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lundi, 29 juillet 2019

Voici des roses, Blanche...

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Je ne me rappelle pas exactement combien de fois je suis passé devant le « Moulin Rouge ».
Des dizaines de fois, sans doute plus…
Ça semble beaucoup mais si on songe au nombre d’années que l’on passe dans un « lycée de garçons » et que le chemin qui va de ce « lycée de garçons » à un autre lycée, un « lycée de jeunes filles » celui-là, des dizaines de fois ça ne fait pas tant que ça…
La place Blanche, je ne l’ai jamais vue vide.
Ni blanche…
Je l’ai même connue plus noire, de monde et d’immeubles, que de n’importe quelle autre couleur.
J’ai vue les ailes du moulin tourner, changer d’habits, de matériau mais jamais au grand jamais je n’ai vu les ailes du moulin protéger les amoureux…
Sur ce chemin qui me mène du square d’Anvers à la rue Caulaincourt, où je prenais parfois le 80 pour rentrer chez moi, j’ai parfois croisé des poètes, parfois aussi des inconnues mais je n’ai jamais composé de chanson.
J’espère en écrivant cette dernière phrase que, comme me l’avait reproché Mab, ça collera « La complainte de la Butte » dans la tête de quelqu’un pour la journée.
C’est ainsi, j’ai toujours préféré le bus au métro.
Je connaissais par cœur toutes les stations qui allaient du changement de « Barbès-Rochechouart » à la station « Place Clichy ».
Je me rappelle parfaitement les millions de marches qu’il me fallait gravir pour prendre un métro qui cessait aussitôt d’être « aérien » pour m’amener à « Anvers ».
J’aurais pu sortir directement à Barbès mais je savais aussi que je me serais arrêté trop longtemps devant la boutique qui vendait des magnétophones et des appareils qui me semblaient merveilleux.
Toutes ces choses m’auraient fait arriver en retard et valu quatre heures le jeudi suivant de huit heures à midi.
Alors j’ai préféré depuis une expérience malheureuse prendre le bus et marcher.
J’aimais flâner le long du boulevard, passer devant le « Trianon » qui était encore un cinéma, puis le long de la fête foraine quasi permanente et m’arrêter à Pigalle.
Je m’asseyais les fins d’après-midi de printemps sur la margelle de la fontaine.
J’y respirais encore plus souvent l’odeur le l’eau de la fontaine que les vapeurs d’essence, la circulation étant plus fluide qu’aujourd’hui.
Fluide… C’était plus un ruisselet qu’un fleuve, les voitures n’avaient pas encore envahi les rues et le stationnement était encore gratuit et facile…
Après quelques minutes à penser aux devoirs, mon cartable entre les jambes, je me levais et m’avançais vers la place de Clichy.
Puis je m’arrêtais de nouveau devant le « Moulin Rouge » pour regarder les ailes du moulin tourner lentement.
Je ne prêtais nulle attention aux « aboyeurs » qui, devant ce rideau de velours rouge qui masquait l’entrée d’un antre mystérieux et interdit aux moins de vingt-et-un ans,  promettaient aux passants des merveilles dont j’ignorais tout.
C’est étrange, je ressens encore cette impression qu’il faisait toujours beau et doux quand je passais par  là…
Je sais bien que l'hiver existait, pourtant...