! »
Ce qui m’inquiète, c’est qu’après viennent les juifs, puis les malades, puis les vieux.
Enfin et surtout, ceux qui ne sont pas d’accord.
Et là, comme je ne suis jamais d’accord avec le pouvoir, j’ai peur…
Si la fille de son père entre à l’Élysée, ce qui était près de se produire il y a peu, « Ça nous pend au nez comme un sifflet de deux sous » comme disait ma mamie à moi.
Ma mamie à moi était née sous la présidence de Patrice de Mac Mahon et mourut sous la présidence de Charles de Gaulle.
Si elle avait eu le temps elle aurait eu le loisir de juger la validité des serments de seize présidents…

lundi, 27 juin 2022

Devoir de Lakevio du Goût N°129

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Cet homme semble bien triste.
Il pense...
Mais à quoi ?
Sur quoi ou qui se penche-t-il ?
Qu’attend-il ?
Qui attend-il ?
Je n’en sais rien.
J’en saurai peut-être plus lundi.
Je saurai peut-être ce que vous en direz.
J’aurai pensé à quelque chose.
Une histoire.
Une prémonition…
À lundi donc...

***

Bon dieu, ce jardin des Tuileries.
Ça fait des jours que j’y pense.
J’essaie d’y aller mais j’ai du mal à marcher maintenant alors je m’assieds sur la borne au pied du feu et j’attends que quelqu’un m’aide à traverser.
Ça me rapprochera des Tuileries.
Vous ne connaissez peut-être pas le jardin des Tuileries.
Je suis sûr qu’il n’a pas changé.
Je reconnaîtrai tous les endroits.
Je suis sûr qu’il a moins changé que moi.
Je sais depuis longtemps que nos âmes sont mieux préservées que nos corps et qu’elles changent finalement assez peu.
Ce jardin est comme une photo collée sur le mur de ma mémoire.
C’est une photo des années soixante.
Comme le chantait François Hardy, cette photo me dit « Tant de belles choses » ...
Il y a peu de monde sur cette photo.
Mais tu y es.
Je suis sûr que tu sais que j’arrive car nous avons rendez-vous.
C’est aujourd’hui que nous nous embrasserons.
Ce sera la première fois.
Ce n’est pourtant pas hier que nous nous sommes croisés pour la première fois.
Je me rappelle…
Je la jouais un peu « cow-boy »…
Le mec blasé, l’habitué de la conquête.
Le « cador de la tchatche ».
Ce jour-là, j’ai laissé mes copains devant l’obélisque de la Concorde.
L’air sérieux je les ai salués, un peu façon western.
Je n’ai pas dit « Les mecs, il y a des combats qu’on doit mener seul ! » mais c’était l’idée.
Je suis entré dans le Jardin des Tuileries.
Tu as fait semblant d’être intimidée, très « jeune fille timide ».
J’étais emprunté, j’ai osé « Je cherchais quelque chose de spirituel à vous dire mais rien n’est venu... »
Tu as trouvé ça très drôle.
Alors j’ai pris l’air dégagé de celui qui l’a fait exprès.
Puis, plus tard, bien plus tard, je t’ai dit « tu sais que quand je te vois, ça me fait un drôle d’effet ? Quelque chose comme un coup dans la poitrine ! »
Et toi tu m’as répondu « Moi, quand je t’attends et que je t’aperçois, ça me fait un effet bizarre dans le ventre ! »
- C’est vrai ?
- Oui ! Pourtant t’es moche, hein... Enfin non mais t’es pas... Bon…
Elle s’est arrêtée, un peu embêtée, et a déposé un léger baiser sur ma joue.
- Laisse tomber, je sais de quoi j’ai l’air...
- Mais pour l’effet dans mon ventre, c’est vrai.
- Pour l’effet sur mon cœur, c’est vrai aussi.
Alors on s’est entrecroisé les doigts et on s’est promené.
On a fait presque toutes les allées des Tuileries.

