samedi, 19 avril 2014
Ce soir, on bouffe parisien.
Bon, il faut que je vous explique, lectrices chéries. A propos de lecture.
Heure-Bleue tenait une librairie, d’abord pour quelqu’un puis pour elle.
Enfin, je dis pour elle…
Plus exactement pour la banque et le percepteur.
Quant à moi, n’ayant que peu de goût pour la voiture et les embouteillages, j’ai pris pendant des années le métro, le RER, le bus, mes pieds , pour aller gagner ma vie.
Et vous savez quoi ?
Une épouse libraire et une à deux heures de transports quotidiennes vous laissent assez de temps pour lire deux à trois bouquins tous les trois jours.
Le résultat, c’est qu’à raison de trois à six bouquins par semaine, on finit par avoir quelques lumières sur la littérature d’origines diverses.
De la Norvège à l’Afrique du Sud. De la Colombie britannique à l’Australie. De l’Argentine à la Chine. Bref, de partout, même du Japon.
Quand ce n’est de coins dont on ne soupçonnait même pas que des gens pussent y écrire des poèmes ou des romans tellement ils sont tristes.
Oui, il y a encore pas mal de coins en « noir et blanc » en Europe.
Vous auriez pensé qu’on pût écrire des romans dans l’Albanie d’Enver Hoxha ?
Oui, bien sûr, vous l’avez pensé. Mais il n’y a pas qu’Ismaïl Kadaré vous savez. Il y a un type dont je me souviens, Mehmet Myftiu, autant dire un quasi Turc, qui a écrit un truc très chouette qui fait penser à Romain Gary sur la « libération » de l’Albanie. Bon, son activité de « contre révolutionnaire » lui a valu d’écrire essentiellement pendant les longues heures de détente que laisse la prison. Je n’en ai lu qu’un livre, le premier. Après on n’en a trouvé que dans les années 90 mais j’étais passé à autre chose.
À force d’engloutir des livres, on finit toujours par en retenir quelque chose.
Je dois avouer à ma grande honte, que passées les années lycéennes où on ingurgite des classiques à haute dose, les années estudiantines où on engloutit les « polys », on passe par une phase plus reposante où on avale sans discernement des écrits qui vont du mauvais au pire en passant par l’horrible.
Mais bon, ça meuble. Vient enfin un moment où la gratuité des bouquins, gratuité relative, lectrices chéries, relative car j’ai vu les factures, vous donne accès à des œuvres intéressantes venues du monde entier.
On ne remerciera jamais assez la RATP, la SNCF et les compagnies de bus diverses pour leur aide à la dissémination de la culture générale dans la population.
C’est fou ce qu’on peut apprendre sur les gens, les peuples et les cultures quand on lit dans le métro, le bus ou le RER.
Même sur les gens de son coin.
Bon, c’est plus difficile aujourd’hui car le bruit des monologues dans les portables nuit grandement à la compréhension de ce qu’on lit et distrait l’attention.
Cela dit, ça permet d’en apprendre énormément sur la société dans laquelle on vit.
Sur la façon dont les patrons traitent leurs employés.
Sur la façon dont la police traite les gens qui vont au boulot à la sortie du RER.
Sur la façon dont les hommes considèrent les femmes.
Sur la façon dont les enfants sont transbahutés, endormis d’un mauvais sommeil.
Sur la façon dont on nous vend du rêve éventé.
Sur la façon dont tout ça s’est transformé en cauchemar.
Bref, les transports ne sont pas toujours de joie mais, même s’ils coûtent cher, sont toujours enrichissants…
08:15 | Commentaires (6)
Commentaires
Où voulais-tu en venir?
Écrit par : mab | samedi, 19 avril 2014
Nulle part.
Et j'y suis arrivé.
Écrit par : le-gout-des-autres | samedi, 19 avril 2014
d'accord! tu as beaucoup lu et tu dois lire encore ceci explique ta grande culture, mais comment fais-tu pour te rappeler de tout ???
Écrit par : emiliacelina | samedi, 19 avril 2014
je garde pour ma part très peu de souvenirs de mes lectures si bien que si la couverture de réédition change, ben je ne sais plus si j'ai lu le livre ! je suis une visuelle, une mauvaise lectrice, je ne sais pas fixer les auteurs et les titres......................
Écrit par : maevina | samedi, 19 avril 2014
je suis étonnée : je croyais que les transports en commun te servaient uniquement à regarder les filles...
Écrit par : liliplume | samedi, 19 avril 2014
Pour éviter les monologues je joue à Angry Birds dans le métro, je crains fort d'avoir à ce moment là le regard vide, j'arrive à faire abstraction des conversations (ou du manque de conversation de mes voisins) et je joue...
Écrit par : Allye | dimanche, 20 avril 2014
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