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mercredi, 12 septembre 2018

Des airs supérieurs et autres zones à rides…

De rien... Hélas...
En revenant il y a peu du Monop’ de la rue de Lévis, Heure-Bleue et moi papotions.
Comme toujours.
Depuis toujours.
Du moins depuis très longtemps.
Nous parlions de cette femme, une actrice croisée devant le théâtre Hébertot. Heure-Bleue m’avait demandé :
- Tu l’as reconnue ?
- Non, je sais que c’est une actrice mais je ne sais pas qui ?
- Je crois que c’est celle qui faisait la pub du PQ il y a longtemps.
- Ah ? Celle là ?
- Oui ! Tu as vu ?
- Évidemment, je ne pouvais pas rater ça…
La femme en question était terriblement esquintée à coups de scalpel.
L’outil censé « réparer des ans l’irréparable outrage » en avait aggravé l’outrage.
En plus elle avait, comme dit Heure-Bleue, « le cul triste ».
Et pour cause, il était passé dans ses joues.
Quant à la bouche…
Bon, je n’ai pu que penser que « coller des lèvres de mérou à une femme lui donne immanquablement l’air d’une morue… »
C’est pas bien, je sais.
Je me suis mordu la langue et ai attendu qu’elle soit hors de portée pour le dire à la lumière de mes jours.
Une fois de plus nous nous sommes dit que la chirurgie censément esthétique portait souvent mal son nom.
Ces retouches rataient systématiquement leur but qui est quand même de donner l’air jeune à quelqu’un qui ne l’est plus.
On devrait pourtant tous savoir que le plus sûr pour avoir l’air d’avoir vingt ans, c’est quand même d’avoir vingt ans…
Qu’on essaie de rajeunir avec des crèmes dont le composant essentiel est l’eau distillée, ça ne marche pas mais au moins c’est sans risque.
On ne peut pas en dire autant du scalpel…
À voir cette optimiste du miroir je me suis rappelé un couple vu en faisant les courses il y a quelque temps, peu avant d’arriver rue Poncelet pour les quelques courses du dîner.
Heure-Bleue ne l’avait pas sur le coup remarqué.
Elle, avait l’âge d’être sa fille.
Lui, celui d’être son père.
Heure-Bleue a même cru qu’il l’était.
Jusqu’à ce que je remarque leurs doigts enlacés.
J’ai pensé, en regardant la fille et en mauvais esprit que je suis, que l’expression « prendre un coup de vieux » prenait là tout son sens…
Il était bien conservé, mais, comme disait ma mère, jamais à court d’une vacherie envers les autres femmes, « bien conservée peut-être… Mais on a beau dire, la conserve, ça ne vaut pas le frais ! »
Souvent ça dégénérait parce que mon père, au lieu de se taire, ne pouvait s’empêcher de lui dire en prenant l’air innocent « Ah ça, ma poule ! À qui le dis-tu… »
Aussi quand elle a un problème avec son PC et que la lumière de mes jours me dit « Minou ! Ma souris ne veut pas faire ce que je veux ! », plutôt que répondre « Qu’est-ce je devrais dire ! » je change la pile…

lundi, 10 septembre 2018

Les trois sœurs.

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Mariée depuis pfff… Et pour l’instant ça me va…
Adossée à ma petite sœur dans le pré derrière la maison je suis bien.
Et lui, que fait-il ?
Je n’en sais rien…
Probablement en train de lire devant la cheminée éteinte.
C’est là qu’il y a la « bergère » où nous nous asseyons pour lire ou papoter.
Quand je pense qu’il y a quelques années à peine, nous serions certainement nous aussi dans ce pré.
Sans mes sœurs évidemment.
À coup sûr, pas en train de somnoler…
C’est d’ailleurs comme ça qu’on s’est retrouvé avec des enfants.
Ah ça ! Ils ont été faits avec amour et on y a mis du cœur.
Je souris en pensant « pas que le cœur… »
« Ce n’est pas tous les jours fête et lendemain dimanche » mais avec lui, je suis « bien ». Ce n’est déjà pas si courant d’après ce que je tire des conversations avec d’autres.
Ma petite sœur ne dort pas, je le sais, elle fait semblant même si son dos se soulève à un rythme régulier.
De toute façon la cadette n’aurait pas supporté de me sentir sur elle.
Elle aurait gigoté comme elle le fait toujours depuis qu’elle est née.
Elle a un air béat et je me demande pourquoi même si j’ai bien une idée…
Pfff… Il y a quelques jours elle pleurait sur mon épaule en disant des bêtises comme « Je suis vieille maintenant ! Il m’a plaquée ce salaud ! Je serai seule pour le restant de mes jours ! Bouhouhou… »
Seule pour le restant de ses jours… À vingt-et-un ans ! Non mais quelle idiote !

