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mardi, 29 janvier 2019

« Schadenfreude »

Bien que plutôt philosophe, huit jours passés avec une veuve en « phase colère » ont mis ma « zenitude » à rude épreuve.
Je n’ai pourtant pas ruminé de vengeance ni voué la dame aux Gémonies.
J’ai simplement pensé certains jours que la coutume des Indiens de l’Inde de coller la veuve sur le bûcher ou brûlait l’époux n’était pas totalement dénuée de bon sens…
La petite sœur d’Heure-Bleue est frappée depuis peu par le malheur et depuis toujours par la certitude qu’une maison « propre » doit l’être comme un bloc opératoire.
On m’a fait porter des chaussons, on m’a fait remarquer que les feux de cheminée ne doivent pas voir un atome de cendre sortir de l’âtre, etc.
Bref, on ne m’a pas fait porter de charlotte ni de combinaison en « non tissé » mais tout juste.
Aujourd’hui, les nouvelles de la météo me rappellent un détail.
Ayant ramené quelques vivres après un aller-retour de trois kilomètres il m’a fallu aller chercher le pain un peu plus bas dans le bled.
J’ai mis mes chaussures puis, ayant oublié quelque chose, il m’a fallu l’aller chercher au sous-sol.
En chaussures… Propres certes, mais EN-CHAU-SSURES !
Revenu avec le pain, je me suis déchaussé à la porte, ai enfilé mes chaussons et suis allé poser le pain à la cuisine avant de retirer mon caban et aller dans le séjour.
- Merci, Le-Goût…
- De rien, tu as vu ?
- Quoi donc ?
- J’ai remis les chaussons en rentrant !
Elle a penché la tête.
- Tu es allé en chaussures dans le couloir, il y a des traces !
- Ouais bon…
- Propre, c’est propre, c’est pas « propre avec des traces de pas » …
Un couloir au sol gris uni devrait être le premier soin d’un service de renseignements sérieux.
Il suffit de respirer pour le marquer, alors marcher dessus, vous pensez…
Il y a des jours comme ça, où la tristesse du temps vous crée le besoin de ces petites vengeances mesquines, si détestables pour la morale mais si délicieuses pour le moral.
Aujourd’hui devrait être pour moi un jour faste.
La météo du jour me pousse à cette « schadenfreude » qui fit une part des revenus du bon docteur Freud.
Je me demande donc maintenant, avec cette « joie mauvaise », comment va faire la petite sœur d’Heure-Bleue pour marcher à vingt centimètre du sol pour épargner à ses chaussures et au sol du couloir les traces inhérentes à la marche dans de la neige qui sera immanquablement transformée en gadoue…
Ce petit plaisir superflu me montre une fois de plus que le superflu fait partie des éléments indispensables à notre santé.
Surtout mentale…