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lundi, 17 juin 2024

La cousine bête...

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J’écoutais Gabriel Attal nous susurrer à mots à peine couvert que dans tout chômeur il y a un cossard qui sommeille et que non seulement ça coûtait un bras mais qu’en plus si on ne les secouait pas, ils resteraient là, sans penser à économiser un sou ni chercher un boulot, à se goberger de l’argent gagné par les gens courageux alors qu’ils devraient se jeter sur un boulot pénible et payé moins des deux tiers de ce qu’ils touchaient auparavant.
Le discours de Gabriel Attal m’a rappelé les leçons d’économie ménagère données régulièrement à ma mère.
Ça m’a immédiatement démontré qu’il y a pire que « Le cousin pauvre », il y a « la cousine bête »…
Les parents pauvres, ce n’est pas drôle tous les jours.
Surtout les jours où on doit aller à l’école en portant un tablier taillé dans la robe de Grande Sœur de l’année précédente alors que des « riches », ceux chez qui la fin du mois arrivait le 22 et non le 17 du mois, avaient de belles blouses grises à peine usées les années précédentes par les trois frères précédents…
C’est gênant surtout les jours de lycée où on doit aller « à la gym » avec des tennis à deux sous quand vos petits camarades de récré y vont en ayant us ac contenant un survêtement et des baskets.
Mais le pire reste la visite dominicale du cousin qui a vendu à votre père sa Traction –une « 11 », pas une « 15 », faut pas pousser-.
Il y avait dans son sillage sa moitié, une cousine persuadée que la dèche est une maladie infectieuse qui s’attrape en allant déjeuner chez des cousins peu argentés.
Immuablement, « les cousins » arrivaient vers midi et demie, le cousin embrassait tout le monde sans façon, jetait sa veste sur le lit en disant « Ça vient cet apéro, Gaby ? » tandis que la cousine, chapeautée comme la reine d’Angleterre, pinçait les lèvres en un simulacre de baiser en tendant à peine la tête pour être sûre que sa bouche n’allait pas toucher de la joue de pauvre.
Le père Le-Gout sortait la bouteille de porto, celle qui devait absolument faire l’année.
Ma mère sortait « les beaux verres », quatre, pas plus, versait une larme dans chaque, nous autres, les gamins avions droit à un verre des « bons Lithinés du Dr Gustin » , l’ersatz de limonade bien connu des années cinquante.
Je haïssais cette andouille de cousine qui tordait le nez en nous tendant un paquet de bonbons et collait un sourire aussi franc qu’un billet de trois francs sur une bouche faite plus pour mordre qu’embrasser.
Au fur et à mesure que les années passaient, malgré des efforts désespérés pour réparer des ans l’irréparable outrage, la minceur de son sourire et de sa peau parvenaient de moins en moins à masquer la méchanceté de cette garce.
« Vous devriez faire des économies, Bobette » disait cette imbécile, la bouche pincée.
Dire à quelqu’un de « faire des économies, Bobette » alors qu’il compte sur les allocs pour nourrir quatre gosses à partir du huit et sur les acomptes pour finir la dernière semaine du mois dénote une inconscience certaine.
Surtout connaissant ma mère. Si elle n’avait pas éprouvé une vive affection pour le cousin, il y a gros à prier que la cousine aurait été jetée dans l’escalier d’une taloche magistrale accompagnée d’un « je t’en ficherais, moi des économies Bobette ! » …

Commentaires

Nous sommes de la même époque certainement mais que tout cela est bien dit avec un humour un peu grinçant. avec le sourire

Écrit par : Lilousoleil | mardi, 18 juin 2024

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Les sous-titres du vieux livre sont quand même délicieux…
la toilette et la beauté des Dames, leur salubrité, c'est quand même fondamental pour les petits ménages. J'espère qu'il y avait un chapitre consacré au nettoyage des « beaux verres ».
Et en plus j'apprends qu'il y avait peut-être anguille sous roche avec le cousin.
La vie de famille est passionnante !
(Est-ce que le fait qu'on a eu droit à pas mal d'escaliers dans les consignes d'écriture que tu proposais [dont j'espère qu'elles reprendront…] à quelque chose à voir avec l'escalier évoqué ici ? :-) )

Écrit par : alainx | mardi, 18 juin 2024

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La cousine bête ou la cousine Berthe qui a surement un petit air de famille avec Gabriel Attal ...ce style d'argument sur le mérite et sur celles et ceux qui ne font aucun effort alors que la société leur met systématiquement des bâtons dans les roues est une vieille rengaine qui me rappelle un certain président de la république qui dirigea notre beau pays entre 2007 et 2012 ... La réalité et nous le constatons plus encore en ce mois de juin 2024 : Il y a un vrai mépris de classe . Bon mercredi malgré tout Le Goût.

Écrit par : Jerry OX | mercredi, 19 juin 2024

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Je suis des années suivantes mais j'ai connu la même vie. Les chaussures usées jusqu'à la corde, les jupes trop courtes, etc. Mais ma mère a toujours mis un point d'honneur à ce que je sois pimpante malgré notre impécuniosité notoire. Sur ses cinq soeurs une seule a fait ce que l'on appelait alors "un beau mariage". Elle a épousé un bourgeois et n'a plus fréquenté que très occasionnellement sa famille. Lorsqu'ils divorcèrent il la pria de "retourner dans sa famille d'esclaves". Et votre texte me rappelle cette vieille dame interviewée dans Neuilly qui éructait sur ces "pauvres qui n'étaient pas fichus de mettre de l'argent de côté"...

Écrit par : Désirée | mercredi, 19 juin 2024

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J'adore votre histoire, j'ai l'impression de la voir la cousine ! Ma mère 7ième d'une famille de 10 a connu cette vie de famille avec les manteaux taillés dans des couvertures. Elle a fait l'école ménagère. Sa mère aussi avait la visite d'une marraine sans enfants qui prodiguait des conseils.
Même si nous n'en sommes plus là, j'ai parlé dans un billet du "gouffre" qui peut se creuser même dans une fratrie, quand certains n'ont pas idée de ce qu'est l'argent : j'ai acheté une bague en or c'est pas cher, tu devrais en faire autant !

Écrit par : Louisianne | mercredi, 26 juin 2024

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