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mercredi, 07 janvier 2015

Ce que le mari vaut.

Je viens de me faire avoir.
Pour la cent millième fois au moins depuis mon premier émoi.
On m'appelle d'une voix suppliante depuis la chambre.
On me dit « Viens Minou, je t'en prie... »
J’arrive en courant, prêt à tout.
Surtout à saisir les occasions quand elles se présentent.
Erreur d’interprétation.
Tragique erreur.
Heure-Bleue est bien au lit.
Hélas, elle grelotte.
Pas du tout dans la position de l’odalisque que j’avais supputée à entendre une voix d’une douceur inaccoutumée…
Elle a de plus usé d’une expression assez obscure, « Si tu ne veux pas l’attraper, je te conseille de te laver les mains avant de m’embrasser… »
Phrase bizarre qu’elle a close sur un soupir languissant.
Je me suis perdu en conjectures sur le sens peut-être profond de ce qui semblait être une invitation.
Le thermomètre m’a hélas renseigné et ôté toute illusion.
Elle est prise d’un sévère accès d’une fièvre que je ne lui ai pas causée.
La journée d’hier s’était déjà déroulée dans cette ambiance ambiguë, celle d’aujourd’hui prend le même chemin, montant, sablonneux, malaisé.
La lumière de mes jours s’est transformée en chauffage de mes nuits avec un thermomètre près de 40°C.
Sur le coup, ça m’arrange.
Hélas, trois fois hélas, Heure-Bleue n’a pas la grippe atone, ensommeillée ou comateuse.
Non, Heure-Bleue a la grippe théâtrale.
Comme je l’ai déjà fait remarquer à une amie, Heure-Bleue n’a pas de fièvre, elle « se consume », elle « est brûlante ».
Elle n’a pas mal, « elle souffre atrocement », elle me dit le plus sérieusement du monde, comme si je n’avais jamais eu de fièvre « Ne ris pas ! Je ne suis qu’un bloc de souffrance ! »
Elle n’a pas non plus ce qui accompagne désagréablement la grippe : La migraine.
Non, elle a « la tête au bord de l’explosion ».
Je vais vous dire à quel point c’est grave, lectrices chéries.
Heure-Bleue elle-même a reconnu « je sais que je suis chiante, hein Minou… »
C’est dire !
Et tout ça en vérifiant que ses yeux clairs et ce regard vaguement vacillant marchent toujours aussi bien sur moi.
Du coup je suis prêt à entonner « Ô dolci baci, ô languide carezze » quand elle me dit « je suis sûre que je vais mourir Minou… »

Vous savez quoi, lectrices chéries ?
J’eus aimé qu’on me prévînt  que je m’étais marié avec Maria Callas.
Cela dit, ma nuit fut excellente, j’étais collé à un calorifère et c’était bien.

mardi, 06 janvier 2015

Ô rage, ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie !

« Bon anniversaire, Minou ! »
Voilà quelle fut la troisième phrase lancée par mon ardente houri.
Oui, les deux phrases précédentes sont immuables.
«  Quelle heure est-il, Minou ? »
«  Tu veux bien me faire mon petit déjeuner, Minou chéri ? »
C’est probablement avec la demande de lavage de cheveux les deux seuls moments où « chéri » est accolé à « Minou ».
« Chéri », c’est pas son truc à la lumière de mes jours.
Ce matin donc, bien avant qu’elle ne se lève mais bien après qu’elle eut avalé ses tartines, Heure-Bleue m’a dit « Bon anniversaire, Minou ! »
Je n’avais pas spécialement prêté attention à un évènement qui se reproduit assez régulièrement depuis ma naissance.
C’est sans doute parce qu’elle est née avant moi qu’elle a cru bon d’ajouter :
- Quel effet ça te fait d’être vieux ?
A quoi j’ai cru bon de répondre :
- Je ne m’en étais pas aperçu avant que tu ne me le fasses remarquer.
Je me suis mordu la langue pour éviter de dire « Quand je pense que tu as près de deux ans de plus que moi ! ».
Il fait bien assez frais dans la maison le matin pour  que je concoure à en rafraîchir l’atmosphère…
Le prochain anniversaire sera le sien.
Il doit être oublié pour qu’elle croie avoir échappé à l’attention du temps.
Il doit être peu fêté pour qu’elle croie qu'on l'a oublié mais assez pour qu'elle sache qu’on ne l’a pas oubliée...
Si on m’avait dit un jour que ce serait si compliqué, je serais resté planqué au fin fond de l’école maternelle avec Madame Comprade qui m'a appris chaque année des récitations en douce pour la fin de l'année et m'a donné l'avant dernière année un petit livre avec « A l'enterrement d'une feuille morte »…

