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mercredi, 20 novembre 2013

Le pain d'hier.

Notre fondu de l’enfer reparti, le reste de l’année s’écoula presque paisiblement.
Tous, moi le premier, attendions les « grandes vacances ». Non qu’elles m’amenassent à la maison mais l’essentiel était qu’elles me permissent de quitter la pension.
Il y avait néanmoins quelques points communs entre la pension et la maison.
Un me reste ancré qui me pousse à ennuyer chacun des boulangers chez qui je vais au hasard de mes pérégrinations déménageuses.
Ce point qui me pousse à demander « une baguette s’il vous plaît, plutôt cuite et chaude. »
Pourquoi ? Parce que !
Cette nouvelle va, j’en suis sûr, vous laisser estourbies de surprise, lectrices chéries.
Ma mère -qui n’était pas Folcoche, contrairement à ce que craint une lectrice chérie mais avait une idée précise de ce qui fait un « enfant bien élevé », sans compter l’idée encore plus précise de qui était digne d’être aimée de son fils, c'est-à-dire personne à part elle-, ma mère donc nous envoyait chercher immuablement le pain qui, à ses yeux, représentait le nec plus ultra de la nourriture bourgeoise : le pain blanc.
Pour elle, le pain idéal était « un pain parisien bien blanc s’il vous plaît. »
Le pain qui finirait de cuire dans l’estomac s’il n’était pas vigoureusement recommandé de le manger rassis. Pour éviter disait-elle « les lourdeurs d'estomac quand on mange du pain frais ! Ca fait mal au ventre quand on mange du pain chaud ! », elle nous envoyait chercher le pain « Et chez Galy, hein ! Pas chez Marion ! » -Marion faisait du « pain moulé », sacrilège aux yeux maternels- et le surveillait comme le lait sur le feu. Elle claironnait, au moment de mettre la table « Pas le pain frais ! Il en reste d’hier soir ! »
Ce « Il en reste d'hier soir, il est encore bon ! » me rappelle cruellement les façons de faire de ma mère.
A cette époque bénie où les enfants étaient presque sages, on ne se servait pas de pain entre les repas et il fallait le demander à table.
Tout manquement à la règle entraînant immanquablement une taloche, on y regardait à deux fois avant de piquer le croûton du pain. Il n'était pas question de baguette, ni même de « bâtard ».
Non, non, seul le « pain parisien de 400 grammes » le pain d'ouvrier,  trouvait grâce à ses yeux, qui se garde trois jours.
Le pain qui finit en « pain perdu » et pas perdu pour tout le monde.
Même trempé dans le lait un bon moment avant d’être saupoudré de sucre et de cacao, le pain du fond de la huche avait bien du mal à ramollir…
Grâce à ce « Il en reste d'hier soir, il est encore bon ! » je suis encore aujourd’hui en mesure de digérer des briques sans grande difficulté.
Heure-Bleue ne peut pas en dire autant, amollie qu’elle est par une éducation qui la fit passer de la batiste au cachemire.
Ma mère réussit donc, à défaut d’enfants sans névroses, à nous assurer une digestion dans les règles de l'art.
Peut-être parce que nous eûmes, mes sœurs et moi, droit à du « pain d'hier » de l'âge où l'on abandonne le biberon à celui d'entrer en troisième...
Allez savoir, lectrices chéries...

 

Commentaires

Devrais-je écrire un roman intitulé "Le pain d'hier" ? Chez mes parents, bon bourgeois d'une droite "catho-mais-pas-trop-juste-pour-dire-qu'on-va-à-la-messe-de-11h", et bien pensante nous ne mangions que du pain frais. Chez celle que l'on nomme "belle" mère, nous ne mangeons toujours que du pain de la veille parce que "Il faut bien le terminer". Étant donné que le pain frais rassit de son côté dans sa boite-à-pain, on se tape éternellement le pain dur ! Philosophie ouvrière où l'on ne doit pas se laisser aller aux douceurs d'une vie trop facile. Paradoxalement ce fût cette même philosophie du "pain dur" qui présida mon instruction chez les Jésuites où la souffrance est une grâce qui nous est accordée pour le rachat de nos péchés. Même connerie du côté ouvrier que du côté des ratichons. Moi le pain je le jette quand il est dur, na !

Écrit par : Jeanmi | mercredi, 20 novembre 2013

Jeanmi tu pourrais au moins nourrir les pigeons!
oserais-je dire que j'aime le pain d'hier passé au grille pain.

Écrit par : mab | mercredi, 20 novembre 2013

Tu sais bien que je n'aime pas le cachemire, j'ai toujours trop chaud, ma mère cuisinait bien et sainement, elle nous soignait, pour le reste....

Écrit par : heure-bleue | mercredi, 20 novembre 2013

nous habitions au dessus d'une boulangerie et tous les matins nous remontions le panier avec le pain frais, très pratique !

Écrit par : maevina | mercredi, 20 novembre 2013

hé oui, rare était les jours où il y avait du pain frais...quelle éducation drastique! mais le résultat fût bon...tu as fait de bonnes études, tu sais faire la cuisine, tu t'es marié, tu as en fait réussi ta vie...en tout cas c'est mon avis...je viens de manger un morceau de baguette tradition, toute chaude avec du beurre et deux carré de choc poulain!!!trop bon! sans pain on ne vit pas bien! kiss

Écrit par : mialjo | mercredi, 20 novembre 2013

mes enfants ont connus çà! Pas avec moi, mais avec ma mère qui ne supportait pas qu'ils ne finissent pas leur morceau de pain à table! Elle ne disait rien, mais elle prenait le morceau restant et le plaçait ostensiblement devant l'assiette de celui qui ne l'avait pas terminé!
Maintenant, s'il reste du pain de la veille, Robert le mange sans problème!
Moi, je choisis le pain frais !

Écrit par : emiliacelina | mercredi, 20 novembre 2013

Avec le pain dur , je fais des tartines au four , avec tomates , oignons , thon ou jambon , herbes de provence , arrosées d'huile d'olive et un peu de gruyère .

Écrit par : Brigitte | mercredi, 20 novembre 2013

ma mère aussi faisait du pain perdu. Elle achetait du poilane. Enfin les dernières années.

Écrit par : liliplume | mercredi, 20 novembre 2013

Moi, je demande un pain bien cuit. Je mange s'il y en a , le pain de la veille. La gestion du pain est un art difficile surtout avec des grands enfants qui peuvent avoir très faim et je n'aime pas jeter. Mais je préfère le pain frais.

Écrit par : Berthoise | jeudi, 21 novembre 2013

Les commentaires sont fermés.