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dimanche, 15 mars 2009

Lettres et le néant...

Au hasard de mes recherches sur Internet où je cherchais un truc sur Italo Calvino, rien à voir avec mon boulot harassant de retraité-nounou, bien plus épuisant que celui d'ingénieur, mais je voulais vérifier quelque chose, sujet d'une chamaillerie avec Douce Moitié à propos du " baron perché ", je tombe sur un site dédié aux lettres et à leur enseignement, celui de l'académie de Versailles.
Youpee !!! Me dis-je, toujours plein de l'enthousiasme et de la naïveté qui font le charme de la jeunesse.
Erreur tragique, je n'y trouve pas ce que je cherche. En revanche, j'y trouve des perles qui feraient le délice des professeurs de lettres si l'auteur n'était pas prof de lettres...
D'abord, l'étude du roman en question est répartie sur sept cours, ce qui ne serait pas dramatique si l'on n'invitait les élèves (de 4°, normalement pas analphabètes et capables de s'exprimer autrement qu'en signant d'une croix) à répondre à des questions via un "QCM" (Questionnaire à Choix Multiple, pour ceux qui ont eu la chance d'apprendre à répondre en vrai français en faisant de vraies phrases.).
Mais il y a mieux, une modification du sens des mots a dû intervenir pendant que je dormais car, on peut lire sur la présentation de ce cours une phrase étrange: "Il s’agit d’une lecture dirigée en 7 séances, chacune de ces 7 séances étant centrée autour d’un aspect particulier du roman."
Aaaahhhh ! La beauté de ce superbe " étant centrée autour ", manipulation professorale autant que professionnelle, que dis-je, quasiment l'archétype, de l'aporie.

Et dire que ces brillants esprits, payés pour dispenser les subtilités de la langue à nos chères têtes blondes, truffent leur discours d'inepties dont l'essentiel provient sûrement de travers attrapés à l'IUFM ou l'on apprend à enseigner mais pas à apprendre et où manifestement on est peu regardant sur la formulation du contenu enseigné...
Un jour quelqu'un leur fera remarquer, sans doute juste après leur départ à la retraite que:
- On dit et écrit "basé à" et "fondé sur" et non "basé sur"(il y a d’ailleurs dispute entre l’appréciation de Voltaire et celle de Balzac à ce propos).
- On dit et écrit "centré sur" et non "centré autour".
- On peut dire "a généré" mais que c'est mieux d'écrire "a engendré"
- Un problème a une solution, pas une résolution.
- On le résout, on ne le solutionne pas.
Et deux mille autres accrocs qui nous montrent à l'envi que l'enseignement du français a pris les journalistes pour modèle.
Si mes souvenirs en matière de transfert des connaissances sont exacts, les journalistes sont censés être des élèves, non des maîtres.

Commentaires

Je plains ta petite fille...

Écrit par : heure-bleue | dimanche, 15 mars 2009

Je suis bien sûr bien embêtée pour commenter, bien que (ouf, j'ai évité le "malgré que") je ne sois pas prof de Lettres... Il est vrai que certains de mes collègues (et sans doute moi-même...) ne sont plus les parangons de l'orthographe et de la grammaire qu'ils ont été... Et c'est vrai aussi que le vocable IUFM a fait des ravages, pour ceux qui l'ont adopté... Néanmoins, lorsque des grands gaillards de 3e (âge moyen : 14 ans) vous demandent ingénument ce que c'est qu'un nom commun par rapport à un nom propre, ou bien ce qu'est un article, à quelques mois du Brevet, on perd un peu le sens des priorités... Ça n'excuse rien, bien sûr mais tout de même, ça peut aider à comprendre le contexte... ;-)

Écrit par : Septentria | dimanche, 15 mars 2009

Mon Larousse, il dit "(se) baser sur"...

Écrit par : Milky | dimanche, 15 mars 2009

J'ai renoncé à corriger "baser sur", trop ancré dans le langage courant... "Fonder sur", ça fait... "bizarre" dans un magazine populaire, paraît-il. Idem pour "alternatives", employé à mauvais escient. On finit par baisser les bras...

Écrit par : Karmara | dimanche, 15 mars 2009

Milky> Ton Larousse prétend même que c'est un verbe pronominal, ce que confirment MM Bescherelle, Grévisse et Hanse, et signifie clairement que "les assertions de machin sont basées sur des prémisses fausses", entendu (trop) souvent est une ânerie...
Mais bon, tu pardonneras sans doute à un vieux croûton qui parle un anglais des années 70, tu sais, celui qui fait que quand tu parles de "hawthorne", on te regarde bizarrement parce que ça fait tellement longtemps qu'ils n'ont pas vu d'aubépine que même le nom leur est aussi inconnu que les règles de la grammaire, fût-elle anglaise...

