dimanche, 09 novembre 2014
Les jeunes filles, le garçon jeûne…
Un message de Livfourmi posant une question à propos de remise des prix m’amène à fournir quelques renseignements à celles qui sont allées en classe avec des garçons dès le primaire.
Autant dire des gamines.
Avant la loi Haby de 1975, la plupart des écoles et lycées étaient des « lycées de garçons » ou des « lycées de jeunes filles ».
Il n’y avait pas de « lycée des deux »…
Avant d’être des « jeunes filles », les filles n’étaient que des filles pour les « écoles de filles »
A peine la moitié des classes de lycée sera mixte en 1968…
Le lycée Lamartine ou le lycée Jules Ferry par exemple étaient des lycées de jeunes filles.
Je le sais bien, à la limite on connaissait mieux leurs abords que ceux du lycée Jacques Decour, « lycée de garçons »…
Si les propos que je rapporte dans la note ou je parle de distribution des prix font tiquer Livfourmi, c’est parce qu’elle ignore que le port du pantalon sera interdit aux filles dans l’enceinte de l’école ou du lycée jusqu’au milieu des années 60 et que le port du soutif n’y sera pas plus encouragé que le maquillage.
Oui, dans les « écoles de jeunes filles », selon les rêves de la directrice de l’école de ma grande sœur, la « vraie jeune fille » était aux filles ce que la limande est au poisson-lune…
Le seul pantalon autorisé aux filles sera le « pantalon fuseau » et encore, porté sous une jupe, uniquement en hiver et par un froid rigoureux si ce n’est lié à l’arrivée de chutes de neige.
A propos de maquillage, Heure-Bleue, le jour où elle sera décidée, pourra vous conter une sombre histoire de démaquillage féroce dans les lavabos du lycée…
Non, Heure-Bleue n’a pas toujours été l’ange qu’elle était persuadée être.
Tout ça pour te dire Livfourmi, que même en 1958, la directrice de l’école de ma grande sœur n’ignorait pas que les plus vieilles de ses élèves, pour bien élevées qu’elles fussent, étaient attirées par « le soutien-gorge pigeonnant » et le maquillage.
Si je n’en savais rien moi-même, la directrice savait évidemment que ces « vraies jeunes filles » n’allaient pas se précipiter en foule dans un couvent la porte de l’école à peine franchie.
D’ailleurs, ma mère remarquait déjà que ma grande sœur ferait bien de se tenir à l’écart de certaines qui avaient « mauvais genre ».
Le genre « fille de la Porte de Clignancourt ».
A y réfléchir, je me demande si je n’aurais pas gagné du temps à connaître des « filles de la Porte de Clignancourt ».
Il y a des âges, comme ça, où on est pressé d’apprendre dans des domaines super intéressants mais où les grands vous mettent sans cesse des bâtons dans les roues…
Ouaip ! Voilà comment c’était.
Mais finalement, c’est devenu un peu comme « La lettre volée » d’Edgar Poe.
On ne remarque plus ce qu’on a sous les yeux.
Alors que quand c’est caché ailleurs, ça laisse tellement plus de place à la surprise, la curiosité, la découverte…
J’en entends une penser d’ici « Tiens, le Goût vient de nous faire son numéro de vieux... »
06:35 | Commentaires (9)
Commentaires
J'avais 2 ans en 46, la maternelle était mixte, en 1955 le collège était mixte aussi et je portais des pantalons.
Écrit par : mab | dimanche, 09 novembre 2014
Mais nous les femmes, nous étions toutes dans l'illégalité jusqu'en 2013 avec nos pantalons !
Écrit par : Praline | dimanche, 09 novembre 2014
C'est trop long pour moi :-)
Écrit par : Ckan | dimanche, 09 novembre 2014
Mixte en maternelle, filles au primaire, mixte à partir du collège.
Et les pantalons vers 1965....
Écrit par : edith | dimanche, 09 novembre 2014
C'est quoi ce numéro de vieux ! Je ne connais "la lettre volée" qu'à travers LES ÉCRITS (je ne ferais pas l'affront de t'en dévoiler l'auteur. Signé Dupin des RG
Écrit par : Ckan | dimanche, 09 novembre 2014
Je savais bien...
Écrit par : le-gout-des-autres | dimanche, 09 novembre 2014
je n'ai connu que l'école des filles et juste deux ans de collège technique filles aussi et ensuite, direct ...... l'usine ! Tu parles d'un changement ! Jaaaamais de pantalon!!!!!!
Écrit par : emiliacelina | dimanche, 09 novembre 2014
C'est vrai que lorsque j'ai commencé l'école, les classes étaient mixtes. Par contre, par mes choix scolaires, je me suis trouvée dans des classes de filles, ce qui m'a profondément déplu. Trop d'envies, trop de coups bas, trop de sectarisme...
Écrit par : livfourmi | dimanche, 09 novembre 2014
On ne peut pas plaire à tout le monde ! Moi, j'adore lorsqu'on radote ensemble... J'ai été jusqu'au bac dans des institutions de "filles en uniforme"... en jupe, évidemment ! Les Soeurs n'ont lâché qu'après 68 sur le pantalon et la fantaisie. Avant nous trimballions tous les jours le sac de sport pour se changer à la sortie avant d'aller "dans le monde", ensuite, on s'est retrouvées en un nouvel uniforme : levis velours, chemise crépon, shetland et boots clarks !
Écrit par : lakevio | lundi, 10 novembre 2014
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