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jeudi, 23 juillet 2015

L’amour de moy sy est enclose.

Ce matin je me suis réveillé tôt mais il faisait tout même jour.
Alors j’ai regardé la lumière de mes jours endormie.
Je l’ai regardée attentivement.
Je la regarde toujours attentivement.
Je vérifie tous les jours qu’elle a juste un jour de plus.
Et chaque fois c’est la même chose : Elle a un jour de plus mais n’a pas vieilli.
Aujourd’hui c’est spécial.
Alors je l’ai regardée encore plus attentivement.
Aujourd’hui elle n’a pas un jour de plus.
J’ai vérifié car à sept heures moins le quart pile elle aura un an de plus.
Elle n’a pas changé, j’ai été rassuré.
Surtout, j’ai regardé l’heure et j’ai eu de la chance. A six heures et quarante-deux minutes j’ai reposé le smartphone.
Juste à côté de là où j’aurais dû le poser.
Alors il a glissé du livre et est tombé avec un claquement sec sur le plancher.
J’ai été particulièrement zen, là, je n’ai pas dit à haute voix « Et meeerde !!! »
J’ai entendu « Hmmm ? Minou ? Qu’est-ce que tu as fait ? »
Mais c’est tout.
Elle s’est quand même levée et, les yeux fermés, est allée à la salle de bains.
Je n’ai pas bougé et dès qu’elle s’est recouchée, j’ai attendu.
Quand sa respiration est redevenue régulière j’ai repris mon smartphone.
A sept heure quarante-quatre elle a soupiré, ça doit être le poids des ans…
A sept heure quarante-cinq, je l’ai regardée.
Elle n’a pas changé.
Elle n’a pas vieilli.
Elle a juste un an de plus.
Alors je me suis levé.
J’aime bien aussi quand elle dort, elle ne remarque pas tous mes défauts.
Elle garde les bras autour de ses épaules et les mains sur les oreilles, comme si elle craignait qu’on les lui vole.
C’est dommage car elle a de très jolies oreilles.
Bon, en même temps sa pose dévoile bien d’autres choses, et comme elle a toujours trop chaud, hein…
Alors, comme tous les jours, je la regarde.  
Quand elle dort je me sens plus à l’aise, je finis même par trouver normal de la trouver parfaite.
C’est bien aussi…
Cela dit, embarqué dans ma rêverie, je risque bien d’oublier de lui souhaiter son anniversaire et là ça gâcherait tout…
Alors j’écris en gros sur mon écran « Bon anniversaire ma Mine ! » pour me le rappeler à intervalles réguliers.
Histoire que tout à l’heure, la lumière de mes jours ne garde pas, les lèvres serrées et l’œil boudeur, un silence réprobateur en attendant des souhaits de bonheur…

mercredi, 22 juillet 2015

Après-midi d'eau dû...

