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vendredi, 12 février 2016

Ce que les seins valent en tain ne me laisse pas de glace…

De rien, Mab, de rien…

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Je suis quelque peu inquiet, ces jours ci.
Après avoir entendu pendant des décennies Heure-Bleue pester contre « toutes ces fêtes commerciales que c’est fait rien que pour vendre et de toutes façon, c’est encore des machins faits par Pétain pour occuper le bon peuple et éviter qu’il ne se transforme en bande de terroristes ! » je ne l’entends pas cette année.
Plutôt si.
Un peu, à pas de velours et à mots de soie…
Genre « Quand on vieillit, on aime bien tous ces trucs, comme la Saint Valentin, tout petit moment est bon à prendre… »
C’est pas comme la Fête des Mères.
C’était une arnaque commerciale quand j’appelais ma mère pour lui souhaiter « bonne fête maman ».
C’était un délicieux moment attendrissant quand l’Ours lui offrait un truc genre collier de nouilles…
Pareil avec la Saint Valentin.
- Je ne veux surtout pas de fleurs !
- Ben, ma Mine ?
- Non ! Vous les mecs vous vous faites refiler n’importe quoi !
- Mais enfin…
- La Saint Valentin, c’est pas la fête des amoureux, c’est la fête des fleuristes !
Fort de ces recommandations, vous allez faire les courses, vous revenez avec tout ce qu’il faut pour un super dîner.
Et là…
- Ben ? Minou ! Tu m’as même pas ramené un petit bouquet !
- Tu m’as expressément dit « surtout pas de fleurs ! »
- Oui, mais quand même, t’aurais pu penser à un petit truc, des fleurs quoi…
Bref, c’est Heure-Bleue…
Alors d’ici dimanche, je vais devoir cogiter sérieusement, histoire que ça ne fasse pas comme les quarante et quelques Saint Valentin précédentes…
Surtout que, comme la Saint Valentin est en plein hiver, ça ne se prête pas aux distractions champêtres de la Saint Jean.
Je refuserai la proposition de promenade sylvestre.
De toute façon Heure-Bleue ne sera pas tentée non plus.
C’est seulement que les raisons seront différentes.
Elle n’est pas frileuse, elle…

jeudi, 11 février 2016

Les yeux brouillés…

Merveille est venue.
Plus exactement, après avoir préparé le poulet et l’avocat, je suis allé la chercher à l’école.
Le poulet ? Arrosé régulièrement.
A la broche avec de petites pommes de terre et des haricots verts.
Les haricots verts préalablement revenus avec de l’échalote et un peu de persil, le tout légèrement poivré.
Les pommes de terre en « robe des champs » puis pelées et mises au dernier moment avec les haricots verts dans le plat du poulet qui finissait de cuire.
Quand Merveille et moi nous sommes assis à l’arrêt du bus en sortant de l’école, elle m’a dit « maman me manque, papy… »
Elle était triste comme un jour sans pain parce que JJF est à Milan depuis plusieurs jours pour la présentation d’une collection.
Merveille s’est serrée contre moi.
Ce n’est pas pratique du tout avec un cartable accroché dans le dos.
J’étais content parce que ces temps ci elle n’est pas trop « garçons », elle est plutôt « filles ».
Que voulez vous que je  lui dise, lectrices chéries ?
Je n’ai pu que lui dire que c’était  la vie.
- Tu sais Merveille, c’est ça la vraie vie, il y a toujours quelqu’un qui nous manque et quelqu’un à qui on manque… 
- C’est vrai, papy ?
- Oui, ta mère te manque, tu lui manques, elle manque à ton père, elle nous manque.
- Oui mais c’est pas bien.
- Si, Merveille, c’est bien. Ton père nous manque aussi parfois, c’est notre enfant et on lui manque parfois, ta mamie est aussi sa mère.
- Et Manou, elle compte pour du beurre ?
- Elle manque à ta mère, comme ta mère lui manque, c’est ça qui est bien.
- Mais non ! Pourquoi ce serait bien ?
- Réfléchis, Merveille, si quelqu’un nous manque c’est qu’on l’aime et si on lui manque c’est qu’il nous aime…
- Oui papy.
- C’est pas bien de savoir qu’on nous aime ?
- Oh si Papy !
Elle est redevenue une petite fille gaie et sautillante qui n’a pas chougné.
Après avoir picoré son repas, la prochaine fois je lui achèterai un sachet de graines pour serins, elle a joué avec Heure-Bleue puis je lui ai fait faire ses devoirs.
C’est là qu’on a appris incidemment en papotant que Merveille savait lire avant « la grande école ».
Du coup on est un peu inquiet…
Puis l’Ours a appelé pour nous inviter à une soirée crêpes.
Il fait les meilleures crêpes que je connaisse alors nous sommes tous trois partis chez l’Ours.
Dans le bus j’ai dit à la lumière de mes jours que la dernière fois j’avais joué avec Merveille, elle était rentrée dans le mur à cause de moi.
Une fois expliqué le pourquoi de la chose, Heure-Bleue a soupiré :
- Franchement... Jouer à l’aveugle avec un borgne !
- Mais…
- Et tu t’étonnes de faire rentrer ta petite fille dans le mur ! Mais tu ne grandiras donc jamais ?

lundi, 08 février 2016

An irritating gentleman.

