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jeudi, 31 octobre 2013

De la coupe aux lèvres...

Hier, nous sommes allés voir Léontine à la clinique.
Elle a de nouveau un poignet cassé.
Celui qui tient la coupe de champagne.
Terminé pour l’instant, le champagne. Nous avons acheté du raisin, du muscat.
Je lui ai donné la becquée, elle ne peut pas manger seule...
Et il faut bien qu'elle mange. Elle ne mange plus, trop mauvais, trop cuit, trop froid, trop chaud.
Bref, pas bon du tout...
Elle a la mémoire qui flanche, elle ne se souvient plus très bien.
De quelle couleur étaient ses yeux, étaient-ils verts ou bleu, mais de rien, Mab, de rien...
Après avoir passé un petit bout d’après-midi avec elle, nous sommes partis.
Et là, nous avons eu la surprise de la journée.
Dehors, près de la clinique, une librairie.
Nous sommes entrés, avons salué, avons regardé les livres, Heure-Bleue en a choisi deux. Je regardais autre chose.
Comme d'habitude.
Nous nous sommes approché de la caisse.
Heure-Bleue a dit « Avez-vous « le schmatt doudou » ? » puis a ajouté « nous venons d’aller voir une vielle dame... »
« Alors nous venons en voir de jeunes... » Ai-je dit à mon tour.
La conversation s’est alors engagée.
Elle a d’abord porté sur le collège face à la librairie.
Le jeune homme de la librairie a dit « Ah ? Vous le connaissez ? »
Je lui ai alors raconté une anecdote sur le sujet.
A la fin, j’ai dit « Franchement, j’ai une tête à connaître le Coran ? D’un Arabe ? »
Il a lâché tout de suite « Oui ! » puis, gêné « Euh... Non... Pas vraiment... »
La conversation a alors dérivé vers le dur métier de libraire.
Heure-Bleue a dit «  Pffiouu... Il y avait une librairie plus bas dans la rue il y a une quinzaine d’années... »
Et là, ce fut la surprise. La libraire, jeune la libraire :
- Cette librairie là ? J’en entends encore parler ! Ils ne l’ont pas oubliée, j’en ai entendu parler de façon dithyrambique ! 
Heure-Bleue, un peu fière quand même :
- Je ne l’ai même pas vendue, j’ai juste rendu les clefs.
- Ils disent que vous étiez une très très bonne libraire.
J’ai mis mon grain de sel, évidemment.
- J’aurais préféré qu’ils soient de très bons clients...
Je ne vous parlerai pas de la libraire.
Je ne suis pas sûr qu’Heure-Bleue l’ait vue.

Moi si...
Mais bon...

mardi, 29 octobre 2013

La mère est agitée...

