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dimanche, 31 juillet 2016

La maison perd ses verres…

Bon  lectrices chéries, tout s’est passé tout à fait comme prévu !
Enfin, prévu par la lumière de mes jours.
Nous avions d’abord craint quelque chose comme ça.
Puis nous Heure-Bleue m’avait dit :
- Tu verras, Minou, on va les retrouver quand on aura les autres.
J’avais répondu :
- Mais mon ma Mine, je les ai jetées sans faire attention…
- Hon hon…
J’avais peur tout de même qu’elle ait raison mais j’étais presque sûr de mon fait.
Vendredi soir nous sommes revenus à la maison avec nos lunettes neuves.
Les siennes étaient plus légères que la paire précédente.
Les miennes étaient plus légères aussi.
Nous les avons essayées.
Comme nous le craignions, elles allaient parfaitement pour lire le soir mais étaient trop « fortes » pour lire dans la journée, que ce soit notre livre, le journal ou notre écran.
Un évènement sans importance sauf qu’il a montré que j’avais tort s’est noué hier.
Oui, lectrices chéries, hier j’ai été pris d’une folie ménagère dans le coin des ordinateurs.
J’ai débranché entièrement le mien.
Je suis allé chercher l’aspirateur.
J’ai tiré l’ordinateur que j’ai ensuite posé sur ma chaise.
La poussière faisait un véritable édredon derrière ma machine.
Après avoir tiré et nettoyé quelques câbles et ramassé quelques tickets de caisse de Monop’ tombés derrière, j’ai eu l’œil attiré par un reflet.
J’aurais pourtant dû m’en douter car ce n’était pas la première fois, qu’à peine les lunettes neuves ramenées à la maison, je retrouverais la paire égarée.
Je ne crois toujours pas en dieu.
En revanche, cette histoire de lutins farceurs me paraît de plus en plus crédible…

samedi, 30 juillet 2016

Le choix de Sophie.

