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lundi, 04 juillet 2022

Devoir de Lakevio du Goût N°130

Devoir de Lakevio du Goût_130.jpg

C’est le dernier devoir de l’année.
Alors je me fais plaisir.
J’abandonne Montmartre pour les quais de la Seine.
Cette toile de John Salminen me plaît.
C’est une raison suffisante pour que je vous demande ce que vous pensez en voyant cette « boîte » de bouquiniste.
À moi elle évoque comme dit Françoise Hardy « Tant de belles choses ».
Et à vous ?
Peut-être ne serez-vous pas encore partis en vacances lundi.

Je suis descendu de chez moi, ce lundi 4 novembre, jour de la rentrée.
Au lieu de descendre la rue du Temple, j’ai descendu la rue Beaubourg.
Dans ce quartier, on descend vers la Seine, tout est en pente en direction du fleuve.
Posez une bille sur n’importe quel plancher, elle roulera immanquablement vers la Seine...
Là où plus tard s’élèverait le « Centre Beaubourg », il y avait un parking sauvage qui s’était créé après qu’on eut abattu les quelques pâtés d’immeubles noirs et lépreux qui occupaient le lieu.
J’ai continué en direction de la Seine et arrivé place de l’Hôtel de Ville, comme chaque fois que j’allais « à la fac », il me fallut jouer au toréador car la place était encombrée de voitures qui klaxonnaient « à qui mieux mieux » et tentaient, au mépris du code de la route, de traverser la place alors que, selon ce code, « on ne doit s’engager sur un carrefour que si on est sûr de la traverser ».
J’ai traversé la Seine sur le Pont d’Arcole, suis passé devant Notre Dame et ai continué sur le Pont au Double et me suis engagé sur le quai de Montebello, puis celui de la Tournelle.
D’un coup, malgré la froidure, j’ai ralenti.
L’idée d’une matinée dans l’amphi un jour de rentrée ne me paraissant plus si séduisante, j’ai regardé plus attentivement le quai.
Des boîtes de bouquinistes s’ouvraient, d’autres étaient prêtes à accueillir le chaland depuis un moment.
J’ai traînassé devant elles, par chance il n’y avait pas de vent, seulement un crachin léger qui ne me dérangeait pas.
Un livre a attiré mon attention, saisi au vol d’un coin de regard.
Sur la couverture, une jeune femme triste serrait autour d’elle un imperméable.
Elle semblait en proie à un grand chagrin et se tenait au bord d’une mer inconnue.
Je me suis approché, ai pris le livre.
« Rebecca », « Daphné du Maurier ».
Il me disait quelque chose, ma grande sœur, partie depuis des années, l’avait sans doute amené avec elle quand elle était passée à la maison l’année dernière.
J’ai pris le bouquin et l’ai retourné.
« Edition de 1967  » indiquait une étiquette dans un coin de la couverture.
Sous cette étiquette, une autre plus petite disait « 1,25 F »
Je l’ai acheté et suis allé m’asseoir au bistrot de l’autre côté du quai.
Ce café était au coin d’une rue au joli nom « Rue du Haut Pavé ».
L’image de cette jeune femme est, avec ce temps d’automne mélancolique, tout ce dont je me souviens de ce 4 novembre 1969, dit « jour de rentrée U »…