Aujourd’hui, lectrices chéries, c’est séance de psy chez vous.
J’en veux encore à ma mère de m’avoir abandonné chez ces fondus de Frères.
C’était à coup sûr « pour mon bien ». J’eus aimé qu’elle se souciât plus de mon bien-être que de mon bien.
Mais, pour être honnête, je dois avouer qu’après mon passage chez ces cinglés, j’étais devenu un garçon plutôt « bien élevé » et s’il m’arrivait de dire « merde » c’était au maximum trois fois dans l’année.
Et ce fut comme ça jusqu’à mon entrée –tardive- dans la vie active.
Ce séjour chez les fous commença dès le départ de ma mère, me laissant couvert de honte après cette affaire de blouse bleue. Je suivis le Frère « économe-linger-préfet de police » en portant à deux mains cette petite valise épouvantablement lourde – oui, ma mère faisait de ces valises qui, pour petites qu’elles fussent, vous allongeaient un bras de dix centimètres comme de le dire- jusqu’à la lingerie où il ouvrit la valise, en sortit un pyjama, un gant, une serviette de toilette et un savon qu’il me tendit.
Il prit ensuite sur une étagère une paire de draps et une couverture marronnasse qu’il me jeta sans ménagement. Il m’amena ensuite, toujours d’un pas vif, là où les élèves devaient faire leur toilette le matin. J’eus un mouvement de recul. Ça ressemblait à l’endroit où on donnait à boire aux animaux dans une ferme. Je le savais car ma grand-mère maternelle m’avait emmené à la ferme chercher du lait, c’est là que j’avais vu un abreuvoir.
Voilà où je ferais ma toilette chaque matin, dans un abreuvoir géant ! C’était un long couloir, éclairé par des fenêtres haut placées donnant sur l’extérieur, sous lesquelles était placé un long « abreuvoir » où des prises d’eau étaient disposées à intervalle régulier.
Sur le mur opposé,  donnant sur le couloir que je venais d’emprunter, il y avait plusieurs rangées de casiers, dont l’écartement était celui des prises d’eau. Je parle de rangées mais représentez-vous plutôt de longues, très longues étagères dont l’écartement était maintenu constant par des planchettes équidistantes de façon à faire office de casiers. C’est dans un de ces casiers qu’on me fit mettre mes affaires de toilette. Seuls deux radiateurs en fonte placés aux extrémités du couloir en assuraient le chauffage. Avec la chance qui semblait me poursuivre depuis mon arrivée à la « grande école », le casier qui me fut assigné se trouvait quasiment au milieu du couloir. Je m’apprêtai donc à mourir de froid dès le lever…
Tandis que je posai avec un peu de soin, croyant que ça allait plaire, mes affaires dans le casier, le Frère s’impatienta et jeta d’un ton cinglant « Il va vous falloir apprendre à ne pas lambiner, monsieur ! ». Ce séjour s’annonçait déjà sous les meilleurs auspices.
Je suivis mon mentor au pas de charge jusqu’à une pièce dont je n’aurais jamais soupçonné l’existence : Un dortoir.
J’eus le premier grand choc de ma vie, si l’on excepte ma naissance et les yeux de Malika.
Mais vous en saurez plus demain...

lundi, 28 octobre 2013

Le p’tit mari y fait l’couscous...

Mais n’allez pas croire que par derrière « y s’la coule douce ».
D’abord parce que pour faire un couscous, il faut commencer par faire les courses.
Avec un caddy car il faut beaucoup de choses.
Or, si avec un caddy vide, il est aisé de passer de l’autre côté de la voie via la passerelle, cette passerelle est infranchissable avec un caddy plein.
Surtout un caddy plein de légumes, plein de viande, de boîtes de pois chiches et de tomates pelées.
Et plein de bouteilles car si un couscous est généralement apprécié des gens d'Afrique du Nord, ce n'est pas pour autant un truc de quaker ou d’abstinent.
Pourquoi des tomates pelées ? Me direz-vous. Eh bien parce que pour faire cuire la viande, les tomates doivent être pelées et si possible mûres.
Et les tomates pelées en boîte sont plus que mûres...
Donc, au moins trois kilomètres à pied pour ramener les ingrédients.
Ça vous met en jambes pour la suite.
Parce que les kilos de légumes ont un effet pervers redoutable : il faut éplucher ces kilos de légumes...
Comme j’ai un peu de jugeote tout de même j’ai pensé à aller chercher le SSD que j’avais commandé avant de faire les courses. Bien m’en a pris, la boutique relais chargée de recevoir ma commande était à deux cent mille kilomètres de la maison.
L’épluchage et les préparatifs faits, la cuisson des légumes les plus longs à cuire a été lancée
Et non, il ne suffit pas de tout jeter dans la gamelle et constater avec effroi quand les plus durs sont enfin cuits, que les légumes les plus tendres se sont transformés en bouillie et que la viande s'est « décharpillée » et tombée dans le fond en miettes immangeables.
Ça laisse du temps pour faire autre chose.
Je profite donc de la cuisson des légumes pour réinstaller mon W7 qui me fait des siennes.
Oui, n’oubliez pas que quand vous achetiez un disque dur de 200 Mo il y a vingt ans, il était garanti 300.000 heures. C’était cher, environ trois cents €uros d’aujourd’hui mais ça mourait dans la première semaine ou au bout de trente-cinq ans.
Je le sais, j’en ai un, et il fonctionne encore.
On peut aujourd’hui avoir un disque de 500 Go, pour environ soixante €uros.
Mais la notion de progrès étant sujette à interprétation, vous pouvez certes caser deux-mille-cinq-cents fois plus de données dans ce disque.
Disque qui, hélas, vous lâchera au bout de deux ou trois ans...
Le résultat auquel vous parvenez étant que vous aurez deux-mille-cinq-cents fois plus de données perdues en cas de problème et, d’expérience, ça vous arrivera dix fois plus souvent.
Je résume donc :  C’est pas cher mais ça ne vaut pas plus...
Mais ça coûte un bras en temps perdu...
Bref, ça m’a occupé pendant la cuisson des carottes et des navets.
Pour rien.
Les DVD des logiciels que je dois réinstaller sur ce SSD étant dans des cartons pour le moment inaccessibles.
Tout comme les blogs de « canalblog » à partir de « blogspirit ».
Alors, pour commenter chez vous j’ai ouvert un blog chez « canalblog »...
Ce n’est pas la peine de  vous y rendre, je n’écris que chez « blogspirit ».

