
Aaahhh… Les « bobos »…
Je lis et j’entends régulièrement parler avec hargne de « ces bobos ».
La gauche parle « horribles bobos »
La droite de « et ces p... de bobos… »
Le centre de ce qui est « la marque de fabrique de ces bobos. »
Avec un ensemble confondant qui sent bon le « gouvernement d’union nationale » tous crachent sur « les bobos ».
Les uns les insultent et ne savent pourquoi.
Les autres les méprisent et ne savent pas plus pourquoi.
En lisant çà et là ce qu’on dit d’eux, je me demande si le « bobo » ne se voit pas reprocher sa décontraction et son indifférence à des choses comme la couleur, la religion, l’appartenance politique ou la catégorie sociale de ses congénères.
On semble lui en vouloir du fait qu’il se fout de l’état de fortune de son voisin, il ne s’inquiète que des atomes crochus qu’il peut avoir avec.
Ça semble beaucoup déranger de voir qu’il préfère discuter avec « un Indien ou pire, un Noir » qu’avec le boucher en face qui, honnêtement est quand même un abruti de première grandeur.
Je le sais, je le connais et je ne veux même pas lui acheter un poulet tant il est méprisant avec le va-de-la-gueule et obséquieux avec la dame en vison pur nylon.
Bref, on déteste le bobo.
Peut-être même qu’on le hait.
De cette haine étrange qui, à y réfléchir ressemble beaucoup à de l’envie.
Et sans doute beaucoup au regret de ne pas en faire partie.
C’est dégueulasse car le comble est que ça ne s’apprend pas.
Eh oui, « être bobo », pour paraphraser Louise de Vilmorin « n’est pas tant une question de fortune qu’une disposition de l’âme. »
C’est épouvantable, je sais, mais je crains bien que les « bobos » se foutent complètement de ceux qui les détestent.
Je me demande même si ceux qui les haïssent n’y voient pas une raison de plus de les détester.
C’est vrai quoi ! Non seulement on les hait mais en plus ils s’en foutent !
C’est vexant, non ?

Illustration by Damien Florébert Cuypers
What They Do:
Bobos—the real ones, anyway—work almost exclusively in fashion, marketing, advertising, and the music and art industries.
What They Might Say:
A mother to her two small boys, actually overheard on the rue des Abbesses, which is like the Park Slope of Paris:“Phoebus et Persée, vous me faites chier!” (Phoebus and Perseus, you’re pissing me off!)