lundi, 29 décembre 2014
Musée secret…
J’ai terminé hier « Un pedigree ».
Quelques unes des dernières phrases du bouquin m’ont frappé.
Pas seulement son passage place Dancourt, au bas de Montmartre.
Il y a aussi sa déambulation rue Championnet.
Je suis sûr qu’il est passé par la place Championnet.
Ne cherchez pas, lectrices chéries , la « place Championnet » n’existe pas plus que la « place de l’Etoile » ou la « Place Villiers ».
Je vous dis le secret : La « Place Championnet » s’appelle Albert Kahn, la « Place Villiers » s’appelle Prosper Goubaux et la « Place de l’Etoile » s’appelle Charles de Gaulle.
Oui, c’est comme ça, le maire de Paris est grand mais les Parisiens font ce qu’ils veulent.
Deux à quatre générations se sont écoulées depuis ces changements mais les noms de ces endroits n’ont pas changé dans l’esprit des gens du cru, de leurs enfants ou petits-enfants.
Heureusement, imaginez un peu qu’au lieu de dire « un clodo » on se mette tous à dire « un humain en situation de grande précarité », ou « quelqu’un qui n’est pas en capacité d’assumer une résidence fixe » comme dirait le premier faux-cul ministrable venu…
Revenons à cette déambulation rue Championnet.
Elle m’a rappelé avec acuité une séance au cinéma « Ornano 43 », salle aujourd’hui remplie des gondoles d’un Franprix.
Ce cinéma, je l’ai toujours connu plus ou moins dans la débine et il passait parfois des copies si rayées que s’il n’y avait eu l’affiche, on aurait eu bien du mal à savoir quel était le film projeté…
On y projetait encore « Joselito, l’enfant à la voix d’or » alors que le môme devait être en train de faire son service militaire.
C’était un jeudi. Oui lectrices chéries, à l’époque la semaine était coupée en deux par le jeudi, bien plus court que le mercredi dont seul le nom est plus long.
Entre le dimanche et le jeudi, beaucoup « glandaient d’arrache-pied » dans mon quartier et s’il n’y avait pas eu ma mère, j’en aurais fait autant.
Ce jour du deuxième trimestre 1963 donc, je me le rappelle parce que je regardais déjà avec intérêt plein de choses.
Dont les filles.
J’avais appris quelques détails intéressant sur les relations qu’on pouvait avoir avec dès l’été précédent en Bretagne.
En étudiant sérieux, je cherchais à étendre le champ de mes connaissances ce jeudi là avec une fille qui habitait rue Vincent Compoint.
C’était loin de mon lycée et du sien, nous nous étions croisés rue du Poteau en faisant les commissions. Comme j’étais curieux et elle aussi, nous avions bavardé.
C’est comme ça qu’un jeudi du printemps 1963, miraculeusement épargné par la copie manuscrite en cinq exemplaires du « Règlement intérieur du Lycée », nous nous étions retrouvés au balcon du cinéma « Ornano 43 », moins cher que les fauteuils d’orchestre et surtout moins surveillé par les ouvreuses.
On y donnait un vieux truc dont le nom du héros, « Joaquin Murietta » m’a sauté à la mémoire hier soir.
C’était « Les desperados de la Sierra », un film mexicain qui retraçait l’histoire ce type qui fut un héros pour les uns et un bandit pour les autres.
Mais ce que je retiens de cette séance, ce n’est pas ça.
C’est bien sûr les papouilles timides échangées avec cette fille mais surtout, c'était la première fois que je touchai des seins depuis ma dernière tétée.
Eh ben, c’était drôlement doux…
10:59 | Commentaires (4)
dimanche, 28 décembre 2014
Blogs de comptoir.
Tiens, je vais faire comme Heure-Bleue aujourd’hui.
Non, je ne vais pas vous parler de Manou qui a d’un seul coup pourri une nappe avec du Bourgogne et gâché du Bourgogne en tachant une nappe.
Non, je vais vous parler de ce que je lis parfois.
Ce qu’il y a de bien avec les blogs, c’est que je n’ai plus besoin d’aller au bistrot pour assister à des débats de politique de comptoir.
J’ai des piliers de bistrot à domicile en pagaille.
J’en ai plein mon écran.
Je survole plein d’autres blogs que les vôtres, lectrices chéries.
Les vôtres, je les lis avec attention.
D’autres me font rire.
D’autres me feraient plutôt pleurer.
Et vous savez quoi, lectrices chéries ?
D’autres encore, dont un mot a parfois attiré mon attention, m’effraient.
Je me perds en conjectures sur ce qui peut amener certaines et certains à haïr avec autant de vigueur et de constance des gens qu’ils ne croiseront jamais ailleurs que dans les articles qui traitent de faits divers.