Le couscous était semble-t-il bon. L’Ours et JJF ont vidé les gamelles.
P’tite Sœur s’est contentée d’un biberon.
Mais elle fait preuve d’un appétit qui laisse penser qu’elle ne crachera pas plus que sa grande sœur sur le couscous...

 

samedi, 26 octobre 2013

Vallotton prend sa faucille, larirette, larirette...

Hier, Heure-Bleue, une blogueuse qu’on aime et moi sommes allés au Grand Palais voir l’expo consacrée à Vallotton.
Ça m’a fait l’effet de l’expo Boudin au musée Jacquemart-André.
Heureusement qu’il y eut le « café gourmand » dans les deux cas...
La première partie de l’expo, au rez-de-chaussée, m’a intéressé.
On y voyait les trouvailles et la façon moderne d’aborder la peinture, les nouveautés dans le trait, l’abandon de l’impressionnisme pour un trait plus précis, quelque chose de Vuillard mais plus précis et  plus délicat. Et toujours la vivacité des couleurs et le grossissement du trait qui vont avec l’avancement en âge.
Heure-Bleue et la blogueuse qu’on aime –ne soyez pas jalouses, lectrices chéries, je vous aime toutes- ne sont évidemment pas d’accord, qui parlent 
 « d’accomplissement », « d’épure », « d’accentuation ».
Alors que, pour avoir vu ça chez mon père – un copiste de talent mais pas un génie- je sais bien que moins on voit clair, plus les couleurs deviennent vives et le trait épais. Gauguin étant l’archétype de cette « évolution de son art ».
Cela dit, ce rez-de-chaussée était intéressant quoiqu’encombré par une foule nombreuse.
Un conseil, lectrices chéries : N’allez jamais voir une expo en période de vacances scolaires, c’est le métro à six heures du soir.
Le Grand Palais étant un peu plus grand que ma cuisine, une certaine lassitude dans les mollets se fit sentir en arrivant à l’escalier monumental qui mène au premier étage, à la suite de l’exposition.
De part et d’autre des marches de pierre, des pilastres laissaient de quoi installer un fessier. J’ai tenté d’y poser le mien.
Un grand type, un Noir « des bennes »,  s’est précipité et m’a dit « Monsieur, il ne faut pas vous asseoir là ! »
J'ai eu brièvement l'impression que le type se la jouait vigile de supermarché plutôt que gardien de musée...
J’ai tenté alors la marche de pierre. Il a insisté « Pas là non plus ! »
Je me suis alors appuyé contre le mur en attendant mes deux accompagnatrices.
Une femme, appuyée contre le mur à côté de moi, attendait aussi je ne sais quoi.
Elle a dit « Il a peur qu’on les use ou quoi ? »
Je l’ai regardée. Au feeling j’étais sûr qu’elle allait bien prendre la réflexion qui venait de me venir à l’esprit.
J’ai tenté le coup.
«  C’est vrai ça ! Non mais, vous avez vu ça ? On se demande qui est le Blanc ici ! »
Ça a marché.
Elle a ri de bon cœur et a dit « Vous savez que c’est très politiquement incorrect, ce que vous avez dit ! »
Ce à quoi j’ai civilement répondu « Je le sais mais je pensais bien que ce serait compris, sinon je n’aurais jamais osé sortir un truc pareil. »
Elle a souri, s’apprêtait à dire quelque chose.
C’est là que qu’Heure-Bleue et la blogueuse sont arrivées.
Un type aussi qui a dit « qu’est-ce qui t’a fait rire, ma chérie ? »
Ce fut un moment intéressant de l’expo.
Parce que le premier étage était particulièrement emm...nuyeux.
Un vrai concours d’académisme...

