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vendredi, 10 juillet 2015

Mission impossible.

Hier, comme prévu, je suis parti tout seul et portant sur le front une mâle assurance.
Point d’obscure clarté qui tombe des étoiles, non.
Un soleil éclatant faisait ressembler le ciel à une feuille de tôle chauffée à blanc.
Du coup, j’ai pris le bus pour aller chercher Merveille.
J’ai été accueilli par une Merveille, déjà prête, et une P’tite Sœur sautillant autour de moi.
Manou m’a passé un chouette sac, histoire d’éviter à Merveille la honte d’un papy portant son maillot et sa serviette dans un sac Monop’.
Je suppose que vous ne serez pas surprises, lectrices chéries, d’apprendre que je n’ai pas de sac de sport…
D’ailleurs, en ai-je besoin pour un maillot et une serviette ?
Merveille et moi sommes partis joyeux pour une course lointaine.
Et sommes revenus…
Après deux bons kilomètres de marche sous un cagnard d’enfer, nous nous sommes trouvés bien bêtes face à une grille, fermée bien sûr, et nantie d’une pancarte « Fermé pour cause de manque de personnel ».
Merveille a soupiré de dépit et a demandé :
- Je peux venir chez toi, papy ? 
Avec tout l’arsenal habituel, genre air de chaton perdu, yeux qui papillotent et main qui prend la mienne.
Alors j’ai appelé son père qui a dit « ben oui, mais elle doit rentrer vers six heures, elle doit voir des copines. »
Nous avons refait deux bons kilomètres par un autre chemin avant d’atteindre l’arrêt du bus.
Je suis bien incapable de vous dire ce que Merveille m’a raconté si ce n’est qu’il s’agissait de vacances. Tout ce que je sais c’est que je n’ai pas réussi à placer un mot.
Elle n’a pas cessé de parler pendant ces quatre kilomètres de marche…
Oui, lectrices chéries, nous sommes une famille de bavards. Seul l’Ours est peu prolixe.
Elle s’est tue pendant le trajet en bus, la tête appuyée contre la vitre, rêvassant en regardant dehors. Je me suis fait la réflexion qu’elle était vraiment très mignonne et que l’Ours n’avait pas tort quand il disait « ça va être un souci »…
Arrivés, nous avons fait un « Boggle », elle commence à se débrouiller très bien et enrichit rapidement son vocabulaire.
Après que j’eus lavé les cheveux d’Heure-Bleue, nous sommes partis de nouveau à Paris chercher quelque chose pour l’anniversaire de P’Tite Sœur.
Comme toujours, prendre les transports avec Heure-Bleue est une catastrophe.
À l’aller, le train avait un quart d’heure de retard.
Au retour, alors que nous avions déjà traîné en papotant, on nous a jetés du train à Saint Lazare car une avarie paralysait le trafic sur notre ligne.
Nous avons pris le train pour une autre gare…
Le « retour à six heures » s’est ainsi transformé en « arrivée à sept heures et quart ».
Merveille était heureuse, dansante et à la bourre.
J’étais content aussi, pas tant parce que P’tite Sœur a crié « papiiii !!! » la porte à peine ouverte, que parce qu’elle a repris avec entrain le jeu –car c’est un jeu, je le sais- de snober Heure-Bleue.
J’aime bien la voir tourner la tête de l’autre côté quand la lumière de mes jours appelle « P’tite Sœur !!! »
Puis dire « au revoiiiiirrrr ! » en agitant la main quand Heure-Bleue s’en va.
J’entends d’ici Heure-Bleue penser « Ah la s… !!! »

