samedi, 16 février 2019
Un peu d’air hier, un peu de vent…
De rien…
Vous avez vu ce temps hier, lectrices chéries ?
Il faisait si beau et si doux que nous n’allions pas nous contenter d’aller au Monop’.
Heure-Bleue a enfilé son coupe-vent, un vêtement d’un demi-millimètre d’épaisseur.
Quant à moi, je me suis contenté d’un T-shirt, d’une chemise, d’un pull en cachemire, d’un caban et d’une écharpe.
Je n’ai même pas mis de gants.
C’est dire la douceur de l’air…
Je ne me suis même pas demandé comment faisait la lumière de mes jours pour se satisfaire d’une vêture si maigre.
J’ai l’habitude depuis si longtemps « des filles qui ont trop chaud »…
Nous sommes partis, bras dessus-bras dessous de notre pas de sénateur en direction de « la Butte ».
Nous avons été jusqu’à prendre la rue Tourlaque à rebrousse-poil pour atteindre directement la rue Lepic.
Et ceux qui connaissent la rue Tourlaque savent bien que cette rue est redoutable.
Quand vous la montez à pied, vous arrivez en haut à bout de souffle.
Quand vous la descendez en voiture, vous êtes content en arrivant en bas de ne pas avoir percuté le mur du cimetière de Montmartre.
Assez étonnamment, c’est Heure-Bleue qui a souffert de la montée.
Elle a souffert aussi rue Durantin qui n’est pas pentue et la rue Tholozé qui descend jusqu’à la rue des Abbesses.
Alors que le temps était doux et ensoleillé, Heure-Bleue n’a trouvé aucun plaisir à cette promenade.
Elle avait mal au dos, ça lui gâche la vie.
Idiot que je suis, j’étais « fier comme un petit banc » de l’avoir accrochée à mon bras, inconscient de sa douleur.
Il faut savoir qu’Heure-Bleue avait mis ses lunettes, celle des trois paires qui lui va à ravir et fait ressortir l’éclat de ses yeux.
Je me suis dit « mais pourquoi n’a-t-elle rien dit ? Je me serais contenté d’aller chercher le pain tout seul…»
Ce matin elle va mieux, elle n’a plus mal.
Mais pourquoi diable a-t-elle fait bonne figure ?
Bon, il m’arrive de la frapper quand elle ne veut pas me suivre, mais seulement si elle me dit « non ! » et que j’ai bu…
09:30 | Commentaires (12)
jeudi, 14 février 2019
Vision de rêve.
Tous les jours, je dois mettre des gouttes dans les yeux de la lumière de mes jours.
Elle me dit que c’est parce qu’elle n’a plus de larmes.
Ce ne sont pourtant pas les peines qui manquent…
Pour en revenir à ces gouttes, elle leur reproche d’être « grasses », « gluantes ».
À moi elle reproche de rater la cible.
Je ne parviens pas à lui faire admettre que fermer l’œil au moment où la goutte tombe explique l’échec de l’entreprise.
Elle me reproche alors de gaspiller le précieux « élixir à chagrin »…
Je lui dis de temps en temps, c'est-à-dire deux ou trois fois par jour et à chaque goutte dans chacun de ces deux magnifiques yeux, « pourquoi ne la mets tu pas toi-même ? »
Elle me dit tout aussi régulièrement « mais parce que je préfère que tu me la mettes… »
Évidemment, je n’arrive pas toujours à garder pour moi ce qui me vient alors à l’esprit ce qui soulève des réflexions sur la mauvaise orientation de mon esprit…
Hier elle se rappelait avec émotion la collection de ces petits manuels d’économie ménagère et de conseils donnés aux jeunes filles de bonne famille.
Il y était souvent question de ménage, d’hygiène et d’enfants à élever.
Je me rappelle certains ces conseils que je trouvais fort pertinents.
Notamment ceux qui recommandaient à ces jeunes filles de bien obéir à leur époux et de leur obéir en tout, quoi qu’ils demandassent.
Tous ces excellents conseils ont reçu hélas un accueil plutôt frais quand elle les a lus. Ils n’ont eu de ce fait qu’une efficacité très relative sur la conduite d’Heure-Bleue.
Je dus donc faire une croix sur nombre de rêvasseries et désirs dont tous ne sont pas à mettre entre toutes les mains.
Enfin, je dis les mains…
10:21 | Commentaires (6)
mercredi, 13 février 2019
Ah... Ce que ces seins valent en teint...
Je suppose que tous les souvenirs qui ont été remués hier avec le mari de son amie d’enfance ont amené ce matin cette remarque d’Heure-Bleue.
- Tu te rends compte, Minou, je n’ai plus une seule des rares lettres d’amour que tu m’as écrites…
- Où sont elles ?
- Eh bien, à part une carte que tu m’as donnée en revenant de Marseille…
Je me rappelle qu’en revenant d’un déplacement à Marseille, j’avais écrit à la lumière de mes jours une carte postale.
Carte que j’avais laissée dans ma poche et que je lui ai donnée en rentrant.
- Tu m’as écrit aussi quelques poèmes…
Me revient notamment un vers que je garderai pour moi mais surtout parce qu’il est épouvantablement mauvais.
Heure-Bleue a ajouté :
- Une lettre d’excuses aussi, à propos d’un anniversaire… Bon, enfin… Je ne dirai rien de cet anniversaire…
Comme je me rappelle assez bien cette affaire, je n’en dirai rien non plus…
Le point est là : Avec la tempête de 1999, ces lettres et d’autres choses comme près de trente ans de photos ont été détruites.
C’est ce qui nous ennuie le plus.
