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dimanche, 30 août 2015

La lumière dans les yeux, les ampoules aux pieds…

Avant, j’étais aussi grand que moi.
Oui lectrices chéries. Au moins...
Après deux jours avec Tornade, j’ai rapetissé j’en suis sûr.
J’ai les jambes usées jusqu’à la malléole.
Encore deux week-ends comme ça et je vais demander l’adresse de son chausseur à Nicolas S.
Rien que pour avoir l’illusion d’avoir récupéré ma taille d’avant.
Celle d’avant l’année où on a rencontré Tornade…
Cela dit, honnêtement, ce dîner chez Gallopin…
Et même le chemin pour aller de la Gare du Nord à la rue Lamartine.
Mon dieu… Si vous saviez, lectrices chéries, cette descente de la rue Lafayette, ce passage devant le petit square du côté nord de la place Franz Liszt, face à la rue d’Hauteville.
Puis jusqu’à la rue du Faubourg Poissonnière.
Je vous ai déjà parlé du square Montholon l’année dernière ? Eh bien il est toujours là.
Nous n’y sommes pas entrés, pas le temps.
Juste celui de prendre la rue de Montholon jusqu’à la rue Lamartine, histoire de vérifier que l’épicerie orientale des frères Hératchian est toujours là.
Elle y est toujours.
Hélas fermée.
Tornade a donc dû attendre le lendemain pour son eau de fleur d’oranger.
Après, nous avons rebroussé chemin jusqu’à la rue de Rochechouart pour atteindre la rue de Trévise.
Ô surprise ! Alors que le répondeur du restaurant m’avait affirmé que ce serait fermé jusqu’au 21 août, une affichette sur la grille prétend que ce sera fermé jusqu’au 31 août.
Le seul Chinois parlant français dans ce restaurant a dû être renseigné de travers pour rédiger le message du répondeur…
C’est à ce moment que j’ai senti l’asphalte du trottoir commencer à me caresser directement le calcaneum.
Tornade devrait faire le chemin avec Imaginer, les forces en présence seraient plus équilibrées…
Ce fut néanmoins une promenade plus qu’agréable.
Comment voulez vous, lectrices chéries, que je me débarrasse la cervelle de ce coin ?
Des circonstances indépendantes de ma volonté m’y ramènent sans cesse.
Histoire sans doute de vérifier que j’ai la mémoire pas trop volatile et le palpitant toujours actif.
Toujours à la recherche d’un endroit où dîner nous avons traîné rue Richer, j’ai montré les Folies Bergère à Tornade qui ne les avait jamais vues. Nous ne nous sommes pas arrêtés : Les restaurants du coin sont soit mauvais, soit chers, soit les deux.
Souvent les deux. Je le sais bien, j’ai souvent mangé dans ce coin…
Nous avons donc obliqué par la rue du Faubourg Montmartre jusqu’à la rue Notre Dame des Victoires. Je savais qu’on y trouverait une brasserie où on dînerait plutôt bien et où le service était super correct.
Je n’ai rien dit quand même. C’est Heure-Bleue, qui travaillait dans le coin quand je l’ai connue qui a dit « Là on mange bien ! »
On s’est arrêté, le type est sorti, elle a demandé « On peut manger dehors ? »
Quand il a dit « Bien sûr madame ! » elle a dit « On s’arrête là ! D’accord ? »
Tornade et moi, on s’est dit qu’il valait mieux s’arrêter là…
Ce fut délicieux. Nous avons repris lentement notre marche jusqu’à Saint Lazare.
Sur le chemin, nous avons été un peu désolés de voir que devant l’Opéra il y avait des « musiciens » qui faisaient là des choses qui avaient fait détester la Piazza Beaubourg.

Ce fut une soirée somme toute merveilleuse, avec tout ce qu’il faut pour se sentir bien…
Bref, « C’était bien » comme dit Heure-Bleue quand c’est vraiment bien.

samedi, 29 août 2015

Les jours ou l'on appelle Erato...

