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vendredi, 31 mai 2019

La mère qu'on voit danser...

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Je ne sais pourquoi en ouvrant les yeux ça m’a sauté à l’esprit.
Probablement la lumière.
Vous savez bien, la plus belle lumière de Paris, celle du ciel qui éclaire la butte Montmartre et qui arrive sur le lit ce matin.
Voilà, ça me revient, un peu comme cette branche d’acacia qui occupait mon regard les matins de printemps chez mes fous du bon dieu.
D’ailleurs ça se passait chez eux.
Un copain, car j’avais quand même des copains là-bas, dit au Frère « moi, moi, mon père il a doublé en cinquième position un monsieur qui voulait pas le laisser passer ! Oui, mon père il a doublé quand même ! »
- En premier lieu, Monsieur, on dit « qui ne voulait pas le laisser » !
- Euh…
Oui, c’est là que j’appris qu’on ne dit pas « en premier » mais « d’abord » ou « en premier lieu ».
Le Frère termina la leçon de grammaire par :
- Cinquante lignes « je ne dois pas oublier que la négation complète dans une phrase est « ne pas » ! »  
Mon copain, douché pas la leçon de grammaire le fut ensuite par la leçon de topologie.
- Dites moi Monsieur, où avez-vous trouvé une route qui permette de « doubler en cinquième position » ?
Prudemment, mon copain répondit, en choisissant soigneusement ses mots et leur ordonnancement « En allant chez ma mémé… »
Puis il sembla d’un coup inquiet et reprit son souffle, prêt à ajouter quelque chose.
Le Frère fut assez généreux pour se contenter de lui dire « En allant chez ma mémé, mon Père. » sans lui voter une rallonge de cinquante lignes.
Il faisait assez beau pour que les esprits soient plus enclins à l’indulgence qu’en hiver.
Je ne savais pas quant à moi ce que pouvait bien être « doubler en cinquième position ».
Quand nous allions chez ma grand’ mère, nous prenions le train à la gare de Lyon.
Et je préférais quand c’était mon père qui prenait les billets.
Quand mon père allait lui-même au guichet, le train allait à Montargis en s’arrêtant pile à la gare de ma grand’ mère, après les arrêts « Dordives » puis « Ferrières ».
On mettait plus d’une heure mais on restait dans le même train et à la même place.
Quand ma mère prenait les billets, il nous fallait changer à Melun, puis je ne sais où, peut-être Souppes, avant d’arriver à destination.
Ce n’est que bien plus tard que j’ai compris que ma mère ne payait pas le train « au kilomètre » comme tout le monde.
Non, ma mère payait le train « à l’heure » !
Elle en voulait pour son argent et, pour un prix quasiment identique, elle faisait la même distance en près de trois heures.
Les jours où elle avait de la chance, les correspondances étaient assez longues pour qu’on mît près de quatre heures là où le billet paternel prenait une heure et demie.
Elle était tout de même heureuse en arrivant là, sur le pont de la photo.
Je trouve toujours aussi étrange qu’un éclat de soleil sur les rideaux de la chambre un matin de printemps me fasse reculer de tant d’années.
Alors je passe la main sur l’épaule d’Heure-Bleue et je me lève.
Je vis au printemps…
 

Commentaires

En fait pour ta mère prendre le train, c'était comme faire une croisière :)
Maintenant avec le TGV on te fait passer par Paris pour faire Lyon/Nantes pour aller plus vite :)
Mais comme tu paies toujours au kilomètre cela vaut bien plus cher...

Écrit par : Fabie | vendredi, 31 mai 2019

Avant nous passions par cette région pour aller dans ma campagne, maintenant c'est l'autoroute et l'on ne voit plus rien, mais au moins on gagne du temps (contrairement à ta mère, je préfère)

Écrit par : ang/col | vendredi, 31 mai 2019

Toujours, tu chériras la mère... Pas mieux, dit Le Maître (Je publierai le texte pour toi) hihihi !

Écrit par : lakevio | lundi, 03 juin 2019

Elle était vraiment originale ta mère !

Écrit par : Anita | jeudi, 06 juin 2019

Les commentaires sont fermés.