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Isn’t a gentleman…
C’est ce qu’elle s’est dit quand ce butor s’est penché sur le dossier de son siège pour lui susurrer des fadaises.
La jeune fille agita ses boucles blondes et cessa de manipuler sa petite pochette.
Elle se retint à grand’ peine de soupirer.
Elle ne dit rien, se contentant de poser ses mains sur ses genoux et de faire ce qu’on lui avait appris depuis la plus tendre enfance.
Se tenir droite et rester silencieuse.
La sentant gênée mais timide, l’homme se pencha un peu plus vers elle, au risque de basculer, et lui souffla dans l’oreille « vous savez, Mademoiselle, que vous êtes charmante ? »
Elle secoua la tête, dégoûtée par le souffle lourd de l’importun.
Il insista « vous me semblez bien jeune pour voyager seule… »
Puis, tenant la cordelette de ses lorgnons et s’inclinant davantage « un homme auprès de vous serait d’un grand secours… »
Elle était de plus en plus agacée mais ne savait comment se débarrasser de ce personnage.
Elle craignait qu’il soit plus intéressé par la prise de sa vertu que par sa sécurité.
Elle était certes jeune mais savait depuis peu que ce qui intéresse vraiment les hommes chez les jeunes filles, ce n’est pas leur porte-monnaie…
Depuis combien de temps maintenant cet homme lui adressait il la parole sans avoir été convié ?
Elle était de plus en plus gênée.
Non, en y réfléchissant un peu elle était agacée.
Mais bon sang, cet homme n’avait il point une épouse à houspiller, à ennuyer ?
Qu’il s’en trouve une après tout !
En plus il avait bien vingt-cinq ou trente ans de plus qu’elle !
Elle serait bientôt en colère, elle le sentait.
Une dame arriva du bout du wagon qui lui faisait face et se dirigeait vers sa banquette.
Un soupir de soulagement échappa à la jeune fille, elle allait enfin être en paix.
Ce malappris n’oserait sûrement pas l’ennuyer en présence d’une dame.
« Aaaahhh ! Je vous ai retrouvé ! Ce ne fut pas sans mal, le contrôleur ne se souvenait plus où il vous avait placé ! Enfin me voici, mon ami ! »
La jeune fille tenait sa vengeance.
Elle se leva, se tourna vers l’homme et lui tendit les bras en criant « Père !!! Enfin ! Oh, Père ! »
Elle fut particulièrement satisfaite du bruit de la gifle qui retentit.
Elle ne savait pas comment elle allait se sortir de cette affaire, maintenant...
Bah... Elle aurait bien une idée…

dimanche, 07 février 2016

Note à « l’eau de rose »

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Hier, j’étais heureux !
Oui, hier il faisait beau, la température était douce et Heure-Bleue n’avait pas mal aux pieds.
Nous sommes donc allés à Paris.
Oui, encore…
Comme il n’y avait censément pas de train, ce qui se révéla faux par la suite, nous avons pris le bus.
Deux bus. Jusqu’à Sèvres-Babylone. Là, nous avons acheté un livre de poche.
J’étais heureux disais-je, mais aussi parce que les « merdouniers du Japon » étaient en fleurs.
Plein de petites fleurs jaunes, pas celles des forsythia plutôt simplettes non, de petites boules pleines de pétales ensoleillés. Chouette quoi…
Notre bouquin sous le bras, en fait dans le petit sac orange classieux, j’ai emmené la lumière de mes jours là où elle voulait aller : Saint Germain des Prés.
J’ai pris un chemin, différent du sien.
Arrivés en peu de temps, enfin plus rapidement s’il n’avait fallu traverser et retraverser mille fois la rue des Saints Pères pleine de ces vitrines qui agissent comme les flammes sur les papillons, j’ai dit à Heure-Bleue surprise que ce ne soit pas plus loin :
- Tu as vu comme je t’ai guidée ? Hein ?
Et là, elle me troue. Elle regarde un peu avant, voit l’église Saint Germain des Prés et me dit :
- Ah oui ! Un peu plus loin à droite il y a un Monop’ !
Elle a un sens de l’orientation un peu étrange qui fait que la disparition des Monoprix parisiens la laisserait totalement désorientée dans sa ville…
Nous avons continué notre chemin à pas lents, jusqu’au Monop’ où nous avons pris une bouteille de lait et un paquet de « Roudor », la perdition des vieux.
Avant d’y arriver j’ai eu l’attention attirée par la vitrine Caron où j’ai vu un parfum qui m’a rappelé une visite au musée Cernuschi avec la Tornade où on m’avait tendu un échantillon dont l’odeur m’avait plu.
C’est la couleur qui a attiré mon attention. Le rose. Je suis entré et la dame m’a mis un peu de « Délire de roses » sur la main.
J’ai demandé :
- Il est né quand, ce parfum ?
- En 2009
C’était exactement ça.
Je craignais de faire un peu « grave follasse » à sentir la rose à vingt pas mais la dame à haussé les épaules en disant « oh, vous savez, maintenant… »
Heure-Bleue a trouvé que ça sentait bon mais que non, « ça ne fait pas « parfum de pédé » et de toute façon, on partage Terre d’Hermès, tu as porté le Vetiver de Carven et Grey Flanel, alors… »
Nous avons ensuite pris la rue de Buci, que je pensais plus éloignée qu’elle n’était et je me suis laissé guider par la lumière de mes jours dans ce coin où elle a vécu.

