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lundi, 12 mars 2018

Mouvement de libération des flammes...

Ce n’est pas la première fois que tu nous donnes un devoir sur une toile d’Harold Harvey, Lakevio…

lakevio.jpg

Je ne pensais pas que ça se passerait comme ça.
Ça avait pris du temps.
Beaucoup de temps.
Mais je n’étais jamais sûr que d’une chose : C’est elle.
Rien qu’au souvenir de la tempête qu’elle avait soulevée en moi pendant ces vacances là.
Nous avions fini par oser...
Depuis, aucune des occasions de se
 voir n’avait été ratée.
Absolument aucune.
Nous nous voyions de façon épisodique mais nous n’avions jamais vécu ensemble.
Bien sûr, nous avions…
L’occasion, l’herbe tendre et l’abri calme des clairières avaient fait que…
Et puis un jour, ça m’est apparu.
Ça s’est imposé.
Ça ne pouvait être qu’Elle.
Il ne pouvait y en avoir une autre.
Je lui ai écrit une lettre.
Pour savoir si…
Peut-être qu’Elle aussi…

***

« Gilet Noir » a repoussé les aquarelles et a lu la lettre.
« Gilet Noir et « Chapeau à plumes » ont hoché la tête à certains passages, souri à d’autres et parfois levé les yeux au ciel.
« Elle » s’est accoudée à la table et a demandé, un peu inquiète :
- Alors ? Vous croyez que je peux ? Qu’est-ce que je fais ?
« Chapeau à plume » a dit :
- C’est charmant et joliment dit évidemment mais je ne sais pas si… 
« Gilet Noir » a reposé la lettre.
- Pas de doute, il sait tourner ses phrases…
« Elle » a insisté :
- Il vous paraît comment ?
« Chapeau à plumes », prudente, a dit :
- Je ne sais pas, moi j’ai toujours eu un peu peur…
« Gilet Noir », ne l’a pas laissée terminer :
- Toi, tu as peur de ton ombre, moi je trouve que ce n’est pas mal présenté.
« Elle » :
- Je vais vous dire : Je veux, je le veux ! De toute façon ce sera lui ou personne.
« Gilet Noir » et « Chapeau à plumes » :
- Ben alors ? Pourquoi tu nous as demandé notre avis ?
« Elle » :
- Mais enfin ! Vous avez vu ? Il finit sa demande par « Je suis pour l’égalité des flammes. » ?
« Gilet Noir » et « Chapeau à plumes » :
- Évidemment, là… Tu ne peux pas refuser…
« Elle » a dit :
- Je vais le chercher ! Il attend sur le trottoir en face…

dimanche, 11 mars 2018

Marche ou rêve !

Aujourd’hui, j’ai déjà bien du mal à avoir une idée pour le devoir de Lakevio, alors vous pensez bien, lectrices chéries, que je n’ai rien à vous dire de particulier.
Encore moins quelque chose d’intéressant…
Ah si ! Peut-être.
Hier, nous sommes allés nous promener à Montmartre.
Comme disait Jean-Pierre Raffarin « la route est droite mais la pente est rude » jusqu’à la place des Abbesses.
En réalité, la pente est rude moyen et seulement jusqu’au pont qui fait passer la rue Caulaincourt au dessus du cimetière de Montmartre, après, c’est juste pire…
Cette fois ci nous ne sommes pas allés directement place des Abbesses.
Forts de ma connaissance du coin, quand la rue Joseph de Maistre devient pour quelques mètres la rue Lepic avant de devenir la rue des Abbesses, j’ai entraîné Heure-Bleue dans l’ascension de la rue Lepic jusqu’à une rue étroite qui croise la rue Tholozé.
Comme d’habitude, arrivés au coin de la rue Tholozé, Heure-Bleue m’a dit « Minou, tu radotes ! Tu me dis ça chaque fois qu’on passe ici ! »
« Ici », c’est là où, au coin de la rue Durantin qui s’élargit enfin, on voit le Moulin de la Galette.
Et chaque fois je dis à la lumière de mes jours « Quand on passe ici, je revois cette photo en noir & blanc où Paul Newman descend la rue Tholozé au bras de Joanne Woodward. Tu te rends compte ?»