Je ne sais plus pourquoi je voulais vous parler de la rue Turgot.
Il y a, depuis que je la connais, toujours eu quelque chose qui m’attirait dans cette rue.
Elle n’a pourtant rien de particulier, à part que je l’empruntais pour prendre le 85 pour rentrer chez moi.
Enfin si, elle avait quelque chose de spécial : Je l’aimais.
En fait je ressens toujours, à y passer, cette sensation de bonheur qui m’arrivait quand plusieurs éléments étaient réunis.
Il fallait d’abord que j’aie au fond d’une poche quelque argent.
Il fallait ensuite que j’aie au fond d’une autre poche des tickets de bus.
Enfin, il fallait absolument qu’il fît beau temps.
C’est sûrement pour ça que je garde un souvenir délicieux des printemps et des débuts d’automne de l’époque.
« Mais quel rapport avec la rue Turgot ? »  vous exclamez vous, lectrices chéries.
Eh bien voilà. Cette rue relie non seulement aujourd’hui à mon adolescence mais surtout l’avenue Trudaine à l’arrêt « Trudaine Condorcet » du 85.
Et il y a ce café, qui depuis des années s’appelle « Jolis Mômes » mais s’appelait… S’appelait… J’ai oublié…
Je sais seulement que l’agencement de ce bistrot qui relie la rue Turgot aux rues de Rochechouart et Condorcet  a complètement changé.
Chaque fois que je passe devant ce café, comme tout à l’heure quand on reviendra avec Tornade de la Gare du Nord, ça me fait cet effet bizarre.
Mais si, vous savez bien, cette impression qui vous serre la poitrine. 
Cette impression dont on ne sait pas trop si c’est la peine devant les choses enfuies ou la joie à en revivre le souvenir.
Voilà.
Donc il y a quelque temps, j’étais repassé par la rue Turgot.
La partie la plus belle en est le dernier tiers. Il n’a pratiquement pas changé, sauf quelques ravalements, depuis 1966.
C’est un morceau de rue calme, d’immeubles de pierre de taille avec un bureau de Poste et une école.
J’aimais descendre cette rue et boire un café à ce bistrot en regardant vers le bas de la rue de Rochechouart pour surveiller l’arrivée du 85.
Il faut aussi que je vous dise pourquoi ces jours là étaient une pure merveille : Le 85 n’était pas comme aujourd’hui un bus fermé qui permet à peine de voir dehors.
Le 85 était un bus à plateforme ! Je restais à l’arrière, accoudé à la balustrade, mon cartable entre les pieds et je me remplissais les yeux de tout ce que je voyais.
La Place du Delta, qui a changé de nom, puis la fin de la rue de Clignancourt, et tout ce chemin qui me voyait passer par la rue Custine, ce petit bout de la rue du Mont-Cenis qui m’amenait place Championnet.
Je sais, ne dites rien, lectrices chéries, d'ailleurs l'arrêt du 85 où je descendais s'appelle « Albert Kahn ». Comme la place...
Il doit bien rester quelque chose de cette atmosphère puisque dès que j’approche de cette rue, de l’avenue Trudaine ou de la rue du Faubourg Poissonnière, une vague de bien-être m’enveloppe.
J’en viens même à être content de sentir l’essence !
C’est là que je me rends compte qu’il est plus facile de retirer une cinquantaine d’années d’un cerveau que d’un genou.
Comme dit Heure-Bleue « C’était bien »…

vendredi, 28 août 2015

Comme disait Miss Tic "Tes faims de moi sont difficiles"