Un des problèmes est que ceux là sont pires que ceux que je voyais au bistrot : Ils sont sobres.
Ils n’ont même pas besoin de boire pour laisser échapper des énormités que je n’oserais pas penser et encore moins dire avec un coup dans le nez.
C’est vous dire si je me demande ce qui peut obscurcir leur jugement puisque ce n’est pas l’alcool.
Le judaïsme n’est pas loin dans la famille, il est même assez près dans mon lit, mais grâce –si l’on peut dire- à ces gens, je sais que le juif est riche, pingre et ne recule devant rien pour s’approprier le bien d’autrui.
Ces gens m’ont appris aussi, alors que toute une jeunesse dans un « quartier d’Arabes » me l’avait caché, que le rebeu ne pense qu’à voler, a des rasoirs plein les poches et que ça lui sert à égorger le gaulois, qui est de surcroît un mauvais musulman. Ce qui malheureusement est le cas de tous ceux qui ne sont pas musulmans.
Ils m’ont aussi enseigné à l’occasion que le jaune est fourbe et fait semblant mais ne s’intègre pas dans notre pays dont tout le monde sait qu’il a des « racines chrétiennes » même si manifestement, le message du Christ a échappé à une majorité.
Heureusement, pour donner une touche, que je souhaite finale, à leur besoin de détestation il reste le Noir, l’Africain, celui qui vient juste pour user nos allocs, se faire soigner gratos et pire, est protégé par un gouvernement qui « protège les étrangers mais laisse mourir nos SDF à nous ».
Ce Noir, cet Africain qui se précipite chez nous et en profite pour nous rouler dessus avec un camion.
Volé sans doute, le camion.
Ce qui me frappe le plus souvent, c’est que cette propension à la détestation n’est le fruit d’aucune réflexion, ne souffre aucun argument contradictoire et se satisfait d’approximations voire de rumeurs.
Tout ce qui leur arrive ou ce qui leur déplaît dans leur vie, c’est la faute des autres.
Jamais n’est posée la question de sa propre responsabilité.
Envisager une solution quelconque ?
Pas du tout, mais trouver un coupable, c’est fait sur le champ.
Comme les choses ne s’arrangent pas, quand on manque de fait divers il reste le bobo.
Ce « bien-pensant » qui ne voit pas le mal sournois qui ronge « notre beau pays aux racines etc. »
Il n’a pas le temps, lui, il lit Télérama…
Il ne s’est pas encore rendu compte, cet imbécile de bobo, que la Terre est peuplée essentiellement d’étrangers qui veulent rien que nous faire perdre notre identité…
Non, ce crétin de bobo se contente de regarder le monde, d’en apprendre les langues, les cultures, les arts, la littérature.
Tout ça dans le but, stupide sans doute, d’avoir une idée de ce que sont tous ces étrangers qu’il persiste à voir comme des êtres humains.
Il fait ça, cette andouille, histoire d’en savoir autre chose que ce qu’en disent , la bave aux lèvres, ceux qui ont peur de tout ce qui ne leur ressemble pas, ne vit pas sous les mêmes cieux, ne mange pas la même chose, ne parle pas la même langue.
Eux mêmes d’ailleurs manient assez mal, pour ce que j’ai constaté, leur langue censément maternelle.
Aaahhh le « bobo », ce crétin de « droit-de-l’hommiste »...
Ça ne l’empêche pas de temps à autre d’être agacé par certains de ces étrangers.
Ceux qui ont fui leur pays pour trouver la paix et la liberté et qui reprochent à la France de ne pas ressembler au pays qu’ils ont fui et le regardent, lui, avec réprobation…
Non, il est pas comme eux, ce naïf de bobo.
Il a envie de garder son boulanger, lui...
…
13:00 | Commentaires (9)
samedi, 27 décembre 2014
Paaatriiiick !!!
Le prix Nobel décerné à Patrick Modiano a fait fleurir dans les rayonnages des librairies des tas de bandes rouges « Modiano Prix Nobel ».
La quatrième de couverture de « L’herbe des nuits » m’avait donné envie de le lire.
Je vous l’avais déjà dit, lectrices chéries, quand j’ai lu « L’herbe des nuits » il y a quelques jours.
J’avais aimé, il y a longtemps, très longtemps même, « La place de l’Etoile » puis, quelques années plus tard « Villa triste ».
J’en avais gardé le souvenir d’un explorateur expert de la mémoire.
La mémoire est quelque chose qui m’a toujours fasciné.
Quelles ficelles sont tirées pour qu’une odeur fasse surgir une image ?
Quel miracle fait qu’une image fasse revivre un pan d’existence ?
Quel merveille fait que le souvenir d'une voix fasse revivre quelqu'un ?
