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mardi, 23 août 2016

Le rhum antique saoule aussi…

Ma vie est foutue !
Hier, avant de partir dîner chez les enfants, nous avons écouté une émission de la série de Didier Varrod sur la vie de Françoise Hardy.
Au moment où Françoise Hardy disait de sa voix melliflue, ajoutant même quelques soupirs en arrière plan, des choses définitives sur l’amour.
Parlant même d’amour fou, j’ai commis l’imprudence de remarquer :
- Pfff… L’amour, si c’est pas un amour fou, c’est pas de l’amour…
Tout ça du ton du mec vachement expérimenté, avec haussement d’épaules et tout.
Et le commentaire du journaliste d’enfoncer le clou sur le tempérament irréductiblement romantique de Françoise Hardy d’un péremptoire « Elle a toujours eu ce besoin d’absolu, de romantisme… »
Heure-Bleue dont l’avis semble diverger et surtout peu nuancé m’a alors lancé :
- L’amour fou ? Je t’en foutrais moi, de l’amour fou !
- Ben quoi, tu connais « l’amour raisonnable », toi ?
- Ouais bon, c’est vrai, sinon je ne t’aurais pas épousé mais quand même…
- Bon…
Là elle a ajouté :
- Et du romantisme ! Je t’en foutrais moi, du romantisme ! C’est du masochisme oui !
Du coup, je me suis écrasé avant qu’elle ne découvre qu’elle avait contracté le mariage parfait : Un masochiste marié à une sadique…
Malgré cette douche sur ma propension à « guimauver », la soirée chez les enfants fut délicieuse.

rimini_malatesta.jpg

lundi, 22 août 2016

Je vais avoir droit à un coude rouge…

Un doute m’a étreint, lectrices chéries, quand je vous ai dit ce réflexe irrépressible qui m’a poussé à traîner les pieds dans les feuilles mortes.
Qu’alliez vous penser ?
Les plus indulgentes allaient elles s’exclamer « Ça y est ! Camarade Le-Goût est devenu fou ! »
Pire, la vanne légère de celle qui s’en fout, genre  « My god ! Le Goût a un pèt’ au casque, il est devenu gâteux ! »
Je me pensais pourtant particulièrement cartésien et tout à fait rationnel.
J’allais même, dans mes rêves les plus fous, jusqu’à penser que vous en étiez convaincues vous aussi.
Il y avait même une preuve à mes yeux irréfutable : Je suis tombé amoureux d’Heure-Bleue.
C’est dire si je suis un garçon réfléchi...
Mon goût du risque et une inclination innée pour la poésie m’ont poussé à me lancer dans cette entreprise que je savais pourtant pleine de dangers mais irrésistible.
Finalement, à lire vos commentaires, lectrices chéries, je dois avouer que je me sens rassuré.
Si, si, je vous assure.
Mab elle-même admet qu’elle adore traîner les pieds dans les feuilles mortes.
Pourtant, s’il y a quelqu’un de sérieux en ce bas monde, c’est bien elle.
Rien que cette façon de rester sur son quant-à-soi alors qu’elle vient de s’arracher un pouce avec son sécateur en dit long.
Bon, elle a encore son pouce mais si elle continue à scruter son jardin comme ça, ça ne va pas durer…
Célestine, elle, c’est autre chose.
Elle va jusqu’à prétendre qu’elle mettra le souk dans les tas de feuilles jusqu’à sa mort.
Mais bon, elle ce n’est pas pareil, son blog montre à l’envi qu’elle n’est pas plus sérieuse que moi.
Tout comme « Sophie qui n’a pas de blog » mais les regarde de sa fenêtre et attend qu’elles soient sèches pour marcher dedans.
Je vois avec plaisir que nous sommes tous devenus des adultes.
Franchement il était temps qu’on s’attelle aux choses sérieuses.
Nous avions rempli nos vies de billevesées comme les études, le travail, les enfants.
Bref, survivre.
À l’école d’abord, puis au boulot, aux conjoints ensuite et enfin aux enfants.
Maintenant on va pouvoir vivre enfin nous disions nous.
L’automne arrive avec ses feuilles mortes.
Faudra juste penser d’ici quelque temps à faire gaffe au col du fémur.
Parce que c’est fragile ce truc là, et les feuille mortes mouillées, hein…