Il ne manquait plus que ça.
Vous allez tomber à la renverse, lectrices chéries.
Merveille a des « secrets d’amour ». Oui ! Déjà !
« Ça va être un souci » disait l’Ours en contemplant sa progéniture.
S’il savait que ça risque d’être pire que prévu. Plus rapide aussi… Il va vouloir enchaîner Merveille à un radiateur.
Merveille est venue à la maison mardi soir et a dormi avec Heure-Bleue.
Elle a surtout mis le bord… le souk jusqu’à une heure du matin.
Heureusement, j’étais dans le canapé.
Elle a fini par demander à voix basse et à Heure-Bleue « Et toi, tu as des secrets d’amour, mamie ? »
Heure-Bleue, qui me l’a raconté hier matin, a semble-t-il gardé un silence prudent, se contentant de mentionner le passage dans son cœur d’un Christian lors de son enfance.
Ce même mardi matin, Merveille sortant d’un profond sommeil a appelé «  Papyyyy !!!! »
Je me suis évidemment précipité.
Pour voir une Merveille se couvrir pudiquement. Oui, c’est l’âge.
Puis réclamer « raconte moi une histoire et fais moi un câlin ».
Elle a insisté « un géant câlin, Papy. »
Elle m’a tendu un bouquin plein d’histoires de fées.
Que je lui ai lu.
J’ai voulu me lever mais on m’a retenu.
- Dis Papy…
- Oui Merveille ?
- Tu en as, toi ?
- Quoi donc ?
On m’a chuchoté :
-  Des « secrets d’amour »… Tu en as ? Hein Papy ?
- Vaut mieux pas, tu sais…
- A cause de Mamie ?
Je me suis défendu vicieusement :
- Et toi, Merveille ?
- Oh moi…
Puis, après un silence lourd :
- Tu sais… Il y a Julien, il est parti mais j’y pense toujours…
Tiens ? Elle pense encore au locataire de « la chaise des punis » de la maternelle…
On dirait que cette petite a du goût pour les  « pas sages »…
- Et puis ?
- Ewan s’en va peut-être à Jeanne d’Arc mais il ne passe pas en CE2…
- Et…
- Oh, j’en trouverai bien un autre… Mais…
Puis, levant les yeux au ciel, papillotant des cils et semblant recoller sans problème ses morceaux de palpitant éparpillés sur les murs de la chambre :
- Oh, puis y en a plein dans l’école, alors…
Par moment, elle m’inquiète…
Et elle m’a traîné à la piscine pour l’après-midi.
Deux kilomètres sous le cagnard à l’aller.
- C’est encore loin papy ?
- On y est allé il y a deux semaines…
- J’ai chaud papy.
- C’est l’été, Merveille…
Je l’ai rassurée.
Puis deux kilomètres sous le cagnard au retour.
- C’est encore loin papy ?
- On est repassé par là il y a deux semaines…
- J’ai chaud papy.
- C’est l’été, Merveille…
Je l’ai emmenée au café où elle a bu un jus de fruit et moi un diabolo fraise.
J’ai fini épuisé.
Nous sommes rentrés.
On y retournera.
Je vous raconterai.

mardi, 21 juillet 2015

Quand ce qui est clos éclot.

Une de mes lectrices chéries, et en plus  une que je croyais raide dingue de moi, se plaint.
Elle peste parce qu’elle a choisi « moderne » au lieu de « classique » au moment d’entrer en sixième.
Elle a pourtant eu bien de la chance, elle. On lui a demandé de choisir, à elle…
Revenons donc à son mouton.
Elle râle parce qu’elle n’a pas « fait latin en 6ème » et ne sait pas ce que signifie « ibis redibis non morieris in bello ».
Alors voilà, les Grecs, selon ce que rapportent les Romains, faisaient souvent la guerre. Et, à l’époque déjà, on avait de bonnes chances de n’en pas revenir. Comme il n’était question de se faire réformer pour y échapper, on tentait d’obtenir une info en s’en remettant aux dieux. Comme ces derniers ne nous causent pas, il faut des intermédiaires. Le bidasse grec se précipitait à Delphes et demandait à la Pythie de lui dire si ça se passerait bien ou non.
Hélas, cette Pythie de Delphes donnait des avis auxquels il manquait toujours le petit quelque chose qui les aurait rendus clairs.
D’où l’utilité du prêtre.
Ce préposé à la traduction de la pensée de la voyante était un peu vénal et surtout susceptible.
Du coup, il fallait y aller mollo. Un peu comme à la préfecture quand on veut un papier. Surtout ne pas gueuler après le guichetier.
Idem donc pour le guichetier de la Pythie.
Et si tu pars soldat, là il est urgent de faire gaffe…
Ecoutez bien Gwen et Emilia-Celina, voilà comment ça s’est passé.
Le prêtre a tendu l’oreille, écouté la voix hyper ténue de la Pythie puis s’est mis au boulot. C’est là que ça se joue.
Si le prêtre a écrit :
- « ibis redibis, non morieris in bello » avec la virgule avant le « non »
Ça, c’est le bon plan, ça donne :
- « Tu iras, tu reviendras, tu ne mourras pas à la guerre. »
En revanche, si tu l’as bousculé ou si ta tête ne lui revient pas, il écrira :
- « ibis redibis non, morieris in bello » avec la virgule après le « non » et ça c’est un mauvais plan :
- Tu iras, tu ne reviendras pas, tu mourras à la guerre. »
En réalité, cette affaire est un peu une arnaque de prélat car en latin, les mots ne sont pas séparés les uns des autres, il n’y avait que des lettres capitales, les mots étaient jointifs et on les séparait à la lecture grâce à leur désinence. Il n’y avait pas de ponctuation.
Bref, la Pythie causait mais n’écrivait ni n’agissait… Elle servait surtout à nourrir son clergé.
Peu de changement, donc…

