mardi, 26 juillet 2016
Aaahhh... Que ma souris grise...
Ne dites rien, j’ai honte…
Heure Bleue a fait quelque chose ce matin.
Elle ne fait généralement rien le matin à part prendre son petit déjeuner en survolant ce qui s’est dit sur les blogs.
Exceptionnellement prise de folie, Heure-Bleue a repassé ce matin.
Bon ce qui est exceptionnel n’est pas la folie, c’est qu’elle ait repassé le matin.
Elle ne repasse jamais le matin.
Comme chaque fois qu’elle se met devant la table à repasser, Heure-Bleue glisse un DVD dans le lecteur et regarde une série pour se donner du cœur à l’ouvrage.
Quand onze heures approchent, alors que je tente de trouver quelque chose à vous dire, la lumière de mes jours me lance :
- J’attends la fin, comme ça je n’aurais pas besoin de rembobiner.
- Tu es unique, tu sais que tu es la seule à rembobiner un DVD ?
Elle a seulement haussé les épaules.
Jolies, ces épaules.
Elle me surprendra toujours.
Déjà, hier soir, effondré devant le peu d’intérêt suscité par mon petit « flash-back » parisien, Heure-Bleue m’avait consolé d’un :
- Pourtant elle est chouette ta note, j’aime bien…
Elle semblait sincère et, gentille, n’a même pas demandé d’explications sur cette histoire de place Constantin Pecqueur.
Elle a même continué :
- C’est peut-être parce qu’il fait chaud.
Puis, emportée par un de ces accès poétiques qui m’estourbissent venant d’elle, elle ajoute :
- En fait, tu as écrit « une note d’automne », c’est pour ça je suis sûre.
Vous vous rendez compte, lectrices chéries ? « Une note d’automne ».
Je ne sais pas pourquoi elle prétend toujours n’avoir aucun goût pour la poésie…
11:18 | Commentaires (7)
lundi, 25 juillet 2016
Le petit ailleurs…
Je vous ai déjà parlé de la rue Caulaincourt ?
Il n’y avait pas dans cette rue qu’un café assez astucieux en 1964 pour avoir prévu une disposition de banquettes et de tables favorable au rapprochement de jeunes gens qui autrement fussent restés sur un quant à soi timide et muet.
Bien sûr il y avait aussi cette boutique où une dame qui avait au moins trois et même plutôt quatre fois mon âge poursuivait probablement l’activité d’un mari disparu.
Je revois encore cette étagère qui supportait les amplificateurs de l’époque.
Des appareils pleins de boutons et de petites glissières, tous ces petits artifices faits pour donner au son la couleur qui plaisait ou pour tenter d’en supprimer les défauts les plus criants.
Je revois aussi la dame, assez petite, sa coiffure faite d’une sort de casque argenté.
J’ai toujours dans les yeux ces « twin set » qu’elle portait invariablement d’octobre à mai.
De mai à septembre, elle les abandonnait pour des corsages encore qu’elle en portât parfois le gilet quand le temps était frais.
Oui Mab, dans les années 60, les femmes portaient encore des corsages, pas encore de « blouses » ni même des « chemises » bien qu’elles abandonnassent parfois ces « corsages » pour des « chemisiers ».
Elle avait en plus une patience d’ange pour le gamin curieux et questionneur que j’étais.
Peut-être avait elle un fils d’un âge voisin quoiqu’à y repenser c’était plus probablement un petit-fils.
Elle me faisait écouter ces appareils et, quand je lui demandais de les « mettre plus fort », elle me disait « mais non mon garçon, nous ne sommes pas seuls dans la rue et puis, ce n’est pas une fête foraine quand même ! »
Pour en revenir à cette rue Caulaincourt, elle consiste en trois tronçons assez nettement délimités.
Le début, qui passe au dessus du cimetière de Montmartre laisse derrière lui le « coin de voyous » qu’est la place de Clichy et va un peu plus loin que le croisement de la rue Tourlaque.
Une autre fois, je vous parlerai de la rue Tourlaque et de son prolongement qui mène à la rue Burq et pourquoi je l’ai empruntée maintes fois en revenant du lycée.
J’ai même beaucoup « lanterné » dans ces rues là au lieu de me précipiter à la maison pour faire mes devoirs au point que ma mère me dirait souvent à une époque « dis donc, mon garçon, tu es rentré à cloche-pied ? Et la monnaie des tickets de métro ? »
Puis, passée la rue Tourlaque, la rue Caulaincourt change d’aspect mais surtout d’ambiance pour devenir très bourgeoise, les immeubles y sont souvent en pierre de taille et les rez-de-chaussée occupés de petites boutiques de mode plutôt de qualité, pas encore de « bouffe bio » ni de succursales « de proximité », ces faux-nez de la grande distribution.
Ce tronçon de la rue reste très bourgeois jusqu’à la place Constantin Pecqueur.
Je ne m’étendrai pas sur cette place qui vit votre Goût planté là brutalement par un grand amour qui durait depuis au moins trois jours.
Ouaip, on ne donne pas Tristan et Yseult tous les jours dans le XVIIIème des sixties…
Passée cette place, on arrive dans « mon » quartier.
Et ça se voit…
Si les immeubles restent beaux jusqu’au carrefour de la rue Lamarck, là où elle devient la rue Custine, la population change.
Ne serait-ce qu’à cause de la foule de ceux qui vont « aux impôts » pour demander « un délai ».
Arrivé là, à gauche il y a la descente vers la Porte de Clignancourt , face à soi, la proximité du boulevard Barbès puis à droite, la rue de Clignancourt qui mène à la « Place du Delta » aujourd’hui disparue et sans autre nom que celui du boulevard de Rochechouart.
Trois morceaux donc, tous arpentés mille fois, toujours regardés attentivement, tous pleins de souvenirs.
Depuis quelque temps j’ai envie de prendre à gauche et descendre vers la Porte de Clignancourt, rien que pour voir ce qu’est devenu ce coin qui m’a vu grandir et où je suis passé en coup de vent il y a peu en allant chez Imaginer.
10:50 | Commentaires (7)