dimanche, 21 août 2016

Et si le bonheur est apporté demain…

derrière l hotel de ville.jpg

Quand je pense que j’ai habité des décennies à deux pas de là...
Hier, notre promenade fut « légère, seulement trois kilomètres et demi », comme dirait Imaginer.
Mauvais sportifs que nous sommes, nous n’avons pas compté nos pas ni pratiqué « la marche rapide ».
Non.
Comme toujours nous avons flâné, Heure-Bleue à mon côté, le petit chariot à courses de l’autre côté.
Je dis ça juste parce que je préfère « petit chariot à courses », mais ce matin seulement, à « caddy ».
En revenant du Monop’, l’autre, celui de « la ville d’à côté », dans une des rues qui nous ramènent dans « la ville à nous », j’ai été tenté.
J’ai succombé.
Ça faisait plus d’un an que je ne l’avais pas fait.
Sur plusieurs dizaines de mètres, le trottoir était couvert de feuilles mortes !
Des feuilles de platane et d’érable.
Alors je n’ai pas résisté, j’ai marché sur ce tapis de feuilles en traînant les pieds.
C’était super chouette !
Ça fait un bruit de chuintement terrible.
Les feuilles les plus sèches craquent sous les pas.
Les moins sèches sont traînées par les chaussures, restent coincées dans les roues du  « petit chariot à courses » et frottent sur l’asphalte.
Je vous jure, lectrices chéries, on se croirait dans une cour de récré !
Après, faut quand même que j’aie l’air d’un « grand » alors je reprends le chemin avec la lumière de mes jours à mon bras.
On s’est arrêté un moment quand j’ai engagé la conversation avec une jeune femme qui fumait à sa fenêtre.
Nous avons papoté tous les trois quelques minutes puis nous avons continué.
Heure-Bleue n’avait pas mal aux pieds, alors c’était bien.
Elle n’avait même pas trop chaud.
Je me suis rappelé un rêve super triste et Heure-Bleue m’a dit « Je sais, des fois tu pleures dans tes rêves ».
Ben dis donc…
Elle a ajouté :
- Finalement, je suis plus gaie que toi, tu es porté à la mélancolie…
- Moi ? Mélancolique ?
- Ben oui, et je suis même plus pragmatique que toi, t’es un rêveur !
Alors là, ça, ça m’a bien fait rire.
Heure-Bleue pragmatique !
Elle est bien bonne celle-là !
Quoique…
Sur les sciences, elle est nulle mais sur la vie, elle en connaît un bout.
Chez moi c’est plutôt l’inverse…

jeudi, 18 août 2016

Je suis né faste...

Hier, je suis descendu en fin de matinée chercher quelque chose pour agrémenter notre déjeuner.
Sur le chemin, près de l’arrêt de la navette du coin, j’ai croisé un type avec qui je papote de temps à autre.
Enfin, je papote… Je l’écoute me conter ses malheurs innombrables.
Je sais qu’il a déjà été victime de deux infarctus et est passablement bancal.
Il râlait parce que le minibus n’arrivait pas.
Il pestait très fort après « Tous ces fainéants qui foutent rien merde quoi ! On paie des impôts quand même. »
Je sais que justement il est exempté d’impôts mais bon…
Une dame, près de lui, tentait de l’aider avec un smartphone censé dire quand passerait la navette.
Le type s’énervait de plus en plus.
Encore un peu et il allait entamer son troisième infarctus.
- Calme toi, si tu as deux reins et deux yeux, tu n’as qu’un palpitant et il déconne déjà…
- Ouais je sais mais quand même, ce bus merde ! Il devrait être là !
La dame de dire, levant le nez de son smartphone :
- Apparemment il n’y en a pas aujourd’hui…
- Mais je l’ai vu ce matin ! Et ça fait deux heures que j’attends le suivant !
Il habite au dessus de l’arrêt de la navette et passe son temps à la fenêtre.
Je tente :
- Mais va jusqu’à l’arrêt du bus sur l’avenue, c’est à cinq minutes.
- Je sais bien mais je prends la navette d’habitude.
Il m’a fait penser au mec qui cherche ses clefs sous le réverbère parce que c’est là qu’il y a de la lumière…
- Tu serais arrivé depuis longtemps… Et puis tu peux faire du stop…
Je le regarde et ajoute
- Bon, t’as pas dix-huit ans et t’es pas en minijupe…
Et là, il nous souffle, la dame et moi :
- Arrête tes conneries ! Chuis pas une pute !
- Euh… Tu sais qu’il n’y a pas que les putes qui font du stop et ont besoin de se déplacer ?
- Absolument ! Mais enfin monsieur !
A dit la dame.
- Bon mais quand même, c’est dur !
- Mais tu vas y arriver, c’est quand même pas loin !
- Oui mais à mon âge c’est de plus en plus difficile…
Vicieusement je demande
- Dur ou difficile ?
- Ben c’est pareil quoi ! Ya pas de différence !
- Ah mais si ! « C’est dur », c’est quand t’es jeune, « C’est difficile », c’est quand t’es vieux…
L’incompréhension se lisait sur son visage.
La dame, elle, a compris immédiatement et a ri.
Méchamment je dois dire…
Elle a dû se sentir vengée après ce « chuis pas une pute » qui l’avait choquée…