lundi, 20 juillet 2015

C'est pour ça qu’un appeau long l'attire toujours…

De rien Mab, de rien ...
Apparemment, certaines de mes lectrices chéries pensent que c’est le résultat du referendum de 2005 qui a causé la perte de mon alliance.
Pfff… Vraiment, vous croyez ça ?
Vous croyez que le « Non » qui fut répondu par la France et la Hollande m’a poussé à poser mon alliance sur le coin de ma console ?
Pensez vous réellement qu’une chamaillerie avec Heure-Bleue pourrait me pousser à retirer mon alliance ?
Voyons, lectrices chéries…
Une d’entre vous va jusqu’à émettre l’hypothèse qu’une maîtresse m’aurait posé un ultimatum…
Allons, lectrices chéries, évidemment que j’ai une maîtresse.
Bon, il se trouve que je suis marié avec.
Et que ça ne l’amuse pas tous les jours…
Mais elle se venge régulièrement, quoique je ne sache pas toujours de quoi.
Elle me prend toujours au piège.
Pas que de ses yeux hélas.
J’ai parfois l’impression d’être maqué avec une sybille.
Je ne la comprends jamais vraiment et je suis toujours comme ceux qui allaient voir la Pythie de Delphes.
J’ai toujours droit à des demandes pas très claires, du genre « ibis redibis non morieris in bello »
Il me faudrait toujours un grand-prêtre pour mettre la virgule au bon endroit et il n’est jamais là.
Du coup je ne sais jamais si la virgule est avant ou après « non ».
Et ça change tout.
C’est ce qui fait que ça va bien se passer ou non…

dimanche, 19 juillet 2015

The bonds of love are difficult to loose…

Comme disait D.H.Lawrence en 1928.
Bon...
Il fait plus frais ce matin, l’orage de la nuit ne m’a pas réveillé.
C’est Heure-Bleue qui m’a réveillé vers deux heures du matin.
Elle a allumé sa lampe.
Comme elle voit assez peu clair, vous le savez lectrices chéries, je vous l’ai déjà dit, elle a une lampe qui pourrait éclairer tout le Jardin des Plantes.
Je me rappelle même vous avoir confié à propos de sa vue déficiente que ça m’avait bien arrangé quand je l’ai connue…
Heure-Bleue n’allait pas bien. Elle prétend que c’est la chaleur.
Comme la chaleur de la nuit avait déjà laissé place à la fraîcheur d’après orage j’ai pensé plutôt à une crise d’angoisse.
Elle prétend à l’instant qu’il faisait au moins 112°C dans la chambre.
C’est faux mais sur l’instant je n’ai rien dit.
Je me suis contenté de la rassurer de quelques paroles, du moins j’ai tenté avec quelques gentillesse.
Puis le reste de la nuit a passé calmement
Je me suis levé ce matin donc, et ai repensé à cette nuit un peu chamboulée.
Je me suis assis face à mon écran et tandis que je me demande quoi vous écrire alors qu’Heure-Bleue prend son petit déjeuner, je regarde ma main gauche tapant sur le clavier.
Et un détail me frappe.
Je n’ai plus mon alliance.
Et depuis suffisamment longtemps pour que même la trace pâle sur l’annulaire hâlé ait disparu.
Il me revient alors de façon impromptue quelque chose d’étrange.
Je n’ai plus d’alliance depuis des années.
Je l’ai perdue dans l'appartement que nous habitions dans le XXème avant d’aller habiter à Caen.
Je ne sais plus pourquoi je l’ai retirée et posée sur la table où repose mon ordinateur.
Elle est tombée de là sans que je le remarque et est vraisemblablement passée dans l'aspirateur.
Je ne l’ai jamais retrouvée.
Je me suis fait engueuler gravissime.
Et ce qui me revient, c'est quand je l'ai perdue.
C’est en mai 2005.
Quelque chose est arrivé en mai 2005.
Mais quoi ?
J’ai la mémoire qui flanche…