lundi, 05 janvier 2015

Le silence. Et dors !

Le mieux est l’ennemi du bien…
Hier, Heure-Bleue et moi regardions un numéro d’équilibristes aux infos de l’A2.
Une présentatrice qui savait se mettre en valeur.
Et qui avait des choses à mettre en valeur.
Notamment une peau…
Bref, « un beau petit lot » comme disaient les gens de ma génération en matant quelqu’un à leur goût.
Face à elle, une Nathalie Baye qui avait hélas succombé à la modif de trop.
Pour réparer des ans l’irréparable outrage cette idiote elle avait carrément opté pour le désastre…
Aux côtés de celle qui, pour éviter d’avoir l’air vieux avait prix un air de momie, un drôle de Personnaz, un gamin de trente et quelques années.
Ce dernier regardait
 la présentatrice comme un gâteau.
Discrètement espérait-il.
Raté, ça se voyait...
Il intervenait sans cesse, répondant à des question posées aux deux, histoire d'être repéré par la jolie présentatrice.
Heure-Bleue et moi avons commenté.
Heure-Bleue entama :
- Tu as vu ? Nathalie Baye est jalouse de la nana ! Et ça se voit !
- Mets toi à sa place, l’autre c’est du matos quasiment neuf ! Le problème des retapages, c’est que ça esquinte au lieu d’arranger, regarde Emmanuelle Béart, c’est pire après qu’avant…
- Et puis le type, là, il est plus dans les âges de la présentatrice que dans ceux de la momie… Mais je l’aime pas.
J'ai dit :
- Pourtant c’est un brun !
- Oui mais c’est un clair, il ne me plaît pas…
- Aaaahhh… Tu préfères le genre Lindon.
- Non, plutôt Lanvin. Mais non, lui il est beau, j’aime pas.
J’ai tiqué, un peu bête tout de même, puis j’ai insisté :
- Quand même, il est pas mal…
- Justement, il est trop beau.
- Et alors ?
- J’aime pas les mecs beaux !
- Bon…
Je voyais la lumière de mes jours s’enferrer.
Ça me rappela l’histoire des « cheveux magnifiques », « des cheveux de Chinois » devenus « cheveux de vieux Chinois » et transformés en un instant et un regard critique en « cheveux de vieux ».
Elle insista :
- Pfff… C’est pas ça, c’est que j’aime les mecs « avec une gueule ».

J’ai eu peur un moment qu’elle me jette « Attention ! Je n’ai pas dit que je t’aime ! » Alors je n’ai rien dit…

