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samedi, 03 août 2013

Le petit qu’a l’ciné

Vous savez quoi ?
Je viens de lire un article de Télérama, la revue télé de ceux qui n’aiment pas la télévision.
Il me parle de la restauration du Louxor.
Vous ne connaissez pas le Louxor, lectrices chéries ?
Le Louxor, qui s’appelait le « Louxor Pathé » quand j’y allais, est un cinéma.
Un cinéma mythique.
Autant que le « Studio Action Christine » ou le « Champollion », deux salles où j’irai plus tard.
Le Louxor était « un grand cinéma », on y donnait les films en « deuxième exclusivité ». La « deuxième exclusivité » était une invention pour va-de-la-gueule, les films y venaient plusieurs semaines, parfois plus encore, genre quelques mois, après leur sortie dans les « grandes salles » comme le Wepler place Clichy, le Rex boulevard de Bonne Nouvelle ou le Marignan sur les Champs Elysées.
En lisant cet article je me suis souvenu d’un film que j’ai vu, emmené par mon père un dimanche après-midi. Nous habitions encore dans ce quartier pas très bien famé dont je vous ai déjà parlé et il nous avait suffi, à mon père et moi de remonter le boulevard Ornano puis le boulevard Barbès pour arriver au cinéma. Un trajet de trois stations de métro, autant dire une broutille pour des jambes plus habituées à la marche qu’à l’ascension des marches du métro.
Surtout que ma mère avait un porte-monnaie particulier, un peu un rêve de banquier, une boîte où les sous ne font qu’entrer.
Inutile de vous dire que les tickets de métro, c’était réservé à mon père pour aller au travail. Les autres allaient à l’école ou au lycée à pied, sauf l’hiver où je pouvais aller au lycée en métro.
Ce dimanche, mon père m’emmena au Louxor. Nous allions y voir « Salomon et la Reine de Saba » avec Yul Brynner et Gina Lollobrigida.
On a eu droit pendant l’entracte à une version locale de la publicité pour « Eskimos ».
La publicité qui vantait « Bonbons, Caramels, Esquimaux, Chocolat » -tirée, je l’ai appris depuis d’une chanson d’Annie Cordy-  s’était vue clore d’un épais « Sucez les mamelles à Lollobrigida »…
« Mamelles » qui, je dois en convenir, étaient imposantes quoique de peu d’intérêt pour moi à l’époque.
Dans ce cinéma, il y avait plusieurs prix, en dehors des tarifs pour « Gueules Cassées », « Gig » et autres invalides, le moins cher permettait de voir le film depuis le deuxième balcon mais comme nous avions une vue excellente ça nous allait bien.
C’est la seule fois où j’ai vu mon père boire un Coca-Cola dans un café.
Je le soupçonne aujourd'hui d'avoir « gratté » sur le prix des places pour deux consommations après le film.
C’est ce jour-là que j’ai découvert le diabolo-fraise.
J'en ignorerai encore longtemps les vertus...
C’était en 1959.
Et si ma mère avait été avec nous, elle aurait été effrayée de voir la population du cinéma.
Elle aurait dit « Mon dieu ! Tous ces Arabes ! » et serait sortie en me traînant. Des fois que ça s’attrape !
Et ça aurait fait des histoires parce qu’elle aurait tenu à se faire rembourser et que les commerçants, dont elle faisait partie, sont très difficiles à convaincre de sortir les sous qui sont entrés…

Commentaires

Je ne suis allé au ciné qu'à 16 ans, jamais avant... peut-être pour cela que je n'en suis pas fan...

Bonne journée amicalement

Écrit par : patriarch | samedi, 03 août 2013

LeMaître a un souvenir ému de ce cinéma qu'il devait fréquenter à la même époque que toi... Nous avons guetté ses travaux et sa résurrection avec intérêt.

Écrit par : lakevio | samedi, 03 août 2013

ma mère n'aimait pas le cinéma. Je n'avais donc pas le droit d'y aller.

Écrit par : liliplume | samedi, 03 août 2013

Moi mon ciné-à-moi c'était le Rex, seul cinéma où l'on pouvait encore fumer. En plus le décor y était kitchissime (il l'est toujours). C'était le lieu de la main dans le machin, le machin dans la main, mais jamais le machin dans le machin, mes émois d'ado...

Écrit par : Jeanmi | dimanche, 04 août 2013

Ah le Rex et son plafond étoilé, je ne me souviens plus du film mais j'en garde un souvenir ému.

Écrit par : mab | dimanche, 04 août 2013

Inutile de vous dire que les tickets de métro, c’était réservé à mon père pour aller au travail. Les autres allaient à l’école ou au lycée à pied, sauf l’hiver où je pouvais aller au lycée en métro.

Tiens... ça me rappelle vaguement quelque chose. Après on se demande pourquoi j'ai pris le pli et je suis toujours une piétonne.

Écrit par : livfourmi | lundi, 05 août 2013

Les commentaires sont fermés.