Bon, c’est un peu chiant mais ce n’est qu’une « rédac’ » hein…
À la demande de Sophie qui hélas n’a pas de blog, je vais tenter de faire, comme à Merveille, « une rédac’ » pour lui dire « comment c’était une épicerie de quand qu’on était jeune ».
Je ne connais pas celles du quartier d’Heure-Bleue mais je me souviens très bien de la plus importante d’entre elles dans mon quartier.
Vous vous rappelez sûrement, lectrices chéries, que mon père m’envoyait parfois chercher son paquet de Bastos au tabac « Le Fontenoy » et ma mère « chez Galy » chercher le « pain parisien » qu’on n’entamerait que le lendemain car n’oublions pas que « le pain frais est difficile à digérer ».
Et surtout, je connais ma mère, le pain frais disparaît beaucoup plus vite que le pain rassis qui sera transformé en « pain perdu » après le passage du stade « pain très rassis » au stade « pain dur ».
Donc, après avoir tourné à gauche en sortant de la maison, puis encore à gauche je pouvais aller seul jusqu’au tabac car il n’y avait pas une rue à traverser.
Il fallait traverser la rue Championnet pour arriver chez « Galy », là « il faudra bien faire attention hein mon chéri et attendre qu’il n’y ait pas une voiture » , évènement peu probable à cette époque où il n’y avait même pas de feux entre la Porte de Clignancourt et Barbès-Rochechouart.
Arrivèrent les « évènements » de 1956 à Suez qui virent ma mère se livrer à son activité favorite : L’angoisse du ravitaillement « parce que la guerre, ça arrive plus vite que les rentes et si on n’a plus rien, hein… »
Quand nous fûmes estimés assez grands pour accompagner ma grande sœur lors des « ravitaillements », sucre, pâtes, huile, lentilles et autres produits qui devaient assurer notre subsistance pendant toute la durée de l’hypothétique conflit, nous eûmes le droit d’aller avec grande sœur pour l’aider à porter les « commissions ».
Nous irions quelques fois comme ça, pendant notre enfance, « faire les commissions ».
Pour « l’affaire de Suez » en 1956, pour « le coup d’État » en 1958.
On y eut même droit deux fois en 1961, pour « les factieux de l’OAS » au début de l’année puis pour « les fusées de Cuba » vers la fin de l’année.
Ça s’est calmé, sans doute parce qu’on avait du mal à ranger les assiettes dans le buffet, jusqu’à l’assassinat de Kennedy en 1963.
Nous avons donc eu deux ans de paix…
Mais ces « commissions », où allions nous les faire ?
Chez la « Grande épicerie Poitevin »  Boulevard Ornano.
On passait souvent devant mais c’est vers la fin de 1956 que j’y entrerai pour la première fois avec quelque chose à porter.
Ce qui frappait dès qu’avaient disparu les effluves de croissant frais en sortant de chez Galy, c’était la foule de senteurs qui arrivaient de chez Poitevin.
Le trottoir devant la boutique était déjà occupé par un étal gigantesque devant lequel des sacs de jute avec leur « mesure » attachée à une ficelle permettaient de se servir de haricots, de lentilles, de riz, de cacahuètes entières, de pois chiches et même de graine de couscous.
Derrière les sacs, sur les étals, des caissettes de bois contenaient des fruits secs, abricots, raisins, pruneaux, dattes et même des noix décortiquées mais ça c’était cher, il valait mieux prendre les noix dans le sac de jute…
Si vous saviez, lectrices chéries, ce que j’ai pu me retenir de prendre un abricot sec et le manger sur le champ. Un coup à prendre une tarte de grande sœur…
Une fois entrés dans la boutique, c’était tout sombre, que du bois, et presque noir à force de décennies de fumée, celle du poêle et celle des cigarettes.
Plein d’étagères et d’autres étals.
Ceux avec plein de bassines qui parfumaient le magasin et même les blouses grises des vendeurs, avec leurs olives marinées, les vertes, les noires, toutes avec leur noyau, leurs poivrons épicés « qui avaient du sentiment », les grandes boîtes métalliques d’anchois à l’huile ou de sardines salées.
Sur les étagères, des condiments, des huiles de toute sorte, des vinaigres.
À la limite, à acheter un kilo de sucre et deux kilos de haricots, rien qu’avec les parfums de l’épicerie, nous étions nourris pour la semaine…
C’était une véritable épicerie.
Pas de saucisson, ça c’était chez le charcutier où on ne prenait que du jambon pour ma mère.
Pas de vin. Le vin, c’était chez le marchand de vin des  « Caves Championnet », là où la concierge du passage Championnet celle « qui se saoulait au Porto » et son voisin joueur de clairon achetaient le « vin à 60 francs à la tireuse » mais on n’en buvait pas à la maison.
Sauf du « Rosato », un faux champagne rosé italien, un vin doux pétillant, que ma mère achetait pour Noël.
Je ne sais pas quand Poitevin a fermé.
Je sais juste qu’aujourd’hui c’est un Franprix.
Tout comme l’Ornano 43.
L’Ornano Palace où j’avais vu « Les Dix Commandements » est lui devenu un Intermarché après avoir été un Prisunic.
Voilà, Sophie, ce que je peux te dire de l’épicerie de mon enfance.

vendredi, 29 juillet 2016

C’est jour de repas sage...