Écrit par : le-gout-des-autres | dimanche, 15 mars 2009

Tu me rappelles mon prof de lettres (latin, grec et français) qui nous obligeait à employer les mots justes et à bon escient. Bondiou, ce que je ramais.

J'ai même tout oublié !!!!!!

Écrit par : patriarch | dimanche, 15 mars 2009

Si je puis me permettre, les journalistes ont eu, aussi, des professeurs de français. Avant de devenir journalistes. Il y a une grande différence suivant les générations. Disons qu'à partir des trentenaires, ça se gâte...
Nous faisons beaucoup travailler les étudiants (en journalisme) sur le français, avec de petits exercices tel celui que vous proposez. Mais nous ne pouvons pas revenir sur sept ou huit ans d'enseignement (et je ne compte pas les années de primaire).
Et puis avant, dans les journaux, nous avions des correcteurs, véritables gardiens de la langue. Malheureusement, les patrons de presse ont décidé qu'ils ne servaient à rien et suppriment leurs postes.
Alors s'il n'y a pas d'enseignement avant, et pas de correction après, effectivement, il ne peut qu'y avoir du laisser aller du côté de la presse écrite.
Mais de là à les rendre coupables (c'est à la mode) de tous les maux du français, il y a un pas que je me garderais bien de franchir. C'est un peu trop facile. Car contrairement aux profs, ce n'est pas leur boulot. Leur boulot, c'est l'info. Si déjà, ils s'appliquaient de ce côté là, ça suffirait à mon bonheur.

Écrit par : akynou | dimanche, 15 mars 2009

J'ai la pression , là , je vais contrôler mes écrits !!!

Écrit par : Brigitte | dimanche, 15 mars 2009

Akynou> N'oublions quand même pas deux choses:
- Les profs ne sont pas obligés de peaufiner leur langage en lisant les quotidiens ou en écoutant la radio.
- Les journalistes ne sont pas obligés de se foutre de ce qu'ils ont appris en primaire au prétexte qu'il y aura bien un correcteur pour réparer leurs bêtises.

Le boulot des journalistes est certes l'info.
D'une part ce serait bien qu'ils la donnent, de façon indépendante et sans autocensure ni censure.
D'autre part qu'ils la donnent dans une forme qui ne donne pas l'impression que l'école est le truc le plus inutile du monde...

Je te laisse imaginer ce qui arriverait si on étudiait et construisait les avions, les trains, les voitures, les centrales nucléaires ou les barrages, bref ce qui nous sert tout les jours, avec le même manque de soin et les mêmes excuses, genre "ben, on n'a pas le temps de faire ça bien, et les patrons ont supprimé les contrôleurs" ...

Écrit par : le-gout-des-autres | dimanche, 15 mars 2009

Je ne rentrerais pas dans le débat. Je voulais juste dire que je me régalais toujours de tes notes. Elles sont toutes bien léchées. J'y apprends des mots et le bien écrit (j'ai le droit de dire ça ?) est un régal qui manque souvent à chacun de nous, moi y compris.

Écrit par : Thygo | dimanche, 15 mars 2009

Je n'ai pas compris ta réponse, tu emploies sans doute les bons mots mais qu'est-ce que tu ampouuuules ! Quatre dicos admettent "basé sur" et TOI tu n'es toujours pas d'accord, c'est ça ? Je te rappelle qu'une langue vivante évolue, et que même si ça nous défrise, un jour viendra peut-être où "voire même" sera dans le Robert (yeurk, mais faudra bien l'admettre)
.
Paradoxalement, maintenant tu es d'accord pour qu'on dise "a généré" ? Tu faisais quasiment des feux de joie avec n'importe quel canard l'utilisant, celle-ci , que s'est-il passé ?

Quant à l'anglais, quand je vois certains lycéens (donc, minimum trois ans d'anglais à leur actif) ne toujours pas savoir ce que veut dire "but", je te trouve particulièrement déconnecté de la vraie vie avec ton aubépine ! (Différemment de moi, mais au moins autant !)

des bisous

Écrit par : Milky | dimanche, 15 mars 2009

Milky> C'est seulement que tu confonds "baser sur" et "se baser sur".

Écrit par : le-gout-des-autres | dimanche, 15 mars 2009

"un jour viendra peut-être où "voire même" sera dans le Robert"
Voire même qu'on y trouvera "l'Illiade"...

Écrit par : le-gout-des-autres | lundi, 16 mars 2009

Eh bien voilà du Goût, du vrai, du grand. je vais suivre la discussion avec attention.

Écrit par : mab | lundi, 16 mars 2009

Travers attrapé à l'IUFM?

