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dimanche, 21 février 2016

Un printemps de bourges

Comme prévu, je me suis lancé dans la confection d’une pizza.
Genre « Pizza regina ».
La luxueuse dite « Regina avec œuf », j’ai même mis de la marjolaine. 
Le luxe, quoi…

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J’ai tout préparé, mis la table et, en attendant que ça cuise, je suis venu voir si une de mes lectrices chéries était passée me lire.
Je ne suis pas le genre à chercher des histoires mais… Bon…
La pizza a fini par cuire.
J’ai eu peur qu’elle ne finisse par « cuir » mais non.
Nous avons mangé le petit hors d’œuvre puis je suis allé faire cuire les « œufs bio extra frais » censés couronner les parts de pizza.
Je dois dire que j’étais assez satisfait du résultat.
Le lumière de mes jours m’a néanmoins prévenu.
- Minou ?
- … ?
- Lave toi très soigneusement les mains si tu dois aller faire pipi…
- Ah ?
- Oui mon Minou, l’huile pimentée est redoutablement efficace…
- Hon hon…
- Tu te rappelles ?
- Oui…
Elle avait ravivé là un souvenir brûlant. Celui du jour où, il y a bien des années, préparant je ne sais plus quel plat nécessitant du piment pilé, je me suis contenté de me passer les mains à l’eau avant d’aller faire pipi.
Rien qu’y penser, je serre encore les genoux et les fesses…
Bref, cette pizza, quoiqu’un peu trop humide –penser à ne pas laisser échapper trop de coulis de tomate la prochaine fois- était vraiment bonne.
Meilleure et plus intéressante que les nouvelles débitées par la télévision.
Agacée, Heure-Bleue a zappé et s’est arrêtée sur la 6 où Lili et José jouaient au chevalier et à la sorcière pour se donner envie de jouer au docteur.
- Minou ! Mais d’où sort cette mode de se déguiser pour se câliner ?
- Je n’en sais rien…
- Je suis sûre que c’est encore un truc qui vient des États-Unis…
 - Ah ça, quand on te noue l’aiguillette depuis tout petit, ça ne démarre pas comme ça…
- Oui, et en plus faut des moyens, t’as vu le déguisement ?
- Ouais, alors que les pauvres, pour faire ça, faut juste qu’ils s’aiment pour de vrai…
- Et drôlement même, parce que des fois…
Pour éviter d’approfondir le sujet, on a fini la pizza…

vendredi, 19 février 2016

Je préfère les confits denses aux cochonneries.

Nous sommes allés jusqu’au Monop’.
La lumière de mes jours avait « envie de cochonneries ».
Il m’arrive de ne pas penser à ce à quoi vous pensez que je pense alors que je n’y pense pas.
Les courses avaient bien commencé avec une Heure-Bleue virevoltant devant des rayons pleins de tentations.
Tandis qu’avec sérieux je mettais dans le panier les petites choses auxquelles elle ne pense pas, auxiliaires nécessaires à la préparation du mets choisi, mon Heure-Bleue cherchait de quoi assouvir son désir.
Ne me regardez pas comme ça.
Il s’agit bien du désir de cochonneries, lectrices chéries, mais non, pas ça…
Elle a jeté son dévolu sur des « pommes de terre sans traitement après récolte ».
Puis, alors qu’elle n’aime pas la charcuterie, elle a traîné un long moment devant le rayon qu’habituellement elle méprise.
Celui des cochonnailles qu’elle appelle « cochonneries », si ce n’est « sal…eries ».
Elle m’a tendu un paquet de saucisses colorées, industrielles et « flashy » en me disant « regarde ce qu’il y a dedans, Minou ».
La lumière de mes jours, qui met un bouquin dans son sac pour aller acheter du pain évite de se charger inutilement de ses lunettes…
J’évite quant à moi de lui demander comment elle lira son bouquin dans le bus avec les lunettes devant l’écran de son PC…
Bref, je prends le paquet de saucisses, le retourne et lis « 58% de viande et de gras de porc ».
Suit une longue liste de produits inconnus sans aucune idée de leur proportion dans le produit fini.
Comme Heure-Bleue, je me demande ce qu’on mange avec les 42% restants et je repose le paquet.
Dommage, les saucisses avaient une forme parfaite et une couleur engageante, un vrai bout de plastique.
Après plein de minutes d’errance devant ce rayon de cochonneries, l’amour de ma vie prend un paquet de saucisses « bio » et me le tend.
« 98% de viande et gras de porc », 2% de sel et autres épices me dit l’emballage.
C’était bien mais du coup pas assez « cochonnerie » alors elle a pris aussi un bout de cervelas rouge vif. Le truc qui brûle les yeux.
Et l’estomac de ma moitié…
Le meilleur de ce dîner, je dois vous l’avouer, ce fut la vinaigrette que j’ai préparée…
Même les pommes de terre avaient un goût qui me rappelait « Ecoles des Frères millésime 1957 ».
Celles qui voyaient mes compagnons de géhenne vider les poches de leur blouse dans les cabinets en sortant du réfectoire.
Oui, on faisait ça en 1957 chez mes fondus…
Là on n’a pas eu besoin mais c’était limite.
Et puis on n’est pas comme les gosses, on ne gaspille pas.
Mais qu’est-ce qu’on aimerait…