Puis on a pris la rue Burq jusqu’au petit jardin flanqué d’une vieille maison superbe.
Tout est devenu blanc et propre !
Je vous ai déjà parlé de cette rue.
Heure-Bleu a dû se rappeler cette note aussi car elle m’a dit « C’était Dulcinée, là ? Ou une autre ? »
Comme là, j’étais totalement innocent j’ai pu répondre sans chevroter « Mais, non, c’était en 1962 ! »
Nous nous sommes assis un moment puis la lumière de mes jours et moi nous sommes sentis une brutale envie.
Moi d’un café et de bouger.
Elle d’un « déca » et d’une terrasse.
À force de bouder « ces bistrots de touristes » et de descendre la rue Dancourt, nous avons atteint le coin de mon lycée.
Alors nous sommes allés jusqu’au café où nous papotons des heures avec Lakevio…
Nous sommes remontés rue d’Orsel, que je parcours toujours avec un peu de mélancolie, pour prendre le pain chez « Pain Pain ».
Nous en sommes ressortis avec l’assurance, avérée ce matin, que le « Saint Honoré » est un truc dangereux, surtout quand il est réussi.
Le plus extraordinaire est que nous avons erré dans le coin le plus pentu de Paris sans jamais gravir une seule des milliards de marches qui le parsèment.
Alors ce matin, que voulez-vous que j’aie à raconter ?
Ah ! J’allais oublier : La lumière de mes jours avait mis le « pull à taches », ce pull « bleu layette » que je déteste et qui ne reste jamais longtemps totalement « bleu layette ».
Eh bien le soir, il était encore totalement immaculé ! Si !

paul newman.jpg

vendredi, 09 mars 2018

Moreau vache...

gustave-moreau-les-pretendants.jpg

Hier comme prévu, les 60% de « risques de précipitations » se sont justement précipités sur nous quand nous sommes descendus du bus qui nous mena à notre « döner » préféré.
Comme l’a dit Heure-Bleue « il n’y a pas photo à côté de celui de la maison ! »
Comme d’habitude, nous avons eu l’impression d’être à table avec des copains de passage.
Hier, nous avons conversé avec deux Marocains aussi français que vous et moi.
L’un dirigeait le service administratif d’une grosse entreprise, l’autre se débattait avec la délicate mission de faire aboutir des projets informatiques.
Ça m’a permis de constater la permanence des choses.
Les pères font, comme d’habitude, des efforts pour que leurs filles acquièrent par la voie des études une bonne capacité d’analyse et de critique et espèrent que ça leur permettra de vivre comme elles l’entendent et seront heureuses.
Les ingénieurs ont, comme d’habitude, le devoir de faire aboutir des projets arrachés avec la promesse de budgets et de délais irréalistes…
Nous avons donc passé un bon moment.
Puis nous sommes repartis pour le musée Gustave Moreau.
Il y a des années que nous n’y avions pas mis les pieds.
Le quartier est toujours aussi beau. Même si je dis ça parce que j’adore le IX ème arrondissement, surtout le quartier de la « Nouvelle Athènes ».
Nous y sommes arrivés trempés.
Les toiles de Gustave Moreau me font encore et toujours penser à l’ambiance de nombre de films en couleur tournés entre 1935 et 1962, de ces films qui n’étaient pas des « peplum » mais dont l’ambiance onirique, inquiétante et mystérieuse me fabriquait des souvenirs jusqu’au jeudi suivant.
Toutefois nous vîmes quelque chose de drôle tout au long de la visite.
Un couple de jeunes femmes dont l’une était intéressée par Gustave Moreau, l’autre par elle-même.
L’une regardait les toiles, l’autre se regardait.
Elle se trouvait si belle qu’elle sacrifiait à la mode du « selfie », le « selfie complet », le « selfie avec duck face ».
J’aurais pensé que passés quatorze ans, ce genre de tocade passait.
Mais non, ça dure apparemment jusqu’après trente ans…
Nous avons regardé Narcisse se portraiturer régulièrement.
C’est quand j’ai pensé « Narcisse » que celui du Louvre m’est revenu à l’esprit.
Je me suis demandé si ce charmant minois agrémenté d’un habillage d’éponges intéressant cachait dans ses sous-vêtements les mêmes attributs que la statue de Narcisse dite « Hermaphrodite Mazarin ».
Ce qui prouve que les pensées les plus incongrues me viennent à l’esprit…
Nous sommes ressortis du musée enchantés et presque secs.
Nous n’avons pas remonté la rue Blanche jusqu’au boulevard de Clichy qui nous aurait ramenés à la maison car nous « devions » passer à la FNAC pour y prendre deux bouquins attendus par la lumière de mes jours.
Nous avons été retrempés derechef…
Puis, toujours sous la pluie nous sommes revenus à la maison.
Comme nous connaissons notre haleine depuis longtemps, nous l’avons modifiée en profondeur en dînant d’une tarte à l’oignon amoureusement préparée par votre Goût adoré.
Ce fut une journée humide mais très chouette…

jeudi, 08 mars 2018

Faites des femmes…

C’était en mars, justement.
C’est donc pour ça justement que je rappelle ce petit bout de note :

Je cherchais des semi-conducteurs et des connecteurs.
Elle cherchait une excuse pour sourire.
Nous avons papoté quelques heures sur le compte de nos patrons respectifs.
J’ai un peu frimé.
Elle l’a jouée un peu réservée.
Je lui ai proposé d’aller voir « Soldat bleu ».
On ne l’a pas vu.

Un jour, elle a dit «passe me prendre à l’heure du dîner».
C’est très exactement ce que j’ai fait.
Il faut dire que j’étais très «premier degré» à l’époque...
Mais on a dîné quand même.
Depuis, vous la connaissez comme « Heure-Bleue ».

