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mardi, 03 décembre 2019

Glamour sera toujours Glamour...

Ce matin je suis gelé.
C’est prouvé par les dix-huit poils de mes mollets qui ont transformé ces derniers en une paire de hérissons à peine les jambes hors du lit.
Le pire était à venir.
Si le plafond de la cuisine n’était pas encore plein de stalactites qui tombent et le carrelage plein de stalagmites  qui montent, c’est tout juste.
J’ai failli rester collé au bouton de la chaudière en l’allumant car j’étais gelé. 
Bref, j’avais froid !
Oui, lectrices chéries, c’est l’hiver et comme tous les hivers, je me plains du froid…
J’ai néanmoins, après avoir enfilé une pelure dite « polaire » qui porte bien son nom car ça ne tient pas si chaud que ça, exécuté toutes les tâches de l’homme qui fait gaffe à sa meuf en se demandant si elle va rester patiente encore longtemps vu le temps que ça a déjà duré.
Toutes ces missions remplies, j’ai allumé les ordinateurs de la maison.
Mon bol de café à la main, j’ai ouvert mon navigateur.
MSN m’a alors asséné une nouvelle d’importance :

C’est scientifique : les femmes ont toujours plus froid que les hommes

C’est prouvé scientifiquement qu’ils disent…
Sachant que :
- Elle a toujours chaud.
- J’ai souvent froid.
J’en ai retiré qu’Heure-Bleue et moi formons un couple transgenre.
Je ne vois que ça.
 Bon, une preuve scientifique émise par « Glamour » étant sujette à caution, elle et moi allons rester sur une constatation mille fois –et même plus- mise à l’épreuve : Heure-Bleue est une femme et je suis un homme.
Nous disposons l’un sur l’autre d’informations d’ordre biologique dont nous nous assurons qu’elles restent valides.
Je peux donc vous affirmer lectrices chéries que « Glamour » n’est pas forcément la source la plus fiable qui soit en matière scientifique.
D’ailleurs, la revue « La Recherche » notre version de « Scientific American » ne cite jamais « Glamour » dans ses articles, pas plus que les revues « The Lancet » ou « La revue du Praticien ».
Mais quand même, l’idée qu’il puisse y avoir une raison sensée au fait que les uns ont moins froid que les autres me rassure.
La vraie raison ne serait-elle pas que l’hiver voit des SDF mourir de froid alors que c’est plus rare dans les appartements chauffés ?

lundi, 02 décembre 2019

Devoir de Lakevio du Goût N°18

promenade dans les prés.jpg

En regardant cette toile d’Harold Harvey je m’interroge.
À quoi peuvent bien penser ces trois enfants ?
J’ai bien une idée, mais vous ?
Je vous dirai lundi ce qu’ils ont d’après moi à l’esprit…

Maman m’a dit qu’aujourd’hui je suis « chaperon ».
Je ne sais pas ce que c’est mais je crois que ça sert à empêcher les « grands » d’être tranquilles.
Aujourd’hui je dois accompagner Aurore, ma grande sœur, au concours de cerfs-volants.
Elle y va avec son copain Jules et je dois faire « chaperon », comme je vous ai dit.
Alors je les regarde…
Ah ils ont l’air malin tous les deux, à se regarder comme avec des yeux de merlan frit quand ils croient que je ne les vois pas.
Heureusement qu’Aurore est vraiment une grande sœur super gentille sinon je le dirais à Maman, qu’elle regarde un garçon et qu’on voit bien qu’elle à envie de lui faire un bisou.
Mais bon…
Déjà que je m’ennuie !
Il arrive ce cerf-volant ? J’en ai assez d’attendre !
Il devrait s’activer au lieu de regarder ma grande sœur en douce…
S’il croit que ces roses vont ressembler à des fleurs… Franchement…
Mais dépêche-toi Jules !
Si tu « lambines » encore je vais tout de suite dire à Maman que tu as essayé d’embrasser Aurore !

*
***

Jules m’énerve !
Mais il m’énerve !
Il met un temps fou à faire ces roses !
Et moi je reste là, à attendre, ce grand machin de carton et de bois appuyé sur le ventre…
J’attends, j’attends, je n’arrête pas d’attendre.
Bien sûr, je lui avais tant promis qu’on ne serait que tous les deux aujourd’hui.
Il ne devait y avoir que « des grands » de loin en loin, occupés à surveiller leurs cerfs volants, à mesurer la longueur de fil déroulée.
Pendant qu’ils seraient en train de se disputer pour les deux ou trois centimètres de plus ou de moins, j’aurais été tranquillement assise à côté de lui, dans l’herbe.
Je lui aurais dit des choses gentilles, des choses dont je sais qu’il aurait aimé les entendre.
Maman n’aime pas que je me promène avec lui.
Elle dit que « je traîne avec lui » alors que non, on se promène simplement.
Des fois il me donne la main, je le laisse faire, il a la main douce et serre la mienne gentiment.
Elle n’aime pas, alors pour m’embêter elle m’a forcée à emmener mon petit frère.
Elle l’a appelé « mon chaperon chéri » et lui a dit de ne pas me quitter des yeux pendant la fête des cerfs-volants.
Alors je l’ai emmené et il ne fait rien qu’à nous regarder bizarrement.
Je suis sûre que si je souris à Jules il va le dire à Maman…
Pourtant, l’aime bien lui sourire.
Quand je le regarde dans les yeux et que je lui souris, je ne sais pas ce que ça lui fait mais il rougit.
Qu’est-ce qu’il est beau quand il rougit, j’ai envie de lui passer la main sur la joue quand il est comme ça, j’ai même envie de me marier avec lui quand on sera plus grands, comme l’année prochaine par exemple…