Oui. Elle était rousse.
Reroussie par le coiffeur, certes, mais les yeux étaient d’origine, eux.
Clairs.
Je sais, lectrices chéries, ne dites rien, je sais...

vendredi, 25 octobre 2013

On a voulu leur jeter des fleurs.

Aujourd’hui, lectrices chéries, je vous écris une note à la manière de Mab.
Mais en plus long, vous savez bien que j’adore tartiner...
Hier matin, la journée avait bien commencé.
Oui, lectrices chéries, hier matin j’étais célibataire.
Je suis parti seul de la maison, suis allé de l’autre côté de la voie ferrée acheter le journal, suis revenu de « mon » côté de voie et allé au salon de thé boire les deux express serrés nécessaires à la lecture de Libé.
La fausse blonde qui me vend le pain a changé de couleur. Elle a tenté le roux. Ça a raté sévère. Elle a une chevelure « vieux rose ». Elle a dû tenter le truc toute seule dans sa salle de bains, je le sens comme ça.
Mais bon, elle me sourit et me tend une baguette toute fraîche, plutôt cuite et chaude.
Cette période de célibat, indispensable à mon semblant d’équilibre, a tout de même duré suffisamment longtemps pour qu’à peine revenu à la maison ce soit déjà l’heure de m’occuper du déjeuner.
L’après-midi, c’était « réassort », nous sommes donc sortis, Heure-Bleue et moi, allés jusqu’au petit supermarché du coin. Encore une traversée de la voie.
Vous vous demandez sûrement, lectrices chéries, pourquoi cette traversée de la voie semble importante pour votre serviteur.
Eh bien je vais vous le dire, contrairement à ce que pensent celles que j’entends marmonner à la lecture de mes notes « Ah ! Ben il ne manque pas d’air, le Goût ! » eh bien si, il manque d’air. Des éponges mitées par plus de trente ans de clopes nuisent à l’oxygénation.
Pour en revenir à cette traversée de la voie, il me faut vous dire qu’elle n’est possible que de deux façons :
- Aller jusqu’à l’avenue, emprunter le pont et refaire le chemin de l’autre côté de la voie pour arriver là où je veux aller.
- Emprunter la passerelle qui enjambe la voie. Deux volées de marches redoutables ! Au moins trois étages de dénivelé.
Résultat ? Votre Goût adoré, horriblement essoufflé une fois arrivé sur l’autre rive.
Je sais, c’est le matin, lectrices chéries, alors il faut que je me plaigne.
Si on compte sur Mab pour ça, on peut attendre le trentième siècle, alors je m’y colle.
Réassort, donc.
Après avoir demandé une livraison qui arrivera quasiment après l’heure du dîner, nous avons repris le chemin de la maison. Retraversée en perspective.  Nous nous sommes arrêtés chez le fleuriste. Il y avait trois personnes dans la boutique. En bons petits Français bien élevés, nous avons dit en chœur « Bonjour ! » Un silence de mort nous a répondu, seulement troublé par le faible bruit de la conversation des trois personnes présentes. Heure-Bleue a pris un bouquet. Je suis allé, de mon côté, choisir un ou deux lys, pas trop ouverts mais si possible odorants. J’ai réussi à en trouver deux. J’ai même réussi à ne pas me ficher ce pollen orange indélébile sur la chemise ou sur mon pull gris clair. Puis, les mains encombrées nous avons attendu quelques minutes, toujours bien élevés. J’ai tenté quelques « hmm... Ahemmmm ! ». Heure-Bleue a tenté quelques « S’il vous plaît ! ».
Nous nous sommes regardés. Nous avons dit « tu as vraiment envie d’acheter des fleurs à ces couillons ? »  puis « on ne va pas donner nos sous à des gens qui nous traitent comme des m... »
Alors nous avons reposé nos fleurs et somme partis pour retraverser la voie.
Nous avons papoté quelques minutes avec le tenancier du salon de thé et sommes rentrés à la maison.
Passionnant, non ?