Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 25 septembre 2020

50ème devoir de Lakevio du Goût.

devoir de Lakevio du Goût_50.jpg

Mais qu’a donc vu ce gamin qui le fait courir si joyeux ?
J’ai bien une idée…
Mais vous ?
Que vous inspire ou vous rappelle cette photo de Willy Ronis ?

mercredi, 23 septembre 2020

Jeux d’enfants.

Bon, il est peut-être plus compréhensible maintenant...

Ce jeudi-là, j’ai été invité chez elle pour son anniversaire.
C’était chouette.
J’aimais bien aller chez elle.
C’était grand.
Évidemment, il y avait tous ses autres copains et copines de la classe alors je suis un peu resté dans mon coin.
Quand les gâteaux ont tous été mangés, ils sont partis les uns après les autres.
À la fin on n’était que tous les deux, j’ai trouvé ça bien.
Sa mère est arrivée dans le salon et a dit « Allez ma fille ! Hop ! Maintenant il faut ranger un peu ! »
Je l’ai aidée à tout ramasser.
Elle était contente alors elle a demandé à sa mère si je pouvais rester jouer avec elle.
Là, c’est moi qui ai été content.
Elle m’a emmené dans sa chambre où on a joué au « baccalauréat ».
Quand on a fini la partie de « baccalauréat » elle a ramassé les crayons et a quitté la chambre avec les feuilles.
Elle range tout bien, tout le temps, elle…
Elle est partie vers le salon en disant « je vais chercher le scrabble, tu veux bien faire une partie ? »
Bien sûr que je voulais bien !
Mais je n’ai rien dit, j’ai juste hoché la tête.
J’ai regardé autour de moi.
Elle était drôlement bien, sa chambre.
Pas comme la pièce de la maison où on dormait, mes parents, ma sœur et moi.
Ma grande sœur dormait dans l’autre pièce, « la grande pièce », celle qui donnait sur la cour.
J’ai regardé autour de moi et j’ai trouvé tout beau.
Et puis j’ai vu le cadre sur sa petite table de nuit.
Sa photo.
Sûrement une photo de l’été dernier, elle riait à côté de sa mère, les yeux plissés face au soleil.
Qu’est-ce qu’elle était belle !
J’ai sorti la photo du cadre, ai déchiré le morceau où on ne voyait qu’elle et l’ai glissé dans ma chemise.
Je suis retourné m’asseoir sur la petite chaise sur le côté de son petit bureau de bois peint en blanc.
Elle est revenue, la boîte verte dans les bras et l’a posée sur le bureau.
Puis elle s’est assise en face, de l’autre côté du bureau.
J’ai attendu qu’elle ouvre la boîte, l’air de rien mais le cœur battant de celui qui sait qu’il a fait une bêtise,
C’est quand elle a tourné la tête qu’elle a vu sur la table de nuit le morceau de photo avec le visage de sa mère.
Je l’avais complètement oublié…
Elle a crié « Oh non ! » puis elle s’est levée et on a commencé à se bagarrer, elle m’a traité de tous les noms.
Moi je connaissais des mots plus « mal élevés » et pas elle, mais je ne les lui ai pas dit non plus, parce que…
Et puis j’ai fait attention à ne pas lui faire mal mais elle criait quand même.
Quand sa mère est arrivée, elle lui a dit :
- Il a déchiré ma photo, voilà !
- Mon garçon, je vais être obligé de le dire à ta mère !
- Mais, madame…
- Ce que tu as fait là ne se fait pas ! C’est tout !
Là, ma copine m’a poussé encore une fois et elle a senti le morceau de photo dans ma chemise.
Elle a tiré brutalement et ça a arraché deux boutons en l’ouvrant.
Elle a ramassé le petit bout de photo par terre.
- Maman ! C’est moi, là, sur le bout de photo !
Elle avait dit ça d’une voix bizarre alors sa mère a levé les yeux au ciel.
Ella a fait semblant de ne pas sourire et est partie en disant juste :
- Bon…
Ma copine s’est tournée vers moi :
- Tu te rends compte ?
- Oui… Excuse-moi, je voulais…
- Mais tu me prends mes affaires sans me demander !
- Mais c’est juste que…
- Je sais… Mais qu’est-ce que ça va être quand on sera mariés, hein ?
Là, j’ai failli tomber dans les pommes.
Rien que l’idée d’être toujours avec elle.
Je ne sais pas ce que ça fait quand on est grand mais ça doit être drôlement bien pour qu’ils veuillent tous faire comme ça.
Et là, c’est elle qui veut.
Moi aussi bien sûr mais je n’aurais jamais osé lui dire…

mardi, 22 septembre 2020

Si jeune et déjà marri...

