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samedi, 31 octobre 2015

Instant tanné…

Il y a quelques jours, Heure-Bleue et moi sommes allés déjeuner avec Imaginer.
Imaginer est une jeune femme charmante.
En plus elle a bien voulu déjeuner en acceptant deux choses dont je ne la remercierai jamais assez.
D’abord d’avoir bien voulu déjeuner d’un döner.
Ces temps-ci, c’est mon déjeuner préféré, malgré les risques encourus selon la télé.
Puis de l’avoir fait dans un quartier si près de mon coin de Paris préféré.
D’ailleurs, regardez la photo de ce coin, lectrices chéries.

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N’est-ce pas admirable ?
Le temps était magnifique, la conversation, en pleine rue, agréable.
Oui, nous papotons dans la rue avec nos amis, nous.
Nous avons poursuivi notre conversation devant un passage clouté, celui qui devait nous amener chez le marchand où nous avons acheté un mini tapis que nous attendons depuis des siècles et qui est enfin arrivé.
J’ai un moment détourné le regard pour regarder vers le bout du boulevard et ça m’a arraché un soupir.
Je ne sais pas si c’est un soupir de regret ou de remords, j’en ai tant en réserve…
Et vous savez quoi, lectrices chéries ?
Regardez bien le bout de ce boulevard.
Vous levez à peine les yeux et vous voyez le Sacré-Cœur.
Je crois vous en avoir longuement parlé.
Mais, si vous les gardez au niveau du boulevard et que vous le remontez lentement du regard vous voyez, au loin dans la trouée de cette coulée d’arbres, ce bâtiment de brique jaune ?
Je vais vous dire, c’est un endroit devant lequel j’ai fait le pied de grue plutôt souvent.
Je dois dire aussi que nous étions un certain nombre à le faire.
Ce bâtiment, c’est le lycée Jules Ferry.
Je crois vous en avoir parlé longuement, presqu’autant que du Sacré-Cœur…
Pour rester dans l’enseignement, un des midis suivants, nous écoutions Heure-Bleue et moi, « Le jeu des mille €uros », ancien « Jeu des mille francs », histoire de vérifier que notre cervelle n’est pas si rouillée que le laissent croire les notes de votre serviteur.
Exerunt Lucien Jeunesse et ses quelques prédécesseurs. Louis Bozon itou.
Nicolas Stoufflet est le dernier et actuel présentateur du jeu.
Et je l’ai entendu sortir un truc qui l’aurait fait bouler de son propre jeu.
Ouaip ! D’un superbe élan, il nous a arraché une oreille, à Heure-Bleue et moi.
Après un silence destiné à ménager le suspense  il annonce le plus sérieusement du monde « On appelle pentagone un quadrilatère à cinq côtés ».
Je manque tomber de ma chaise.
Heure-Bleue dit « Tu as entendu ? »
Il reprend son souffle et insiste « Mais comment appelle-t-on un quadrilatère à douze côtés ? »
Alors, lectrices chéries ?
Qu’auriez vous répondu à ça ?

vendredi, 30 octobre 2015

La graisse en tic...

Heure-Bleue, poussée par l’usure des habitudes a décidé de changer de « pull esclave ».
Exit donc pour l’instant, ce pull bleu layette qui attirait les taches comme un maghrébin attire les flics.
L’idée d’œcuménisme a enfin conquis pour de bon la cervelle de mon alter ego, celle que je colle toutes les nuits et qui me remercie à coups de pied.
Hier encore j’ai pu le vérifier.
A peine la troisième bouchée de ces poireaux qu’elle adore dans la fourchette, la moitié du chemin vers les lèvres délicieusement purpurines de la lumière de mes jours parcourue, le drame se noue.
Le geste auguste du semeur entamé, l’idée enivrante de la saveur du plat concocté par son mari préféré envahissant son cerveau enchanté d’avance, et paf !
Une gouttelette de sauce se détache vicieusement du petit tas en équilibre instable sur la fourchette et atterrit dans une orbe élégante sur la chemise de mon âme damnante.
Hier soir était un de ces jours où la chance n’a pas voulu faire son office.
Les jours ou dame Fortune fait grève, l’arrivée de la goutte de sauce sur le plastron s’accompagne d’un « mince ! » et d’un sursaut pour éviter l’inévitable.
Sursaut qui fait tomber la fourchetée dans l’assiette et transforme ce qui n’eût dû être qu’une goutte en une délicate gerbe de gouttelettes qui décore ledit plastron façon décorations de maréchal russe.
Là, le morceau de poireau, avec sa sauce s’il vous plaît, est arrivé sur le « petit haut » d’Heure-Bleue.
Ça n’a pas fait super joli.
Mais bon, on avait des excuses.
On était distrait car on regardait « Parents mode d’emploi », saynète d’après informations.
On a commencé à regarder les monstres engendrés par Gaby et Isa, que je trouve très mignonne.
On a fini par se dire, que les gosses, ça ne valait pas le coup.
Puis, « Papy », le père de Gaby a commencé à raconter sa jeunesse folle sous les remarques exaspérées des gosses.
Heure-Bleue m’a regardé et a lâché, désespérée :
- Dire que c’est ce qui nous attend…
J’ai surenchéri :
- Finalement, ces gosses, on aime surtout les commencer.
- Je ne sais pas…
- Enfin surtout nous les mecs.
- Oh mais nous aussi Minou ! Faut pas croire ! Mais…
La lumière de mes jours a réfléchi deux minutes puis, à penser à ce que nous avions vécu, a lâché :
- Mais bon, on déchante vite…
Va quand même falloir laver ce « petit haut » qui n’aura pas tenu plus de cinq heures…