***

Je suis bien, là, avec ma grande sœur qui se repose sur moi…
Je rêve. Non, je « rêvasse », les yeux clos pour que mes sœurs ne sachent pas ce que je vis.
D’abord comment sauraient-elles ?
Personne n’a jamais connu ça, j’en suis sûre.  C’est… Comment dire ? En fait je ne sais pas. C’est juste que je ne donnerais ma place pour rien au monde.
Dire que je ne pensais même pas que des âneries comme « Romeo et Juliette » pussent avoir un destin autre que sujet de disserte.
L’année dernière le sujet de philo était « Doit-on louer quelqu’un de sa prudence ? »
Je m’en étais super bien tirée, normal avec mon habitude de « bachoter » depuis la 6ème..
Et aussi un caractère entièrement forgé à coups de « Il faut que tu sois indépendante ma fille ! Et pour ça, faut travailler ! »
Et elle clôt invariablement par « Tss…tss… Ma fille ! Méfie toi, je sais bien ce qu’ils cherchent ! »
J’avais gardé pour moi « Quelqu’un a bien trouvé puisque je suis là… »
Mais aujourd’hui c’est autre chose, rien à voir avec les autres, je suis sûre que personne n’a jamais connu ça.
Alors je garde les yeux fermés pour qu’aucune de ces « pies borgnes » ne se doute et se moque de moi.
Je suis bien, là. Même si je serais mieux ailleurs et avec… En plus j’ai faim…

 ***

Pfiouuu !!! Mon dieu ! Et dire que je croyais que plus personne ne me regarderait jamais !
Ça a été si soudain que j’en reste étourdie.
En plus si je souris rien qu’en y pensant, ma grande sœur va me démasquer.
Si, si, si  ! « On » m’a regardée et on dirait que j’ai quinze ans…
Enfin, quand je dis « regardée »…
Je ne devrais pas penser comme ça, on dirait un mec, un de ceux qui ne pense qu’à ça.
Bon, maintenant je dois dire que j’y pense aussi mais c’est sa faute aussi.
De toute façon, il fallait bien tenter le coup, il l’a tenté, ça a marché.
Ça a même drôlement marché.
Je ne savais même pas que ça pouvait marcher aussi bien.
Finalement j’ai eu de la chance parce que pour ce que j’en sais, les hommes marchent plus vite et à moindre frais…
Quand je pense que j’aurais pu rester avec l’autre, à passer mes soirées à regarder la télé…
Là, on n’a même pas besoin de télé.
Si je n’oublie pas ma pilule ça va faire de sacrées économies : Plus de sorties, plus de restaurants, plus de ciné.
Juste le lit…
Enfin, si cette histoire de « vivre d’amour et d’eau fraîche » voulait bien marcher un peu…
J’aurais bien aimé être une Thyade en fait…

samedi, 08 septembre 2018

Le petit pas laid.

