dimanche, 03 août 2014
Ce siècle avait deux ans.
Paris remplaçait Nice
Déjà Le-gout-des-autres perçait sous Patrice…
Et la note d’Heure-Bleue me remet en mémoire
D’école maternelle cette terrible histoire.
Bon, d’accord, le siècle avait plus. C’était en octobre 1952.
Le conflit israélo-palestinien, lui, avait à peine quatre ans.
Sans le savoir et elle non plus, j’allais passer dans le camp des partisans de « l’union mixte »…
Au grand dam de ma mère si elle l’avait seulement soupçonné. Déjà une autre qu’elle, une étrangère en plus…
Je vous ai déjà parlé de cet épisode mais je me dois d’y revenir.
Une autre fois, je vous parlerai de mesdames C. et Ch. ayant été le préféré de la première, la seconde ayant eu l’idée malencontreuse de faire remarquer à ma mère que je n’étais pas tout à fait normal.
Avec cette rentrée à l’école maternelle, j’arrivais enfin en un lieu où j’avais un peu plus de place qu’à la maison.
Et surtout, oui surtout, il y avait d’autres enfants que ma grande sœur et mes deux petites sœurs.
Mes parents, ma grande sœur et mes deux petites sœurs, une très brune, une très blonde et une châtain clair avaient, comme moi, des yeux très sombres.
J’ignorais totalement que la couleur des yeux pouvait être différente du marron foncé que je voyais tous les jours, tant dehors qu’à la maison.
Oui, dans la rue où nous habitions, près de cette Porte de Clignancourt qui sera un repoussoir et dont la population restera l’exemple de ce qu’il ne faut surtout pas devenir selon mes parents, il n’y avait pratiquement que des Algériens et pas de Kabyles. Quant à des blonds, autant n’y pas songer…
Dès mon arrivée à l’école je me vis assigner par la maîtresse une place à côté d’une petite fille. Elle s’appelait Malika et je ne pouvais détacher mon regard de son visage.
C’était la première fois que je voyais des yeux autres que des yeux bruns et les siens me semblaient extraordinaires.
Ils étaient bleus !
Je les trouvais magnifiques et les regardais à la moindre occasion tant ils me semblaient beaux.
Bien plus beaux que ceux de mes sœurs ou les miens. Ils me paraissaient même plus beaux que ceux de ma mère ! C’est dire à quel point j’étais impressionné.
Ce qui me paraissait une particularité aussi rare que merveilleuse entraîna chez moi un bouleversement qui me plongea dans un abîme de perplexité. C’était la première fois que je me surprenais à aimer quelqu’un qui n’était pas de mes proches. Cette affection irrépressible pour une petite fille qui n’était pas une de mes sœurs était une bizarrerie qui n’avait pas fini de m’étonner.
Me voici donc assis à côté d’une petite fille aux cheveux aussi noirs que les miens mais longs et frisés, à la peau toute blanche et aux yeux tout bleus.
Ces yeux qui me feront me cogner dans les portes.
J’adorais grâce à elle, entrer en classe après la récréation, ce qui aura un effet bénéfique pour la suite de mes études.
Nous devions, à la fin de la récréation et dès l’appel de la maîtresse, nous mettre en rang par deux et, ô joie pour moi, donner la main à notre camarade pendant que nous rentrions.
J’étais toujours à côté de Malika pour entrer en classe et j'adorais lui tenir la main. En classe j'étais encore assis à côté d'elle à une de ces petites tables à deux places avec un petit banc solidaire de la table et je détestais lui lâcher la main. Heureusement pour moi, elle aussi.
Notre idylle ne dura hélas qu’un peu plus de deux ans. L’enseignement de l’époque, qu’il soit public ou privé, avait l’habitude d’instaurer une sévère ségrégation entre les filles et les garçons dès le CP.
Cette pratique a mis fin brutalement, j’en suis sûr, à nombre d’amourettes qui avaient pris naissance sur les bancs de l’école maternelle.
10:27 | Commentaires (8)
samedi, 02 août 2014
Ce vieux condor debout.
Hier, Heure-Bleue et moi, après moult tergiversations sur le chemin à emprunter, nous sommes rués lentement au Monop’ pour trouver le papier cadeau qui irait bien pour envelopper les cadeaux de P’tite Sœur, qui a eu un an avant-hier, de Merveille, parce qu’on ne fête pas les uns sans les autres, et de nous tous, sauf moi, pôv’ malheureux –plaignez moi, lectrices chéries- dont l’anniversaire arrive trop près de Noël et, du coup, trop loin du 31 juillet…
Après avoir emprunté le chemin le plus verdoyant pour arriver au Monop’, nous avons bu un café chez le soufi qui ne pratique pas vis-à-vis d’Heure-Bleue ce que lui recommande sa croyance.