jeudi, 29 octobre 2015

La vie à tiers détenteur…

Lectrices chéries, comme j’ai déjà longuement tartiné sur la première partie de ma vie et que je vous parle volontiers de la dernière quasiment chaque jour, je ne vais pas me lancer dans autre chose qu’un bref résumé.
De ma naissance à la maternelle, je n’ai pas de souvenir marquant, sauf quelques scènes dont, en cas de doute, je parle à ma grande sœur. Mes deux autres sœurs ne peuvent pas me renseigner, plus jeunes qu’elles sont.
De la maternelle à la « grande école » je fus heureux des deux plus belles découvertes que je fis alors: les yeux bleus de Malika et la gentillesse de Mme Comprade.
De l’entrée à la grande école, je n’ai souvenir que de bagarres et d’un maître trop doux pour qu’un peu d’ordre régnât dans la classe.
Le résultat fut que dès la fin des vacances de Noël, je fus parachuté chez des dingues.
Ce fut une des périodes les plus malheureuses de ma vie.
Je suis resté quatre ans chez ces fondus.
J’en revins en possédant sur le bout du doigt l’art de l’argumentation spécieuse qui me servit tant par la suite, celui de garder le silence quand besoin est et cette tournure d’esprit qui conduit à se dire « la prochaine fois » plutôt que « si j’avais su » quand quelque chose tourne mal…
En regardant derrière moi, je me rends compte qu’à part ces quatre ans, j’ai vécu plutôt heureux.
Après cet intermède carcéral, je mis donc à profit ma nature curieuse à ne manquer aucune des bêtises qui se présentèrent.
J’y ai laissé quelques pièces qui du coup méritèrent vraiment leur nom de « pièces détachées ».
Puis j’ai croisé Heure-Bleue un jour.
« Le bonheur n’est pas tant une question de fortune qu'une disposition de l’âme » avait dit Louise de Vilmorin.
J’étais d’accord.
Heure-Bleue aussi.
Par chance, mon travail et le sien nous tinrent suffisamment éloignés pour que la lassitude n’arriva pas.
Nous eûmes des orages.
Mais après la pluie le beau était là.
Aujourd’hui il fait plus souvent beau.
D’ailleurs, j’ai apprécié ce matin de me réveiller à son côté.
Hier j’avais dormi sur la banquette pour cause de Merveille.
Je préfère nettement sentir la peau d’Heure-Bleue contre la mienne.
Elle râle, elle soupire, elle allume la lumière en pleine nuit après avoir fait tomber ce qui traîne sur la table de nuit.
Mais bon sang, ce que je dors mieux contre elle…