Il me semble vous avoir déjà parlé de ma mère, sans doute pour vous raconter les tours pendables qu’elle me jouait.
Elle ne se contentait pas d’être persuadée que je passais mon temps à essayer de copuler avec des filles à la vertu discutable.
Bon, en vrai j’aurais apprécié que celles que je croisais eussent la vertu aussi discutable que le supputait ma mère…
Il y avait aussi que sa jalousie la poussait à me faire d’étranges compliments devant mes copains.
Vous n’ignorez pas, lectrices chéries, si vous avez des fils et que vous êtes aussi pénibles avec eux que le furent ma mère et Madame Gallienne mère avec leur fils, que les garçons, pendant leur adolescence, aiment bien qu’on les appelle « Patrice », « Guillaume », « Nicéphore » ou « Alceste ».
Bon, pour « Alceste », je suis moins sûr parce qu’on doit avoir envie de tuer des parents qui t’appellent « Alceste », ça doit te rendre misanthrope…
Mais surtout les garçons, pendant leur adolescence, aiment être comme John Wayne dans « Rio Bravo » ou Charles Bronson dans « Il était une fois dans l’Ouest ».
Jamais, au grand jamais ils ne veulent être, « mon poussin » ou « mon petit trésor ».
Ma mère, donc, voulant en savoir plus que je le souhaitais, demandait régulièrement
« Tu vas encore retrouver cette fille ? »
En revanche, dès qu’un copain était en passe de devenir un ami, pour être sûre que ça allait déconner, elle avait une méthode infaillible.
Ce matin, alors que j’étais dans la salle de bains, me sont revenues des bribes de la conversation qu’Heure-Bleue et moi avions réussi à tenir malgré la température.
Ma mère donc, avait pris l’habitude d’appeler ma sœur cadette « Souricette » tandis que mon père appelait la benjamine « Riboulika » à cause de sa tendance à se bagarrer.
Je pensais naïvement que les petits noms sucrés, genre « Patty », étaient réservés à l’intimité du foyer, surtout à mes sœurs .
Ce fut généralement le cas.
Sauf évidemment dans les circonstances où ils se révélaient le plus dévastateurs.
Il y en eut un, qu’elle cessa d’utiliser voyant cette fois que l’effet était nul.
Il ne fonctionna pas du tout –étrangement je dois dire- avec la lumière de mes jours malgré plusieurs tentatives.
Hélas, je dus éviter des copains qui eussent pu devenir des amis s’ils n’étaient passés à la maison.
Tous toutefois étaient très bien élevés.
Enfin, devant leurs parents ou ma mère.
Géniteurs qui auraient distribué des torgnoles s’ils avaient entendu s’exprimer leur progéniture quand il n’y avait pas d’adultes dans les environs…
Quand par hasard, un de ces copains venait me chercher à la maison un jeudi où je n’avais pas déjà un emploi du matin au lycée, j’avais peur.
Ma crainte était souvent justifiée pour des tas de raisons dont la plus sérieuse n’était pas la conception étrange du rangement qu’avait ma mère.
La chose arrivait pourtant, quasi chaque fois, évènement maudit et inéluctable.
Elle me serrait dans les bras à m’étouffer, me couvrait de baisers et demandait :
« Alors Bichonnet, présente moi donc ton petit camarade qui a l’air si gentil et si bien élevé. »
Bichonnet ! Elle avait osé !
Ouais ! Elle m’avait appelé « Bichonnet » devant un pote de lycée !
Pfff... Bichonnet ! Devant un copain !
Cette fois encore, j’avais failli avoir un ami…

lundi, 21 septembre 2020

Devoir de Lakevio du Goût N° 49

devoir de Lakevio du Goût_49.jpg

Que fait-il ?
Qu’attend-elle ?
J’ai bien une idée, mais vous ?
Je saurai sans doute lundi ce que vous a inspiré ce tableau de Vettriano.
Oui, ces temps-ci j’explore l’œuvre de Vettriano.
Ah, j’allais oublier, j’aimerais que vous commenciez votre devoir par
« J’entrai dans le café de la jeunesse perdue »
Et le terminiez par « Mais enfin ! Babylone ! Vous y étiez nue parmi les bananiers ! »