Hier après une nuit courte et inconfortable, je suis allé faire quelques courses avec Merveille.
Puis j’ai préparé une pizza.
Oui, je l’ai faite moi-même de mes blanches mains.
Une pizza genre fourre-tout.
Avec un peu de coulis de tomate, très peu car l’estomac d’Heure-Bleue ne supporte pas.
Du jambon « émialé ».
Une mozzarella coupée en tranches.
Un micro filet d’huile d’olive.
Une petite boîte de champignons censément émincés que j’ai dû émincer à mon tour, histoire qu’ils le soient réellement.
Champignons que Merveille est allée chercher toute seule, fièrement et qui m’ont coûté six fois le prix car elle me rend la monnaie avec un regard tellement suppliant que ce serait un crime de ne pas la lui laisser.
A la demande de Merveille, j’ai ajouté des anchois, histoire d’être sûr que même sans salage, ce serait trop salé.
Le tout saupoudré de marjolaine et d’un peu de poivre puis mis au four.
Eh bien ce fut bon !
Merveille s’est révélée étonnamment en forme au point qu’en maîtresse d’école avisée, elle nous a concocté des devoirs à faire pendant qu’elle faisait semblant d’être occupée alors qu’elle glandait avec application.
Heure-Bleue et moi avons montré qu’on n’était pas si mauvais en, rédac’.
On en a fait une sur une épicerie.
Merveille ne sait pas vraiment ce qu’est une véritable épicerie car dans le coin, à part « l’Arabe » qui vend plus de machins « haram » comme de la picole que de machins « hallal » comme du jambon de dinde, il n’y a que des « minimarkets » qui vendent de tout depuis les ampoules et les tournevis jusqu’aux produits de toilette.
Nous lui avons donc fait une rédaction qui décrit ce qu’est une véritable épicerie.
Du genre que celles que nous avons connues, Heure-Bleue et moi dans notre enfance.
Manifestement, celles du fin fond du XVIIIème n’étaient pas celles du XVIIème du côté de la rue de Prony ou de la rue de Courcelles…
Puis elle a voulu entendre ce qu’était un « vinyle ».
J’ai repris ce Marlène Dietrich posé il y a quelques jours et à notre surprise, elle a beaucoup aimé « Sag mir wo die Blumen sind » en allemand.
Bon, en même temps, comme elle aime beaucoup aussi « Andalouse » de Kenji Girac qu’elle a tenu à écouter, j’ai trouvé qu’elle avait des goûts très éclectiques…
Il fut l’heure de la ramener.
Nous l’avons conduite par la « Coulée verte ». Arrivés près de la gare, sur une demande d’Heure-Bleue, j’ai acheté un melon à une marchande désagréable mais juste après que j’ai payé, pas folle.
Juste après, la lumière de mes jours m’a dit « je suis folle, je ne voulais pas de melon »…
Alors j’ai acheté une glace à Merveille qui n’aime pas le cornet.
J’ai donc terminé la glace en m’en mettant plein les doigts mais pas sur les habits, c’est déjà ça…