« Miss Tic » est une poétesse, aujourd’hui vendue à la publicité pour la location de camionnette, que j’ai lue il y a plus de trente ans.
Elle écrivait au pochoir sur les murs de mon quartier du IIIème ces courtes sentences qui m’enchantaient quand je partais au boulot.
Ce que j’ai lu chez une de mes lectrices chéries hier m’a convaincu que « la faim justifie les moyens »…
La lecture de la note de Liv-Fourmi m’a conduit chez Femme-Normale.
J’ai lu Femme-Normale et en ai déduit que l’amour est, selon la formule consacrée par Roméo et Juliette qui y ont laissé la vie, « un truc à emmerdes ».
Elle me conforte dans l’idée que si l’amour a toujours plus ou moins quelque rapport avec le sexe, il n’en a pas toujours un avec le genre.
La lecture de la dernière note de Femme-Normale m’a rappelé une saynète advenue il y a trois semaines environ.
C’était au Franprix près de chez moi, enfin, dans la rue un peu plus loin.
J’y étais descendu en fin d’après-midi, poussé par la faim, la vacuité du réfrigérateur et la flemme d’Heure-Bleue qui refusait de descendre.
Il faisait un de ces temps d’août très doux. Vous voyez le genre, lectrices chéries, de ces temps agréables qui poussent à la langueur en fin d’après-midi.
J’attendais à la caisse, portant les éléments du frichti que je préparerais dès arrivé à la maison.
La queue était principalement constituée de « p’tits vieux », qui avec un paquet de deux tranches de jambon, les dames, qui avec une bouteille de rosé, les messieurs.
La caissière semblait dormir tant ses gestes étaient ceux d’un robot.
Quand on est à cette caisse, les légumes sont sur votre gauche, tout près de l’entrée.
Le silence était profond comme la fosse des Mariannes, troublé seulement par le cliquetis des touches et le glissement du tapis.
Bref, il régnait une certaine torpeur dans ce magasin.
C’est à ce moment que deux jeunes femmes sont entrées, se tenant par la main.
Une sorte de hoquet a secoué la moitié des gens de la queue.
Elle se sont arrêtées devant le rayon des légumes frais.
Que je vous dise, la fraîcheur des légumes dans ce magasin a toujours été des plus relatives.
Je n’ai du coup aucune idée de ce qui a pu les inspirer car il n’y avait rien d’attirant dans ces légumes.
Mais elles furent prises soudain d’un élan qui les poussa à se rouler un patin d’enfer face à des tomates quasiment liquides et des pommes de terre aussi molles que la croissance.
Ça m’a fait sourire.
D’abord parce que c’était de jolies femmes et que j’aime voir les femmes heureuses.
Beaucoup aussi parce que les clients, selon leur avis sur la question, avaient pour certains l’air scandalisé tandis que d’autres semblaient intéressés et d’autres encore l’air surpris et même curieux.
On dirait bien que nous restons jusqu’à la mort intéressés par les élans du cœur chez les autres.
Enfin je dis « du cœur »…

jeudi, 27 août 2015

Les tristes trop piquent...

« Tu n'as pas l'habitude de parler sérieusement de sujets graves »
Me dit Gwen, une de mes lectrices chéries.
Cette lectrice chérie encore plus adorable que mes autres lectrices chéries.
Mais si, voyons, c’est elle me trouvait très beau il y a quelques notes.
Mais bon, elle ne m’a pas vu récemment…
Cela dit, j’ai quand même quelques nouvelles.
Elles furent bonnes. Trop brèves et insuffisantes pour quelles me rassérénassent totalement mais assez bonnes pour me faire craindre des problèmes à venir.
L’opération semble avoir été un succès.
Ma petite sœur n’est pas morte.
C’est bien aussi.
Evidemment ça vous prive d’une note déchirante, une de ces notes qui vous aurait laissées pantelantes d’émotion, au bord des larmes, tout ça.
Non, en y réfléchissant un peu, plutôt noyées dans vos larmes.
Mais bon… On ne peut pas toujours lire ce qu’on veut, hein…
Le plus risqué tout de même est à venir.
Vous ne connaissez pas ma petite sœur.
La seule personne devant qui elle se soit retrouvée sans défense est ma mère.
Du coup, les autres proches essuyaient le grain.
Et je peux vous assurer que ma petite sœur, du moins quand elle était enfant, était un mélange explosif et passablement instable.
Genre nitroglycérine, vous voyez.
Parmi tous les souvenirs d’elle, m’en revient un ce matin qui vous donnera une idée de ce que pouvait être ma petite sœur une fois à l’abri de ma mère.
Vous vous souvenez sans doute que ma mère avait quelques hantises qui guidaient ses réactions, comme le phare guide le navire en perdition sur une mer démontée.
La première était d’éviter que ne transparût chez nous quelque chose des « gens de la Porte de Clignancourt ».
La seconde était qu’on pût soupçonner chez les fruits de ses entrailles une quelconque ascendance arabe. Ce fut une réussite pour tous. Sauf pour moi…
Sa pire crainte était qu’une de ses filles s’amourachasse d’un rebeu.
Elle fut rassurée sur ce point un soir que ma sœur cadette revenait de l’école avec sœur benjamine.
J’étais là, revenu du lycée, quand on frappa à la porte. J’allai ouvrir, suivi de ma mère.
Un jeune garçon, un Arabe justement, était sur le seuil, en larmes.
Mais surtout en ruines. Griffé, échevelé, déchiré de partout.
Malgré son aversion pour la gent outre-méditerranéenne, ma mère lui demanda « mais qu’est-ce qui t’est arrivé mon garçon ? »
- C’est votre fille, madame. La blonde…
- Comment ça ?
Gronda ma mère.
- Je me disputais avec celle qui a les cheveux longs mais la blonde est arrivée et elle m’a battu !
Ma mère a soupiré. Ma petite sœur est arrivée avec la cadette, celle aux cheveux noirs et longs.
Ma mère a demandé des explications.
Elles furent brèves : « Y a que moi qu’a le droit de battre ma sœur ! » répondit sœur benjamine.

