jeudi, 04 février 2021
Page d’écriture.
Isabelle, celle qui fait de si chouettes photos et qui est super chouette, m’a ce matin, à propos d’une de ses balades, rappelé un moment de relatif bonheur.
Je ne sais pas si vous vous le rappelez, mais je vous avais raconté un jour une « distribution des prix » à l’école Gustave Rouanet qui se trouvait rue Championnet.
Cette école était jugée par mes parents « un peu trop remuante » et trop pleine de ces « filles de la Porte de Clignancourt » qui étaient la hantise de ma mère.
À la rentrée suivante, ma mère réussit à inscrire la plus grande dans cette « École de Jeunes Filles » de la rue Ferdinand Flocon.
Cette école avait plusieurs avantages aux yeux de mes parents.
Le premier, le plus évident, était que les élèves en semblaient plus calmes que « ceux d’en bas ».
Pour ma mère, « ceux d’en bas » c’était d’abord toute cette population abhorrée plus proche de la Porte de Clignancourt.
Pour elle, passée la place Championnet, avancer vers le Marché au Puces, c’était déjà mettre un pied à l’étranger.
Un étranger plein « d’Arabes », de « Bohémiens », de « Blousons noirs » et de « Filles à soldat ».
Il y avait des « filles à soldat » dans ce coin car à la place du site universitaire et du « restau U », il y avait une caserne.
D’où un second avantage aux yeux de mes parents.
La rue Ferdinand Flocon était un pas, un petit pas pour l’homme mais un pas de géant pour la famille.
Un pas en direction de la porte de l’ascenseur social dans lequel mes parents tenaient à toute force nous enfermer.
Il faut avouer que cette rue, quoiqu’aussi noire que les autres, c’est-à-dire comme tout Paris, était très différente de celles qui entouraient notre passage.
Bon, notre passage avait moins l’air de sortir d’un roman de Zola que la passage Kracher mais quand même, comme on dirait des décennies plus tard « ça craignait cher… »
Imaginez notre embourgeoisement par procuration, rien qu’à l’idée que ma grande sœur allait entrer dans une école quasiment luxueuse, sise dans une rue qui montait vers le Sacré Cœur.
Une rue où quasiment tous les immeubles étaient beaux !
Des immeubles de pierre de taille, noirs certes, mais beaux.
En plus, en allant à l’école, ma sœur, tout le long de la rue avait à l’horizon, le dôme du Sacré Cœur et le « beffroi » qui le jouxte.
Quelle chance elle a eu…
Au moins elle n’était pas enfermée avec des fous persuadés que les punitions et les « heures avec »*, les « heures sans »** et les « cent lignes » étaient la seule façon d’élever les enfants dans le respect d’un dieu qui avait tout d’un préfet de police fasciste.
Finalement, elle était super belle cette rue, et l’école aussi bien qu’aujourd’hui elle semble un peu « décatie » et moins luxueuse que l’école maternelle voisine…
09:28 | Commentaires (4)
Commentaires
Le monde évolue. Le "Tout puissant" est passé de juge sévère à "tout amour". Fille unique, c'est à l'école que j'avais des copines.
Écrit par : Nina | jeudi, 04 février 2021
ça m'a tout de suite fait penser à ceci https://adrienne414873722.wordpress.com/2019/11/05/d-comme-devinette-2/
il y a tout un travail à faire pour que les écoles, si ce sont de beaux bâtiments, puissent être rénovées tout en gardant ce cachet... témoin de leur temps.
Écrit par : Adrienne | jeudi, 04 février 2021
A qui le dis-tu !
L'Etat semble incapable d'assurer l'entretien décent des écoles bâties entre 1885 et 1930 (tu verrais l'état de mon lycée...) mais claque des fortunes dans des bâtiments bas de gamme et finalement dangereux (voir l'affaire du lycée Edouard Pailleron : https://fr.wikipedia.org/wiki/Coll%C3%A8ge_%C3%89douard-Pailleron#L'incendie )
Écrit par : le-gout-des-autres | jeudi, 04 février 2021
Ton sujet d'aujourd'hui et le commentaire d'Adrienne me font me souvenir des établissements que j'ai fréquentés... Nouveau sujet pour moi ! Merci !
Écrit par : Isabelle Z | jeudi, 04 février 2021
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