dimanche, 04 janvier 2015

En revenant de l’Expo…

Hier, j’ai abandonné Heure-Bleue pour aller voir à l’Hôtel de Ville l’exposition des photos de l’agence Magnum.
Mon ami adore aller visiter les expos et les musées avec moi.
Non que je sois un expert ni un mentor particulièrement intéressant mais, bien que ses moyens le lui permettent largement, il adore court-circuiter les files d’attente de son pas alerte.
Il aime d’autant plus que les files sont longues et si possible en train de piétiner sous la pluie.
Plus les files sont longues, plus son pas est alerte.
Il reste toutefois près de moi de peur sans doute qu’une foule haineuse se précipite pour le piétiner…
Ce qui le met particulièrement en joie ?
Entrer gratuitement et dès qu’il se présente dans des musées où tous les autres doivent faire longtemps la queue et payer cher.
En sortant, je lui ai fait faire « le tour du propriétaire », je lui ai montré tous les immeubles qu'Heure-Bleue et moi avons habités.
Il eut un moment un air un peu envieux. C’est quand je lui ai dit, devant un bel immeuble de la rue Rambuteau, quel loyer nous payions alors…
Puis nous nous sommes quittés après qu’il eût acheté une « Praluline », un truc à rendre diabétique, chez Pralus.
Pralus, c’est un chocolatier qui a remplacé une boutique Nicolas qui était en face de la librairie.
Un « Nicolas » dont la tenancière, une petite blonde maigrelette, concourait activement au renouvellement des stocks…
En rentrant à la maison, les transports ont été lents et poussifs.
J’ai donc eu le temps d’arriver au bout de « Dora Bruder », le bouquin que m’a offert la lumière de mes jours.
J’en ai retiré les mêmes sensations que chaque fois que je lis des livres ou vois des films qui traitent de ce sujet et de cette époque.
La colère, la haine et la tristesse.
Comme quand j’ai vu « Le pianiste », « Le chagrin et la pitié »  ou « Kapo »…
Ça m’a fait d’autant plus d’effet que cette fois, les pérégrinations m’ont traîné près, très très près, vraiment très près de là où j’ai vécu enfant.

porte_de_Clignancourt.jpg

Heureusement, quand je suis revenu à la maison, j’ai été accueilli par une épouse aimante et tout.
Un peu en rogne néanmoins après le fer à repasser et d’autres détails qui l’agaçaient au plus haut point.
Ça m’a fait une occupation avant de préparer le dîner.
J’ai réparé le fer à repasser. Il va falloir que je trouve un moment pour réparer un des lecteurs de DVD.
Oui, lectrices chéries, on pourrait croire que pour repasser il suffit d’un fer et d’une table.
Eh bien non ! Il faut aussi un lecteur de DVD, une série genre « Friends » et une chaîne hi-fi…
Je m’attaque à tout ça dès dans bientôt…

samedi, 03 janvier 2015

Faites sauter la banque !

Elle m’a eu ! La lumière de mes jours m’a eu !
Je viens de changer le tube de dentifrice…

Une autre m’a eu.
Ma banquière.
Plus exactement les services informatiques de la banque.
Je les avais pourtant prévenus : Toute suppression d'un bug que personne n'a remarqué et ne dérange personne entraîne immanquablement trois bugs qui emmerdent tout le monde.
Vous croyez qu'ils ont écouté un habitué des bugs ?
Que nenni, lectrices chéries, que nenni...
J’ai donc été obligé d'envoyer un poulet de bon matin à ma banquière préférée.
Poulet dont je vous donne ici la teneur, lectrices chéries.

Bonjour Madame,

je vous souhaite tout d'abord une excellente année 2015.

Néanmoins... Néanmoins, Madame...
L'examen de mon compte montre hélas que le fonctionnement de la nouvelle version du logiciel qui est censé me permettre d'en suivre l'état au jour le jour est plus fantaisiste que prévu...

Après m'avoir montré hier après-midi que les pensions versées par les organismes de retraite avaient été versées, puis permis de retirer 60.00 € d'un DAB, il a refusé un paiement Visa au mini-market de mon coin, ce qui a vidé mes poches des 60.00 € que je venais de retirer...

Les comptes, arrêtés hier au 2 janvier, sont ce matin arrêtés au 31 décembre de l'an dernier…
Je me retrouve donc ce matin, les poches vides, un rendez-vous à Paris et un solde de compte bancaire approximatif...

Nous vivons essentiellement avec des automates pour assurer les paiements, que ce soit pour les achats quotidiens, les impôts, l'énergie, le logement et les transports.
Je crains dès lors que  la bévue d'un informaticien malhabile nous laisse un jour morts de faim devant la porte d'un logement où l'énergie aura été coupée depuis un mois tandis que des mois de retraites se promènent dans les limbes de vos bases de données...

Voilà ce que je tenais, Madame, à vous signaler.

Le-Goût.

Je ne résiste jamais au plaisir d’émailler mes courriers à des monstres froids assoiffés de pognon,  de ces enluminures de la conversation qui rendent, je l’espère, un peu moins tristes ces lettres aussi chiantes qu’indispensables.