jeudi, 09 juillet 2015

Porte maillot, ça c'est parisien…

Ça faisait longtemps, une bonne semaine, que nous n’étions pas allé à Paris.
Ce fut parfait. Paris n’avait pas eu le temps de changer.
Nous y sommes allés pour deux raisons précises : Acheter du café chez Clooney & Dujardin et un maillot de bain chez C&A.
L’achat du café fut vite expédié. Celui du maillot de bain, indispensable, fut laborieux.
J’ai été effrayé par ceux que j’ai vus.
Je n’ai pas encore un corps de bouddha mais je n’ai plus hélas ce corps qui m’aurait fait confondre avec Endymion il y a quelques heures, années, siècles, bon d’accord, décennies.
Vous imaginez bien, lectrices chéries, que je n’allais pas m’envelopper dans un de ces maillots de bain qui tiennent du bermuda et dont les coloris m’auraient fait passer pour un ara géant. Une fois trempés, ces trucs vous lestent de douze kilos propres à vous entraîner au fond du grand bain sans espoir de retour. Même Archimède aurait été impuissant.
Indécis quant à ce qui était permis, Heure-Bleue a appelé l’Ours pour avoir quelques précisions.
Nous avons appris que le règlement des piscines d’aujourd’hui, qui interdisent toute fantaisie, ne permettent pour les mâles que les maillots de bain genre « slip de bain soviétique années 50 modifié Allemagne de l’Est 1960 », ceux que l’Ours appelle délicatement « moule-b… » et qui sont autrement impudiques que le boxer short.
Je me suis donc, pour devenir propriétaire d’un maillot aux normes, acquitté de la somme délirante de 4,50 € grâce à la remise phénoménale accordée en période de soldes.
Je peux donc, dès cet après-midi emmener Merveille à la piscine.
Puis, comme chaque fois, nous avons erré dans les rues de la frontière entre le VIIIème et le  IXème et avons fini chez Illy près de l’Opéra pour y boire un café.
Là, Heure-Bleue m’a dit, après avoir vu une vitrine :
- Au fait, il va falloir qu’on aille au Marché Saint-Pierre.
- Ah, c’est chouette. Pourquoi faire ?
- Des enveloppes de coussin à faire.
Puis, après un silence, elle a ajouté :
- Tu devrais être content d’aller traîner là-bas…
Je n’ai même pas soupiré.
Nous avons papoté un moment en buvant nos cafés et Heure-Bleue a conclu, après divers échanges sur ce que les uns et les autres étaient devenus :
- Finalement, nous avons vieilli mais nous n’avons pas changé.
Là, j’ai soupiré :
- C’est sûr, on aurait nettement préféré l’inverse…
Nous nous sommes levés et, après un tour à la feunaque dont nous sommes sortis avec deux livres de poche, nous sommes revenus à la maison.
Je ne sais pas comment ça se fait, il était encore tard.
J’ai fait une salade de harengs pommes à l’huile, comme celle que nous avions mangée chez une autre blogueuse.
Le dentifrice est remarquablement inefficace contre l’oignon frais au hareng…

mercredi, 08 juillet 2015

L'enfant à la voix dort...

Hier c’était dentiste.
Dentiste ça veut dire Merveille et P’tite Sœur.
Heure-Bleue préfère maintenant dealer seule avec le dentiste alors je vais chez les enfants attendre qu’elle nous rejoigne.
Ça tombait bien, P’Tite Sœur dormait du sommeil du juste, assommée par la chaleur.
Ça m'a reposé...
Regardez la :

Ptite Soeur.JPG

Elle est pas belle, cette petite ?
Quand elle est comme ça on en aurait douze…
J’ai eu la chance d’échapper à son réveil…
Merveille, elle, était étonnamment d’une humeur charmante qui m’a traîné dans sa chambre me montrer un de ses derniers secrets.
Elle a maintenant un journal intime. Il a failli rester vraiment intime pour des années, elle n’arrivait plus à en trouver la clef…
Elle a commencé à me le lire. Un moment je n’ai pas compris ce qu’elle disait, je lui ai dit :
- Fais voir ça, Beauté.
- Mais non voyons, papy, c’est secret !
- Mais tu es en train de me le lire à haute voix !
Elle m'a jeté un regard désenchanté, un peu triste.
- Je suis bête, hein…
- Oh que non ! Merveille, loin de là…
Du coup j’ai gagné un bisou et elle m’a proposé de jouer aux billes.
J’ai gagné haut la main ! J’ai ramassé tous les « calots » !
C'est le seul truc positif, à part l'art d’ergoter, que j’ai ramené de chez les Frères.
Si vous avez oublié, lectrices chéries, je vous dirai ce qu’est un « calot ».
Puis Heure-Bleue a téléphoné alors Merveille et moi sommes allés la chercher.
La lumière de mes jours a été vivement invitée à une partie de billes et j’ai profité d’un moment de paix pour papoter avec mon fils et boire un express serré.
Nous avons été sorti de la torpeur caniculaire par le désespoir de Merveille.
Elle a vraiment la communication théâtrale, cette petite.
Heure-Bleue a envoyé paître Merveille et a rendu son tablier en me priant d’aller m’occuper de ma petite-fille.
- Ouuiinn ! Mamy dit que j’ai triché.
Ça ne m’a pas étonné, Merveille triche, elle veut même m’apprendre…
J’ai pesté après sa mauvaise foi.
Elle a repris de plus belle.
- Ouuuiiiinnn !!!! Personne ne m’aime !
- Mais non, Merveille, tu ne peux pas dire ça…
Soupir…
- C’est vrai ?
- Bien sûr, il y a encore plein de gens qui ne te connaissent pas encore !
- Ouuiiiinnn !!!!
Quand je vous dis que cette petite comprend vite.Il m’a fallu la consoler.
Je suis bon pour la piscine jeudi prochain…

