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mardi, 23 février 2021

Vous avez dit "disparu" ?


Delia, qui a fait hier un devoir émouvant, disait à un lecteur que Montmartre avait changé, voire qu’il avait disparu.
Sa réponse au commentaire du lecteur avait un ton désenchanté.
Et ça m’a amené à penser sérieusement à Montmartre et ses changements au cours du temps.
Et je ne peux que dire à Délia qu’elle devrait repasser à Paris.
Elle verrait que Montmartre, ce n’est pas que la place du Tertre envahie de tables et de parasols où le prix du café nourrit une famille éthiopienne de huit personnes pendant une semaine.
Montmartre n’est pas non plus limité au café de luxe qui a tout fait pour n’asseoir à sa table que des Chinois (et qui pleure aujourd’hui...)
Il y a encore des gens du cru, des bistrots avec des gens qui philosophent devant les comptoirs, même le « bobo parisien » n’y est pas le même que celui qui traîne dans le Marais ou vers la Bastille.
Non, le Marais, lui non plus n’est pas cantonné à la population « branchouille » de la rue de Bretagne, il reste encore ce qu’un « philosophe de radio » appela un jour « des gens de peu », de vraies gens donc.
Il y a toujours « le populo de base », fait de gens qui rament, de traîne-savates, d’hommes désœuvrés, de filles de joie et de jeunes gens à l’accoutrement surprenant.
Montmartre, la République, les Batignolles ou la Bastille n’ont changé qu’en surface.
Paris est comme ces gamelles où on a fait brûler du riz.
On a beau racler, il en reste toujours collé au fond de la gamelle.
À moins que Paris ne soit comme ces cocottes en fonte qui traversent les générations.
On a beau les laver, les gratter, les nettoyer, elles ne changent pas.
Elle gardent au cours du temps cette faculté si particulière de donner à ce qu’on y met une saveur inimitable.
Je sais bien, qu’il y eut au bout de la rue de la Bonne, quand elle devient la rue Saint Vincent, une rambarde d’où, quand j’étais gosse, on voyait une ferme et les jours d’été un coq chantait.
Oui Delia ! Un coq chantait !
Et il te suffirait de passer par les rues Ronsard ou Charles Nodier pour retrouver tes sensations.
Même les rues Muller, André del Sarte et le passage Briquet puent toujours la pisse !
Les petites rues derrière la place de la République ont toujours gardé ce côté inquiétant des « coins de voyous » où les gens voient les fins de mois arriver le 18.
Repasse, Delia, tu verras que Paris a finalement peu changé malgré les efforts des rapaces de l’immobilier.
Il ne faut pas beaucoup gratter l’écorce de faux luxe pour tomber sur l’aubier précieux.
Voilà ce que je voulais te dire : Paris n’a pas vraiment changé.
Pourquoi crois tu donc qu’on vient du monde entier pour l’arpenter ?