J’entrai dans le café de la jeunesse perdue et retint la porte pour qu’elle ne claquât pas en se refermant toute seule.
La salle était vide.
C’était prévu comme ça.
D’ailleurs le café aurait dû être fermé.
Et depuis longtemps si vous voulez mon avis…
J’ai plongé  ma main dans la poche de mon imperméable et serré la crosse de mon pistolet en avançant vers le fond du café guidé par le fin rai de lumière qui filtrait sous la porte.
Heureusement, c’était une porte dite « saloon » dévolue au service que je n’ai eu qu’à pousser de la pointe de ma chaussure.
Je me remémorai les instructions du « Vieux ».
« À gauche, il y a la cuisine, à droite, faites attention, il y a le bureau du patron, il pourrait être là, il se repose parfois sur un vieux canapé où il culbute de temps en temps une serveuse peu regardante si elle a besoin de finir le mois. »
Je passai donc devant la cuisine et la porte du « bureau-aire de repos-baisodrome » et continuai dans le couloir.
Le « Vieux » avait raison, il y avait une porte tout au fond à gauche, qu’on eût prise simplement pour un placard tant elle était quelconque.
J’ai tourné lentement la poignée et eus le réflexe de ne faire qu’entrouvrir la porte.
Le « Vieux » m’avait prévenu « vous verrez, il y a là une cave qui a dû servir de cachette lors de la dernière guerre, ça a sauvé la mise de quelques Juifs et autres communistes… Je le sais, j’y suis passé… »
Il avait appris que maintenant il s’y passait des choses pas catholiques, ni casher ni dans la ligne du Parti…
D’où ma visite nuitamment.
Ce soir devait s’y dérouler quelque chose qui normalement n’avait plus cours depuis les procès de « La Voisin » et de la Brinvilliers.
J’ai descendu les marches aves plus de précautions que nécessaire vu le potin que faisait l’officiant de cette messe que même François, ce pape métèque à l’esprit plutôt large, n’aurait pas approuvée…
Un vague rideau isolait la petite pièce où seules quelques personnes assistaient à cet office un peu… « spécial » on va dire…
J’avais eu du nez de tenir mon pistolet prêt, le cran de sûreté levé.
Un type, loqué comme un pingouin sans spencer était penché sur une jeune femme nue comme sa mère l’avait faite.
Et bien faite…
Il leva un énorme couteau s’apprêtait à ouvrir le ventre de la jeune femme plongée dans un sommeil tout ce qu’il y a d’artificiel.
Je n’eus que le temps de sortir la main de ma poche et tirai sur le type.
Quand deux fleurs rouges s’épanouirent sur la chemise immaculée de l’officiant il éructa une phrase dont je cherche encore la signification.
Même le « Vieux » a envoyé une note au service :  « Décodez moi ça, et vite fait ! »
Je me demande encore pourquoi, au moment de mourir ce type a dit « Mais enfin ! Babylone ! Vous y étiez nue parmi les bananiers ! »

dimanche, 20 septembre 2020

La route de la soif.

20190425_151632.jpg


Hier, ce fut presque parfait.
Bon, en réalité ce fut parfait.
J’avais entendu une fois, il y a très longtemps, un philosophe expliquer d’une façon qui m’avait semblé convaincante, que la perfection, commençait à n’apparaître que quand les choses étaient presque parfaites.
Après moult développements, il ressortit de ses explications que la vraie perfection n’existait que quand il restait toujours un petit quelque chose à améliorer.
C’est vers cette époque que j’ai compris que j’étais parfait…
Mais la démonstration la plus éclatante des cogitations de ce philosophe eut lieu hier.
Revenons donc à hier.
Des amis devaient arriver à midi.
Notre amie arriva donc avec un quart d’heure d’avance, beaucoup plus ponctuelle que la SNCF.
Notre ami, lui, arriva après avoir comme toujours, appliqué avec exactitude le « quart d’heure de politesse », son PC portable sous le bras.
Nous sommes partis pour un déjeuner qui fut agréable, assis dehors, la table en équilibre instable sur l’asphalte de la rue, la circulation rarissime de la rue, troublée seulement par le passage d’une voiture de pompiers.
Le repas s’est quelque peu éternisé et nous avons été confondus par la gentillesse des gens du restaurant qui ont attendu plus qu’aimablement que nous ayons fini de converser pour ramasser les tables et fermer le restaurant.
Nous avons remis nos masques et sommes partis du pas de Gérard Larcher après un gueuleton vers un jardin quelconque, histoire de continuer notre conversation sans masque car il est difficile pour les unes et les autres, sauf Heure-Bleue, de parler et marcher avec un masque sur la figure.
Nous nous sommes assis au square des Batignolles où Heure-Bleue et notre amie ont papoté sans relâche tandis qu’avec l’autre mâle de la troupe nous nous sommes livrés à notre occupation favorite : Regarder passer les filles…
Ce que nous avons vu nous a convaincu que le premier perturbateur endocrinien de l’homme est la femme…
Un moment, nous regardions la pelouse. Une paire de fort jolies jambes étendues sur le gazon s’offrait à nos regards, le reste était caché par une poussette et un père penché sur la propriétaire des jambes, la cachant à nos yeux.
- Des jambes de blonde, à coup sûr !
- Ah ? Tu crois ? Comment tu sais ça ?
- L’allure et le teint…
La presbytie a comme avantage, quand on a une vue perçante de voir très bien de loin, ce qui permet de discerner le duvet sur une peau.
Le père s’est redressé et s’est alors penché sur le bébé.
La jeune femme était de fait une blonde…
Mon ami m’a dit :
- Ah ! Bravo ! Mais pour les jambes de vieux ?
- Facile ! La démarche…
- Pfff… Chuis c…
A-t-il clos.
Le temps passant, nous sommes repartis vers un café qui nous accueillit assez longtemps pour être douchés par une averse soudaine.
Il s’est fait tard.
Nous n’avions pas vu s’écouler les heures.
Nous commencions à avoir faim.
Nous n’avions rien à manger.
Un traiteur, que dis-je, un « maltraiteur », me vendit pour très cher des choses immondes mais d’aspect si tentant.
Heureusement, il y eut pire.
Le dessert me pèse encore sur un estomac pourtant apte à digérer des briques.
Mais la journée fut si chouette que ce fut la démonstration que la perfection apparaît vraiment quand il reste quelque chose à améliorer.
Ne serait-ce que le dîner…