lundi, 06 juillet 2015

Le sujet, le verbe et le compliment…

Une commentatrice a fait, sur une  de mes récentes notes une remarque qui m’a soufflé.
Du coup je suis tombé immédiatement raide dingue de Gwen.
Je ne la connais pas mais je suis sûr qu’elle est parfaite.
En plus elle a tout de suite remarqué ce qui me différencie du commun des mortels.
Ce qui va me permettre désormais de faire des dégâts dans les rangs de la moitié de l’humanité.
A moi le monde !
Prudent tout de même, et aussi étonné que si on m’avait dit que j’avais deux yeux, et bleus en plus, j’ai fait part à Heure-Bleue de la remarque de cette lectrice chérie.
Erreur tragique.
J’ai dit à Heure-Bleue  :
- Tu te rends compte ma Mine ? Je ne peux pas le croire !
- Quoi donc ?
Je lui ai lu le commentaire de Gwen.
Il n’a pas fallu trois secondes pour que je regrette d’avoir consacré l’essentiel de ma vie à la lumière de mes jours.
- Bon, Minou, heureusement que tu n’étais pas au courant…
- Pourquoi donc ?
- Tu es déjà convaincu de ton intelligence…
- Hmmm ? Quoi ????
- Si en plus tu avais pensé que tu étais beau, tu aurais été carrément imbuvable…

La vache ! On ne peut vraiment se fier à personne.
Mais pourquoi diable les coups de poignard les plus mortels viennent-ils de ceux qui nous sont les plus proches ?
J’avais de quoi paraphraser César, sur ce dernier coup de stylet en plein milieu de l’amour propre cœur …
Je me serais bien vu, m’affaissant lentement sur le parquet, une main fine et blanche tentant vainement de se retenir à la table pour freiner une chute hélas inéluctable,  mon T-shirt remplacé par une toge immaculée, une tache de sang s’élargissant sur ma vaste poitrine et soufflant, dans un rale d’agonie « tu quoque, uxoris… Aaaarrgghhh… ».
Ça, ça aurait eu de la gueule !
Quand même, lectrices chéries, vous ne trouvez pas dommage que les illusions de la lumière de vos jours s’envolent avec les années ?

dimanche, 05 juillet 2015

La gent secrète...

Il faisait encore chaud hier soir.
Exceptionnellement je ne me suis pas couvert quand je me suis couché, Télérama à la main.
J’aurais dû avoir mon bouquin à la main mais Heure-Bleue m’avait enjoint de lire un article qui lui avait plu.
Je sais pourquoi il lui avait plu.
Il était écrit par une journaliste qui se piquait d’être essayiste mais surtout écrivait entièrement en « parler fille ».
J’ai d’abord remarqué que le premier paragraphe était un cafouillon total.
On aurait dit la coiffure d’Heure-Bleue.
Puis, en lisant plus attentivement, j’ai compris que la journaliste et les deux psys qu’elle citait découvraient, avec le retard des gens dont la vie sociale est agitée, que rester peinard chez soi était agréable.
Mieux même, que ne rien faire, voire s’ennuyer un peu était bénéfique.
Du haut de leur longue expérience, les deux psys se rendaient compte que l’ennui leur permettait de « ranger leur cervelle », de la même façon que les enfants ordonnent leur pensées en s’ennuyant.

J’ai dit à la lumière de mes jours :
- Ouaip, elles ont découvert que ne rien faire, c’est bien aussi. Savent pas s’arrêter pour rêvasser. Savent que courir.
- C’est vrai. Même si on s’ennuie parfois…
- En fait, c’est bien de glander…
C’est là que la lumière de mes jours a eu cette remarque délicieuse :
- Je peux te dire quelque chose, Minou ?
- Bien sûr, ma Mine.
- Tu sais quoi ? La glande, c’est mieux à deux…
Je l’ai regardée attentivement.
Elle a réfléchi une minute, a haussé les épaules.
- Pfff…
Puis nous avons eu un fou-rire et, quand ça s’est calmé elle m’a dit :
- J’ai toujours été comme ça ?
- Hon hon…
- Tu crois que c’est pour ça que des fois on m’a regardée bizarrement quand j’étais jeune ?
- Probable...
- Ils se demandaient « si c’était du lard ou du cochon » ?
- Oh… Ils espéraient que c’était du cochon et concluaient sans doute que tu étais innocente…
Là, elle n’a rien répondu.
Je n’ai pas insisté, j’ai pris mon livre.
Il y a des moments comme ça où, hein…