Oui, si ce dernier me salue courtoisement, il voue à la lumière de mes jours une haine tenace.
Probablement due au fait qu’un jour pas fait comme les autres, elle l’a envoyé paître pour un motif connu d’elle seule.
Ne me demandez pas pourquoi elle y retourne. Probablement parce que sa terrasse est agréable, les consommations abordables et qu’elle se fout de l’opinion de l’iranien mastroquet à son endroit.
Mais je les connais, elle et son « regard balayant » comme dit Lakevio. Je sais que si elle a remarqué que le patron est un flemmard avéré et assez quelconque, il y a aussi ce jeune homme qui fait le service et qui lui a tapé dans l’œil.
Évidemment, un Perse, qu’elle trouve beau comme le jour et que je trouve brun comme la nuit…
Arrivés au Monop’, nous nous sommes séparés.
Si si si, lectrices chéries, on peut même faire quelques achats séparément ! Je suis allé me réapprovisionner en miel, vous savez bien, ce « miel bio » qui fait de moi « l’homme dispendieux », tandis qu’elle allait à l’étage chercher ce pour quoi nous étions venus.
Évidemment, nous n’avons pas ramené le papier cadeau mais un autre cadeau pour Merveille et du gel douche.
Ce n’est pas que ce soit passionnant mais c’est juste pour vous montrer de quelle façon Heure-Bleue et moi perdons nos boulons en route…
Un jour on va arriver chez l’épicier en morceaux disparates.
J’ai rejoint la lumière de mes jours à l’étage et nous nous sommes évidemment arrêtés au rayon librairie.
Là, j’ai eu l’attention attirée par un bouquin élégamment titré « Les nouveaux cons », oui, il me faut toujours savoir comment évolue ma maladie.
J’ai lu la quatrième de couverture, puis feuilleté. J’ai constaté qu’il n’y avait rien de nouveau mais que j’avais affaire à un expert qui connaissait la chose de l’intérieur…
J’en ai retiré l’impression tenace qu’on essayait de me vendre de la soupe.
L’impression s’est transformée en certitude quand j’ai vu qu’un certain Etienne Liebig avait écrit cet opuscule sans goût.
La prédestination, ça existe, lectrices chéries.
Que penser d’un type qui s’appelle Maggi et qui, pour ne pas se faire repérer prend Liebig comme pseudo ?
Comme disent les djeun’s « ya une c… dans le potage ! »
Je sais, c'était facile. Mais c'est les vacances, hein, après tout...
08:31 | Commentaires (5)
jeudi, 31 juillet 2014
Cette maison est une folie…
Hier après-midi, Heure-Bleue et moi parlions de la petite maison dont elle avait tiré le billet du jour.
A converser comme ça, à propos de cette maison, nous avons commencé, Heure-Bleue et moi à improviser les conditions d’un déménagement que nous engagerions. Nuitamment, bien sûr.
Pendant qu’Heure-Bleue me voyait déjà refaire le portail, réparer les carreaux et se voyait elle-même jouant dans le jardin avec les deux petites-filles, je songeais à des détails qui ont leur importance.
Aucun ne concernait des tâches aussi terre à terre que balayer, lessiver les murs, couper les herbes folles du chemin, aucun…
Non, je suis un spécialiste des constructions intellectuelles instables.
On ne peut même pas en dire qu’elles sont à mi-chemin, pile poil calées entre le syllogisme et le sophisme.
Non, elles sont ailleurs. Elle réussissent même à être déconnectées de l’irréel sans tomber dans le terre à terre.
J’abordai d’abord les problèmes de l’énergie et de la communication.
Non que j’eusse décidé de me mettre à faire de l’exercice ou à être clair dans mes explications mais plutôt me lancer dans des supputations quant à ma faculté de rouler dans la farine des administrations puissantes et dirigées par des élites dûment encervelées.
Comment faire, par exemple sous couvert de déménagement, transférer le contrat EDF à cette nouvelle adresse ?
A la réflexion, c’était simple et allait marcher à tous les coups.
L’assurance, on s’en fichait un peu.
Internet, c’était plus délicat mais il y avait sûrement un point wifi aux environs.
Tout irait pour le mieux. J’en étais sûr.
Limite, je voyais déjà Heure-Bleue en train de me tendre les rideaux afin que je les accrochasse.
Nous rêvassions comme ça, à haute voix, dans une ambiance détendue, déjà en train de nous demander dans quel restaurant nous irions dilapider les sous des impôts locaux disparus, faute d’adresse ou d’occupation légale d’un domicile.
Nous nous voyions en train d’acheter je ne sais quel équipement luxueux avec les sous que nous ne donnerions plus à un bailleur rapace.
Il était moins une que je me misse à chercher des cartons pour profiter des vacances des gens du coin pour changer en douce de pénates.
