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lundi, 28 janvier 2019

La cigale et la fourmi.

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Je m’y étais mise ce matin mais sans entrain.
Je ne parvenais pas à chantonner, garder mon humeur habituelle de fêtarde sous ce ciel de deuil.
Le bleu habituel du ciel et l’air tiède du matin, légèrement agité par une brise caressante avait été remplacé par un ciel gris assez triste et un air froid chassé  par une bise encore plus froide.
Et j’ai faim !
Évidemment pas une seule mouche assez imprudente pour passer à portée de mandibule, pas un seul de ces petits vers délicieux qui sortaient parfois étourdiment de l’écorce juste sous mon œil…
En plus j’ai froid et s’il y a une chose que je déteste, c’est avoir froid.
J’en ai les ailes qui frissonnent rien qu’à me dire que l’été est parti pour un moment.
Le pire ? Je ne suis pas sûre d’atteindre le suivant…
Ça ne paraît pas mais il me va falloir attendre le prochain mois de juin avant de pouvoir faire la fête de nouveau et voir la nourriture à foison.
Aahhh… Toutes ces bestioles pressées de se faire croquer, uniquement condamnées par  leur imprudence ou leur légèreté.
Un peu comme moi, quoi…
Je vais devoir aller faire la doucereuse, l’hypocrite, chez l’autre pingre, là à côté.
Oh, elle n’est pas méchante.
Le problème, c’est qu’elle n’est généreuse qu’en conseils de gestion et en leçons de prudence ou de morale.
Je suis sûre que cette radine va m’envoyer me faire voir.
Enfin… Essayons…
- Euh… Madame Fourmi ? 
- Oui ! Qu’est-ce que c’est encore ?
In petto :
- Ça commence mal…
Ad alta voce :
- Euh, je suis un peu à court, ces temps-ci, vous…
- Oubliez ! J’ai rien !
- Oh mais je vous le rendrai, Madame !
- Cet été, j’ai travaillé, moi médème !
- Mais moi aussi ! J’ai chanté devant tout le monde, c’est un boulot !
- Oui mais moi j’ai pas gigoté bêtement devant les autres bêtasses pour les allumer !
In petto :
- T’aurais allumé qui, avec ta gueule pincée et ton cul serré, andouille triste…
Ad alta voce :
- Oui mais je…
- Fallait faire pareil, feignasse !
Et dire qu’elles sont toutes comme ça dans cette famille, « et gnagnagna fallait, et gnagnagna fallait pas, et gnagnagna t’aurais dû… » maintenant je n’ai plus qu’à claquer des mandibules.
La prochaine à qui je dis « j’ai faim » et qui me répond « tu vois, tu prends un petit carnet et tu notes, comme ça, tu vois, tu sais… Etc. » je la traîne chez la mante religieuse…