*
***

Quand même, Aurore est drôlement belle.
Je « lambine », je « lambine » autant que je peux.
Peut-être que son petit frère ira voir d’autres, des « grands », pour regarder leurs cerfs-volants.
J’en ai marre de ces roses !
Je prends mon temps mais je ne vais bientôt plus avoir de papier. 
En plus elle boude, comme si c’était ma faute.
C’est son petit frère, pas le mien.
Quand même, j’ai mis ma casquette, je sais qu’avec « je fais homme »…
Elle me regarde comme si je l’agaçais.
Pourtant, si elle savait comme j’aimerais lui prendre la main et la garder longtemps, longtemps.
Je l’aurais gardée dans la mienne jusqu’à l’heure de rentrer.
Mais là, je ne peux que la regarder en douce en espérant qu’elle comprenne que tout ça n’est pas ma faute, pas notre faute.
Je sais que sa mère ne m’aime pas.
Pourtant si elle savait comme je prendrais soin d’Aurore, elle me laisserait sûrement passer toute ma vie avec elle…
En attendant il faut que je finisse cette dernière rose sinon le concours sera fini et là…
Si on ne l’a pas fait à cause de moi, elle ne voudra peut-être plus que je lui tienne la main.
Avec les filles c’est difficile, on ne sait jamais rien…

dimanche, 01 décembre 2019

La jupe.

J’avais pris l’habitude de  la voir en pantalon.
Je l’aimais en jupe, je la préférais même.
Mais ça faisait si longtemps qu’elle mettait ces pantalons noirs…
Pour la première fois depuis longtemps elle enfila une paire de collants et mit une jupe.
Ce jour là j’étais allé avec elle chercher quelques bouquins avant de rejoindre celle avec qui nous avions rendez-vous.
Nous avions trouvé deux livres.
Un polar de cet auteur fort comme Hemingway, poète comme Longfellow ou mieux, comme Keats.
Un de ces types qu’on lit, surpris puis charmé par la vision « de biais » qu’il nous donne du monde.
Un monde où on picole, on sniffe, on se bat et où malgré tout on est ébloui par la beauté et la sauvagerie du monde.
Un monde où on vit, en somme.
Elle a regardé la quatrième de couverture puis pris le livre et nous sommes partis après que je l’eus payé avec une remise.
Je l’ai payé parce que j’avais la carte, celle qui donne droit à une remise, pas parce que j’étais « l’Homme ».
Simplement parce que « pas de carte, pas de remise ».
Depuis longtemps nous procédions de la sorte.
Puis nous sommes allés à ce rendez-vous.
Ce fut agréable. L’après-midi finissant nous poussa à rentrer.
J’étais heureux qu’elle me donne le bras car j’avais froid.
Elle semblait heureuse comme chaque fois qu’il fait froid.
Je me demande parfois si elle n’est heureuse chaque fois que j’ai froid…
C’est quand elle est montée dans le bus que j’ai vu quelque chose que je n’avais vu depuis un moment à l’extérieur.
Un éclat de clarté au moment où elle a levé la jambe pour mettre le pied sur le marchepied du bus.
Alors que je la connaissais depuis longtemps je fus frappé par quelque chose qui m’était sorti de l’esprit.
C’est là que je me suis aperçu que je perdais énormément depuis longtemps à ne la voir qu’en pantalon.
Pour la première fois depuis au moins trois si ce n’est quatre ans, elle portait une jupe.
Cette jupe noire qui lui allait si bien.
Quand nous sommes arrivés, elle est allée dans la chambre et je restai dans le salon.
Un moment je l’ai entendue dire « ce n’est pas si facile à retirer ces collants… »
Je me suis alors approché de la chambre.
Arrivé à la porte, je l’ai vue.
Je l’ai alors admirée assise, la jupe remontée au dessus des genoux, penchée sur le pied qu’elle avait posé sur le genou opposé et dévoilant la peau claire de ses jambes jusqu’à ce point que la jupe masque de telle sorte qu’elle semblait encore plus déshabillée que si elle l’avait retirée.
Je me suis dit que c’était sans aucun doute le spectacle le plus délicieux qu’il m’ait été donné de voir.
Alors je n’ai rien dit.
Il y a des instants comme ça, où la jeunesse vous revient et où la beauté des choses vous saisit.
J’ai seulement admiré un moment et suis reparti, les yeux et l’esprit plein de rêves…