mardi, 16 février 2016

Le consensuel a la vie brève…

Ce matin je joue à Lakevio.
Oui lectrices chéries, je joue à plein de trucs mais ce matin c’est à Lakevio.
Et je donne l’histoire vraie d’entrée.
Chacun son tour…

Gustav_Klimt_le_baiser.jpg

Ce matin là, le docteur Schmutz se pencha.
Il tira une pincée de cochonium d’un bécher et l’ajouta au chinchmout du Colorado.
La réaction micronucléaire s’amorça et son système, le frumilgeateur smolkant, censé permettre d’animer et suivre les pensées des modèles des images commença de ronronner.
Il glissa dans le zbilmuth une reproduction du « Baiser » de Klimt et regarda l’écran tandis qu’un léger bruit de vie s’échappait du haut-parleur.
Mais, car il y a toujours un mais, aucune pensée étrangère ne naissait encore dans son esprit.
Il schmulza de deux doigts le tribulateurdunchinoihenchine et glebzmula la rétroaction hélicoïdale biconvexe.
Toujours rien de précis.
Ce n’était pas totalement inanimé mais pas vraiment clair ni vivant.
Schmutz pesta, se prit le nez entre deux doigts et réfléchit.
Il soupira devant sa bêtise et amena lentement le réglage par rétropédalage chimique devant l’index qui avait légèrement dévié au cours du montage.
De surprise, il s’immobilisa, l’air un peu égaré tout de même.
Deux pensée étrangères s’immiscèrent dans son esprit tandis que le haut-parleur et l’écran donnaient vie à ce qu’il pensait de façon multiple.
Schmutz  se dit avec son vrai cerveau à lui que la schizophrénie artificielle était décidément une expérience difficile.
L’image du tableau s’anima brutalement.
Le type, un brun de type vaguement gitan, regardait avec envie la rousse pâle qui, les yeux clos, attendait avec patience qu’il se décidât à l’embrasser.
Schmutz peaufina le réglage du tribulateurdunchinoihenchine, ajouta un poil de cochonium et les pensées de la fille se firent plus claires chez lui.
« Tu vas te décider, oui ! »
Le type gitaneux se pencha enfin mais s’arrêta brutalement, Schmutz l’entendit se rappeler qu’il avait déjà vu cette fille dans d’autres bras assez souvent.
Des bras différents d’un jour à l’autre, nota-t-il. Il eut soudain un doute quant à la fiabilité de la fille, de son charme à lui et des suites qui risquaient d’en découler.
Voire de couler, prolongea Schmutz in petto….
Puis, alors qu’elle se serrait contre le tzigano-slave et voyait où il voulait en venir, et même où il allait venir, ce dernier craignit d’un coup « M… ! Elle va me filer la chtouille ! »
L’effet fut immédiat.
Alors qu’elle avait remarqué quelque chose qui ressemblait, selon Victor Hugo, aux « réveils triomphants de la jeunesse », ça se transforma soudain en quelque chose qui ressemblait, selon Rustica, à « une limace recroquevillée agonisante »…
Le gitan et la rousse se séparèrent et se jetèrent mutuellement un regard dégoûté…
Schmutz retira l’image de l’appareil et fouina dans son panier à cartes postales.
Il tomba sur la reproduction d’une célèbre toile de Courbet « Le Sommeil ».

Le_Sommeil.jpg

Curieux de connaître les rêves des deux dames, il glissa l’image dans l’appareil.
Ça marcha tout de suite et si bien que, son cerveau occupé par les pensées particulièrement lestes des deux dames, il en avait oublié le haut-parleur et l’écran, hélas très parlants eux aussi.
Il fut sorti brutalement de son rêve éveillé par la gifle magistrale administrée de maîtresse main par une Madame Schmutz scandalisée, tirée de ses travaux de broderie par le vacarme venant du laboratoire de son mari…

lundi, 15 février 2016

L’art, mateur de solitude...