Puis on m’a caressé la tête.
- Qu’est-ce que tu fais là, Papy, à regarder dans le vide ? 
- Je regardais derrière moi, loin derrière...
- C’était où ?
- C’était plutôt quand…
- Quand ça ?
- Quand je ne savais même pas que ta grand’ mère existait.
- Et qu’est-ce que tu voyais ?
- L’espoir…
- Écoute Papy, j’ai…
Elle se tait soudain.
- Oui ma petite fille, je t’écoute.
J’écoute ma petite-fille qui m’explique la vie.
Elle a des malheurs de son âge, on a tous eu les mêmes.
Alors elle a les mêmes mots.
- Tu ne peux pas comprendre, Papy…
- Ah ? Dis toujours…
- Tu n’as jamais connu ça, tu ne sais pas ce que c’est.
Elle ajoute même « Tu ne peux pas savoir… ».
Bon, moi aussi j’avais dit ça.
Mais moi c’était vrai...

samedi, 25 juin 2022

129ème devoir de Lakevio du Goût

devoir de Lakevio du Goût_129.jpg

Cet homme semble bien triste.
Il pense...
Mais à quoi ?
Sur quoi ou qui se penche-t-il ?
Qu’attend-il ?
Qui attend-il ?
Je n’en sais rien.
J’en saurai peut-être plus lundi.
Je saurai peut-être ce que vous en direz.
J’aurai pensé à quelque chose.
Une histoire.
Une prémonition…
À lundi donc...

jeudi, 23 juin 2022

Ouvrir une école, c’est fermer une prison.

L'année_terrible_(8e_édition)___[...]Hugo_Victor_bpt6k5627320z.JPEG

Bon, n’a pas oublié que la langue, l’orthographe et le talent de  Victor Hugo.
On en a aussi oublié le message…
« Du coup » on fait l’inverse mais qui c’est « le peuple intello » ? Hein ? Qui c’est ?
Ce matin, comme tous les matins, j’ai entendu quelques « coups de pieds dans la grammaire » et quelques néologismes qui ne devaient rien à la nouveauté mais tout à un manque de vocabulaire criant dans le monde des media.
Et non ! Je n’écrirai pas « Médias ».
J’avais quasiment l’habitude d’entendre massacrer ma langue maternelle quand j’ai entendu parler du nombre de bacheliers qui attendaient encore une place dans une fac.
C’est alors que je me suis posé une question à laquelle Internet a répondu rapidement.
J’ai demandé à gogol « Qui a voulu amener 80% d’une génération au baccalauréat ? »
En mille-deux-cent-vingt millisecondes le Web a trouvé cent-trente-huit mille réponses.
Eh bien, c’est Mr Chevènement, alors ministre de l’Éducation Nationale, qui a décidé en 1985 d’amener 80% d’une classe d’âge au baccalauréat.
Outre le succès tout relatif de la chose dans quasiment tous les domaines, des lettres aux sciences en passant par les mathématiques, un autre problème se fait jour.
En 2020, 87% des élèves qui se sont présentés à l’examen l’ont décroché.
Dans le baccalauréat dit « bac général » seuls 46,3% des élèves ont décroché « leur bac ».
C’est là que les garçons devraient faire attention et raconter des « histoires de blonds » plutôt que des « histoires de blondes », car 54% des filles ont réussi là où seulement 38,8% des garçons ont réussi...
Et la cerise qui vient couronner ce gâteau mal préparé vient d’être posée par le journal de ce matin.
Il y a près de sept-cents mille lauréats et il semblerait qu’en trente-cinq ans on ait oublié qu’il n’y avait pas assez d’universités pour les accueillir, de professeurs pour assurer l’enseignement, de logements pour que les étudiants puissent vivre et travailler.
Quant à leur assurer un travail à la fin de leurs études, on dirait bien que caissier chez Carrouf ou livreur chez Amazon soient les voies royales pour éviter un long stage à Pôle Emploi…
Mais pourquoi diable avons-nous des politiciens qui nous vendent des machines fantastiques en oubliant systématiquement les ateliers pour les abriter, les outils pour les monter et surtout la matière première, les étudiants, dont elles seront constituées ?
Il est vrai que quand les textes de loi sont rédigés par des « groupes de pression » qui ne voient que l’intérêt à court terme de leurs clients plutôt que par des députés qui sont censés voir l’intérêt général à long terme, on ne peut s’étonner du résultat final.