Le reste, les livres, les appareils, les meubles, les vêtements et les ustensiles de cuisine ont bien sûr disparu.
Mais ce n’était que « des choses ».
Alors que les lettres et les photos, ce n’est pas pareil, ce ne sont pas des choses.
Ce sont des morceaux de notre vie…
Et des morceaux de vie plutôt chouettes quand on y pense.
Elle n’avait pas mal aux pieds.
Mon genou me laissait tranquille.
On pouvait bouger de tous nos membres sans avoir mal.
On avait une méthode éprouvée pour passer le temps qui marchait super bien.
Ça s’est gâté un peu quand l’Ours est allé à l’école.
Mais bon, les conséquences des passe-temps sont parfois ainsi…
Mais ça marchait tout le temps, contrairement à ce qu’on avait entendu dire.
On m’avait parlé du samedi soir et de la Saint Valentin mais en réalité c’était faux.
Certains m’ont même avoué à mots couverts que non, que ça fonctionnait toute la semaine, même s’il fallait aller travailler le lendemain.
Enfin, c’est demain « la fête des amoureux ».
C’est bête d’avoir un jour pour ça.
Ça peut être la fête tous les jours et très longtemps si on en prend soin.
Je suppose que la lumière de Montmartre qui est si belle et annonce le printemps nous a rappelé ces lettres d’amour.
Si vous voyiez cette lumière, lectrices chéries, si vive que je devine à peine ce que j’écris…
12:12 | Commentaires (12)
lundi, 11 février 2019
Les clefs du royaume...
Dix mots à caser, histoire de trouver des serrures à ces clés...
Tardivement
Symphonie
Eclat
Bordure
Ergot
Influence
Grenat
Correct
Fracasser
Parloir
Le problème permanent de la clef qu’on nous a fournie reste la difficulté de trouver la serrure qui voudra bien l’accepter.
Le dépositaire de la clef espérant que la serrure voudra bien fonctionner et donnera accès à ce qu’elle protège…
Ce dépositaire espère évidemment qu’il ne trouvera pas la serrure adéquate trop tardivement car le risque que les trésors qu’elle lui cèle ne voient leur éclat terni par le temps n’est pas à prendre à la légère.
La quête des serrures se révèle bien souvent une lutte d’influence peu aisée à mener.
Il faut bien sûr que la tentative d’effraction soit faite avec une grande délicatesse.
Il faut aussi glisser doucement autour de ce petit ergot qu’on ne soupçonnait pas alors qu’on tente de glisser sa clef dans la serrure, éviter le geste maladroit qui risquerait de le fracasser.
La première épreuve est d’accéder à la serrure, cachée qu’elle est derrière cette pièce de velours grenat censée la protéger mais qui en réalité excite la curiosité.
Il faut d’abord prudemment tenter de trouver la bordure de ce velours qui la cache à vos regards.
Puis que quelque maniement correct soit tenté, avec délicatesse. Afin d’ouvrir cette serrure
Ah, que l’idée est séduisante d’entendre la symphonie qui s’élève d’une serrure satisfaite plutôt que les grincements d’une serrure de parloir de prison malmenée.
Bref, trouver serrure à sa clef n’est pas si simple…
08:13 | Commentaires (16)
dimanche, 10 février 2019
La disparition...
Je la revois bien.
Très bien même.
Je l’avais vue la première fois en me rendant dans la petite pièce où vivait celle qui deviendra la lumière de mes jours.
Elle me fut présentée comme « l’amie d’enfance ».
Toutes deux étaient épaisses comme des « sandwiches SNCF » et toutes deux vêtues d’un « Newman » et d’une chemise.
Nous étions tous vêtus légèrement car il faisait très beau en ce printemps 1971.
Nous sommes repartis tous deux vers le métro, un peu empruntés, comme peuvent l’être deux jeunes gens de vingt-deux ans qui se croisent pour la première fois et échangent quelques paroles.
Oui nous avions vingt-deux ans…
C’est si loin et si près…
Elle retournait chez elle.
Je retournais chez moi dans le Marais car je ne m’incrustais qu’à doses homéopathiques chez la lumière de mes jours.
Arrivés à la station « La Chapelle » sur le quai du métro aérien, elle me regarda avec attention.
J’ai d’abord pensé que c’était pour tenter de voir si j’étais un danger pour son amie mais non, c’était simplement pour savoir.
- Tu viens d’où ?
- Comment ça ?
- Oui, d’où ? De quel pays ?
Je me rappelle avoir pensé « encore… »
- Pourquoi ça ?
- Parce que tu es quand même euh… « typé »…
Elle a ajouté « même très typé ».
Que voulez vous que je réponde à ça ?
- Je suis né à Paris.
- Ah ?
Toutes deux avaient de magnifiques yeux verts mais elle était une fille au teint mat, aux cheveux châtain clair, mi-longs et raides, pas frisés ni roux comme celle qui allait devenir la lumière de mes jours.
Elle connaissait depuis peu celui qui allait devenir son mari.
C’était un garçon au teint clair et aux cheveux bruns et est devenu lui aussi un ami.
Nous irons boire un café avec lui lundi.
Elle ne sera pas là.
Elle ne sera plus jamais là.
Elle ne sera plus là que dans nos esprits…
Les rangs s’éclaircissent beaucoup depuis quelques mois.
Nous sommes hélas arrivés à un âge embêtant.
Nos enfants sont mariés depuis des années.
Nos enfants sont trop grands pour en faire d’autres.
Nos petits-enfants sont trop jeunes pour en faire.
Pas de mariages, pas de naissances.
Ne nous restent que des morts à apprendre, des proches à enterrer et se rappeler.
10:13 | Commentaires (9)