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lundi, 31 août 2020

Devoir de Lakevio du Goût N° 46

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Finies les vacances !
Elle retourne à la fac.
Moi aussi.
Hélas, pas la même.
Nous partions.
Chacun de son côté...
J’ai allumé une cigarette.
Je n’ose pas la regarder, elle part…
De façon assez surprenante j’ai mal, je me demandai pourquoi.
Elle n’était pas la première pour qui j’avais eu « un béguin » comme disait encore ma grand’mère.
En y réfléchissant un peu elle n’était même pas particulièrement jolie.
Elle avait néanmoins ce « quelque chose ».
Quelque chose de troublant qui me dit à l’instant à voix basse ce qu’est la beauté, la vraie beauté et où elle se cache.
Je n’ai jamais pensé à ça auparavant, à ce qu’est la beauté.
Là, je garde les yeux sur ses jambes suggérées par ce pantalon « corsaire » qui en fait ressortir la forme et le côté si tentant de leurs courbes.
Je les connais bien, ces jambes, mieux que je ne la connais elle.
J’en sentais encore la douceur sous mes doigts et rien que ça m’émouvait.
Mais à l’instant, autre chose me transportait.
Là, tandis que nous nous disons adieu sans nous regarder, sans même dire le mot, sans même nous toucher, j’ai su.
Il m’a suffi de me rappeler l’après-midi où, assis dans la clairière, elle a acquiescé sans un mot, d’un battement de cils.
L’acquiescement dans un regard émouvant.
J’ai su alors que la beauté même pouvait tenir dans le regard, le seul regard.
Depuis je repensais à ce regard et à tous ces autres regards.
Tous ces regards, étonnés, rêveurs, tournoyants, perdus, souriants, qui suivirent et qui désormais s’adresseront à d’autres, présents, plus proches, nouveaux.
Que par moment toute la beauté du monde tienne pour un instant, un instant seulement et pour qui la perçoit, dans un regard m’étonne chaque jour…

Bon, je suis « fleur bleue » vous le savez, ne croyez donc pas que je vais changer maintenant.
Il faut bien que quelqu’un regarde le monde en pensant à autre chose qu’à la rentabilité de nos actes ou de nos idées…

 

samedi, 29 août 2020

Sonate d’automne.

Ouais, mais en plus gai quand même…

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Ce matin, il fait un temps d’automne.
Il y a ce je ne sais quoi dans l’air qui me pousse à la rêverie.
La rêverie va s’arrêter très bientôt car il nous faut aller plus haut pour acheter quelques légumes et fruits.
Le temps est idéal, pas trop chaud pour la lumière de mes jours ni trop frais pour moi.
Le temps est doux.
Nous irons donc plus haut, la lumière de mes jours à mon bras.
Hélas, rêvasser avec un masque a ce petit quelque chose qui vous gâche la promenade…
Respirer l’ambiance de la ville, apprécier ce léger vent qui accompagne souvent ce temps un peu gris qui donne un ton vaguement mélancolique aux rues parcourues d’un pas lent.
Je ne vous avais pas dit que j’aimais ce moment de l’année ?
Ce temps qui dit la fin de l’été, la rentrée, les séparations de fin de vacances, les amours cessantes, la naissance de nouvelles et l’espoir de la perpétuation de celui qu’on vit.
J’aime l’automne.
Celui du temps doux, celui des coups de pied dans les feuilles mortes, celui du craquement de ces mêmes feuilles mortes sous mes pas.
Hélas, respirer mon haleine qui va devenir fétide à force de réclusion dans le masque m’empêche de sentir l’odeur des feuilles mortes qui se ramassent à la pelle tandis que j’espère ne pas avoir à dire « les amours mortes et les regrets aussi ».
Enfin, du moment que je ne vois pas la pluie effacer les pas des amants désunis…
J’ai envie d’aller au Jardin des Plantes.
Il y a dans les allées plein de feuilles mortes, plein d’amoureux sur les bancs.
Et j’aime l’idée de passer un moment dehors, dans la verdure et surtout sans masque.
Même si prendre ensuite le 63 jusqu’à Michel Debré, faire une centaine de mètres jusqu’à Saint Germain des Prés se fera avec le masque sur la figure.
S’arrêter pour prendre un café à la terrasse du « Québec ».
En profiter pour écouter les piliers de comptoir pester contre le port du masque entre deux « p’tite Côtes » et trois « tu nous r’mets ça ? ».
Puis traverser le boulevard Saint Germain, passer devant les « Deux Magots » qui n’est plus qu’un piège à touristes jouant à se « parisianiser » depuis la mort de François Nourissier, ce faux « Hussard » qui s’y montrait complaisamment à la terrasse.
Je me demande d’ailleurs s’il n’était pas payé par les « Deux Magots » pour attirer le client avide de reconnaissance sociale...  
Enfin monter dans le 95, juste devant l’église Saint Germain des Prés et revenir à la maison.

vendredi, 28 août 2020

46ème devoir de Lakevio du Goût

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À la demande générale de Gwen toute seule, le devoir de Lakevio du Goût reprend du service.
C’est la rentrée, lectrices chéries.
La rentrée, ce sont des rencontres.
La rentrée, c’est la fin des vacances.
La rentrée, ce sont des séparations.
Cette toile de Mr Balding me dit quelque chose.
Mais quoi ?
Et à vous ?
Que dit-elle ?
Que vous inspire-t-elle ?
S’il vous plaît, lectrices chéries – et lecteurs -, dites le à tous lundi prochain.

jeudi, 27 août 2020

Gestes barrière.