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« Les Impressionnistes à Londres »
Nous sommes allés les voir au Petit Palais.
À part l’accès de panique d’Heure-Bleue dans l’ascenseur du musée, rétif au point de ne démarrer que par à-coups, c’était bien.
Comme chaque fois qu’on va voir une expo, Heure-Bleue,  forte de l’enseignement de l’Histoire de l’Art sorbonnard m’a ébloui et donné un cours.
Cela dit, si j’ai apprécié les emprunts de certains au préraphaélisme et ce glissement imperceptible et continu de l’impressionnisme qui mena au fauvisme, j’ai moins aimé la structure de l’exposition.
C’est une mode qu’on retrouve quasiment dans toutes les expositions depuis quelque temps.
Je n’aime pas ces sortes de labyrinthes de salles trop petites où règne une température trop élevée et, à cause de l’entassement engendré, une odeur trop forte.
Bref, l’impression de voir des toiles accrochées dans un intestin.
Dit autrement, je n’aime pas respirer de l’air déjà pété six fois…
J’ai été déçu de voir des toiles de Claude Monet, un des peintres que je révère pour sa façon de peindre la lumière, dans un environnement qui ne leur rend pas grâce.
En revanche j’ai été plutôt heureux de sortir de l’exposition pour offrir un café à la lumière de mes jours dans le patio du Petit Palais.
Ce fut un agréable moment.
Heure-Bleue m’a demandé si j’avais vu « cette ravissante Ophélie ».
Me demander ça, à moi… Pfff…
Évidemment, comment aurais-je pu ne pas voir cette jeune fille aux longs cheveux d’un blond-roux et ondulés, habillant une peau qu’on a envie de caresser pour s’assurer qu’elle est aussi douce qu’elle semble l’être.
Comme toujours, hormis la galerie pleine de peintres « pompiers » où quelques œuvres d’Ingres me font dire qu’il aurait dû se cantonner au violon, j’ai aimé le mur réservé à Courbet.
C’est probablement le peintre qui à mes yeux a « vu » la chair au point de la rendre vivante sur une toile.
Mieux encore que les Préraphaélites dont les modèles me firent pourtant rêvasser à la « Tate Gallery » il y a quelques années quand nous sommes allés passer un moment chez Tornade.

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Tout ce laïus pour vous dire que finalement, j’ai passé une journée délicieuse et que je préfère les collections permanentes du Petit-Palais.
Ah si ! Nous avons apprécié la leçon de savoir-vivre administrée à un « gamin téléphoneur » par le chauffeur du bus.

vendredi, 07 septembre 2018

Doux bail...

Heure-Bleue et moi, c’est tout l’intérêt de la chose, ne remarquons pas les mêmes choses et n’avons pas le même regard sur les évènements.
Ce matin par exemple, j’ai lu sa note.
Nous sommes allés hier acheter une souris pour remplacer la sienne qui a rendu l’âme puis, nous avons continué notre chemin vers son quartier d’enfance.
Ce qui lui en revient est plus « géographique » que familial.
Je sais qu’elle ne s’est pas amusée tous les jours, sinon elle n’aurait pas claqué la porte à dix-huit ans et travaillé pour continuer ses études.
Elle est restée « mon inconnue » jusqu’aujourd’hui.
Bon, le fait qu’elle « parle fille » n’aide pas à la connaître.
Depuis mon enfance on m’a tanné pour que je fasse des phrases entières, avec sujet, verbe, compléments –directs ou indirects- et même avec plusieurs propositions mais surtout avec une chute.
Elle, « mon inconnue », semble n’avoir retiré de son enfance que des lieux.
Elle-même dit d’ailleurs « ma mémoire est faite d’images, de lumières et de lieux » et elle ajoute, histoire de montrer que nous n’avons pas la même « la tienne est celle de sons ou d’odeurs, de touchers et de sensations ».
J’en retire évidemment l’impression fausse que son enfance fut terne alors que, comme elle me l’a dit, elle « s’enfermait dans un livre » et oubliait le monde qui n’était pas bien gai autour d’elle.
Ce n’est pas qu’il était toujours  gai chez moi mais il était apparemment beaucoup plus animé.
J’en retire parfois l’impression que mon enfance a été heureuse, malheureuse, gaie et triste tandis que celle de « mon inconnue » a été dans son esprit lissée à dessein.
Aujourd’hui, avec le temps je me rends compte que c’est assez normal car son père était un homme taciturne, voire un peu misanthrope et sa mère souvent ailleurs.
Chez moi, c’était nettement plus animé mon père avait une « vis comica » parfois étrange et la tendance de ma mère à la grandiloquence donnait des spectacles qui mettaient une ambiance folle à la maison.
Quand Heure-Bleue parle de son enfance, c’est souvent un lieu qui l’a frappée plus qu’un évènement.
Elle regarde le temps qui a passé sur l’endroit et l’a modifié.
Je me rappelle une voix, une situation et aussitôt une histoire de l’évènement surgit.
La lumière de mes jours est un plan de Paris et je n’en suis que le promeneur.
Mais j’adore me promener…

jeudi, 06 septembre 2018

L'épicerie, mais pas tous les jours...