Bon, je ne dirais pas que c’est sa fête tous les jours.
Mais j’aime bien vivre avec quelqu’un avec qui je me dispute mais qui, quand elle me piétinerait volontiers, ne va pas jusqu’à me considérer comme le représentant d’une espèce à  abattre comme le premier canard grippé venu.
Ce n’est pas parce qu’il y a des hommes malades et malveillants qu’il faut suivre celles qui proposent d’abattre le troupeau.
Je me rappelle les idéaux de 1789.
J’aimerais bien qu’on évite, plus de deux siècles plus tard, qu’on retombe dans les excès de 1793.
Être abattus comme un troupeau de vaches folles par des Robespierre autoproclamées incorruptibles me fait peur.
J’aime bien finalement vivre avec quelqu’un de sensé.
Quelqu’un qui ne me regarde pas seulement comme l’autre moitié esclavagiste, brutale et agressive de l’espèce.
Mais aussi comme sa moitié.
Sa moitié indispensable.
Celle qui lui évite, non la solitude, faut pas pousser.
Non, la moitié d’elle qui lui évite d’avoir mal au bras.
La moitié qui porte le sac de provisions, qui va acheter et prépare la Ricoré.
Mieux encore, la preuve indispensable que l’Homme avec un grand « H » a été créé pour un rôle, le seul important.
Le rôle du seul élément capable de changer l’enveloppe de couette sans piquer une crise de nerfs.
Qui peut le faire sans finir par jeter l’enveloppe sur la couette en s’écriant « Et m… ! T’as qu’à le faire ! » ?
Eh bien oui, il faut vous rendre à l’évidence, il y a des femmes qui ont besoin des hommes.
J’en connais même qui se sont aperçues  que si leur petit camarade de jeux les embrassent dans le cou, ce n’est pas une agression même si on ne peut nier le côté sexuel de la chose…

mercredi, 07 mars 2018

Mon père n'était pas un adepte des piqûres...

CM-193X.jpg

Ça, c’est en 1930 à Ménerville, Algérie.
Franchement, lectrices chéries, si on n’avait pas des parents, les psys feraient faillite.
D’ailleurs je ne suis même pas sûr que la profession existerait…
Vous ai-je déjà parlé de mes parents, lectrices chéries ?
C’était un couple étrange, un de ces couples dont on ne peut pas dire un instant qu’il s’agissait d’une paire.
Il ne s’agissait évidemment pas d’une paire assortie, comme les chaussettes.
Il s’agissait encore moins d’une paire complémentaire, comme la vis et l’écrou.
Non, rien de tout ça.
C’était un équipage étrange dont ma mère était le cocher.
Elle s’évertuait à maintenir dans le droit chemin cet équipage qu’elle eût voulu reposant.
Hélas, avec mon père, autant essayer de mener un attelage de papillons.
Elle pouvait compter sur lui pour des tas de choses.
Pour le travail, pour faire des mots dévastateurs si on avait besoin des gens après, pour peindre des tableaux car il fut longtemps un très bon copiste.
Sinon, autant compter sur une promesse de candidat à la députation.
Remplacer un fusible de la boîte EDF au dessus de la porte était le meilleur moyen de le voir inanimé sur le carrelage du palier.
Clouer un piton pour y accrocher un tableau prouvait que taper sur le piton au travers d’un doigt était inefficace et douloureux.
Ma mère ne le laissa jamais poser du papier peint.
Jamais !
Elle avait bien trop peur d’être obligée de lui couper les cheveux pleins de colle et de racheter deux ou trois fois les rouleaux de papier.
Ma mère, selon son humeur le voyait dans deux rôles très différents.
Les « jours Lemmy », elle le voyait chanteur.
Il avait de fait une assez belle voix de baryton et charmait ma mère quand il lui chantait les chansons du moment.
À la condition évidemment qu’il n’en modifiât pas les paroles avec des trouvailles de son cru, généralement impubliables.
Les « jours Gaby », elle l’eût préféré gendarme.
Oui, gendarme.
Pour ma mère c’était le sommet de la tranquillité, une solde régulière, un emploi garanti, un uniforme qui aurait assuré le prestige dont elle rêvait.
Imaginez donc un mélange d’Aristide Bruant, de Louis Campion et de Toulouse-Lautrec en gendarme…
Bref, c’était un de ses couples étranges, deux personnes disparates pas plus capables de vivre ensemble que de vivre l’un sans l’autre…
Et pourtant ils ont beaucoup vécu à part.
Et vous voudriez que les quatre enfants qu’ils ont plus ou moins élevés ne soient pas un peu cinglés.
Vous ne trouvez pas qu’il était beau, mon père, à neuf ans ?
J’ai une photo de ma mère à quinze ans, il faut que je la retrouve.
Dans leur couple, c’était elle la « mate » et mon père le « clair ».