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mercredi, 16 mai 2012

Quand sert le scanner…

Ben, des fois il m’arrange.
Autant l’appréhension vous prend lors des contrôles, aussi vite elle vous quitte quand le radiologue vous appelle.
Bon, la chute du stress n'est pas toujours celle de la plume sur l'oreiller...

D’autant que quand le radiologue ne vous appelle pas et fait dire à la secrétaire « vous verrez ça avec votre médecin », laquelle ajoute, histoire de vous pourrir le retour à la maison, l’inévitable « mais non Monsieur, je ne peux pas vous dire si c’est bien ou non, voyons, ce n’est pas mon métier, vraiment je ne sais pas, vous en discuterez avec votre médecin. ».
Ce qui est vraiment un mauvais plan, c’est la conclusion de la dame  «  Ne vous inquiétez pas, il n’y a pas de raison… ».

Quant à moi, je suis quand même un peu déçu.
Je pensais naïvement qu’après le scanner semestriel des deux premières années, puis le scanner annuel des trois années suivantes, j’allais passer au scanner bisannuel et, après deux ou trois contrôles bisannuels, je pourrais atteindre tranquillement le treizième contrôle décennal…
Mais non, c’est un par an.
Et ad vitam que j’espère æternam…

Hier donc, à peine scannérisé tel le document de base dans n’importe quel bureau, le radiologue m’a appelé.
Et rapidement.

« Bonjour Monsieur Le Goût, finalement je me demande ce que vous venez faire ici tous les ans !»
« Bon, rien de changé, tout est stable, les comparaisons avec les scans des années précédentes le disent. »
« Finalement vous n’avez pas vieilli… ».

Enchanté je fus.
La suite fut hélas moins drôle pour Heure-Bleue.
La tension accumulée les jours précédents et tant bien que mal masquée s’épancha d’un coup.
Je crains bien qu’elle fit les frais de mon soulagement hargneux.

Mais bon, elle a choisi.
Sa mère l’avait sans aucun doute prévenue.
« Tu verras, ma fille, la vie avec un homme n’est pas un long chemin parsemé de  roses ».
Pourtant, qu’est-ce que nous avons pu nous en offrir, des roses…

dimanche, 13 mai 2012

Lysistrata, ou la grève des baisées...

Non, il n’y a pas que chez les épouses d’Aristophane qu’on fait grève.

On fait grève aussi chez les poules !

Meuh non, pas celles du Bois de Boulogne, pas des poules à poil, non, des vraies, des à plumes.

J’en apprends de bien bonnes en lisant ma feuille de chou quotidienne.
Pas seulement que nous avons élu un type super selon les uns, une sombre andouille selon les autres.
En pages intérieures et en corps de caractère plus discret, je lis que les œufs ont augmenté en moyenne de 106% entre janvier 2011 et janvier 2012.
Et pas en taille, en prix.
Et on a attendu cinq mois pour nous prévenir.
Pourquoi ? Parce que la Commission Européenne, qui se mêle apparemment du confort et de l’habitat des poules ainsi que des traitements qu’on leur fait subir, a décidé que la surface qui leur permet de s’ébattre devait atteindre celle d’une feuille A4.
Ah que j’eusse aimé qu’on se préoccupât de mon sort avec autant de sollicitude…
Evidemment, comme je ne ponds que des notes et pas des œufs, l’Europe se fout de mon sort…
Mais revenons à nos poules.
En quoi cette décision influe sur la ponte de ces poulettes ?
Parce que, insinuent certains fermiers, les poules, mises au courant des décisions de la Commission par un canal mystérieux, pondent d’un seul coup beaucoup moins .
La poule cesse de pondre pendant les travaux !
Ou bien la poule fait grève pour cause de mauvaises conditions de travail.
Sur l’imagination des poules, je dispose de peu d’informations.
Celle des fermiers et des distributeurs, pour nous faire avaler un doublement des prix semble, elle, sans limites…

Quant aux poules, leur sort s’améliore et j’en suis fort aise.
En revanche, pour les pigeons que nous sommes, les choses ne s’arrangent pas …

mardi, 08 mai 2012

Après la crise financière, la crise de foi...

Samedi déjà je me préparai.

La Révolution était en marche, j’en étais sûr.
Tout allait changer.
Dès dimanche soir, je sentais se lever un vent de révolte.
Le monde allait nous suivre.
Une nouvelle ère s’annonçait.
Nous allions changer de credo.
Au lieu de celui qui prétend qu’un salarié qui semble heureux au boulot est un salarié qui ne travaille pas assez et que celui qui atteint le vingt du mois sans avoir faim est un salarié trop payé, nous aurions un autre credo.

Celui qui dit que désormais nous serions heureux d’aller au charbon et qu’en plus nous en tirerions de quoi vivre.

Dimanche arriva.
Dès la fin d’après-midi les premières estimations tombèrent : 53% pour le socialo-communiste qui allait entraîner le pays dans la catastrophe, ouvrir les bureaux de vote à des hordes de bougnoules et de nègres d’étrangers, 47% pour l’aficionado du vrai travailleur patriote, celui qui travaille légalement au noir dont les heures supplémentaires sont exemptées de charges et d’impôts.
Dimanche soir arriva enfin.
Heure-Bleue commença, dès le bureau de vote à me saper le moral.
Son côté parfois bignole lui avait fait regarder dans le sac poubelle de l’isoloir.
Elle m’avertit illico que mon espoir, et celui de 51,62% des votants, risquait d’être douloureusement déçu et douché.
Je lui jetai alors ce regard qui me rendit célèbre à cause de sa complexité : imaginez quelqu’un qui ne voit que d’un œil, l’autre s’étant envolé lors d’une expérience aéronautique et spatiale de jeunesse, ce regard curieux exprimant simultanément la douleur, la méchanceté, la déception et l’affection pour celle à qui il était jeté.