jeudi, 28 juillet 2016

L’usagé du service public…

De rien, Mab
Hier nous sommes passés chez les enfants.
Comme chaque fois que nous y passons et qu’il n’y a pas école, je suis puni.
Oui lectrices chéries, chaque fois qu’on passe chez le enfants et que « demain ya pas école », Merveille vient avec nous à la maison.
Bilan ?
Je dors sur le canapé.
Or ce canapé est, comme dit ma grande sœur, « rembourré avec des noyaux de pêche ».
De plus, il n’y a pas de volet dans le séjour et le jour se lève tôt.
Pire, il faut absolument laisser la lumière dans la salle de bains grande ouverte car Merveille n’aime pas aller faire pipi dans le noir.
Donc, non seulement on rentre tard à la maison mais je dois dormir avec la lumière pendant la nuit et être réveillé dès potron-minet, le vrai, car le jour se lève tôt.
Voilà comment je suis censé être vachement content que Merveille dorme à la maison…
Cela dit, au moins quand elle est avec nous ou ses parents, elle est à l’abri.
Vous savez à quoi ressemble Merveille : Une ablette longiligne.
Mignonne, certes.
Bon, d’accord, elle est magnifique.
Mais tout de même, c’est une enfant.
Même son entraînement régulier à la « gestuelle de fille », histoire de raffermir l’attachement de son camarade de classe préféré n’arrive pas à en faire une « vraie fille ».
Mais si, vous savez bien, lectrices chéries, vous usez des mêmes stratagèmes :
Ce pas qui espère faire croire qu’elle va s’envoler sous peu.
Ces yeux qui papillotent.
Ce regard d’arnaqueuse qu’elle essaie depuis longtemps.
Sur Papy d’abord, rien que pour voir si ça marche.
Sur le camarade de classe ensuite, histoire d’être vraiment sûre que ça marche.
En plus elle suit la mode.
Hier elle était en short, un petit short de jean, effrangé bien comme il se doit.
Avec un petit haut qui faisait bien ressortir que Merveille est un sac d’os qui doit peser dans les deux-cent-cinquante grammes avec le cartable.
Donc, hier en revenant à la maison, Heure-Bleue et moi étions assis face à face sur les « sièges pour bancal » du bus.
Entre nous, debout dans l’allée, Merveille.
Je regardais autour de nous, peu de monde.
La lumière de mes jours m’a dit :
- Minou, tu as vu ?
- Le type, assis de l’autre côté ? j’ai vu…
- Il a un regard malsain…
- J’ai bien vu…
C’était un homme d’une trentaine d’années, pas plus laid qu’un autre.
Seulement voilà, le type de l’autre côté posait sur Merveille un regard que normalement on ne pose pas sur une petite fille de neuf ans.
J’ai attiré une Merveille qui ne comprenait pas sur mes genoux.
Il est descendu à la station suivante.
Il y a vraiment de drôles de types en circulation, tard le soir.
Bon, Merveille ne risquait rien avec nous.
D’abord j’étais là pour prendre une bonne raclée même si on n’a pas le droit de taper quelqu’un qui a des lunettes.
Mais surtout il aurait été à coup sûr étripé par une Heure-Bleue dont les ongles sont fins mais terriblement coupants…

mercredi, 27 juillet 2016

La ligne de Mir.


J’ai lu chez Rosalie ce matin qu’elle partait en vacances à Cuba.
Si elle voit Fidel Castro, elle verra ça :

Fidel-Castro.jpg


Ça me rappelle l’été 1971.
Je lisais mes cours de physique des éditions « Mir ».
Je n’avais pas l’air de faire des économies et je n’en faisais pas.
Elle était épaisse comme un sandwich SNCF.
J’étais gras comme un filet de vinaigre.
Heure-Bleue et moi nous étions croisés quelques mois auparavant.
Elle avait préparé un voyage avec son amie d’enfance.
Elles devaient toutes deux aller à Cuba.
L’amie est allée à Cuba.
Elle a vu Fidel quand il était comme ça :

fidel_jeune.jpg


Son camarade de l’époque, celui qui est devenu son mari et lui fit quatre enfants, est resté à Paris.
Heure-Bleue a sacrifié ses vacances.
Elle a préféré rester avec votre Goût adoré plutôt qu’avec Fidel Castro.
Je ne suis pas sûr aujourd’hui qu’elle ne choisirait pas Cuba.
Pas Fidel Castro, non, mais Cuba…
Elle se fit à l’époque faire un certificat de complaisance par son médecin.
C’est vers cette époque que nous avons commencé un régime où les paupiettes alternaient avec le coquelet.
Elle n’avait pas une paie de ministre.
Je n’avais pas de paie du tout, sauf quelques revenus aléatoires pendant les vacances scolaires.
Nos possessions tenaient dans une couverture genre baluchon.
Un ami nous déménagea dans un pigeonnier comportant deux petits balcons et un vasistas.
Trois pièces en enfilade au quatrième étage d’un hôtel particulier du Marais dont les caves dataient de Saint Louis.
Vous ne le croirez jamais lectrices chéries, mais le loyer était de cent-vingt-et-un francs par trimestre.
Oui ! 121,00 F par trimestre.
Nous avons déménagé plusieurs fois en gardant cet appartement.
Ça nous a permis de nous disputer en ayant une position de repli.
Nous l’avons gardé jusqu’en 1979.
J’avais une âme de gigolo. 
C’est pas beau, je sais.
Mais c’était bien…