mercredi, 17 août 2016

Ire rationnelle…

Bon, en vrai je ne suis pas en rogne.
Juste je peste parce que j’ai oublié d’acheter du lait.
Et j’ai oublié d’acheter du lait parce que je n’ai pas pensé que ferait défaut celui que j’ai utilisé avant-hier au soir pour faire le clafoutis aux fraises de Manou venue dîner à la maison.
Il m’a fallu du coup préparer ce matin une mixture infâme pour caler un estomac qui, le matin, crie « Famine !!! » à plein pylore
J’ai dû mettre du café soluble dans un bol d’eau et lui donner la couleur qui va bien à coups de cuiller de lait concentré sucré.
C’est trop sucré, c’est pas bon mais comme c’est super vite fait et que de toute façon je n’ai pas autre chose, hein…
Cela dit il manque quelque chose d’important à cette préparation indigne.
Le petit quelque chose qui me ramène à l’enfance tous les matins.
Oui, lectrices chéries, avec le lait concentré il manque ce petit élément qui a du mal à exister avec du lait demi-écrémé et n'existe pas du tout avec le lait écrémé : « La peau du lait ».
Et ça, ça me manque terriblement.
D’où ce grommellement matutinal.
Du faux lait ou du lait sans « peau du lait » c’est le truc qui pousserait à rétablir le délit de blasphème.
C’est peut-être ce goût pour la blancheur d’une peau quasi transparente que vient ma voracité pour les peaux claires.
Allez savoir…
Oui, que je vous dise, lectrices chéries.
J’ai appris il y a longtemps, à mes dépens, que la rétine est collée sur la choroïde comme la « peau du lait » sur le lait.
Même si c’est un collage moins résistant que celui de votre Goût adoré avec sa comparse Heure-Bleue, c’est quand même vachement bien fait.
Et j’y trouve néanmoins une certaine ressemblance.
Je trouve les deux, la peau d’Heure-Bleue et la peau du lait, absolument  délicieuses.
Mais bon, je vais vous parler de la « peau du lait », plutôt.
Ça va m’éviter de me faire défigurer par la lumière de mes jours qui n’aime ni prêter ses affaires ni qu’on les détaille en public.
La « peau du lait », chez mes parents, n’était normalement pas un « casus belli ».
Ma grande soeur évitait le lait le matin, histoire d’éviter les cent vingt grammes qui la séparaient de l’extrême minceur.
Elle devait peser dans les trente-cinq kilos avec le manteau et le cartable quand elle est allée passer « son BEPC »…
Donc pas de risque de me faire soulever mon délice du matin.
Mon père était parti travailler depuis longtemps ou dormait parce qu’il était rentré du travail il y a très peu, donc, « la peau du lait » semblait sauve.
Mon père se fichait de toute façon de « la peau du lait », s’il y en avait, il l’avalait sans y prêter attention, s’il n’y en avait pas il ne s’en apercevait pas, alors…
La benjamine était toujours soit chez notre grand’ mère maternelle, soit dormait, soit s’en foutait totalement. Elle avalait tout ce qu’on lui présentait.
Et même ce qu’on pensait avoir mis à l’abri de son féroce appétit.
Là où ça se gâtait, c’est avec ma mère et ma sœur cadette.
Ma sœur cadette, dite « Souricette » détestait le lait, que dis-je, elle haïssait le lait mais adorait le fromage.
Sentir le lait lui faisait tordre le nez.
Voir la « peau du lait » se rider au fur et à mesure que le lait refroidissait lui « levait le cœur » selon ses propres termes.
Du coup, je matais avec envie, la casserole d’abord, son bol ensuite, sûr qu’elle piaillerait jusqu’à ce que ma mère cède et lui donne du fromage.
Si ma mère était bien disposée, elle repartait vaquer à son petit métier du matin, j’en profitais pour rafler le bol de « Souricette » et attraper la fameuse peau d’un habile coup de petite cuiller.
Hélas, tout ne se passait pas si bien et si ma mère se mettait à table avec nous, elle s’empressait de ramasser la peau du lait « pour ne pas te tacher mon petit chéri » et de l’avaler d’un seul coup.
Je me demande si ce n’est pas le motif de désamour le plus justifié, bien avant les pulls « vert bronze que tu aimes, mon fils », les blouses « bleu roi à liseré rouge » ou la veste « lamé bleu des mers du sud genre maquereau libanais », sans parler des quatre ans de prison chez les fondus.
Ce n’est que plus tard qu’un autre motif est venu s’ajouter à tous ces griefs.
Celui qui m’a rempli d’une ire tout à fait rationnelle.
Oui, tout ça m’a conduit à faire appel à vous, lectrices chéries…