Aujourd’hui je lis un bouquin qui traîne depuis près de dix ans dans l’amoncellement de bouquins qui habillent les pans de murs depuis que je vis avec Heure-Bleue.
« Un pedigree », qui date de 2005…
A Noël, en dehors d’une machine Nespresso, qui me laisse un parfum bizarre de quelque chose que j’ai adoré et bu en quantité industrielle, « l’espresso ristretto » et qui aujourd’hui à perdu de son goût…
En dehors, donc, de cette machine à remonter le temps, Heure-Bleue m’a offert un autre livre de Modiano. « Dora Bruder ».
Je tente à l’instant comme lui la phrase bizarre. « Dora Bruder ».
La phrase sans sujet, sans verbe, sans complément. Espérant qu’un nom, propre ou commun, se suffira.
Et puis, que je vous dise, lectrices chéries, pourquoi j’aime Modiano.
Pas pour son talent de tribun, non, ce type bafouille lamentablement.
Il croit peut-être qu’il faut faire comme on écrit. Beaucoup raturer avant d’être satisfait de sa phrase.
Non, rien de tout ça. J’aime Modiano parce que je crois comprendre ce qu’il vit, ce qu’il sent. C’est un type qui sait ce qu’est sentir, ce qu’est Paris.
Comment ça se vit, comment on y erre comme dans un espace étrange, fait de temps, de sensations, ou le temps lui-même est quelque chose d’instable, fait d’allers « normaux », vers le futur, de regards derrière soi, vers un passé si présent qu’il vous serre la gorge.
Il a vécu et arpenté les rues que j’ai arpentées. Il y a vécu et vu des choses finalement pas si éloignées de ce que j’y ai vu et vécu.
Il satisfait mon goût pour la flânerie.
Même ma flemme d’évoquer mes propres souvenirs est satisfaite.
Les siens me conviennent parfaitement avec ses pérégrinations dans un Paris qu’il aime autant que moi et qu’il regarde, me semble-t-il, avec les mêmes yeux...
10:49 | Commentaires (8)
jeudi, 25 décembre 2014
Un conte de Noël.
Pour ce qui est de Noël, je crois que je sais pourquoi il est lié à la nativité.
Oui, toutes ces histoires de petit Jésus dans la crèche, tout ça...
Alors, lectrices chéries, n’allez surtout pas croire ce qu’on raconte dans les églises ou les chapelles.
Il y a un conte de Noël qui nous explique ça très bien.
Bien mieux, en fait.
J'écris « en fait » juste pour agacer Mab, qui a horreur de ces tics de langage.
On ne peut que regretter de ce conte qu’il ne soit pas plus souvent dit.
Quelqu’un l’a pourtant très bien fait.
Donnez vous donc la peine de le chercher et de le lire.
En plus il donne envie de jouer.
C’est un célèbre personnage qui l’écrivit il a quelque temps.
En 1674 précisément.
Et c’est Jean de La Fontaine qui nous l’a donné.
Un petit effort, ça va vous revenir, lectrices chéries.
Vous allez voir, si si…
Ça risque même d’agrémenter votre jour de Noël.
Alors ?
Mais enfin !
Allons bon, je vous le dis.
Ce joli conte s’appelle « Comment l’esprit vient aux filles. »
11:03 | Commentaires (6)
mercredi, 24 décembre 2014
T’as d’beaux vieux, tu sais…
Je constate chaque jour que me raser améliore mon moral.
Ça me fait la peau des joues aussi douce que celle de P’Tite Sœur.
Oui lectrices chéries, c’est comme ça.
Même si, avant le rasage, je regarde avec circonspection le type mal peigné qui me fait face dans le miroir.
Après le rasage je me demande où est passé l’Apollon qui occupe normalement ma place devant le lavabo.
Ce matin, ma toilette faite, je cherche sur le séchoir. Pas un caleçon…
Je sors de la salle de bains, vêtu de ma seule innocence, un peu comme quand ma mère m’a fait.
En moins innocent...
Heure-Bleue, que j’aurais espéré plus admirative tout de même, me jette « Eh ! Qu’est-ce que tu fais là tout nu ? Tu es devant la fenêtre ! Tout le monde peut voir ta … Il n’y a plus d’arbre pour la cacher ! »
Un bref instant, un peu de la fatuité du mâle d’avant réalisme me saisit à l’idée qu’il soit besoin d’un arbre pour cacher ma… virilité.
Puis l’objectivité m’a fait frissonner en même temps que la fraîcheur.
Je me suis contenté d’attraper un caleçon dans le linge à repasser.
Un peu triste quand même.
Je me suis dit que parfois il n’y avait pas franchement de différence entre un cache-sexe et un cache-misère…
06:50 | Commentaires (8)