mercredi, 28 octobre 2015

J’ai vu les étoiles avec une star…

Merveille dort encore.
C’est bien aussi. Ce serait mieux si je n’avais pas dormi sur la banquette.
Hier, je suis allé la chercher à l’arrêt du bus où Manou l’a jetée au passage.
Il était question de l’emmener au Palais de la Découverte voir le département d’astronomie et d’astrophysique et, s’il y avait la place et une séance, au Planétarium.
Merveille a tenu absolument à y traîner Heure-Bleue.
Je la soupçonne d’en tirer des avantages genre traîner plus longtemps au McDo, pouvoir aller dans les toilettes des filles sans y emmener un homme qui se fait regarder de travers par une armée de femmes soupçonneuses.
Genre aussi prendre un café en face du McDo, le bar de l’hôtel Terminus.
Le McDo avalé, Heure-Bleue et elle ont renoncé au pipi dans l’endroit.
Mes soupçons étaient fondés.
Les deux m’ont vicieusement traîné en face.
Elles m’ont laissé le soin de commander un « déca », un « serré » et un Vittel.
Merveille a eu cette remarque, revenant en resserrant son jean :
- Les toilettes du Hilton, c’est pas top mais à côté de celles du McDo, y a pas photo…
(Ouais, c’est ça l’entraînement « future  CSP+ », ça commence par se sentir à l’aise partout, aussi bien dans les bistrots de loubards que dans les grands hôtels et ne pas détoner dans ces derniers.)
Nous nous sommes embarqués, non pour Cythère mais pour le Palais de la Découverte, j’ai mené les deux lumières de mes jours jusqu’à l’arrêt du 28, le bus qui nous laissera pile devant l’entrée visée.
En traversant la rue de Rome pour l’entrée de la rue Laborde, un souvenir m’est brutalement revenu, dont j’ai fait profiter Heure-Bleue.
D’abord la voix de ma grande sœur disant « les renseignements SNCF, c’est Laborde 14-13 ». Puis ma mère descendant téléphoner chez le bougnat  « Café Bois Charbon Téléphone » en bas de l’immeuble.
Arrivés devant le Grand Palais, une queue digne d’une boucherie de Corée du Nord nous attendait. Un bazar monstre, avec une file de « prioritaires » monstrueuse qui comportait plus d’enfants de représentants de la presse et autres services officiels que de bancals m’a montré qu’il n’y a plus vraiment de différence entre un « coupe-file » et un « passe-droit »… Heure-Bleue a hésité, a demandé « tu veux vraiment ? »
Merveille a dit  « Oui !!! » alors nous sommes alors passés par une autre entrée que j’avais découverte à l’occasion de l’expo sur les dinosaures et sommes entrés rapidement.
Pendant qu’Heure-Bleue attendait en lisant sur un banc de la galerie du premier étage, Merveille et moi sommes entrés au Planétarium.
La machine et les sièges en ont changé en 1979, la machine est beaucoup plus petite et silencieuse, les sièges bien plus confortables.
La musique aussi à changé, le prélude l’acte I de Lohengrin a été remplacé par un truc que je ne connais pas, genre Vangelis.
Merveille a écouté et regardé sagement, elle aurait été passionnée jusqu’au bout si elle n’avait été prise d’une envie de faire pipi « qui n’aurait pas tenu dans un bol » dix minutes avant la fin.
Elle a remarqué :
- Pfiouuu ! Tous ces noms grecs, c’est fou !
Puis :
- Mamie, tu lui parles de livres, de sculpture, de peinture, elle est passionnée…
- Et de papy…
- Bon, elle est moins passionnée mais si tu lui parles de chimie et de maths, là elle explose !
Cette petite est une vraie fille…
J’ai dit à Merveille que j’avais vu ce ciel des soirs d’été quand j’étais petit.
C’est quand elle m’a dit qu’elle ne l’avait jamais vu comme ça que j’ai dû lui avouer qu’elle ne verrait jamais ce ciel sauf si on éteignait tout le pays et qu’il y ait un grand coup de vent.

lundi, 26 octobre 2015

L’amiante est vraiment responsable de toux…

J’ai eu froid, d’un coup.
Je me suis levé d’un lit qui disparut dès que fus debout.
Il faisait nuit.
Je suis allé vers la porte, elle ne fermait plus.
La serrure n’était pas cassée, non, simplement l’huis et le chambranle ne se joignaient plus. Un jour de plusieurs centimètres empêchait la serrure de faire son office.
En plus quelqu’un montait l’escalier.
Miraculeusement, quand il a atteint le palier et qu’il a voulu ouvrir la porte, celle-ci a accepté de se fermer.
J’avais peur quand même, ma mère n’était pas là.
Mon père non plus.
Pas plus que mes sœurs et l’ameublement de l’appartement avait quelque chose de bizarre.
La moitié des meubles avait disparu au profit d’échafaudages inconnus.
Le jour s’est levé d’un seul coup, comme une lampe qu’on allume alors je suis sorti.
Je suis allé sur le boulevard. C’était le boulevard Ornano, je  l’ai reconnu tout de suite.
Le cinéma proposait un film que j’avais déjà vu mais dont je ne pus lire l’affiche. Je savais seulement que je l’avais déjà vu.
J’ai avancé vers la rue Ordener. Mon père arrivait vers moi. Je l’ai appelé. Plusieurs fois. Plein de fois.
Il portait sa gabardine grise, celle que je lui connaissais depuis des années.
Il avançait sans regarder autour de lui.
Il ne venait pas.
Il n’allait pas.
Il partait.
Il quittait tout pour je ne sais où.
Je l’ai encore appelé.
Il ne m’a pas entendu.
Il est parti sans regarder.
Une vague de tristesse m’a alors submergé, telle que je me suis mis à pleurer à gros sanglots.
On m’a secoué.
Je me suis réveillé.
Heure-Bleue m’a demandé :
- Ben alors Minou ? Qu’est-ce que tu as eu ? Tu as fait un cauchemar ?
- J’ai rêvé de mon père. Je crois bien qu’il est mort maintenant…
Ça ne paraît pas, mais l’amiante, si ça tient chaud, ça en aura refroidi quelques uns…
Et des vraiment gentils.
Oui, mon père était quelqu’un de gentil.
Taquin, voire infernal mais gentil.
Vraiment gentil.