Lakevio, la prochaine fois trouve un peintre genre Klimt ou Millais, histoire que la tristesse ne soit pas que désespérante...

hopper.jpg

Chaque fois qu’il est tranquille, elle vient à la fenêtre et l’appelle.
Ça ne rate jamais.
Il suffit qu’il s’asseye, qu’il allume son cigare.
Quand il a tiré une ou deux bouffées et qu’il devient songeur en regardant la route, il faut qu’elle vienne à la fenêtre et entame une dispute.
Il en vient à se demander si elle ne lit pas ses pensées.
Si elle ne sait pas qu’il se retire de cet endroit pour penser à l’autre.
Celle qui a disparu et qui aurait dû être à la place de celle qui est en train de hurler à la fenêtre.
Mais comment diable peut elle savoir ?
Comment fait elle pour savoir avec tant de sûreté que c’est à l’autre qu’il pense quand il s’assied là ?
Il se mit à y réfléchir un peu plus sérieusement et arriva à la conclusion qu’il ne pensait pas à l’autre quand il venait s’asseoir dans ce fauteuil.
Ni même quand il allumait son cigare.
Le fait qu’il portât sur la route un regard vide ne signifiait rien de particulier.
Il se sentait juste bien.
Enfin… Bien…
Jusqu’à ce que sa femme vienne le houspiller, lui dire qu’il avait mieux à faire qu’à fumer un cigare en attendant le client.
C’est seulement à ce moment là qu’il pensait à l’autre.
L’autre…
Celle qu’il avait laissée parce qu’elle ne voulait pas venir ici.
Elle lui disait « Je ne veux pas passer ma vie à regarder une route vide ! »
Lui n’avait pas voulu lui avouer qu’il avait peur de la ville.
Alors il l’avait laissée partir, et était venu là.
Il avait fini par épouser cette femme, elle était d’ici.
Il se dit alors que c’était elle qui maintenait de la façon la plus vivace le souvenir de l’autre.
Si elle savait…
Si elle savait ?
Si elle savait, il n’y aurait plus jamais deux mots d’échangés dans la maison…

dimanche, 14 février 2016

Un vieux pieu...

Ne dis rien, Berthoise, j'ai honte...
Hier soir, je suis descendu sous la pluie faire quelques courses.
Je sais bien que vous vous en fichez, lectrices chéries, mais je tenais à vous tenir au courant.
Voilà.
Quand j’ai refermé la porte du local à poubelles qui donne sur la rue, j’ai heurté une jeune femme guidée par un chien attelé.
Ça m’a remis en mémoire cette « réclame » qui m’a agacé plusieurs jours si ce n’est semaines.
Une annonce ante bulletin d’infos qui m’enjoignait d’une voix douce de financer le dressage d’un labrador pour en faire un « chien guide d’aveugle ».
Cette voix était si gentille et si convaincante que je me suis demandé parfois si je n’allais pas me crever l’autre œil, rien que pour avoir le clébard.
Je me suis arrêté à temps, comprenant d’un coup qu’elle ne cherchait pas des aveugles mais des sous…
A rêvasser ainsi, je suis arrivé au Franp..x tout beau tout neuf, refait entièrement depuis l’automne.
Et là, de quoi-t-est-ce que je m’aperçois-je ? Hmmm ?
Eh bien, la maison mère, obéissant autant à la paranoïa ambiante qu’à la soif de lucre, a suivi les conseils du gouvernement visant « à assurer la plus complète sécurité à notre clientèle ».
Oui, lectrices chéries, « on » a tenu à assurer la sécurité de votre Goût préféré.
Et c’est là que ça se gâte.
Je ne pensais pas qu’on allait trouver une escouade de CRS devant le magasin, prête à en découdre avec le « martyr » qui se serait mis en tête d’éradiquer le Mal, plus exactement de faire exploser la gondole de jambon.
Non, pas du tout.
Néanmoins,  à défaut de l’Armée du Bien, je pensais trouver au minimum l’Africain habituel, celui généralement dévolu au rôle de « Musclor de dissuasion » ou au vigile en uniforme d’opérette.
Que nenni, lectrices chéries ! Que nenni !
On nous a casé devant la porte un pauvre homme qui doit ainsi améliorer sa retraite. Un pauvre vieux de mes âges ou, s’il n’a pas mon âge, il est salement décati…
Le freluquet, blanc de teint,  de cheveux et de barbe mal rasée.
En plus il doit peser quarante kilos avec le caddy et la veste d’uniforme trop grande pour lui mais avec l’aigle sur la manche et au revers.
Bonjour l’aigle !
Imaginez une sorte de poulet pas fini et vieillot !
En matière de sécurité, la boutique n’a pas songé un instant à embaucher un guerrier.
Elle s’est acheté directement un otage !
Genre « celui là vous pouvez le garder, c’est un cadeau de la maison ! »
En plus ce pauvre homme est musclé comme un lapin de trois semaines et se fait enguirlander copieusement par toutes les caissières parce qu’il traîne devant l’entrée et qu’à chaque pérégrination la porte automatique s’ouvre en grand, faisant entrer le froid et la pluie.
Dire que je me plaignais de mon sort d’esclave poussé par la lumière de mes jours à aller chercher ce qui manque.
Bon, en vrai, j’aime bien aller traîner…