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dimanche, 28 avril 2024

Ethique étique…

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Un article analysant les propos de Jean Tirole traitant de la commercialisation des organes me pousse de plus en plus à penser que d’une certaine façon les économistes sont plus dangereux que les militaires.
Pour éclaircir le discours, il semblerait que pour ce prix Nobel d’Économie, le problème n’est pas dans le fait que le monde n’est qu’un ensemble de produits mais dans la réticence morale qui freine la marchandisation de certains de ces produits.
Il a choisi l’exemple des organes humains pour étayer son argumentation.
Dans son esprit, interdire la marchandisation, ergo le commerce, des organes humains est in fine immoral car elle prive des individus de la chance de vivre presque normalement pendant une douzaine d’années avec un rein alors qu’elle vont survivre péniblement cinq ans sous dialyse.
Selon lui, la libéralisation du commerce d’organes permettrait de sauver plus de patients et coûterait moins cher que maintenir en vie difficilement un nombre plus réduit de patients.
Suit une série de chiffres qui montre que piétiner les fondements de l’éthique est nettement plus efficace pour l’équilibre des comptes de la santé publique que les moues de dégoût face aux manquements à la morale qui interdisent de vendre les organes.
De fait, nombre de patients meurent faute de dons en nombre suffisant.
Il faut en effet beaucoup de reins pour trouver un rein compatible avec le receveur.
Bref le problème serait bien plus aisé à résoudre si le marché, tout puissant et autorégulé s’occupait d’acheter des organes et en fixait le prix en fonction de la demande.
Il ne manque pas d’exemples d’un marché efficace et en pleine extension selon l’ampleur des catastrophes naturelles ou des aléas économiques qui frappent le pays.
La morale semble donc tout à fait hors de propos alors qu’il s’agit selon les économistes du fonctionnement d’un marché dont l’offre et la demande assurent la régulation.
Il ne n’agit en fait que de fermer les yeux sur le fait de considérer une partie de l’humanité comme une réserve de pièces détachées destinées et l'autre comme une partie de l’humanité pouvant acheter des pièces de la première partie pour être réparée.
Les plus pauvres vendront un rein ou un œil aux plus riches, après tout un seul leur suffit…
Les plus riches seront réparés avec les pièces retirées aux plus pauvres qui n’ont pas besoin de tous ces morceaux offerts par la nature.
Plus il y aura de pauvres, plus il y aura de pièces de rechange et moins celle-ci seront chères.
Un rêve d’économiste en somme.
Ces mêmes économistes viennent dans la foulée de nous donner un information intéressante tout de même.
Ils nous ont rappelé qu’il nous suffit d’un rein, d’un œil, d’une jambe, d’un pied ou d’un poumon pour vivre.
Sans y prêter attention ils viennent de démontrer que leur domaine d’étude regorge de brillants sujets à qui même un seul cœur est de trop et pourrait servir utilement à ceux qui en ont l’usage pour regarder leur prochain comme autre chose qu’une source de profit ou un produit à mettre sur le marché.
Et je ne peux m’empêcher de penser que si ces économistes vont au bout de leur pensée dans cette idée de l’humain marchandise, ils voient finalement le proxénétisme et l’esclavage comme un élément du « marché »  qui à cause d'une morale imbécile tombent sous le coup de la loi…
Me vient une question, tout activité n’étant finalement qu’une transaction, je me demande quelle tête ils feraient si, quand l’envie de câlin les prend, leur camarade de jeux commençait par « OK C’est 200 € avec les fioritures, 50€ si tu vas droit au but rapidement. »