De rien, Mab, de rien...
Le commentaire de « Sophie-qui-n’a-pas-de-blog » me donne l’occasion de vous parler de différences qui m’ont marqué entre mon quartier parisien de quand j’étais petit et la campagne de « Sophie-qui-n’a-pas-de-blog » quand elle était petite.

Il y avait la même différence entre « mon quartier de quand j’étais petit » et « la campagne de ma grand’mère de quand j’étais petit ».
Dans la campagne de ma grand’ mère, on avait de la chance parce qu’il y avait « Marie-Louise » qui faisait « librairie-maison de la presse-épicerie-articles de pêche-produits de jardinage » où ma grand’mère pouvait prendre à peu près n’importe quoi et dire « je te paierai plus tard, Marie-Louise ».
Je n’ai su que bien plus tard d’un des petits-fils de Marie-Louise que cet arrangement existait depuis qu’un secret avait changé de cervelle il y a super longtemps.
Mais bon, c’était pratique parce que j’ai pu lire « Kiwi » dès le numéro 1 et d’autres choses comme « Sidéral » et « Météore », super illustrés pompés directement de « Astounding Stories » ou « Weird Tales ».
Sans compter « Système D » riche en idées de bricolage parfois risquées…
Ma grand’ mère ne manquait pas spécialement d’argent mais l’idée de faire « marronner » Marie-Louise était bien plaisante…
Il est bien entendu que c’était une autorisation de découvert qui n’était due qu’à un chantage muet.
Tout autre femme du bled –les hommes ne sortaient que pour aller au boulot ou au bistrot-  devait être sérieusement dans la panade pour aller chercher un paquet de pâtes que « je te paie plus tard, hein Marie-Louise ? »
Surtout si elle voulait que personne ne dise dans son dos des trucs du genre « Pfff… Ça achète du gigot d’agneau au début du mois et ça tire la langue après le quinze ! Pauv’gosses… Ah ça, des sous pour le rouge à lèvres et l’eau de Cologne, yen a… »
Bref, le moindre passage à vide classait illico la pauvre femme dans la catégorie des filles de joie ou des mères indignes.
Tu vois, Sophie-qui-n’a-pas-de-blog, c’était l’avantage de la vie à Paris : L’épicier et d’autres –sauf « chez Poitevin » dont je vous ai déjà parlé- faisaient crédit à partir du 20 du mois.
Chez Poitevin, on ne le faisait pas parce qu’il y avait trop de clients et que la caissière « aurait bouffé la ferme » rien qu’à acheter les carnets.
La population n’était pas plus riche que dans ma campagne de quand j’étais petit mais plus solidaire et partageait les mêmes maigres ressources.
Une autre raison faisait que la majorité se foutait totalement du « qu’en dira-t-on ».
Tout le monde étant globalement dans la même situation, seules les « Caves Championnet » refusait de faire crédit pour autre chose que la « Valstar bleue ».
Il savait combien le serment de l’ivrogne est peu fiable qui jure de payer et oublie dès la première cuite.
Tous les autres, de l’épicier au boucher en passant par le crémier, connaissaient leurs clients et hochaient la tête quand la cliente faisait le petit geste du crayon qui écrit.
Tout le monde étant dans la dèche à peu près au même moment, ça faisait comme le règlement différé des cartes Visa…
On évitait de se lancer dans des trucs aussi dispendieux en accessoires comme le colin, à cause de la mayonnaise.
Cette émulsion nécessitait tants d’ingrédients disparus depuis un moment des placards que la mobilisation des voisins était vouée à l’échec.
Le Parisien de mon quartier donc, contrairement au campagnard, avait l’habitude de finir les mois « à kroum » sans que ça fasse ciller quiconque quoique le « petit cahier » en ressortît parfois bancal…