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vendredi, 31 juillet 2020

Red Russian


Mercredi soir, après le bulletin météo, une publicité a attiré mon attention.
Non que l’idée d’acheter une voiture m’effleurât je fus attiré par la musique accompagnant le clip publicitaire de la maison Volvo.
Une voix de contralto plutôt agréable donnait une version assez surprenante de la chanson « I want to break free » qui valut à Queen quelques déboires dus essentiellement au côté « cul serré » des anglo-saxons dont le moralisme hypocrite m’agace depuis longtemps qui s’offusque plus du travestissement d’un chanteur qu’aux accrocs à l’éthique en matière d’économie.
Hier, tandis que la lumière de mes jours était chez le coiffeur, j’ai passé un moment seul à la maison que je mis à profit pour chercher qui chantait cette chanson de Queen.
Et j’ai trouvé.
Cette chanteuse qui transforme « I want to break free » en une berceuse assez ensorcelante s’appelle « Red Russian ».
Je ne sais si ce pseudo fut choisi pour rappeler un cocktail constitué dans sa version « cocktail pour homme » d’une moitié de vodka et d’une moitié de schnaps, en souvenir du passé communiste des Russes ou simplement parce que la chanteuse est une vraie « ginger », une rouquine.
J’ai donc écouté cette version et apprécié ce clip étrange.
J’en ai retiré que je comprenais bien qu’elle voulût « être libre » mais qu’hélas elle ne s’y prenait pas de la meilleure façon qui soit.
Je ne gloserai pas sur des escarpins au look « shalala » qui disent illico que si sa « libération » dépend de sa vélocité, elle est déjà morte…
Mais c’est une rouquine que je trouve plus avenante que Freddy Mercury et qui dit de façon plus douce son envie d’être libre…
Ce qui fut le souhait de nombreux Russes, « red or not » jusqu’en 1989 et qui probablement le souhaitent de nouveau depuis que Vladimir Vladimirovitch. Poutine a décidé qu’il resterait au pouvoir jusqu’à la mort…
Et je n’ai toujours pas saisi le rapport avec la voiture Volvo car je sais bien qu’une voiture n’a jamais rendu libre qui que ce soit.
Il faut toujours mettre du pétrole dedans, l’assurer, la réparer, la garer au risque de la retrouver en fourrière ou au mieux agrémentée d’un papillon qui vous enjoins de payer au plus vite une somme scandaleuse au prétexte que vous vous êtes arrêté…

mercredi, 29 juillet 2020

Rhabille les gosses

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C’est quand je suis passé devant le café de la place, pas le tabac, l’autre, celui en face de l’hôpital, que j’ai entendu ce « Euh... » interrogatif.
Ça m’a arrêté net alors que j’allais au « mini Carrouf de la place ».
Je me suis retourné et je les ai vus, ces trois types d’environs soixante-dix ans, attablés, leurs trois verres vides devant eux.
J’étais sûr que c’était du pastis.
J’en étais sûr rien qu’à ce que l’un d’entre eux venait de lancer au patron du bistrot.
Le type avait interpellé le patron d’un « Euh… » Indécis, comme s’il avait peur de déranger.
Quand le patron avait tourné la tête il lui avait dit « Tu rhabilles les gosses s’il te plaît ? » en accompagnant l'expression d’un geste explicite, tournant l’index au dessus des trois verres.
Une expression que je n’avais plus entendue depuis une quarantaine d’années au bas mot.
Quand la boîte qui me payait grassement pour expliquer à d’autres comment faire le boulot que j’aurais été incapable de faire moi-même, fort de deux mains gauches habiles du stylo plus que de l’outil, je l’avais entendue maintes fois, cette expression : « Tu rhabilles les gosses ? »
Le « S’il te plaît ? » plus souvent implicite qu’exprimé.
L’époque où les cafés n’étaient pas des endroits neutres aux terrasses chauffées peuplées de clients mais simplement « des troquets » enfumés peuplés d’habitués prompts à la « brève de comptoir ».
D’aucuns se vexaient même à entendre sortir de la radio du bistrot la voix de Ferrat chanter « Terre terre voici ces rades inconnues ».
J’en entendis un dire il y a longtemps « Comment ça, des rades inconnus ? T’entends ça ? Comme si on ne connaissait pas tous les rades du coin !!! Mais y nous connaît pas, Jeannot ! »
Tout ça pour vous dire qu’il suffit parfois d’une phrase entendue en allant chercher quelque chose au « mini Carrouf » de la place, pour vous rappeler un monde expulsé de Paris par les rapaces de l’immobilier et la bienséance moraliste des génocidaires du bistrot à pastis, à ambiance enfumée, à « p’tite Côtes », à « demi sans faux col » ou pire du « un demi ! Et avec la mousse au fond ! Ha ha ha !!! »
Des bistrots pleins de gens « mal élevés » mais qui n’auraient jamais osé vous louer leur jardinet l’après-midi pour un anniversaire moyennant « cinquante €uros mais avec l’augmentation de la demande, j’ai déjà des demandes pour cent €uros de l’heure mais je vais devoir investir dans des parasols… »
Ça a laissé tomber le bleu de chauffe de l’Assommoir pour le jean Hermès.
Hélas, ça a laissé tomber l’esprit de Jean Valjean pour celui de Shylock…
Et ça me rappelle aussi qu’il y a à la maison une demi-bouteille de Pastis depuis 2013.
Il n’en manque que deux doses servies un été à quelqu’un qui aimait bien prendre « un p’tit jaune » quand il fait chaud…
Non, mais vous rendez-vous compte, lectrices chéries où trois pastis sur un guéridon de bistrot mène le rêvasseur ce matin ?

