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vendredi, 19 décembre 2014

Il y a de nombreuses demeures.

Ce titre là est pour Lakevio, pas pour Mab.
Sur le chemin de la maison de mon père.
Aujourd’hui, lectrices chéries, je vous fais rentrer du lycée par un autre chemin.
Vous savez combien gratter quelques sous était une entreprise difficile pour un gamin au début des sixties.
Surtout quand la mère du gamin savait au centime près ce que contenait son porte-monnaie.
Ma mère jugeait au poids de ce porte-monnaie combien de sous s’en étaient envolés dans qu’elle les eût sortis elle-même. Lui voler quelque chose était une tâche quasiment impossible.
J’ai d’ailleurs encore un souvenir cuisant de ma dernière tentative. Une sombre histoire de moteur électrique à financer si vous vous le rappelez…
Ne restait pour moi que la « gratte » sur les tickets de métro.
J’avais bien, comme ma grande sœur, tenté le coup des tickets de bus mais ça n’avait pas marché. A l’époque, les tickets de bus étaient de petits carnets dont le receveur distrayait un nombre de tickets proportionnel au nombre de « sections » empruntées sur la ligne. Pas folle, ma mère avait dit « Vous n’avez qu’à prendre le métro ! Quel que soit le trajet, ça ne coûte qu’un ticket ! ».
Tous nos « Ouais mais il fait beau » furent vains.
Nous n’avions pas insisté car nous savions que la prochaine réponse serait « Ben, s’il fait beau, vous n’avez qu’à aller à pieds ! C’est encore moins cher ! »
Ouaip ! Elle était comme ça, ma mère…
Ma grande sœur et moi nous nous sommes donc écrasés, nous avons frémi à l’idée que ma mère donne à ma sœur de quoi acheter un carnet et ne lui dise de partager les tickets avec moi.
Notre technique nous permettait de voyager à pied avec un peu de sous dans les poches.
Je sortais donc du lycée et passais un coup à gauche, par la place Dancourt qui ne s’appelle plus comme ça, un coup à droite en passant par la rue Ramey.
La droite du Sacré Cœur, comme la gauche, offrait plusieurs trajets qui ont rempli mes allers et mes retours entre la maison et le lycée.
La Sacré Cœur lui-même m’était trop connu et offrait peu de distractions tandis que les rues qui contournaient le jardin amenaient à d’autres bien plus riches en vitrines pleines de choses que je n’avais même pas les moyens de regarder…
Il y avait comme ça, des jours de printemps où je passais par la droite. Comme toujours, je traversais le square d’Anvers, empruntais la rue de Steinkerque et ses milliers de boutiques de « souvenirs de Paris », souvenirs consistant le plus souvent en « boules à neige » où un Sacré Cœur plongé dans de l’eau semblait sous la neige.
Je prenais ensuite à droite devant le jardin et remontais la rue Ronsard jusqu’à l’escalier qui mène à la rue Muller.
J’aimais bien la rue Ronsard, pas seulement parce qu’elle est pleine de souvenirs mais aussi parce que le côté qui jouxte le jardin est fait de « faux rochers » en ciment qui forment une falaise dont tombent les branches du vert tendre des printemps de Paris.
Une longue volée de marches vous amènerait, lectrices chéries, jusqu’à un petit carrefour où vous prendrez la première rue sur la droite, la rue Muller.
Cette rue était pleine de boutiques, j’ai acheté dans l’une d’elle des cordes de guitare pour aider ma petite sœur dans ses tentatives de devenir une idole des jeunes.
Ça a raté…
Arrivé au carrefour de la rue de Clignancourt et de la rue Ramey, je prenais la rue Ramey et je descendais jusqu’à la rue Hermel.
C’était un chouette chemin, je me rappelle un armurier qui vendait entre autres une dague de lancer. Ça coûtait une fortune, genre « Vingt nouveaux francs ». Un copain en avait une chez lui et je trouvais ça chouette parce que ça se plantait toujours. Vous n’aviez pas besoin d’être un super lanceur de couteau, ça marchait.
Il y avait aussi, quand on atteignait la mairie du XVIIIème, un marchand de bouquins d’occasion. « Vente, achat, échange » disait sa devanture. Je venais échanger les romans policiers de mon père contre des romans de science-fiction. Ça n’avait qu’un temps parce que le marchand refusait dès le troisième échange en disant « faut quand même que je gagne ma croûte ! »
Pourtant je me rappelle bien qu’il prenait trois « spécial police » ou « espionnage » contre un « anticipation ». Et je savais que mon père, qui les achetait, les payait tous au même prix…
Mais bon, il faisait beau…

Commentaires

Tu me donnes envie de sortir le couteau et de jouer à la pichenette, j'étais aussi douée que les garçons pour planter le couteau dans les troncs d'arbres, au lance pierre aussi je me défendais bien.

Écrit par : mab | vendredi, 19 décembre 2014

ça faisait longtemps que tu ne nous avais pas emmenées en promenade dans les rue de "tes souvenirs" ... ça tombe bien , j'avais envie de sortir !

Écrit par : emiliacelina | vendredi, 19 décembre 2014

Ah, je me disais aussi que je connaissais la rue Hermel, le 32. Mon fils voyait de son balcon, les putes déambuler au bas de la rue. Incroyable, une rue sépare les "beaux quartiers" des quartiers mal famés. C''est la seule fois depuis des lustres que nous sommes allés à Paris, enfin que j'y suis allée avec ma fille et mes petits enfants.
Mon fils a adoré le quartier, il adorait le dimanche matin s'asseoir à la terrasse d'un café, tout en regardant les passants revenir du petit marché du coin, il disait avoir l'impression d'être à V.. Le dimanche matin, Paris appartient à ses habitants..Son appartement donnait sur l'église, il était réveillé chaque dimanche par les cloches des églises.
Quant au houx, tiens, je ne sais plus si je l'ai déjà mis sur mon blog. Le houx du Morvan, fleuri en novembre. Nous n'avons plus rien, je ne savais pas que le houx fanait aussi vite, enfin que les jolies boules rouges flétrissaient et tombaient. Il eusse fallu que j'aille chez ma mère pour en chercher, mais vu le temps pourri, pas envie.

Écrit par : juliette | samedi, 20 décembre 2014

J'ai fait une salade de tes 2 articles, les ayant lus dans la foulée. Je reprends mon houx, pour le mettre sur l'autre article.
Quant aux sous, moi, c'était l'argent du lait que je "chouravais" pour m'acheter des bonbons. Ma mère n'y a vu que du feu pendant des années.

Écrit par : juliette | samedi, 20 décembre 2014

Dans la maison de mon Père... Yesssss !

Écrit par : lakevio | dimanche, 21 décembre 2014

Les commentaires sont fermés.