Las…
Le sérieux d’Heure-Bleue, quoique très relatif, a tué dans l’œuf notre nid d’amour futur et gratos.
Elle asséna, dans la chaleur de l’été « Oui, c’est ça, Minou ! T’as raison, ça fait neuf mois qu’on est tranquille, qu’on n’a pas déménagé. Il était temps qu’on fasse quelque chose... »
Pfff… On aura bien une autre idée…
06:45 | Commentaires (5)
mercredi, 30 juillet 2014
Les fées sans l’air…
Heure-Bleue et moi tentions d’occuper Merveille.
J’admirais les femmes de ma vie en train de négocier un jeu.
C’est un reflet dans les cheveux de Merveille qui m’a fait sauter sur l’appareil photo.
Bon, c’est une fois la photo faite que je me suis aperçu qu’elle ne montrait guère qu’une tignasse en « cafouillon ».
Reconnaissez quand même que Merveille est mal peignée.
Alors que Merveille mendiait je ne sais quoi, probablement une partie de cartes où elle pourrait tricher, une réflexion d’Heure-Bleue m’a convaincu que l’Ours avait vu juste avec son « Ça va être un souci ».
Heure-Bleue, donc, à regardé Merveille et a lâché avec, en y réfléchissant un peu, un soupir d’envie peut-être bien de regret
- Cette petite a vraiment une bouche qui attire le baiser…
- C’est vrai ça, ça va être un souci…
Surtout avec des cheveux comme ça.
Ça va tomber comme les mirabelles fin août.
Elle n’aura qu’à se baisser pour ramasser.
Oui, ma tante bourguignonne avait un verger où j’ai cueilli les meilleures mirabelles du monde, c’est pour ça que je sais que c’est fin août.
Faut pas croire, lectrices chéries, on n’apprend pas que la « psychophysiologie appliquée » en Bourgogne…
11:39 | Commentaires (10)
mardi, 29 juillet 2014
Lover dose…
Hier, je suis allé chez des enfants lâchement abandonnés par leur machine à laver.
Nous devions y aller, Heure-Bleue et moi, en début d’après-midi.
C’est pour ça que j’y suis allé seul.
Oui, il vous faut savoir, lectrices chéries, qu’il y a un net désaccord entre Heure-Bleue et les pendules sur ce qu’est le début d’après-midi.
Heure-Bleue n’est pas du tout d’accord avec ce que prétendent les pendules…
J’ai eu une auxiliaire efficace en la personne de Merveille qui tenait absolument à « m’aider ». Je lui ai confié la tâche importante de mettre les vis une par une dans un récipient, au fur et à mesure du démontage.
Il m’a fallu ensuite la surveiller comme le lait sur le feu pour éviter qu’elle ne voie sa jupe « avalée » par la poulie du tambour ou une main coincée entre la courroie et l’axe du moteur…
La mécanique avec une enfant est un véritable enfer qui vous oblige à avoir des yeux dans le dos.
Mais je suis arrivé…
Non ! J’ai failli oublier : Nous sommes, Merveille et moi, arrivés à bout de notre tâche. La machine fonctionne. Un coup de téléphone d’Heure-Bleue ayant averti Manou qu’elle partait, cette dernière est allée à sa rencontre, emmenant Merveille et P’Tite Sœur.
Un long moment de paix s’en est suivi jusqu’au retour des deux mamies et des filles.
Merveille a tenu à me lire une histoire sur la terrasse.
Là j’ai été très fier. Merveille a commencé à me lire à haute voix. Puis, deux phrases plus loin, s’est contentée de remuer les lèvres pour, à la page suivante, continuer, immobile, souriant parfois, jusqu’à la fin de l’histoire.
Quand elle m’a dit « Elle était bien hein, l’histoire ? » j’ai acquiescé.
Que voulez vous que je fasse ? J’étais heureux qu’elle entre dans le récit. Je peux enfin dire aujourd’hui « Merveille lit vraiment ».
Nous sommes rentrés et j’ai préparé le dîner –filet de cabillaud-sauce hollandaise-
En sachet la sauce. Dégueulasse la sauce. Heureusement que je l’avais préparée à part…
Si l’avant-veille, nous avions papoté jusqu’à pas d’heure, hier nous avons regardé Arte.
Si, si. Arte… Mais c’est parce que c’était un film assez drôle, « Oh my God ! »
J’ai appris incidemment que les Anglaises fortunées de l’époque victorienne avaient pris l’habitude de faire en sorte que leur médecin suppléent au manque d’entrain, d’intérêt et de technique de leurs époux.
Le film finit bien.
Comme dit Heure-Bleue, poète à ses heures, « ils vécurent heureux et n’eurent jamais besoin de vibro-masseurs… »
10:37 | Commentaires (11)

