Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 27 juillet 2021

A moi Auvergne !

Mort_du_chevalier_d'Assas.jpg

J’aurais dû me méfier.
Déjà, mon « éreinteur », à qui j’avais parlé d’une douleur inquiétante, m’avais dit en levant les yeux au ciel « Pfff… des bêtises ».
J’avais bien vu qu’en homme bien élevé il avait tout de même pensé « c…ries ».
En homme doté d’un peu d’expérience, j’aurais dû remarquer que cette douleur disparaissait miraculeusement dès le résultat du scanner donné par « mon » radiologue.
De même, « mon » médecin, quand je lui avais parlé de cette douleur baladeuse, avait lui aussi levé les yeux au ciel en me disant « c’est dans la tête ! »
Je me rappelle ce matin ces temps bénis où j’étais décontracté dans l’avion pour aller dans des pays où mon boulot m’envoyait.
Je regardais à peine l’hôtesse qui montrait sérieusement, au cas où l’avion tomberait, tous les gestes qu’on aurait à faire juste avant de mourir.
J’allais même quand mon voisin disait parfois « Feraient mieux de nous donner un parachute plutôt que des sacs à vomi ! » jusqu’à lui dire « Vous croyez qu’on aurait le temps d’atteindre les portes ? On est plus de deux cents, le temps de se lever et paf !  on est déjà par terre… »
Normalement il se taisait jusqu’à l’atterrissage…
Comme celui qui s’asseyait au fond de l’avion à côté de moi.
Je me souviens d’un qui m’avait dit un peu inquiet « C’est vrai que les survivants sont ceux du fond de l’avion ? »
J’avais répondu « Ben… Les survivants sont surtout ceux qui ont raté l’embarquement… »
Bref, j’allais serein, ne m’inquiétant que de la fin du mois ou de la fin de ma mission.
Aujourd’hui, je vais mourir.
Je le sais.
C’est inéluctable.
Et pourtant ça a causé à la lumière de mes jours un fou-rire qui eut du mal à prendre fin.
Une publicité d’avant « infos » avait attiré son attention.
Une histoire de shampooing antipelliculaire.
Je ne sais pourquoi elle a soudain remarqué que depuis que j’ai cette douleur inquiétante et baladeuse, je ne tousse plus et que les pellicules qui constellaient mon col avaient disparu.
Elle m’a regardé quand j’ai dit « Aïe ! » et fut prise d’un fou-rire que j’ai trouvé charmant.
Puis quand même un poil vexant quand elle m’eut expliqué le pourquoi de la chose.
Alors que je mourais tranquillement en dînant d’un délicieux gratin de courgettes préparé avec amour, elle riait !
Et on s’étonne des féminicides !
Bref, d’après elle je vais mourir mais pas aujourd’hui…
En attendant, je me demande par quoi sera remplacée cette douleur inquiétante.
Cette peste d’Heure-Bleue prétend que ce n’est probablement que des « trucs de vieux ».
La garce…