Vous imaginez la difficulté de fabrication d’un tel regard avec un seul œil ?
Le gauche en plus ? Mais finalement c’est normal, une prédestination politique sans doute…

Je suis un chef de la complexité.
La soirée s’annonçait animée.
Elle le fut.
Le suspense fut bref, rien qu’à voir la tête de notre futur-ex-président, on sentait que le succès n’était au rendez-vous.
Du moins pas à « La Mutu »…
Hélas, si la victoire du futur « responsable de  la catastrophe qui allait immanquablement frapper le pays » était nette, la défaite de celui qui nous avait promis « le redressement et la récupération du triple A » n’était hélas qu’une défaite.

Je fus finalement déçu. J’espérais une déroute...

Le lendemain, hier donc, ma déception fut encore plus grande.
Non seulement il n’y a pas une seule flaque de sang sur le trottoir en bas de chez moi mais le changement n’est pas là.
Et mon loyer n’a pas baissé d’un poil.
Je ne sais toujours pas si Françoise Hardy a réussi à finir de calculer son nouvel impôt (elle semble fâchée avec les chiffres).
Ni si elle hésitera longtemps entre le banc en bas de chez elle, qu'elle devra partager avec le SDF qu'elle traite régulièrement de fainéant, et une résidence à Gstaad.
Pire, Mickaël Vendetta parle de nous abandonner à notre triste sort de « petits merdeux sans avenir ».
Il me manque déjà...

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dimanche, 06 mai 2012

Jeu de maux…

Le billet de Mab, au discernement de qui je rends grâce –j’adore qu’on reconnaisse mon exceptionnel talent-,  me remet en mémoire une initiative voisine et tout aussi stupide que celle qu’elle relate dans sa dernière note.
D’autant plus stupide qu’elle provint de gens qui sont quand même censés ouvrir l’esprit de nos chères, très chères, exorbitantes, têtes blondes.

Il s’agissait à l’époque –il y a un an ou deux- de rémunérer les élèves qui daigneraient honorer de leur présence les collèges.
Du moins de façon plus régulière qu’à leur habitude…
J’avais entendu cette inénarrable trouvaille à la radio.
Elle m’était sortie de l’esprit jusqu‘à ce que, quelques jours plus tard, en allant visiter une expo avec un ami, elle me soit rappelée dans le métro.
Une de ces saynètes qui rompent agréablement la monotonie d’un voyage se déroula entre Montparnasse et Porte de Versailles.
En approchant de la Porte de Versailles, deux adolescents discutaient justement de la proposition du principal du collège de payer les élèves pour assister aux cours au lieu de les coller pour absence injustifiée.
L’un, tel Perrette dans « La laitière et le pot au lait », rêvait d'un trimestre assidu qui lui permettrait de claquer autant de blé qu’un gagnant du Loto.
Puis, inquiet tout à coup à l'idée de partager avec d'autres avides de finances, demanda à son commensal « Euh…tu crois qu’on va être beaucoup à ne pas sécher ? ».
L’autre, plus pragmatique mais pas plus assidu, surtout aux cours de français, lui fit cette réponse admirable, pleine de bon sens et de surréalisme « Pfff… Tu parles... Ça va faire comme un scooter sur une jambe de bois »…

vendredi, 04 mai 2012

Démon et Merveille…

La Merveille me fait peur.

Son discernement m’effraie.
Sa clairvoyance m’épouvante.

Elle est passée chez nous hier midi avec son autre grand’mère avant de retourner à l’école.
Déjà, sa préférence pour ma pomme au sortir des toilettes pour la rhabiller m’inquiétait.
N’avais-je pas là affaire à une de ces manifestations de la puberté avant l'âge ?
Puberté aussi précoce qu’inquiétante, comme nous en prévenaient il y a peu la radio et la télévision ?
Je n’avais pas vu, hélas chez cette digne descendante de mon père, puis de moi –le plus affuté- puis de son père –mon fils- cette aptitude familiale particulière.
Je veux parler de cette tendance à la déconnade ironique, celle dont on se demande si c'est du lard ou du cochon, cette espèce de finesse de vue qui tracasse les parents, cibles parfaites, d’entrée désignés comme terrain d’entraînement.

Tenant par la main son autre grand’mère, sur le chemin de l’école, elle lui asséna cette vérité incontestable, aussi dure à avaler qu’irréfutable : « J’ai trois cerveaux. Un pour papa, un pour toi, Manou et un pour Mamie ! ».

Un peu plus au fait des règles de l’arithmétique et surtout persuadée de la présence de ladite cervelle chez sa petite-fille, Manou précise : « Quatre cerveaux, il y a le tien. ».

Merveille, apportant illico la démonstration d’une ascendance brillante, lève vers Manou un de ces regards qui vous font douter de l’existence du Mal sur Terre, lui lance « Je sais… C’est parfois lourd à porter… ».

Ne manquait que le soupir.
Celui qui traduit l’angoisse d’avoir à se préoccuper du sort d’une humanité incapable de prendre seule soin d’elle.
A l'exception de sa mère et de son grand-père, bien sûr.

Reconnaissez que si ce n’était la fille de mon fils, ce pourrait être la mienne. Non ?

Et si c’était la fille de quelqu’un d’autre, elle mériterait une paire de gifles !

Non mais !