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dimanche, 21 avril 2024

La réalité dépasse l’affliction.

Et là j’entends sortir de mon poste cette merveille : « C’est une auto-analyse sur lui ».
Ouaip ! Elle a dit ça !
Je ne sais si c’est la journaliste de Télérama ou celle du Monde qui sort cette phrase avec tout le sérieux qui convient à une émission culturelle.
Bien qu’il me reste étonnamment pas mal de cheveux, j’hésite à les arracher en entendant ce genre chose.
Néanmoins, je pensais que les gens de Télérama ou du Monde avaient une réputation à tenir et que pour la tenir, éviter d’écrire comme les gens de la « presse people » était obligatoire.
Ainsi va le monde, non seulement les nouvelles sont mauvaises, on s’étripe pour des motifs futiles, on se fait la guerre pour des raisons qui échappent à ceux qui en sont les victimes.
Chercher une consolation, quelque chose qui nous montrerait qu’il y a un espoir dans l’air, que l’espèce est malgré tout une espèce intelligente, était mon « espoir matutinal du matin » comme disent les journalistes des canards intellos.
Bref, cet « espoir matutinal du matin » me laisse indécis.
Dois-je me laisser aller à mon penchant naturel de moqueur et ricaner, pester après ces gens chargés de parler et d’écrire et qui font si mal leur métier.
J’étais à deux doigts de fondre en larmes quand j’ai pensé à Mr L., ce prof de lettres qui m’enseigna des choses aussi futiles que le français, le latin, le grec, ce prof merveilleux qu’une calvitie avancée empêchait de s’arracher les cheveux en lisant nos devoirs levant les yeux au ciel.
Il m’ouvrit à la poésie ce qui m’a permis l’année suivante de me tirer honorablement des punitions d’un autre prof fou qui punissait libéralement tout manquement aux règles absconses qu’il édictait par une série de dix sonnets pour le vendredi suivant.
Ça m’a aussi permis de ne pas tenter à mon tour d’imiter, encore moins surpasser ces géants que furent pour moi Rimbaud, Baudelaire, Lautréamont, Verlaine et surtout, surtout, Théophile Gautier.
Il est connu certes pour « Capitaine Fracasse » et le ‘Roman de la Momie » qu’on lit plus jeune mais plus tard on découvre que ce géant de la littérature et de la poésie avait, pour parler crûment « le feu au cil » et avait un avis circonstancié sur la chose qu’il savait décrire avec un talent que je lui envie encore.
Qui se rappelle, en dehors de « Émaux et Camées », ces petites merveilles que sont « Musées secrets » Hmmm ?
Bref, envoyer des gens à l’école jusqu’à des âges indus, leur remplir la cervelle des écrits les plus chouettes de la langue française, les obliger à connaître sur le bout des doigts chaque page du Bescherelle, du Grevisse ou du Hanse, les entraîner à discourir devant des foules ou des micros pour découvrir avec stupeur que dans une émission consacrée aux lettres, au cinéma ou au théâtre ils sont capables de foutre de tels coups de pieds dans la grammaire.
Bon, à part ça, s’il ne fait pas chaud, le soleil brille et c’est déjà ça.
Et j’ai pris une décision, lectrices chéries, oui lecteurs aussi, dès demain je ne râle plus comme un vieux.
Je ferai semblant d’être gai comme un jeune.
Enfin… Un de ceux qui échappent à la baisse de moral généralisée.
Tout devrait s’arranger, l’invité est le général François Lecointre chargé semble-t-il de nous expliquer « ce qui nous pend au nez comme un sifflet de deux sous ».
Ça devrait nous requinquer le moral pour la semaine.
Pour une fois que je souhaitais être optimiste après une flopée de mauvaises nouvelles, c’est râpé..
Bon, au moins lui que j’ai déjà entendu, il ne sort pas des trucs comme « On sent là une élévation vers le haut de la profondeur du discours » qui, sur l’instant m’a plongé dans un abîme de perplexité.