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Hier, nous sommes sortis en fin d’après-midi.
Rien d’important.
Le port du masque étant obligatoire dans le quartier nous l’avons mis et sommes montés car dans ce coin de Paris, pour voir des choses intéressantes, il faut monter.
Nous sommes donc partis en direction de la rue Caulaincourt chercher une baguette et Télérama, cette revue de télé faite pour ceux qui ne regardent pas la télé.
Nous nous sommes séparés, car parfois nous sommes séparés, devant le « Tabac Maison de la Presse » où je laissai la lumière de mes jours acheter sa revue tandis que je continuai vers la boulangerie qui préfère faire des remises sur la baguette plutôt qu’être payée par carte de crédit.
Quand je suis sorti de l’échoppe Heure-Bleue m’attendait, elle a glissé son bras sous le mien et nous sommes repartis vers la maison.
Approchant de la rue Lamarck, nous avons aperçu un couple de jeunes gens, attendant que le feu leur permette de traverser la rue.
Tout en avançant, nous les avons regardés.
Lui était un brun très mat, arborant un look « Kenji Girac ».
Elle était une châtain clair, arborant plutôt un look « Isabelle Carré » avec quinze ans de moins.
Ils étaient arrêtés au feu, au bord du trottoir et, au lieu de regarder si le petit bonhomme rouge devenait un petit bonhomme vert, que croyez-vous qu’ils regardaient ?
Eux ! Ils se regardaient, eux !
Nous avons continué jusqu’au coin de la rue.
C’est là que nous nous sommes arrêtés.
La fille a soulevé son masque, a soulevé celui de son petit camarade, s’est levée sur la pointe des pieds et l’a embrassé sur les lèvres.
Il a eu ce regard heureux et un peu bêtasse du mec quand il est amoureux.
J’ai pensé que s’ils continuaient comme ça, ce n’est pas la Covid-19 qui guérit en deux mois qu’ils allaient attraper mais un truc qui, même au bout de vingt ans, vous pourrit encore la vie…
Le petit bonhomme rouge est devenu un petit bonhomme vert.
J’ai dit aux jeunes gens « Alors ! La distanciation sociale ! Les gestes barrière ! »
Ils nous ont souri joyeusement et ont traversé.
Nous sommes revenus à la maison, plus gais que nous en étions sortis.
Il suffit de peu de chose…

mercredi, 26 août 2020

Un remède à la mélancolie.

Hier on est allé traîner.
On a d’abord décidé d’aller à la FNAC rendre un bouquin acheté il y a quelques jours et reposé illico sur la console à côté de l’exemplaire qu’on avait déjà…
Nous avions décidé d’y aller à pied.
Un examen de la carte des zones où le port du masque est obligatoire nous a montré que, tant à porter le masque, autant faire le trajet en bus.
Ce que nous avons fait.
Évidemment, comme chaque fois qu’on part rendre un livre à la FNAC, au lieu d’en sortir avec quelque €uros de plus nous en sortons avec trois bouquins de plus…
Oui, lectrices chéries, j’ai acheté trois polars, un italien et deux français, ça me change des polars grecs que j’ai lus et du dernier Modiano.
J’ai failli acheter un livre d’Orhan Pamuk, « La femme aux cheveux roux ».
C’est la couverture du livre qui attira mon attention sur ce monsieur, qui décrocha le prix Nobel de littérature en 2006.
Je le pris donc, désireux de savoir ce qu’un Turc que je ne connaissais que pour son engagement politique pouvait bien avoir à raconter sur les rouquines.
Je ne le saurai pas cette fois-ci, la lumière de mes jours me disant de façon très convaincante « Ah lui ? Repose-le, il est vraiment ch… ! »
Mais je ne désespère pas, je saurai bien un jour ce qu’il en a écrit.
Je pressens qu’il fera ressortir l’âme des rues d’Istanboul comme Modiano nous fait ressentir celle des rues de Paris.
Un jour prochain, je me plongerai dans l’œuvre d’Orhan Pamuk comme je me suis plongé dans celle de Modiano.
Peut-être bien que, comme dit Adrienne « bien sûr, il est libre de le faire et moi de le trouver maigre, pas d’intrigue, pas d’épaisseur psychologique, personnages interchangeables, stéréotypés, même pas une pointe d’humour pour le sauver. »
Seulement voilà, qu’il s’agisse de Modiano, de Pamuk, Verlaine ou Baudelaire, ce sont des gens qui me parlent.
Ils souffrent d’une maladie courante dont il est de bon ton de cacher les accès.
Un peu comme une maladie honteuse.
Sans doute de peur de paraître avoir une âme « qui s’attache à notre âme et nous force d’aimer » comme dit l’autre.
Bref, ils connaissent et savent tartiner avec talent sur la mélancolie.
J’aimerais bien savoir le faire.
La prochaine fois qu’on ira dans une librairie, je prendrai donc ce bouquin d’Orhan Pamuk, « La femme aux cheveux roux ».
Et même « Le livre noir » ou un autre.
Je pensais déjà à ça quand nous nous sommes arrêtés près de la Madeleine où j’ai offert à la lumière de mes jours pour son anniversaire le sac à main qu’elle regardait avec envie.
C’est un sac classique, d’une maison de maroquinerie connue depuis plus de cent ans.
J’ai juste regretté de ne pouvoir lui offrir le Kelly qu’elle regrette encore…

Nous nous sommes installés ensuite à la terrasse d’un café.
« Elle » a pris un « Perrier rondelle ».
Pendant que je buvais mon diabolo fraise, elle e sorti le sac et l’a détaillé.
Il lui plaît.
C’est normal, elle l’a choisi…
Nous étions bien dehors, attablés sous le ciel bleu dans une rue calme.
« C’était bien » comme elle dit…

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