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mardi, 27 août 2019

"Médême R."

« WWLF » a dit Adrienne ce matin.
Je crois que je fais ça avec ma cervelle.
Une information m’arrive via la radio ou une phrase entendue dans le bus et, de proche en proche, je me promène en des endroits et croise des gens disparus depuis des lustres.
Heureusement que ma grande sœur est là pour me rappeler que ça a existé tout de même.
C’est pour ça qu’il y a quelques jours, j’ai appelé ma grande sœur.
Bon, cette façon de dire n’est pas sans rappeler Fernand Raynaud mais il ne s’agit pas de ça ni de « 2 CV ».
J’appelais ma grande sœur après avoir entendu quelque chose à la radio à propos « d’international de football ».
Le type était payé un bras et s’offrait, avec l’accord de la banque et du garagiste, des bagnoles à un œil.
Ça s’est gâté quand, aux dires des journalistes, il avait tenté de s’offrir, sans l’accord de la loi ni de la dame, les charmes de cette dernière sans sa permission.
Bref, ça avait fait des histoires…
Et ça m’a rappelé une autre histoire « d’international de football ».
Quand j’habitais dans « ce coin de voyous plein d’Arabes » dixit ma mère, je regardais souvent à la fenêtre qui donnait sur « l’autre passage », celui des copines de mes deux petites sœurs.
A l’une des fenêtres de l’immeuble en face, je voyais souvent s’appuyer une dame.
Je me rappelle qu’on l’appelait « Médême R. » car on avait le respect appuyé dans ce quartier où, hormis mon père dit « Lemmy », monsieur « de C. » et les commerçants  qui se rasaient tous les jours, le rasage hebdomadaire était plutôt la règle.
Quand l’heure de la déférence sonnait, les hommes ne disaient pas « m’dame » ni « ma p’tite dame », non, ils disaient « Médême ».
« Médême R. » donc, me revint à l’esprit et pour être sûr qu’il s’agissait bien d’elle, j’ai appelé ma grande sœur.
De qui se souvenait-elle de l’immeuble en face ?
Pas « Médême R. » non mais de monsieur « de C. » qui avait un fils qu’elle se rappelait parfaitement car il la regardait comme un gâteau quand elle avait quinze ou seize ans.
Elle avait donc parfaitement compris de quoi il retournait et ça l’avait suffisamment frappée et flattée pour qu’elle s’en souvînt soixante ans plus tard…
Quant à « Médême R. » elle s’était échappée de sa mémoire et ne se rappelait que la dame en peignoir de soie qui fumait.
Je me rappelais bien finalement cette dame.
Elle traînait dans la pièce, devant la fenêtre ouverte, en peignoir que je pensais de soie alors qu’il s’agissait plus probablement de rayonne, tenant d’un geste précieux un fume-cigarette de cinquante centimètres  au bout duquel était fiché une cigarette au papier de couleur violette.
Les bruits couraient dans la rue qu’elle avait été mariée à un « international de football » et qu’elle fumait des cigarettes russes dont les mégots multicolores jonchaient le trottoir au bas de chez elle.

Commentaires

Ces cigarettes ne s’appelaient-elles pas des « vogue » à bouts dorés ? ... j’en ai vu quand j’avais 15 ans en 1958...

Écrit par : Francelyne | mardi, 27 août 2019

Encore un tableau parisien. Je ne vois pas de tableau bruxellois semblable ... Mon ancienne rue était beaucoup plus anodine. Une sortie de mariage un peu houleuse, chez des voisins, sous la marquise... Une voisine isolée qui finissait sur son trottoir, à parler toute seule (la pauvre) ... Des voisins qui changeaient tout le temps d'un côté, la voisine de l'autre côté qui se cachait dans un coin de sa cour pour bronzer en bikini jaune... Alors que nous ne mettions jamais les pieds dans notre propre cour (trop chaud, plein sud).

Écrit par : Pivoine | mercredi, 28 août 2019

« Médême R. », je trouve ça très vilain.
J'y vois un peu de mépris.

Écrit par : Berthoise | mercredi, 28 août 2019

Y a pas à dire...tu avais de quoi observer...

Écrit par : Emiliacelina | jeudi, 29 août 2019

Les commentaires sont fermés.