mardi, 09 juillet 2013
Onze heures pétantes…
Je ne vous ai pas tout dit.
Mon goût pour la chimie ne m’est pas venu comme ça.
Ma curiosité pour les lois de Mariotte, de Carnot -Aaahhh... Les principes de la thermodynamique...- et les carburants de fusée non plus.
Tout cela est venu alors que les Frères m’avaient relâché pour les « grandes vacances » et j’avais laissé tomber les questions métaphysiques qui me valaient tant de déboires.
Il faisait vraiment beau ce matin de juillet chez ma grand’mère maternelle.
Ma mère, mon père et ma « mémé » discutaient dans la cuisine qui donnait sur le jardin.
Nous avions, ma sœur et moi, cinq ans et six ans, un âge idéal pour faire des bêtises.
Mon grand-père paternel, un expert dans « le geste qui sauve » surtout le viticulteur et qui, pour arrondir sa retraite, exerçait les fonctions d’éclusier et surtout savait ce qu’écluser veut dire, laissait ouvert ce qu’il appelait « le bâtiment », une des dépendances de leur maison.
Ma sœur cadette et moi « farfouillions » dans ce bâtiment à la recherche d’une ânerie à faire.
Nous l’avons trouvée.
Nous avons mis la main sur un petit cylindre assez lourd. La base en était, pour ce que nous en pensions, « dorée » tandis que l’autre moitié était du roux assez terne de la ferraille rouillée.
J’emportai ce trésor sur la petite terrasse face à l’entrée de la cuisine.
Ma sœur et moi l’examinions en détail. Elle en trouvait la forme assez jolie tandis que, curieux comme d'habitude, je me demandais ce qu’il pouvait bien y avoir à l’intérieur.
Cette lourde petite chose était très stable sur sa base « dorée », posée qu’elle était sur les tomettes de la terrasse. Telle quelle, elle me faisait penser à ces fusées, celles que montraient les couvertures des « illustrés » permis seulement pendant les vacances. Ces illustrés de science-fiction « Météor » ou « Sidéral » qui allaient finir de me donner le goût des sciences.
Sur cette terrasse, donc, il y a, lectrices chéries –et mes trois LECTEURs chéris-, une petite fille de cinq ans, un petit garçon de six ans, et cet engin bizarre et légèrement inquiétant par son côté inconnu, voire extra-terrestre pour un enfant plein d'imagination.
Je regardais ce « bidule » d’un œil intéressé et très, vraiment très curieux.
J’avisai sur le dessus un autre élément qui me donna une idée.
L’idée, la vraie idée.
Il y avait sur le dessus une vis entourée d’une bague conique. J’y vis immédiatement le point d’accès au secret de la chose.
J’ai profité d’un instant d’inattention des « grands » pour entrer dans la cuisine, y chiper un couteau et revenir.
La terrasse, comme toute les terrasses des maisons de grand-père, contenait des tas de trésors dont ces grands clous dont on se demande des décennies plus tard à quoi ils pouvaient bien leur servir vus qu’aucun des grands-parents n’était charpentier voire simplement menuisier…
Voilà donc ces deux enfants occupés, l’une à tenir à deux mains le trésor tandis que l’autre, au risque d’amputer sa sœur d’un ou deux doigts, tentait sans succès de dévisser cette petite vis du dessus.
Au bout d’un moment, tel Alexandre à l’air couillon devant son nœud (gordien, pas l’autre), j’ai décidé que la manière forte ferait l’affaire.
J’ai donc pris un grand clou et un caillou assez gros pour faire office de marteau.
J’ai dit à ma petite sœur « tu tiens bien, hein ! »
J’ai posé la pointe du clou sur la vis.
J’ai levé le caillou bien haut, bien au dessus de ma tête, et me suis apprêté à en frapper la tête du clou.
Notre silence, comme tout silence des enfants, signalait aux parents qu’une connerie proportionnelle à la profondeur du silence était en train de se produire.
Au moment où le caillou allait s’abattre sur la tête du clou, une concordance de bruit et de mouvements se produisit.