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Nous avons rejoint le « boul’ Mich’ » et pris le 21 qui nous a amenés à Saint Lazare.
Il faisait toujours doux.
La prochaine fois je la traînerai du côté de la rue Linné et des « Arènes de Lutèce »…

samedi, 06 février 2016

« Au nom du peuple français, le tribunal vous condamne à... »

C’est Clodoweg qui m’a demandé « comment ça fait » d’être juré il y a quelque temps.
Et vous savez quoi, lectrices chéries ?
Eh bien une fois, j’ai été « désigné volontaire » pour être juré pendant une session de la Cour d’Assises du Palais de Justice de Paris.
J’ai d’abord demandé si je pouvais décliner l’invitation.
On m’a répondu en substance que si ça ne me faisait rien d’aller en prison et payer une amende, pas de problème, je pouvais ne pas me déranger…
Alors je suis allé voir mon patron, je lui ai dit que je venais d’être invité fermement à aller tous les jours pendant je ne sais combien de temps au Palais de Justice au lieu d’aller chez lui m’échiner à gagner ses sous.
Comme c’était encore l’époque où le patronat était plus enclin à la clémence que la justice, il a accepté de me payer comme si j’étais là à la condition que je lui reversasse l’indemnité que le gouvernement donne aux citoyens qui font le boulot des juges…
J’ai donc passé le temps de toute la session au Palais de Justice.
Je n’avais pas encore trente ans et l’air sans doute assez innocent et calme –ne riez pas lectrices chéries- pour avoir la malchance de n’avoir jamais été récusé.
J’ai donc dû assister à tous les procès de la session.
Si je commençais plutôt tard le matin, les soirées s’éternisaient et il arrivait souvent que je rentre à la maison alors que tout le monde était couché.
« Comment ça fait » ?
Eh bien j’en ai retiré qu’il est fort heureux que Badinter ait été convaincant car à l’époque, la peine de mort existait encore.
Certes on n’atterrissait pas pour des broutilles devant l’estrade où votre serviteur et ses huit camarades essayaient d’avoir une idée de ce qui avait amené là l’accusé.
Il y avait tout de même des moments où on avait du mal à garder son sérieux.
J’ai souvenir d’un procès où un type en avait planté un autre dans un bar de l’avenue de Clichy.
Pas loin de chez « Ladess » justement.
La victime et son meurtrier étaient, au moment des faits « passablement ivres » selon le président et « raides bourrés » selon les remarques de couloir des jurés qui avaient entendu les conclusions du légiste.
Le président du tribunal demanda alors au concierge de l’immeuble, convoqué comme témoin et compagnon d’agapes du prévenu et de sa victime :
- Dites moi, Monsieur X., vous buviez beaucoup, dans ce bar ?
Et le témoin de s’exclamer
- Ben… Comme vous et moi, M’sieur mon président…
- Mais encore ?
- Oh… Quelques litres par jour, quoi…
Comment voulez vous rester impassible, lectrices chéries, même l’avocat général, un type très sévère, a ri…
Mais à d’autres moments j’ai été effrayé.
Car, si les « clients » n’étaient pas des anges, j’ai découvert en cette occasion que le pékin de base est fort heureusement freiné dans sa promptitude à punir par le président et les assesseurs.
Oui, lectrices chéries, j’ai constaté au cours de cette expérience que nombre de mes concitoyens auraient volontiers envoyé « au massicot » celui qui avait volé une pêche sur un étalage…
Et ça, ça a vachement relativisé ma confiance dans l’espèce humaine.