Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 03 septembre 2013

Les sonos tonnent !

Ce matin, à six heures et six minutes exactement, j’ai été réveillé en sursaut.
Par ma camarade de lit.
Heure-Bleue.
Elle m’a, d’un seul coup d’un seul, fait comprendre pourquoi les sonomètres sont, de nos jours, numérisés et doté d’un affichage électroluminescent.
Avec un modèle plus ancien, il est sûr que l’aiguille de l’appareil en eût été tordue.
Oui, lectrices chéries, j’ai été tiré brutalement des bras de Morphée, non pour tomber dans ceux d’Heure-Bleue, mais par le ronflement de ma moitié !
Oui, celle qui m’affirme sans sourciller, les yeux encore clos, « je ne peux pas ronfler puisque je ne dors pas »…
Elle insiste à l’instant même « Mais je ne dormais pas ! Je persiste ! Aaaahhh Zut ! »
La femme de ma vie est un exemplaire rare de la gent féminine.
Non qu’elle soit silencieuse, elle est même prolixe.
Non qu’elle soit effacée, elle est même parfois belliqueuse.
Non qu’elle soit faible, elle résiste à tout, sauf à la tentation.
Non qu’elle soit de mauvaise foi, elle croit seulement que j’ai toujours tort.
Mais là où elle me surprend encore après plus de huit lustres de vie commune, c’est qu’elle persiste à penser être totalement à l’état de veille alors qu’elle dort du sommeil du juste.
J’en veux pour preuve le ronflement de réacteur d’un Rafale au décollage qui s’échappe d’un nez caché par ses cheveux en cafouillon perpétuel.
Pour être parfaitement honnête –si, si, ça m’arrive- mon sommeil était certainement moins profond car il durait depuis plus de sept heures, mais tout de même.
J’aurais bien tenté de stopper le vacarme d’un bisou mais le souvenir d’un réflexe nuitamment dangereux d’il y a quelques années m’a fait renoncer à cette idée.
Je me suis contenté d’une caresse sur son bras.
Ça n’a hélas attiré qu’un grommellement inintelligible.
Et ça c’est quand même étrange, venant de quelqu’un censément éveillé, non ?
La même m’assénant ensuite « Ah c’est parce que je ronflais ? Je croyais que c’était juste gentil… »
Avouez qu’elle est gonflée…

dimanche, 01 septembre 2013

Les nuits d'été.

Qui n’ont rien à voir avec Berlioz…
Je peux rassurer, plutôt tenter de rassurer, celles de mes lectrices chéries –dont « Rêver au Sud »- qui sont persuadées que nous vivons dans la banlieue d’Alep et que la prochaine vague de bombardement ou de gaz de combat va s’abattre sur votre Heure-Bleue préférée ou votre Goût adoré.
Eh bien non, contrairement à ce que tente de vous faire croire TF1 ou une Heure-Bleue sur le point de craquer, cette résidence n’est pas vraiment invivable.
Bon, Heure-Bleue qui a le sommeil facilement troublé par la chute d’une épingle sur la nappe perd facilement son sang-froid…
Cela dit, elle et moi en parlions ce matin, ce dont vous n’avez rien à cirer.
Voyons, lectrice chéries, vous ne devriez pas fermer cette fenêtre si vite, vous savez bien que je suis un spécialiste du billet sans intérêt mais parfois charmant, poursuivez donc, je vous en prie.
Nous parlions donc, Heure-Bleue et moi de notre façon de vivre cette « animation » un peu poussée dans notre résidence.
Heure-Bleue ne la supporte pas, comme vous avez pu le lire sur son blog. Il faut que je vous dise, Heure-Bleue est comme moi née à Paris, mais est d’un coin quelque peu différent de mon coin. Elle, c’est le XVIIème de la rue de Tocqueville, entre le boulevard Malesherbes et l’avenue de Villiers.
Le coin de super rupins, quoâââ…
Des endroits où, si on picole trop, c’est discrètement dans de grands salons et des verres en cristal.
Mon coin, c’était un autre genre, bien plus animé. Un coin où le quant-à-soi est inconnu, la notion même en est ignorée. Ce coin, quoiqu’en pense Heure-Bleue qui le trouve rebutant et mal famé, s’est grandement amélioré…
Rien qu’au rez-de-chaussée en bas de nos fenêtres, il y avait deux habitants, l'un au vin bas de gamme et l'autre au porto, qui assuraient, avec l’aide des gamins du quartier, l’animation vespérale du coin.
Lui, les soirs d’été qui, comme chacun sait donnent soif, avait des envies de musique qu’il satisfaisait, ses fenêtres largement ouvertes en faisant moult « canards » avec un vieux tuba. Il ne se lançait dans ses interprétations qu’à l’aide d’un sévère coup dans le nez. Les gamins, arrivaient alors et jetaient des pétards dans la bouche du tuba. Avec les résultats qu’on suppute en termes de gueulements avinés.
La voisine de rez-de-chaussée, concierge de son état, se penchait alors et lui hurlait « Naaaan ! Mais tu vas fermer ta gueule ! Ivroooogne ! » avec une articulation largement aussi pâteuse.
Du coup, l’instrumentiste rétorquai « Je suis p’têt’ soûl, moi médèèème, mais j'me soûle pas au porto, moi ! J’me soûle avec du vin à soixante francs à la tireuse, moi médèèème ! »
Ajoutez à ça un environnement très différent de ce qu’il est aujourd’hui, le périphérique n’existait pas. Là où aujourd’hui il y a un stade, la place était occupée par un camp de gitans permanent. La population était, on va dire « mélangée », constituée de transfuges momentanés de Saint-Ouen, où créchaient les « interdits de séjour » à Paris, une forte population d’Algériens venus travailler en France, des « blousons noirs » et ces fameux gitans, tous ces gens étaient parents de jeunes gens qui ne s'entendaient qu'à moitié.
Ils se rassemblaient en bandes qui réglaient leurs différentes à coups de chaîne de vélo et de coups de tournevis de 3x300 qui vous poignardaient aussi bien qu’un pic à glace mais n’étaient pas soumis à autorisation de port d’arme…
Bref, y vivre en étant protégé à coups de taloches de la tentation de devenir « un voyou de la Porte de Clignancourt » était un sport…
On voit bien là l’influence des années cinquante vers la Porte de Clignancourt sur l’acclimatation de votre Goût chéri au bordel ambiant.
On voit aussi pourquoi votre couple préféré supporte différemment l’animation des soirs d’été dans notre résidence « calme et arborée ».