mardi, 28 juillet 2020

Bis repetita placent. Parfois…

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Hier nous sommes retournés au BHV rendre le bouquin acheté la dernière fois par Heure-Bleue et déjà lu.
Elle en a trouvé un qu’elle n’a pas lu.
J’en ai trouvé un qu’il me semble ce matin avoir déjà lu…
En sortant du BHV, nous avons changé de café.
Après avoir évité le malgracieux du croisement des rues du Temple et de la Verrerie, nous sommes allés en face.
Ça nous a reposé un moment.
Assis tranquillement à l’ombre dans ce coin de rue désormais interdit à la circulation, nous avons regardé les passants.
Le peu d’entrain du serveur à s’enquérir de ce que nous souhaitions nous a permis d’apprécier l’absence de circulation pendant de longues minutes.
Reposés, nous nous sommes levés, pile quand il arrivait, et nous sommes partis vers un autre café.
Arrivés rue Rambuteau – préfet à l’origine des vespasiennes et de l’éclairage public des rues de Paris-, nous nous sommes assis à la terrasse d’un café que je connais depuis plus de cinquante ans et qui n’a guère changé depuis que de propriétaires et à peine d’aménagement.
Il est seulement devenu « moins popu ».
La clientèle passant de grossistes à « branchouilles » l’a mené à un service plein d’affectation.
C’est là qu’Heure-Bleue a montré que ses goûts pour l’étrangeté ne l’ont pas poussée que vers moi.
Elle prit tout à fait raisonnablement une glace et un verre d’eau.
J’ai choisi quant à moi un diabolo fraise.
La limonade m’a parue bizarre.
Oh ! Certes elle était française, un écusson en faisait foi sur le flacon.
Oh ! Certes elle était « bio », le sigle étoilé en faisait foi itou sur le flacon.
Le sirop de fraise était le vrai, le vieux, le rose en était pâle et acidulé.
Une autre sapidité, plus curieuse néanmoins m’a frappé.
La lumière de mes jours a aimé ce goût bizarre.
Le parfum de l’agave lui plaît…
Alors que je sais qu’elle n’aime pas la téquila.
Ce doit être le côté cactus qui lui plaît.
Il lui ressemble tant…

lundi, 27 juillet 2020

Je fais souvent ce rêve, étrange mais pas pénétrant...

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Cette nuit j’ai été réveillé en sursaut par un rêve.
Déjà, depuis quelque temps, je rêve souvent de ma mère.
Trop souvent à mon goût mais on n’est pas maître de ses rêves, n’est-ce pas ?
Puis, cette nuit donc, je me suis réveillé en sursaut.
Plus exactement j’ai été réveillé en sursaut par un rêve.
Ce n’était pas un cauchemar, non, juste un rêve.
Alors ? Qu’avait donc ce rêve de si particulier pour qu’il m’a réveillé brutalement ?
Eh bien, ce rêve avait ceci d’étrange que je rêvais d’un rêve que j’avais déjà fait il y a quelques années.
Rien de bien sérieux, j’étais dans une rue de Paris qui n’existe pas.
Je le sais, je connais toutes les rues de Paris où il y a les boutiques qui vendent ce que cette boutique expose.
Je revoyais parfaitement cette boutique.
Ce qui m’a tiré du sommeil, c’est que je me rappelais parfaitement toutes les étapes de ce rêve.
C’est là que je me suis dit, alors que je me levais pour aller boire un verre d’eau « Mon pauvre, pauvre Goût-des-autres… Tu as vraiment vieilli… »
Oui, je me suis dit ça en avalant une gorgée d’eau vaguement tiède et au goût de javel plutôt marqué tandis qu’une odeur de bois brûlé planait dans la rue et la cour de d’immeuble.
Eh oui, lectrices chéries, je me suis rendu à l’évidence : Je « radote du rêve » maintenant…
Pour l’odeur de bois brûlé, la lumière de mes jours m’a éclairé ce matin, m’apprenant qu’un incendie s’était déclaré plus haut sur la colline de Montmartre.
Tout de même, ces rêves me « turlupinent ».
Celui où ma mère « tourne et vire » comme elle disait, toujours dans le même appartement qui n’est « ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre » mais semble l’exigu logement de mon enfance et me laisse toujours cette impression agaçante d’inachevé.
L’autre aussi, avec cette boutique dont je sens bien qu’elle n’existe pas et où je n’achèterai jamais rien mais que je connais.
Un autre aussi, récurrent, où je traîne dans le cimetière de Montmartre et où je m’arrête devant une tombe inconnue qui me laisse le cœur serré pour une raison si bien cachée que je ne la connais pas.
Heureusement que c’est l’été, qu’il fait beau et qu’on va aller au BHV changer un livre qu’Heure-Bleue a acheté la semaine dernière pour s’apercevoir, à peine revenue à la maison, qu’elle l’avait déjà lu…
Peut-être même nous arrêterons-nous au café-tabac de l’angle de la rue de la Verrerie et de la rue du Temple pour boire quelque chose, servis par le type malgracieux de la semaine dernière.
Puis nous irons sûrement à la boutique « Au clown de la République » acheter les boules puantes dont le besoin risque, sans rire, de se faire sentir…