mardi, 25 août 2015

Le peint dure…

En attendant que ma petite sœur parte pour son étripage, je regarde un peu ce qui se passe autour de moi dans le lieu où nous vivons, histoire de passer le temps.
La lumière de mes jours vous a déjà parlé de la bande d’intellectuels qui repeint nos escaliers en commençant par le bas.
Tant que les escaliers sont condamnés, elle prend l’ascenseur avec moi et j’ai enfin l’impression de servir à quelque chose.
Mon Heure-Bleue préférée, phobique mais n’ayant pas le choix, dès la porte de la cabine fermée me tient par le cou, y enfouit son visage et se serre très fort contre moi.
Comme ça fait longtemps qu’elle ne se livre plus à ce genre de démonstration, je suis ravi.
Je ne vais pas jusqu’à croire à une nouvelle flambée de passion à mon endroit mais au moins ça me fait rêver le temps que l’ascenseur nous amène au deuxième étage…
Hier matin, comme tous les jours, je suis descendu acheter quelque chose.
Ô surprise ! La porte de l’escalier, condamnée depuis huit jours ouvrables pleins, était ouverte.
J’ai donc décidé de faire comme d’habitude, descendre par les escaliers au lieu de prendre l’ascenseur.
Curieux tout de même, j’ai gravi quelques unes des premières marches menant au troisième étage.
Las… Les étages supérieurs n’ont pas eu l’heur du coup de pinceau rafraîchissant et surtout décrassant.
Pris d’un doute et me souvenant du nombre de jours que nos glandeurs ont consacrés à peindre l’escalier, j’ai eu la curiosité de compter les marches.
Arrivé au rez-de-chaussée, j’ai constaté que la porte menant au parking était toujours condamnée. Je l’ai ouverte. La volée de marches sent toujours la peinture fraîche.
D’un naturel indulgent, je suis parti du principe que l’escalier menant au parking était terminé.
Il y a cinquante-sept marches entre notre étage, le dernier peint, et le sol du parking.
Les « peintres » sont arrivés il y a onze jours et se sont tapé huit jours de marches.
Censément accrochés à leurs pinceaux sept heures par jour.
Ils auront donc passé cent-douze heures à eux deux dans les escaliers de chez moi.
Je suis arrivé à la conclusion désolante que la brillante moyenne d’une demi-marche à l’heure aura été atteinte par nos deux charlots.
Ouaip ! Lectrices chéries ! Deux heures par marche !
Ça m’a rappelé Astérix en Corse où un légionnaire chargé de balayer la cour de la caserne époussetait une demi-dalle, se reposait et déjeunait avant d’entamer le balayage de sa deuxième demi-dalle .

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En fait, je me demande si, à peindre l’escalier de bas en haut, nunuches qu’ils sont, ils n’attendent pas que la marche sèche avant de passer à la suivante.