Pire que ça. Les gens qui sont choisis pour rédiger les sites académiques sont en général choisis parmi les plus zélés thuriféraires du pédagogisme gnan-gnan qui fulmine l'anathème contre toute transmission directe de savoir (vadre retro, cours magistral!) et pour qui la manière d'enseigner (forcément ludique) importe plus que le contenu transmis.

Pour le niveau de français, rappelons-nous juste que l'horaire consacré à son enseignement en primaire à été divisé par deux en quarante ans...

Écrit par : Etiam Rides | lundi, 16 mars 2009

Si je puis me permettre, les journalistes ont eu, aussi, des professeurs de français. Avant de devenir journalistes. Il y a une grande différence suivant les générations. Disons qu'à partir des trentenaires, ça se gâte...
Nous faisons beaucoup travailler les étudiants (en journalisme) sur le français, avec de petits exercices tel celui que vous proposez. Mais nous ne pouvons pas revenir sur sept ou huit ans d'enseignements.
Et puis avant, dans les journaux, nous avions des correcteurs, véritables gardiens de la langue. Malheureusement, les patrons de presse ont décidé qu'ils ne servaient à rien et suppriment leurs postes.

Écrit par : akynou | mardi, 17 mars 2009

Akynou> C'est normal que tu doubles ton commentaire ?

Écrit par : le-gout-des-autres | mardi, 17 mars 2009

Une merveille (une autre !) que ce "centré autour" !... Comment faire pour se centrer autour?... Je suis preplexe !
Mais je rassure heure Bleue, au moins votre Merveille s'exprimera correctement à faire retourner les passants sur elle ou à laisser perplexes des "iroquois".
Blondine, à 4 ans : "Où sont mes frère et soeur ?"
En iroquois, plusieurs variantes : où qu'ils sont Truc et Bidule? ils sont où Bidule et Truc ?...

Je rassure la population : Blondine est normale et sait écrire le texto ausi !

Écrit par : lakevio | mardi, 17 mars 2009

Et que faire pour pallier à ce problème, à défaut de le remédier ? ;)

Écrit par : schleuder | mardi, 17 mars 2009

Là où Akynou a raison, c'est qu'on pardonne aisément aux journalistes de ne pas être des bêtes en orthographe, dès lors qu'ils sortent des infos et qu'ils les présentent intelligemment.

Après, il y a des professionnels de la forme, SR et correcteurs, qui passent derrière eux pour corriger. Là encore, ce sont deux métiers différents qui se complètent. Ou plutôt se complétaient. Car les correcteurs ont quasiment disparu. Et leur connaissance du français dans ses moindres recoins manque terriblement à la presse !

Heureusement, il y a encore des gens qui contrôlent la qualité des finitions dans l'industrie (est-ce si vrai que cela ? J'ai entendu des choses effrayantes à ce sujet). C'est beaucoup moins vrai pour l'information.

Et les profs de français dans tout ça ? Personnellement, les meilleurs que j'ai eus, étaient tous de fins lettrés, biberonnés au latin et au grec.

Écrit par : karmara | mercredi, 18 mars 2009

Karmara> C'est vrai que si l'info est de qualité on s'attachera plus au fond et on prêtera (peut-être) moins attention à la forme.
Cela dit, compte tenu de l'info en général (qui relève de plus en plus de la diffusion de fait divers pour occuper le pékin), à part la forme on n'a pas l'attention attirée par grand'chose.
Pour les profs de lettres, j'ai la même expérience que toi.

Écrit par : le-gout-des-autres | mercredi, 18 mars 2009

Moi aussi, je suis une dinosaure, quand il ya des fautes dans mes notes, elles sont "de frappe", n'en doute pas. Hier soir, un des gamins avec qui je bosse qqs heures par semaine devait copier 50 fois (je croyais que ce genre de trucs avait disparu?): je dois être atentif en classe... Oui, avec un seul t! Devine qui avait écrit le modèle? Mais je n'aime pas cracher sur le corps enseignant, je me demande simplement comment la situation a pu déraper aussi vite pour engendrer un tel désastre....Ma mémée avait le certif, elle ne faisait pas de fautes.....

Écrit par : passagère | mercredi, 18 mars 2009

Quel succès mérité de commentaires au-dessous, à propos, sur, autour, de cet excellent billet! (Allons Bled reconnaîtra les siens)…

Écrit par : le coucou | jeudi, 19 mars 2009

Oh la la ! Je vais avoir peur d'écrire à Michèle (sourire) !!!
Je me suis tout de même réjouie à la lecture de votre billet !
Belle journée.
Marie-Ange

Écrit par : Rêver au Sud | vendredi, 20 mars 2009

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