samedi, 25 juillet 2020

Une journée quelconque…

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Hier matin, j’écoutais France Inter, comme chaque matin.
Intéressé par le sujet, j’ai écouté plus attentivement que d’ordinaire.
Un instant, je me suis demandé si dans la nuit un évènement astrophysique inattendu et inconnu n’avait pas ramené le monde à la fin des années soixante.
J’écoutais, surpris, un homme et deux femmes parler de l’état dramatique de l’état libanais.
Après quelques minutes, la raison de ma surprise m’apparut clairement.
Le respect de la concordance des temps, la concision de phrases bien construites, avec le mot juste, compréhensible par tous, sans le verbiage qui bourre la phrase de mots pour faire oublier le vide de la pensée, la pratique délicate de la liaison.
Ces deux femmes et cet homme, Libanais tous trois, parlaient un français que j’eus aimé entendre de la gent qui nous gouverne ou nous informe.
Manifestement, il vaut mieux apprendre le français chez les Jésuites à Beyrouth qu’à l’ENA ou HEC à Paris…
À les écouter je me suis rappelé mon prof de lettres préféré, celui qui nous jetait pour nous faire honte en cas de phrase mal tournée « Pfff… Quelle horreur… Continuez comme ça, vous finirez journaliste… »
Il en avait après les journalistes « Ces gens qui pensent écrire » et ne supportait un chroniqueur que s’il avait la trempe de François Mauriac.
Il lui fallait d’un chroniqueur qu’il écrivît si possible au Figaro, et fût récompensé pour le moins par un prix Nobel de littérature.
Ce n’est que bien plus tard que je me suis demandé si sa femme ne s’était pas enfuie avec un journaliste.
Bref, la suite des informations est arrivée et j’ai fait autre chose, agacé par la nouvelle que la mauvaise habitude se répand de remplacer le jury populaire des cours d’assises par les jurys populistes de tribunaux populaires qui souhaitent pendre sans jugement sur soupçon mal étayé et qui trouvent comme excuse « ce n’est pas une position juridique mais de la politique ».
Ça rappelle furieusement 1793 ou Staline où soupçon et rumeur valaient preuve…
Le sort nous préserve de voir un jour arriver au pouvoir ces « justiciers » qui feront passer Lavrenti Béria et Robespierre pour d’aimables farceurs.
Nous avons quand même fini par sortir faire quelques courses.
Le coronavirus a un effet « calmant » sur les rues.
Paris semble avoir reculé dans le temps avec le Covid-19.
Pas de touristes pressés de tout voir en une journée, des rues sans foule, les bistrots avec des terrasses, pas de files d'autocars de touristes qui bouchent les avenues.
Même le ciel reste bleu, exempt de ces traînées blanches laissées par les réacteurs qui rendent le ciel perpétuellement strié de faux nuages.
J’ai l’impression de revivre dans le Paris des « sixties » mais dont les gens qui étaient persuadés que leurs enfants vivraient mieux qu’eux ont été remplacés par des gens qui font la gueule parce qu’ils ont peur de ne plus avoir de boulot...
Néanmoins, une autre chose m’a frappé : Ils semblent aussi moins pressés.
Comme s’ils s’étaient soudain aperçu que courir sans cesse ne leur profitait pas mais ne profitait qu’à ceux qui les font courir.