mercredi, 21 juin 2023
J’avais une ferme pas en Afrique.
C’est normal, je suis hors d’Afrique…
Je ne sais pas quel âge tu as Delia mais je te pense assez jeune pour ignorer que dans ce quartier que tu as arpenté pendant cette période de ta vie où la Poste te permettait de vivre à Paris qu’il y avait une ferme pas très loin
Te rappelles-tu, Delia, quand tu remontais la rue Saint Vincent vers la basilique, et qu’elle croisait la rue de la Bonne ?
Il y a là un tournant et sur ta gauche, une rambarde métallique qui donne sur un espace qui a tout pour être verdoyant et qui est occupé au milieu par un immeuble en briques qui n’est plus jeune mais pas encore vieux.
Eh bien, alors que tu n’étais probablement pas encore une « dame de la Poste », à cet endroit il n’y avait que deux immeubles.
Et, dans le coin à gauche en bas de la rue de la Bonne, près de l’escalier, il y avait une ferme.
Oui ! Une vraie ferme.
Mon père m’avait emmené une fois, à une époque où on me tenait encore par la main, il m’avait tenu assis sur cette rambarde et m’avait montré « la ferme ».
J’avais vu quelques poules près de l’escalier et entendu « le » coq.
Mon père m’avait dit que si on connaissait la dame et qu’on habitait à côté, on pouvait même lui acheter du lait.
Tu vois que pour avoir la campagne, il n’est pas nécessaire d’être loin de Paris.
Il suffit d’avoir un peu de mémoire.
Bon, il fallait aussi un père qui te tient par la main, qui t’asseye sur une rambarde métallique et une ferme en bas d’un escalier.
Même, il y a des jours où il suffit de fermer les yeux et de refaire le voyage jusqu’à la rue du Chevalier de la Barre puis de la descendre.
On oublie tout de suite la petite zone de repos sableuse qui remplace la ferme.
Tu verras Delia, ferme les yeux, ça marche !
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