- Je fus soulevé par le bras.
- Je reçus une magistrale claque sur les cuisses.
- Ma mère à crié « Mon dieu ! »
- Elle a pris ma petite sœur dans les bras.
- Mon père à crié « Ah les cons ! »
Quelques instants plus tard, mon père à attrapé notre trésor en disant « c’est un obus de 37.85, mais qu’est-ce qu’il foutait là ? Hein ? Qu’est-ce qu’il foutait là ? » et en jetant un sale œil à mon grand-père.
Quand tout fut calmé, mon père partit avec l’engin, revint quelques minutes plus tard, l’engin en deux morceaux, la vis défaite. Il se fit engueuler par la mère « Lemmy ! Tu n’es pas plus grand que ton fils ! C’est dangereux ces trucs là ! ».
Il alluma un petit feu dans la cheminée et j’eus la révélation de ce que je voulais faire plus tard : Des sciences.
Il me montra les granulés qu’il avait fait couler de la moitié rouillée et en jeta un pincée dans la cheminée.
Il extrait ensuite de la partie « dorée » une petite poignée de paillettes qu’il jeta à leur tour dans l’âtre.
Je fus ébloui dans tous les sens du terme.
Ces merveilleuses petites étoiles, violettes pour les paillettes, d’un blanc éblouissant pour les granulés m’avaient émerveillé.
D’où ce goût que j’ai gardé pour les feux d’artifice alors que la découverte de leur fonctionnement aurait pu me faire passer celui du pain…
Méfiez-vous des enfants sages…
07:42 | Commentaires (8)
lundi, 08 juillet 2013
Sur l'amère calmée…
Les derniers clapotis de la tempête « Dulcinée » s’étant enfin calmés, le beau temps s’étant, fin de tempête oblige, décidé à arriver, un bulletin météorologique célébrant l’installation de l’été, le vrai, m’ont remis en tête car je suis opiniâtre l’idée d’aller faire un tour au Sacré-Cœur.
Un système respiratoire quelque peu en panne m’a conduit à trouver un chemin qui s’accommode d’une oxygénation assez ladre.
Ma cervelle, qui commence à déconner sévèrement, contient néanmoins un plan de métro et de bus intacts.
Donc, prendre le métro à Alexandre Dumas, descendre à Anvers, remonter la rue de Steinkerque et prendre le funiculaire jusqu’au haut de la colline de Montmartre.
Voilà.
J’ai soumis l’idée, mine de rien, à Heure-Bleue, confiant dans la nature humaine, naïf que je suis.
Je me demandais si « on » allait me jeter à la figure un truc du genre « Tu n’y es pas assez allé avec Dulcinée ? Bon, tu n’as pas dû en voir grand-chose, vous étiez bien trop occupés ! »
Mais non, j’ai seulement eu droit à « Mais, mon pauv’Minou, tu ne peux pas respirer et ça grimpe tout le temps, ce quartier ! »
J’ai dit à ma libraire préférée « j’ai un chemin impeccable pour les souffreteux des éponges » et le lui ai expliqué.
Elle n’a pas eu l’air d’être contre.
Je ne sais pas quand nous irons, mais nous irons.
Montmartre, c’est très sympa, faut pas croire…
J’aime beaucoup ce coin.
C’est celui où ma grande sœur nous traînait quand mes deux petites sœurs et moi étions petits.
C’est celui où je traînais quand j’allais au lycée.
Heure-Bleue n’est pas trop « branchée XVIIIème ».
Evidemment, cette snob est du XVIIème…
J’ai épousé une « bourgeoise rouge »
Alors que je suis un « bobo », un vrai.
Pas le courant « bourgeois-bohème », non, je suis un « bolchevik-bohème ».
Je sais bien, lectrices chéries, ça fait bizarre, la bohème et le bolchevisme ne font pas bon ménage.
Ça sent même le goulag.
Si vous trouvez une autre association associant « gauche » et « bohème » et donnant un diminutif « bobo », dites le moi, je suis toujours heureux d’avoir de vos nouvelles.
08:51 | Commentaires (10)

